Fascination morbide avec Mary Sisuei Entrevue
Après ses récentes escapades visuelles dans l’univers du burlesque, Thorium Mag a eu le plaisir de rencontrer Mary Sisuei pour en savoir plus sur ce personnage, sur l’univers burlesque et sur ce nouveau Morbid Fascination Show.
Comme dans toutes les histoires fabuleuses, celle-ci est née d’une rencontre hasardeuse. C’est forcée par ses amis à se rendre au Mont Royal, un de ces fameux dimanche d’été où le Mont est si animé, qu’une employée de la restauration fait la rencontre qui allait la marquer le plus : une troupe d’artistes jongleur y fait son numéro et l’intrigue. Il aura fallu qu’ils commencent à jouer avec le feu (littéralement !) pour lui mettre des étoiles dans les yeux. Le personnage de Mary Sisuei était né !
Thorium Mag : Bonjour Mary, pourrais-tu présenter ton parcours en quelques mots ?
Mary Sisuei : Ça fait maintenant un peu plus de deux ans que je performe ! J’ai commencé par tous les numéros liés au feu (cracheur de feu, fouet de feu…), j’ai ensuite exploré différents aspects comme la danse et le ballet pour finalement prendre des cours avec Arabesque burlesque. Dix semaines intensives avec une instructrice incroyable ! Depuis ce temps-là, je continue à me découvrir moi-même, mon personnage évolue au fur et à mesure que je travaille de nouveaux numéros et que je réfléchi à la direction à me donner. Actuellement je suis en plein dans les thématiques morbides, freak show, alternatif et qui peut choquer !
T : Qu’est ce qui se passe dans la tête d’une femme qui se tourne vers le burlesque ?
MS : J’ai toujours été confortable avec mon corps et je voulais vraiment m’essayer à toutes les formes d’art, j’ai d’ailleurs encore une longue liste de disciplines à découvrir comme lancer des couteaux ou avaler des sabres ! Donc j’ai tenté le burlesque, pour voir au départ, puis j’ai adoré ça. J’avais déjà fait quelques numéros avant de prendre des cours mais ma manière de voir les performances a vraiment changé après ça. On vient à se poser plus de questions : quelle est l’histoire de ton personnage ? Si on enlève certains morceaux, pourquoi on le fait ? Ce n’est pas juste pour se dénuder.
T : Justement à ce propos, quelqu’un d’étranger à cet univers pourrait croire que c’est comme aller dans un club de danseuses, qu’est ce que tu dirais à ce genre de personne ?
MS : Je fais beaucoup face à ce stigma. Le burlesque c’est vraiment l’art de la séduction. C’est raconter une histoire en séduisant le public, en utilisant sa féminité, sa sensualité mais aussi sa masculinité, des hommes participent également. Il y a vraiment une histoire derrière le numéro, ce n’est pas juste enlever son linge pour enlever son linge. C’est une forme d’art, au lieu d’exprimer mes émotions via un pinceau et une toile, je les exprime sur scène avec mon corps.
T : Ce projet que tu lances, le Morbid Fascination Show, peux-tu nous en dire plus ?
MS : En avril dernière c’était la deuxième édition ! Après avoir tenté le concept dans un autre bar, on a fait évoluer la formule pour avoir un show complet mensuel qui veut donner un espace pour tous les performeurs alternatifs qui peuvent pas facilement se faire engager dans les cabarets traditionnels parce qu’ils ne rentrent pas vraiment dans le « beau et brillant ». Ici ils trouvent une place pour s’exprimer sans contraintes et être fous ! Notre touche à nous c’est vraiment cet aspect « freak show ».
T : Comment entrevois-tu le futur proche de ce projet ?
MS : Pour le moment c’est un évènement mensuel. Le Morbid Fascination c’est le premier bébé de ma compagnie de cirque, le cirque NiKa, qui a aussi cette mission de laisser une place aux arts alternatifs et de mettre ensemble cirque, freak show et burlesque dans une formule qui peut plaire à tout le monde. Avec NiKa on s’éloigne de l’underground vers le grand public. Morbid Fascination c’est un cadeau que je me fais, le show dans lequel je veux performer et qui lui a une visée plus alternative. Mais pour le futur j’aimerais bâtir des spectacles de plus grande envergure, avec une grosse chorégraphie, des possibilités de tournées…
T : Il y a donc un grand public burlesque/freak show à Montréal et au Québec en général ?
MS : C’est certain qu’il y a des spectacles de freak show qui tournent de temps en temps mais pas vraiment de manière régulière. Une troupe qui tourne et que j’adore c’est le Blue Mushroom Psykus, certains sont à Toronto, d’autres ici et des membres ponctuels plus éparpillés. De temps en temps au Wiggle Room il y a des spectacles qui repoussent un peu les frontières mais c’est plus rare, ils se concentrent plus sur le style cabaret ou burlesque traditionnel.
T : Pour terminer, que dirais tu à quelqu’un de complètement étranger à cet univers pour l’inciter à venir voir ton spectacle ?
MS : Si quelqu’un veut entrer dans un univers qui est complètement différent de ce qu’il est habitué de voir, s’il veut pouvoir se lier à ses petits démons intérieurs, découvrir que la noirceur n’est pas si noire et qu’il y a quand même des belles choses dans ce qui est « laid », alors il trouvera son bonheur au spectacle !
Le Morbid Fascination Show c’est tous les deuxièmes dimanches du mois, au Piranha Bar de Montréal. Pour plus d’infos c’est par ici !
Auteur : Thomas Mazerolles