Brit Floyd, la célébration ultime de Pink Floyd @ Wilfrid-Pelletier (Montréal)
Le mercredi 16 avril, sur la rue Sainte-Catherine sont agglomérés devant les portes de la Place des Arts de petits groupes de personnes matures, fumant des cigarettes et d’autres substances. Après tout, un spectacle de Brit Floyd est l’occasion parfaite pour succomber à la nostalgie et pour profiter des activités « d’adolescence », le temps d’une soirée. Sex, drug and rock n roll, comme ils disent !
À l’entrée de la salle Wilfrid-Pelletier se génèrent plusieurs files. Tous respectent les rangs et on progresse rapidement. Pendant cette brève attente, on observe une forte majorité d’hommes, aux cheveux de couleur poivre et sel. Une fois installé dans la superbe salle, on remarque une projection ronde qui affiche le drapeau du Royaume-Uni, mettant en valeur l’écriteau Brit Floyd. Dès 20 h 05, les lumières se tamisent et une nouvelle projection proposant des images de nature débute au centre de la scène.
Les gens sifflent très fort dès que les lumières s’éteignent. On sent une réelle fébrilité dans la salle. Elle est invisible, mais tangible. Les animations de nature s’alternent. Un faisceau de lumière éclaire le claviériste Matt Riddle et celui-ci entame les notes soutenues de Signs of Life au clavier. Il est rejoint sur scène par Edo Scordo et sa guitare électrique, suivi par le bassiste Ian Cattell, les percussionnistes Arran Ahmun et Ryan Saranich, les trois choristes Robyn Cage, Genevieve Little et Eva Avila, ainsi que le second guitariste et directeur musical du groupe, Damian Darlington. Tous performant alors la seconde pièce, Learning To Fly.
Darlington remercie la foule d’être au rendez-vous et annonce que cette tournée tient à célébrer le cinquantième anniversaire de l’EP Wish You Were Here. En conséquence, il informe les spectateurs que le groupe jouera le mini album en entier ce soir. Le groupe poursuit avec la chanson High Hopes. Darlington enchante la foule avec sa maîtrise parfaite de la slide guitar. Suit la piste Goodbye Blue Sky, très chaudement accueillie par le public, Empty Spaces et What Shall We Do Now ?.
Darlington invite par la suite un « ami du groupe » à le rejoindre sur scène. Une figure en contre jour prend place au synthétiseur : il s’agit du fils de Roger Waters, Harry Waters. Une surprise très bien reçue par le public. Les gens applaudissent et crient son nom pour l’encourager. Il prête sa voix à la chanson Young Lust et effectue un solide solo au clavier.
À la fin du morceau, des flashs de lumières bleues accompagnent des animations de sabliers, de cloches et d’horloges, qui indiquent le début de la piste Time. La foule s’agite, siffle et crie pour célébrer la chanson mythique. Suite à ce morceau, Darlington et Riddle partagent la scène auprès d’Eva Avila. Le trio performe Great Gig In The Sky. La voix d’Avila est saisissante et la chanteuse exécute à la perfection chaque note. La foule lui offre la première ovation debout, qui dure plus ou moins deux minutes. Elle remercie le public en français. À notre surprise, on apprend que l’artiste québécoise provient de la région de Gatineau et qu’elle fait partie du groupe depuis sept ans. La proximité de langue fait réagir la foule positivement et on sent une connexion approfondie entre le groupe et la foule.
Les musiciens présentent ensuite Breathe (Reprise), Two Suns in the Sunset et Mother. Afin de créer l’atmosphère propice pour la piste Another Brick in the Wall, Part 2, deux faisceaux lumineux blanc se tournent vers la foule, comme s’ils recherchent quelqu’un dans la salle. On introduit un bruit d’un hélicoptère et la pièce débute. Le groupe gesticule des bras vers la foule pour l’inviter à interagir. Cattell porte sa main en forme de cône à son oreille, pour signifier qu’il n’entend pas les spectateurs chanter aussi fort que souhaité. L’effet est instantané : le public tape des mains et tout le monde chante les paroles d’Another Brick in the Wall, Part 2 très fort. On remarque d’ailleurs davantage de têtes bouger en rythme avec la musique.
