C’est en 1989 que Hélène Blackburn crée la compagnie Cas Public. Considérant qu’une création est le fruit d’un consensus, elle s’entoure d’artistes de divers horizons afin de graviter autour de recherches chorégraphiques communes. A chaque nouvelle pièce, la chorégraphe et ses collaborateurs explorent et cherchent à revitaliser leur vocabulaire ainsi que leur démarche afin de toujours approfondir leurs intentions, traitées avec vigueur et une pointe d’humour. Intriguée par l’être humain, énigme de toujours, le travail de la compagnie se perçoit comme une investigation approfondie de l’homme, où s’y dépose  un regard parfois critique et tranchant, parfois humaniste et sensible. Après vingt cinq ans d’existence et plus de quinze créations originales, Cas public s’affirme sur les scènes nationales et internationales comme une compagnie novatrice, où partitions chorégraphiques fougueuses côtoient virtuosité des corps et sens raffiné de la théâtralité. Dans sa poursuite de l’excellence, la compagnie ne cesse de surprendre son public et est désormais au rang des compagnies canadiennes jouissant d’une réputation internationale, qu’elle ne cesse de consolider par ses prouesses.

Pour sa pièce 9 créée en 2016, la compagnie Cas public s’est inspirée du handicap d’un de ses danseurs, Cai Glover, malentendant depuis toujours, qui a surmonté cet handicap pour devenir danseur professionnel. Hélène Blackburn décide alors d’utiliser cette particularité comme point de départ de sa nouvelle création. Elle élargit alors le propos en effectuant des recherches corporelles sur les sens et ce qu’ils nous permettent de vivre. Comment nos sens créent les perceptions de notre monde ? Ces perceptions sont-elles communes ou propres à chacun ? Qu’induit la perte d’un sens ?

A travers un beau voyage de sensations, la pièce repousse le silence et laisse le corps devenir un langage universel.

9 transporte son public dans son univers grâce à un agencement scénique complet. Décors, musiques, projection, et mouvements se combinent et se composent pour ne faire qu’un. La création impressionne par la virtuosité et la technique maîtrisée de ses interprètes. Rigoureuse, la chorégraphie dévoile une structuration précise et chronométrée où toutes les capacités physiques d’un corps sont visibles. Composée de musiques classiques et de corps de ballet, 9 n’est pourtant pas un ballet classique, bien au contraire. La créatrice a su déstructurer les formes typiques du ballet tout en gardant la virtuosité et l’élégance qui le caractérisent. La rapidité d’exécution éblouit, tant dans les unissons, d’une synchronisation remarquable, que dans l’étonnante géométrie des tableaux et des jeux de lumières. Désireux d’évoquer les cinq sens, la compagnie aborde la scène comme un espace de jeux où vidéo, accessoires et costumes se multiplient, s’échangent et évoluent.

Pièce multidisciplinaire, 9 saura ravir les curieux par son aspect multidisciplinaire, sa qualité chorégraphique et physique mais aussi son imaginaire théâtrale où chacun est amené à rêver & à se questionner.

Auteur: Léa Villalba