Difficile de trouver une personne capable de faire une critique parfaitement objective du groupe Between the Buried and Me. Reconnus pour leur mélange éclaté de metalcore, de rock progressif, de jazz et de gros « chug-chug » sale, leur nombre de fans n’a d’égal que leur nombre de détracteurs. Étrangement, chez moi, BTBAM vient autant titiller le mélomane hyperactif que créer un profond ennui. Du moins, jusqu’à  The Parallax II : Future Sequence. Comme review, ça promet d’être aussi dichotomique que leur musique.

L’album ouvre sur « Goodbye to Everything  », une intro à la guitare acoustique, avec du xylophone (ou vibraphone? Anyway, le machin pour accompagner les berceuses) et des ensembles de cordes et cuivres subtils en arrière. Bref, du tout mignon, et je me dis non-stop que ça ne peut faire autrement que d’exploser incessamment. Arrive Astral Body, chanson pour laquelle le groupe a publié un vidéoclip. Probablement la seule chanson, d’ailleurs, qui puisse servir de « single » (bref, la seule chanson qui contient entre 3 :30 et 9 minutes de matériel… sinon c’est aux extrêmes, pour faire changement). Pas forcément super cohérente, avec 3 mouvements bien distincts qui ne se relient pas musicalement. Sauf que c’est quand même magnifiquement exécuté, épique, et avec de belles textures à exploiter. C’est surtout en voyant le clip, que j’ai pu apprécier toute la chanson, potentiellement parce que le cerveau arrête de regarder chaque transition bizarre pour plutôt se plonger dans le mix entre le vidéo (foutument délicieux, par ailleurs) et la chanson. Ça me fait franchement regretter qu’il n’y ait pas un clip pour chaque chanson.

Lay Your Ghosts to Rest, la première grosse pièce (à peine 10 minutes…), et parfaitement à l’image de mon appréciation de BTBAM. Une minute j’ai la gueule à terre et j’en bave tellement c’est riche, et la minute d’après je m’emmerde solidement à attendre le prochain bout hallucinant. Heureusement, il y a clairement beaucoup plus de moments de la première catégorie que de la seconde. Lay Your Ghosts to Rest, c’est du gros riffing qui saute partout, et ça serait excellent s’il n’y avait pas cette espèce de valse qui sort de nulle part pour casser le rythme (à deux reprises, mesdames et messieurs). Extremophile Elite, une autre piste assez influencée metalcore, ne déploie ses ailes que rendu à la moitié, où les patterns pseudo-méchants assez atonaux laissent place à du gros prog créatif. Telos, par contre, m’a charmé de A à Z. Les riffs sortent de l’univers drabe du metalcore pour faire aller leurs influences de death metal et c’est pas mal payant. Aussi, vers le tiers de la chanson, tout s’arrête et on tombe en mode rock progressif avec une petite infusion de jazz. Ça, ça te charme un reviewer mélomane assez vite, merci. On retombe sur le vibe de death metal pour le dernier droit, mais le tout est vraiment bien ficelé, et pour un groupe qui fait généralement des transitions propres comme le cul d’un lépreux (donc, pas beaucoup, si vous êtes plutôt faibles en images), c’est un exploit. Bloom, c’est, encore une fois, un concentré de bons riffs espacés par quelques passes awkward. Elle s’enchaîne dans Melting City, qui, présente, à nouveau de belles textures pro rock jazzées sur les bords. Silent Flight Parliament, la dernière pièce épiquement longue, présente probablement les éléments les plus accessibles sur le plan sonore malgré ses 15 minutes de long : les riffs s’enchaînent fluidement (comme quoi une fois n’est pas coutume), les thématiques sont épiques et mémorables ainsi que les mélodies « accrocheuses » (j’ajoute des guillemets, il faut quand même s’accrocher à son siège quand on écoute ça). L’album se clôture sur une reprise du thème de Goodbye to Everything qui ouvrait l’opus. À travers l’album, également, on retrouve quelques petits interludes ambiants qui viennent calmer le jeu, un peu comme une gorgée d’eau entre deux bouchées de piment habanero.

Dans l’ensemble, Parallax II ne surprend pas : c’est indubitablement un album de Buried and Me, avec toute la relation amour-haine de ma part que ça implique. On a une majorité de passes assez fantastiques, bien construites, qui rentrent au poste, mais parfois, on se retrouve d’un coup avec un riff sorti de nul-part qui vient atomiser tout le creusage de cerveau que les riffs précédents étaient venus faire. Comparativement au reste de l’œuvre de BTBAM, Parallax II : Future Sequence est beaucoup moins prompt à donner des couilles bleues que les albums précédents et c’est tout à son honneur : les compositions sont mieux ficelées, on réutilise davantage les thèmes et les chansons sont un peu plus homogènes en elles-mêmes. Le son est beaucoup plus mature, moins abrasifs que leurs efforts précédents et ça fait du bien. Ce qui coûte le plus de points à l’album, c’est que ce qui entrecoupe les séquences incroyables soit aussi blasant et peu inventif. C’est un excellent album pour BTBAM, probablement leur meilleur jusqu’à maintenant, mais mis à part pour Telos et Silent Flight Parliament qui m’ont particulièrement jeté à terre, ce récent opus ne passera pas souvent par ma liste de lecture.

Note : 7.5/10

Auteur : Alex Luca