Ce phénomène se poursuit avec la piste Pigs — qui semble être une autre favorite du public —, puisque quelques personnes se lèvent pour danser. Dans le coin gauche de la scène, on aperçoit un immense cochon géant se gonfler d’air et, bientôt, flotter au-dessus des musiciens. Ses yeux aux couleurs changeantes sont en harmonie avec les projections kaléidoscopiques. Pigs se clôture par une deuxième ovation debout.
S’ensuit un entracte de vingt minutes. Au bout d’une dizaine minutes, parmi les spectateurs, on entend soudainement des « Olé, Olé Olé », des cris et des applaudissements. Une rumeur grandissante circule dans la salle : les Canadiens de Montréal viennent de remporter le match, ce qui leur octroie l’accès aux séries éliminatoires de la Coupe Stanley.
Le public, maintenant électrisé plus que jamais, accueille vigoureusement le retour du groupe sur les planches, alors que celui-ci performe One of These Days. Le public tape des mains au rythme de la basse. Alors qu’on pensait avoir tout vu, la formation dévoile pour la première fois depuis le début de la soirée, des lasers colorés qui sont projetés partout dans la salle.
Le groupe poursuit avec les cinq pistes de l’album Wish You Were Here. Aux premières notes de synthétiseur annonçant Shine On You Crazy Diamond (Parts I-V), la foule s’est agitée : cris, applaudissements, même un « Go Habs Go » se fait entendre dans le public ! Welcome to the Machine se démarque grandement par son animation visuelle, dans laquelle on a l’impression d’explorer la machine de l’intérieur. C’en est hypnotisant.
S’enchaînent Have a Cigar, Wish You Were Here — pour laquelle les gens participent avec leur voix et ouvrent la lumière de leur téléphone, formant une mer de petites étoiles dans la salle —, puis le groupe conclut avec Shine On You Crazy Diamond (Parts VI-IX). Pour cette piste uniquement, la projection est un montage photo du groupe Pink Floyd à travers les années. Harry Waters se joint à nouveau au groupe, pour chanter et l’accompagner au clavier. Conséquemment, on assiste à la troisième ovation debout.
La noirceur revient brièvement sur scène et une petite lampe sur pieds s’allume, diffusant une lumière jaune et chaude. Une petite télévision diffuse toute sorte d’images en noir et blanc et le groupe entame Comfortably Numb. Cattell revient sur scène sans sa basse, affublé d’un sarrau blanc. Plusieurs téléphones cellulaires filment la prestation, alors que l’usage de téléphones était pratiquement absent jusqu’à présent. La piste se clôture en présentant un homme qui feint l’inconscience, calé dans un fauteuil posé près de la télévision et de la lampe, rappelant l’esthétique de la chanson présentée dans le film The Wall (1982). Une gigantesque boule disco descend du plafond et éclaire toute la salle pendant tout le solo de guitare. S’ensuit une quatrième ovation debout.
Par la suite, les lumières sur scène s’éteignent, annonçant la fin du spectacle. Bien évidemment, la foule en redemande et le groupe revient sur scène pour un rappel. La formation performe Brain Damage, Éclipse puis Run Like Hell. On sent un réel désir de la foule de se déhancher et plusieurs personnes demeurent debout durant l’entièreté du rappel. Certaines sortent même dans les allées de côtés pour avoir plus d’espace pour danser, chanter et participer à l’apogée du spectacle.
Alors que les animations de Brain Damage présentent en séquence plusieurs vidéos de politiciens, le groupe invite le public à chanter les paroles et les spectateurs obtempèrent. Pour les deux morceaux suivants, on observe des gens qui tapent des mains, debout en petits groupes, autant au parterre, que dans les loges et sur les multiples balcons. La dernière note résonne encore à 23 heures, alors que le spectacle se termine dans l’allégresse, le bonheur et avec un tonnerre d’applaudissements.
Journaliste: Laurence Daoust
Crédit photo: (photos de presse)