Epica

3 décembre 2014 – Après l’énorme claque prise le 1er décembre  avec Arch Enemy / Kreator  (SPM Prod), nous voici de retour au Bikini. Même endroit certes, mais style et public complètement différents. En effet, c’est une affiche quelque peu étrange regroupant Dagoba, DragonForce et Epica, qui nous est proposée. Un choix audacieux qui permet toutefois d’attirer un public plus large et d’éviter la redondance. Le froid et la pluie n’auront cependant pas dissuadé les gens et, d’heures en heures, la file s’agrandie. Il est rare de voir du monde avant 18h30 mais les groupes comme Epica font toujours salle comble à Toulouse, ce soir la règle ne sera aucunement transgressée.

Les portes s’ouvrent vers 19h00 et c’est très rapidement que Dagoba monte sur scène. Leur musique est un mélange de death metal, de metalcore et d’indus qui ne me sied guère en CD mais le groupe a toujours su me convaincre en live. Les marseillais écument les salles et festivals depuis plus de 15 ans et ont la réputation d’enflammer le pit. On se souvient encore de leur superbe prestation au Hellfest cette année qui aura même engendré en CD/DVD live : Hellfest MMXIV. Encore une fois, ils sont en forme et vont déployer une immense énergie en dépit d’un espace réduit et surtout d’un très court set de 30 minutes. Franky, derrière sa batterie, nous démontre une fois de plus son talent, toujours aussi impressionnant, et avec le sourire ! Shawter assure au chant et tente de chauffer la salle. Malheureusement, la sauce ne prend qu’à moitié, les fans d’Epica n’ont clairement pas l’habitude des wall of death et autres cicles pit. Dommage car le public toulousain est passé pro en la matière. Zed et Werther, respectivement à la guitare et à la basse essayeront aussi d’apprivoiser la foule. Dagoba nous livrera 6 titres dont I, Reptile, The Man You’re Not et The White Guy. Située à l’extrème gauche de la barrière, je n’ai pas autant souffert des problèmes de son que certains. En revanche le jeu de lumière était déplorable ! Par pitié arrêtez de nous aveugler avec des stroboscopes ! Le Bikini nous a habitué à mieux. Bravo au quatuor qui ne s’est tout de même pas démonté.

C’est vers 20h15 que DragonForce prendra le relais après un changement de décor. Inspiré par l’univers fantasy et les jeux vidéo, le groupe de power metal a sorti cette année son 6ème opus : Maximum Overload. Le set démarre fort avec la célèbre Fury of the Storm suivie de Three Hammers et The Game. Herman Li et Sam Totman, qui s’affrontent en un duel comique, impressionnent par leur dextérité. A les voir ça semble si simple de jouer les « Guitar Hero » ! Vadim Pruzhanov, le claviériste et clown du groupe s’agite et saute dans tous les sens, amusant la galerie. Fred Leclercq, le frenchy de la bande, qui gère la basse, nous gratifie de son plus beau sourire et se charge des transitions en français bien sur. Gee Anzalone, le batteur fraîchement arrivé dans le groupe n’est pas en reste et assure comme un chef. C’est une véritable démonstration technique, doublée d’une présence scénique indéniable que nous offre DragonForce. Marc Hudson assure également le show mais sa voix acérée est parfois imperceptible. Et c’est là que l’ont se demande ce qu’il se passe ce soir, le son est encore mauvais. Ce power metal ultra technique nécessite un mixage parfait pour être apprécié à sa juste valeur. Moi qui écoutais les anglais en boucle autrefois et qui me réjouissais de les voir enfin sur scène, ce soir je n’ai pas réussi à rentrer dans le show. Je pense ne pas être la seule étant donné le calme qui régnait au sein du public. Ne parlons pas des lumières…quasi impossible de fixer la scène plus de 30 secondes sans se prendre un flash en pleine tête. On frôlait la crise d’épilepsie ! Le groupe achève sa prestation sur Valley of The Damned et Through The Fire and Flames, un final qui aurait pu être grandiose si les réglages avaient été bons… Quel dommage, surtout quand  on voit à quel point le groupe s’est donné pendant ces 45 minutes.

Epica est de retour et le public semble impatient. Le groupe de métal symphonique qui existe depuis 2002 est habitué à jouer dans la ville rose, les hollandais nous rendent visite environ tous les deux ans, ils sont rodés et nous aussi. Nombreux avaient été déçus de leur dernière venue au Bikini et de l’album Requiem for the Indifferent. Epica n’a cependant pas dit son dernier mot et nous revient pour défendre le dernier et très bel album, The Quantum Enigma sorti cette année. 21h30, Le Bikini s’assombri, la scène s’illumine et c’est sur la magnifique intro Originem qu’apparaissent les silhouettes des membres du groupe. Simone, plus rayonnante que jamais, va nous offrir une jolie prestation et, malgré le problème de son, de mon côté j’ai pu apprécier la justesse et la qualité de sa voix. Les garçons sont en grand forme également. Mark Jansen souriant comme toujours, armé de sa guitare, assure ses parties vocales, et il est clair que son chant se bonifie avec le temps. Il nous le prouve dès The Second Stone. Isaac se promène avec sa guitare, gérant technique et prestation scénique, c’est aussi le cas de Rob à la basse. La scène est équipée d’estrades qui permettent aux musiciens de se partager l’espace à part égale. Coen fait l’andouille derrière son clavier,  s’équipant  par moment de son curveboard piano pour se mettre en avant aux côtés de ses confrères, leur complicité fait plaisir à voir. Ariën, plus discret derrière ses fûts n’en n’est pas moins efficace, variant les rythmes avec aisance il nous jouera un très sympathique solo.  Le show lumineux est enfin à la hauteur de mes attentes, travaillé avec soin il met parfaitement la scène et le groupe en valeur. Ca fait plaisir !  Epica nous sert une belle set list : The Essence of Silence, Storm of The Sorrow, Chemical Insomnia… et certains titres magiques comme Unleashed, The Obsessive Devotion ou encore Design Your Universe. Côté audience, c’était relativement calme malgré les applaudissements et les « Epica, Epica, Epica » maintes fois chantonnés qui auront d’ailleurs amusé la chanteuse. Simone et Mark semblent tout de même prendre du plaisir à partager avec le public toulousain et le groupe aura donné le meilleur ce soir. Epica reviendra pour un rappel chaudement acclamé, 3 titres dont Consign To Oblivion, un très bon choix qui clôture parfaitement le set vers 23h30.

Avis mitigé donc, les trois groupes ont géré, mais son et lumières ont été très décevants. Heureusement la performance lumineuse durant Epica était irréprochable. Les toulousains font la fine bouche, on leur sert de tels shows de qualité, que la moindre erreur est impardonnable… C’est vrai qu’après des concerts d’exception comme Accept, Saxon, Kreator on peut se montrer difficile.
La faute n’est cependant pas aux groupes alors merci à Dagoba, DragonForce et Epica. Et un grand merci à Hervé, Mark Jansen et sa bande pour l’accueil après le concert et leur immense gentillesse.

Auteur: Fanny Dudognon

Photo: Antony Chardon