10 Andy McKee
17 Mars 2016 – Alors que beaucoup se préparent pour aller écumer les bars à l’occasion de la Saint Patrick, c’est au Metronum que nous nous rendons pour une soirée qui s’annonce plus tranquille. Nous partons à la rencontre de deux artistes qui nous viennent de lieux plus ensoleillés que l’Irlande. Owen Campbell ouvrira le bal et nous gratifiera de sa chaleur made in Australia avant la venue d’Andy McKee, l’américain originaire du Kansas.

Malgré les nombreux concerts donnés ce soir aux quatre coins de la Ville Rose, le Metronum est bien rempli. Le spectacle démarre à peine un peu avant 20h30 avec l’australien Owen Campbell qui s’installe devant son micro, accompagné de sa guitare acoustique. Si l’artiste se produit depuis plus de 10 ans, c’est grâce à son passage à l’émission Australia’s Got Talent 2012 que sa carrière s’est vraiment lancée. Il a, à ce jour, réalisé deux albums intégraux, Sunshine Road et The Pilgrim, dont nous allons découvrir quelques titres. Il entame le set avec Wrecking Ball et avec humour précisant: “Pas celle de Miley Cyrus”, quelques éclats de rire résonnent, l’ambiance promet d’être sympa ! S’en suivront deux petites covers, Days like This de Van Morrison et I am on Fire de Bruce Springsteen. Le public se prend au jeu et chante volontiers ce refrain populaire à la demande de l’artiste “oh oh oh I am on Fire”… J’avais bien accroché en écoutant sa musique blues/folk en cd, là je suis totalement séduite, sous le charme de sa voix, rauque, suave et puissante à la fois. Un timbre qui est vraiment mis en valeur avec ces versions live-acoustiques. Owen Campbell interprète et joue diablement bien l’énergique Remember to Breath, tapant du pied sur sa stomp box. Il prend ensuite sa chaise et se met à l’aise pour A Mountain Home, en slide cette fois-ci. Slide qu’il pratique non pas avec un bottleneck mais avec un petit verre à whiskey (dans les années 60 les bluesmen buvaient le whiskey, en 2016 on recycle). Il nous emmène au Moyen-Orient avec Indu Blues et joue la délicieuse Sunshine Road avant de tirer sa révérence. Plein d’humour et de charme, Owen Campbell nous aura régalé de ses talents de guitariste, de sa sublime voix et de son blues, j’ai adoré!

Il faudra patienter une quinzaine de minutes avant l’arrivée d’Andy McKee. Le guitariste perfectionne sa technique depuis ses 16 ans, inspiré par des artistes comme Michael Hedges ou Don Ross, il est aujourd’hui connu grâce à sa maîtrise impeccable du tapping et du picking. Le Metronum s’assombrit et le guitariste apparaît souriant et presque rougissant sous les clameurs de la foule. Il nous présente sa guitare baryton acoustique qui, comme son nom l’indique, est de tessiture plus grave qu’une guitare classique et entame son premier morceau. La setlist est un savoureux mélange de compositions personnelles et de reprises dont la première est la populaire Africa de Toto. A cet instant déjà nous prenons conscience de l’immense talent d’Andy McKee. Il parvient à faire vivre ce titre avec sa seule guitare (et ses doigts de fée) alors que Toto nous l’a pondu avec guitares, basse, claviers, percussions… impressionnant!  Place ensuite à la douceur avec Everybody wants to Rule des Tear For Fears, son groupe préféré, suivie de la très belle The Reason qu’il dédicace à ses deux jeunes fils. Des compositions plus rapides viendront rythmer le show, comme par exemple Tight Trite Night de Don Ross. Là, il y a de quoi rester bouche bée ! On se dit que peut-être il y a un autre mec planqué quelque part…non? Les notes s’élèvent, les mélodies virevoltent, les harmonies s’entremêlent, c’est beau et incroyable à la fois. Précisons tout de même que pour Andy McKee c’est “finger in the nose” et avec le sourire s’il vous plait ! Vient le moment tant attendu, le guitariste sort sa fameuse harpe-guitare et des “aaaaaaaaah” se font entendre. Il nous parle de Michael Hedges, son inspiration majeure, dont il reprend Because It’sThere, puis ce sont les notes d’Into The Ocean qui s’infiltrent délicatement dans nos oreilles. Un peu d’émotion avec la somptueuse Rylynn, dédiée à une petite fille décédée. Andy McKee c’est la simplicité et la grâce au bout des doigts. Ses mains glissent avec légèreté sur les cordes, il plaques ses accords avec méticulosité et donne le rythme en frappant le filet de sa jolie guitare qu’il accorde avant chaque morceau (parfois équipé d’un capodastre partiel). Il se livre en musique et n’hésite pas à partager ses anecdotes pour agrémenter le show, du partage tout simplement. Il s’éclipse avant de revenir pour un rappel largement applaudi, c’est sur Aerial Boundaries que cette soirée s’achève. Andy McKee nous aura offert un beau moment de musicalité en toute sincérité.

Une bien belle soirée en compagnie de deux magnifiques artistes, à la fois singuliers et talentueux. La qualité en terme de son et de lumière était également au rendez-vous. Merci ! Andy McKee est la preuve que l’on peut progresser à force de travail sans être né avec une guitare (ou autre) dans les mains.

Auteure: Fanny Dudognon

Photographe: David Torres