Avant même que les Cowboys Fringants montent sur scène, on sentait la fébrilité dans la foule.  Les drapeaux du Québec flottent dans les airs, les spectateurs ont répondu présent pour venir offrir de l’amour et du support au chanteur de la formation Karl Tremblay, qui se bat actuellement contre un cancer.  

Dès la première chanson, les Plaines d’Abraham se chargent d’émotions.   Les paroles d’Ici bas nous touchent encore plus qu’à l’habitude.  Les musiciens du groupe donnent le ton avec une performance fougueuse, invitant rapidement les festivaliers à taper dans les mains, s’assurant que ce soit festif à souhait pour souligner leurs 25 ans de carrière.  

La foule saute et chante pendant La Manifestation et La Reine, qui a été savamment mixé avec Thunderstruck d’AC-DC.  

On se rend compte rapidement que la performance demande beaucoup plus d’énergie à Karl qu’il peut en donner.  C’est pendant la chanson de Ti-Cul qu’on se rends compte qu’il n’a pas sa forme habituelle.  Il a de la difficulté à suivre le rythme rapide de la chanson, et sa voix est moins solide qu’à l’habitude.  Mais déterminé, avec toute la bienveillance et le soutien de la foule, il persiste et continue sa prestation comme un guerrier.   Impossible de rester insensible devant tant de détermination, d’amour pour son public et de résilience.  C’est impressionnant.

Il va ensuite s’asseoir sur une chaise prévue pour lui sur scène.  

Jean-François Pauzé lui offre une pause de 5 minutes qu’il refuse du revers de la main, invitant la foule à chanter avec lui.  

Tous les spectateurs ont été là pour lui, nous offrant le moment le plus touchant du Festival d’été cette année.  Entendre la foule chanter Sur mon épaule en cœur, les yeux dans l’eau, émue par tant de beau et de dur à la fois.    Pendant la chanson, Karl prend le temps de s’exclamer ”Oh shit qu’on est pas seul ce soir”, devant la foule de 90 000 personnes. 

Juste avant d’entonner ”L’Amérique pleure”, Karl dit à la foule ” Le bonhomme commence à être magané un peu… Mais c’est pas grave : on va passer au travers ”.   La réaction du public est unanime.  Il lui montre solidarité et respect devant tant de sincérité.  

C’est appuyé à la voix par Pauzé que le groupe offre tous ses plus grands succès de son répertoire, une vraie richesse de la culture québécoise.  Au fil du spectacle, on voit Karl reprendre de l’aplomb et se lever debout à quelques reprises lors de sa prestation.  

Désireux de nous faire passer un bon moment, le band improvise des moments de jam pour laisser souffler un peu son chanteur toujours présent sur scène. La multi-talentueuse Marie-Annick Lépine nous impressionne toujours autant avec son violon, sa mandoline et son accordéon, tout en s’assurant que son amoureux peut continuer la prestation. 

On rit avec le guitariste Jérôme Dupras qui s’assure de jouer l’animateur de foule afin de garder le niveau d’énergie positive.  Il se lance dans la foule pour faire du ”body surfing”, il sculpte même des animaux en ballon. 

Le groupe ne veut plus quitter la scène, termine ce spectacle épique avec un rappel avec Sara Dufour qui rejoint le groupe pour chanter Marine Marchande en toute légèreté. 

Les étoiles filantes ont suivi, offrant un moment tout autant touchant qu’inoubliable.  La foule est attentive comme rarement on a vu cette année, les yeux dans l’eau et chantant en chœur les paroles qui nous semble prendre maintenant tout son sens.  C’est avec un gros frisson qui nous parcourt le corps que le groupe reste sur scène, et décident de s’offrir une dernière chanson en toute simplicité à 4.  

C’est Un P’tit tour, dans un éclairage minimaliste qui termine une soirée grandiose de solidarité et d’amour. 

Auteure et Photographe : Cathy Lessard