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À l’occasion du premier passage du groupe français Gorod à Montréal, l’équipe de Thorium a eu la chance de rencontrer Barby et Samuel, respectivement bassiste et batteur de la formation. Ils nous ont parlé des défis des tournées américaines face aux tournées européennes et du leur processus de composition de leur dernier album A Perfect Absolution (2012, Unique Leader), en lâchant quelques sacres en chemin.

Thorium: Comment on se sent à pouvoir parler Français après trois semaines sur la route?

Sam : On se sent bien, même si ça nous gênait pas particulièrement de parler anglais. Ça nous permet de parfaire un peu notre langage.

Thorium: Est-ce que la langue est une barrière difficile à surmonter sur la route?

Sam: L’anglais, vu que ça fait 3-4 ans qu’on tourne et qu’on côtoie des groupes étrangers, c’est devenu une obligation. Finalement, on se débrouille de mieux en mieux et c’est pas vraiment une barrière. Si on tombe sur un groupe qui parle même pas anglais, alors là…

Barby : Le langage des signes!

Thorium: La plus grande différence entre une tournée nord américaine et européenne?

Barby: La qualité des conditions annexes! C’est beaucoup moins bien ici. Au Canada, notre première date on a eu une petite pièce pour nous et à manger, ça va, mais aux États-Unis, il n’y a rien à bouffer, t’as pas de place pour toi, tu sais pas où coucher le soir…

Sam: Tu es un peu livré à toi même et il faut tout organiser d’avance par toi-même à l’inverse de l’europe, où quand tu pars en tournée avec un booker, tout est déjà prévu. Il y a au moins un repas et un endroit pour dormir.

Barby: Petit buffet et repas chaud, ça fait une grosse différence?

Thorium: Quel est le plus gros défi de jouer ici en Amérique du Nord?

Sam : C’est sûr qu’on ne prend que le strict minimum, et qu’on ne peut pas tout rentrer dans l’avion. On joue sur le matériel des autres

Barby : On joue quand même dans une scène où on est obligés de faire des concessions. On a tout de même un fanbase ici et du coup c’était un passage obligé pour nous. On pouvait pas faire autrement! On s’est préparés quelque temps à l’avance pour les conditions difficiles, on vit bien malgré tout.

Thorium: Votre histoire de tournée la plus folle?

Sam: Le mieux c’était en californie, quand on est arrivés, la promotion avait été bien faite et la réception a été folle. En plus on a passé un jour avant chez un ami du tour manager qui nous a super bien accueillis. Il faisait un peu plus chaud aussi! Le pire, c’était les shows dans les états du sud. Pas beaucoup de promotion, c’était un peu à l’arraché.

Barby : Peu de promotion, peu de monde, on sentait à la limite qu’on emmerdait les gens qui étaient surtout venus voir les autres groupes. Il a fallu qu’on reste professionnels et qu’on trouve les bons côtés d’être ensemble, en tournée, tous les jours. Quand tu dors pas beaucoup et qu’on vit tous les uns sur les autres, c’Est pas toujours facile. Pour l’instant, c’est la pire expérience qu’on a vécu.

Thorium: A Perfect Absolution, de 2012, a été majoritairement bien reçu. Comment ont été la composition et l’enregistrement?

Barby : Comme d’hab, en fait. C’est Mathieu (NDLR : le guitariste) qui compose tout. Il arrive avec des maquettes à peu près finies, on dit ce qu’on a à dire sur la compo, si on a des choses à modifier, puis on met le morceau en place avec ça. C’est vraiment lui qui fait 90% du travail de composition.

Sam : On a eu une échéance en fait. L’album était pas du tout terminé et on avait déjà une tournée prévue pour la promotion de cet album quelques mois plus tard, donc il a fallu se dépêcher. Mathieu a dû faire preuve d’inspiration pour terminer l’album, alors du coup il y a certaines parties de l’album qui ont été apprises pendant l’enregistrement. J’ai même engregistré un morceau pendant que je l’apprenais. C’était particulier. Si on avait le choix maintenant, on ferait différemment, mais malgré l’urgence, on est très satisfaits.

Thorium: Vous avez travaillé avec Christian Münzner (Obscura, Necrophagist) et Mike Keene (The Faceless) pour le dernier album. C’était des invitations spontanées?

Barby : Oui, on voulait des guests un peu, et comme on avait déjà tourné avec eux et ça c’était très bien passé, on leur a demandé très gentiment, et ils ont répondu très gentiment.

Sam: Je crois même que Keene nous avait proposé ses services avant qu’on lui demande! Mais quoi qu’il en soit, comme il dit, ils ont un affect particulier. ça c’était très bien passé et on appréciait mutuellement notre travail, donc naturellement on leur a proposé. Pour Christian, on avait pas tourné avec lui mais c’était prévu.

