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12 Février 2015 – Ce soir Brigitte se produit au Bikini, un concert affichant complet depuis plusieurs semaines, à charge de revanche le 6 novembre prochain au Zénith de Toulouse.

La première partie débute vers 20h30 avec Juniore, un groupe de parisiennes qui nous plonge avec un brin de nostalgie dans les années 60. La douce voix d’Anna Jean contraste avec la noirceur de ses textes pour en faire de belles balades pop qui ravissent le public toulousain. Après une dizaine de morceaux comme Marche, Dans le noir, La fin du monde ou encore Christine, elles terminent par leur nouveau titre Marabout face à un public séduit par ce nouveau talent de la pop française qui donne envie de se balancer de gauche à droite au rythme de la chanteuse-guitariste.

À 21h30, le Bikini est plongé dans l’obscurité, les premières notes de L’échappée belle accompagnent l’arrivée de Brigitte sous des flashs lumineux permettant de les distinguer ou plutôt de les confondre. L’une devant l’autre, l’autre devant l’une, le couple de chanteuses nous perd devant tant de similitude. Élégance rétro des années 70 dans leur robe noire pailletée, fendue aussi haut que la décence puisse le permettre et un dos nu en forme de cœur, la sensualité est au rendez-vous jusqu’au bout des ongles. Oh Charlie Chérie et Cœur de chewing-gum, confirment la teneur de la soirée, où le texte se mêle aux gestes non sans un brin d’humour pour libérer tout haut ce que les femmes pensent tout bas en matière d’amour, de jeux de séduction, d’envies et de désirs.

Mais très vite on découvre sur scène une Brigitte à deux faces. D’un côté Aurélie Saada, la provocation, l’exubérance des gestes, les regards généreux au public, les larges sourires, les mains qui parcourent son corps ou flottent dans les airs au rythme de ses hanches qui ondulent. De l’autre, Sylvie Hoarau, la pudeur, la retenue tant dans les gestes que dans l’ouverture au public. Si ce contraste peut perturber au départ, finalement avec du recul il constitue peut-être la richesse de ce duo fusionnel qui nous livre sans retenu son répertoire musical en puisant tant dans son nouvel album que dans le précédent.

Après la très savoureuse et sensuelle A bouche que veux-tu, titre du même nom que leur nouvel album, elles nous offrent la reprise de Joey Star, Ma Benz, qui a marqué leur début. Mains en l’air et corps qui se déhanchent, Brigitte enflamme les nombreuses ”Brigittes” venues entre ami(e)s, avec leurs enfants, en solitaire ou encore avec leurs compagnons convertis. Dans un registre textuel un peu plus mélancolique, Le déclin vient questionner les relations durables qui voient la passion s’atténuer et J’veux un enfant, le désir d’une femme d’être mère qui se retrouve face à des échecs répétitifs.

En hommage aux battantes, elles introduisent Plurielle comme une chanson qu’elles ont écrite pour les femmes qui défendent leurs idées, leurs envies, leurs rêves, leurs désirs. Elles rappellent alors aux femmes que nous n’avons pas à choisir et que nous pouvons oser être et parler ouvertement de ce que l’on désire. Elles terminent par Hier encore en faisant appel au chœur vocal des toulousains et toulousaines pour un ”hun, hun !!”. Se prêtant volontiers à l’exercice, le public apprécie ces derniers instants face à un duo qui lâche les micros pour tournoyer sur scène au rythme des cymbales avant de la quitter une première fois.

A leur retour, elles nous offrent deux titres pour le rappel. Battez-vous repris à l’unisson et Oh la la qui fait danser, tourner et ne donne pas envie de les voir s’arrêter là. Malgré leur départ, les toulousains ne lâchent rien et c’est mises à nu, sans micro, sans accompagnement musical, sous une lumière tamisée qu’elles reviennent en bord de scène, gagner le silence du public en leur offrant un Dernier verre à capela. Ovationnées après plus d’une 1h30 de partage, elles quittent définitivement la scène s’enlaçant par les hanches et laissant derrière elles la promesse de se glisser à nouveau dans l’intimité du Bikini.

Une très belle soirée en compagnie de cette Brigitte à double face qui nous montre à quel point les contrastes s’enrichissent quand ils savent s’apprivoiser.

Auteur & photographe : Emilie Sablik