Barby : Il avait déjà pris contact avec nous, il était venu nous voir sur la tournée d’avant.

Sam : On avait joué au Hellfest en 2010 le même jour qu’eux, et ils étaient tout en avant en train de regarder, alors ils ont accepté de matière amicale, quoi.

Thorium: Est-ce que leur approche de composition et d’enregistrement sont très différentes des vôtres?

Barby : Tout était déjà enregistré, ils se sont juste présentés pour enregistrer un solo guest. très simple, quoi.

Thorium: Comment est-ce que le public a réagi au nouveau matériel?

Barby : Ici, très très bien. Les gens qui viennent sont très motivés, viennent nous voir et prennent notre pied autant que nous. Ils réagissent beaucoup plus qu’en Europe, ils sont beaucoup plus actifs.

Thorium: Est-ce que vous voyez des différences entre la scène metal en Europe et en Amérique du Nord?

Barby : Comme on disait, c’est vrai qu’on sent que c’est plus actif ici. J’ai l’impression que les gens se sentent un peu plus concernés et qu’ils vivent leur concert différemment. Et même les albums, on a eu beaucoup de reviews et les gens ont commencé à nous suivre à cause de A Perfect Absolution, ici et aux États-Unis. J’ai l’impression que le fait qu’un océan nous sépare change beaucoup de choses. On a l’impression qu’un groupe d’Amérique du Nord vient du bout du monde quand ils viennent jouer chez nous, alors que ce n’est qu’un groupe comme un autre, quoi. Les gens qui viennent, ils sont là pour nous et prennent du plaisir, même quand ils sont pas hyper nombreux.

Thorium: D’où est-ce que vous tirez vos inspirations et vos influences?

Barby : Au niveau des compositions, Mathieu est très influencé par tout ce qui est Death, Carcass, Cannibal Corpse, un peu de musique cacophonique si tu veux. Ensuite, beaucoup de funk, de jazz latin… on écoute beaucoup de choses, tous autant qu’on est, et ça se ressent dans notre jeu.

Sam: Il y a des différences mais on est tous fans de musique, de metal… lui est très death old school, moi aussi mais j’aime d’autres trucs comme le hardcore, le grind, le noise, notre chanteur à peu près pareil. Notre guitariste Nicolas est très power et symphonique, et tout ça.

Thorium: Est-ce que c’est difficile de concilier toutes ces influences dans vos chansons?

Barby : Encore une fois, comme c’est Mathieu qui compose tout, ça ne part pas dans tous les sens. Il y a une suite logique, ça se tient, et les influences se ressentent tout de même.

Sam : Il adapte quand même ses compositions à ce que chacun joue. Par exemple, ses compos de basse sont faites en fonction de ce que Barby sait faire et veut faire, et du coup il fait en fonction des influences de tout le monde. Ça rend le tout homogène mais varié.

Thorium: Est-ce que l’intégration du chanteur Julien Deyres, qui s’est joint à la formation en 2010,  a été difficile?

Barby : On cherchait un peu plus de diversité de toute manière, et Julien avait déjà remplacé notre dernier chanteur pour un concert il y a quelques années, et quand il est parti, on avait une tournée prévue quelques mois après et on a naturellement fait appel à Julien pour remplacer pour la tournée. Ça s’est bien passé, on a vu ses capacités et on lui a demandé de rester.

Sam: L’histoire c’est que Gorod, Julien et moi avant même que j’intègre le groupe, on se connaissait déjà depuis une dizaine d’années. On a un groupe commun avec Julien depuis une dizaine d’années et le premier album a été enregistré à BUD Records, le studio de Mathieu et Barby. Moi c’est un ami à moi de longue date, Julien, et quand on a dû remplacer notre ancien chanteur, j’ai tout de suite pensé à lui qui était motivé, présent et en plus de ça qui était un peu différent dans le style. Il est concerné, propose des choses, et c’est lui qui a tout fait les paroles sur le dernier album.

Barby: C’est lui qui a choisi le concept et qui a écrit les paroles, qui a fait des recherches par rapport à ses études en Europe un peu partout.

Thorium: Pour finir, avez-vous quelques mots à dire à vos fans de Montréal?

Barby : On est super content de venir vous voir pour la première fois!

Sam : Sti de câlisse de québécois sales on va v’nir vous gratter les schnolles, tabarnak!

Les membres du groupe ont affirmé avoir beaucoup de contacts avec des groupes d’ici, notamment avec Cryptopsy et Beyond Creation. Gageons donc que leur second passage au Québec sera plus impressionnant que le premier!

Auteur: Phil Mandeville

Photographe : Myriam Francoeur, collaboration spéciale

Pour en savoir plus : Gorod