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08 Juin 2012 – Il était une fois l’histoire d’Eli(se Larouche), chanteuse et auteure à la voix aussi douce et rieuse qu’un ange musical. Eli, par un beau jour créatif rencontre (Marc) Papillon, multi-instrumentiste au talent étonnant, compositeur, arrangeur reconnu au coeur de la scène musicale montréalaise. Ensemble, ils forment Eli & Papillon. Un tandem de douceur, aux mélodies aussi papillonnantes que nostalgiques.

Vendredi le duo de charme, accompagnés de leurs bassiste et claviériste, faisaient leurs débuts sur la scène SiriusXM des Francofolies de Montréal. Une petite scène intimiste, face à un public amical et de nombreux curieux attirés par la voix chaleureuse et sympathique d’Eli. De la place des Arts, on entendait et devinait la bonne humeur qui se dégageait du quatuor. Eli, en petit short taille hausse rouge corail, collants noir et petite veste en jeans, immense sourire contagieux aux lèvres, les deux mains agrippées au micro menait la danse. Apparemment à son aise sur scène, tout en retenue et timidité distillée avec grâce, elle parvient à faire chanter le public, qui s’y prête volontiers. C’est beau. Et on se laisse embarquer avec entrain dans un monde où tout semble soudain si facile.

Entre deux anecdotes, Eli charme son public. “Sur la prochaine chanson, on a repris un des mes rires, qu’on avait enregistré il y a quatre ans par hasard, on a essayé de le refaire en studio mais ça ne fonctionnait jamais. C’était ce rire qu’on voulait, on l’a donc copié/collé. Donc ce rire, il est vraiment unique…Juste pour que vous le sachiez” nous confie-t-elle rieuse. Avant que ne se fassent entendre les premières notes de Comme avant, extrait de leur premier album, Eli et Papillon, sorti début mai. Une chanson d’amour, thème récurrent de l’album.

Le set se poursuit avec une chanson, toujours d’amour, “mais traitant du côté un peu moins rose” de la chose nous prévient Eli. À contre-coeur. Une chanson magnifique, poétique et imagée, où les éléments naturels se déchaînent autant que nos sentiments. “Je voudrais m’envoler, me laisser emporter, plus loin que l’orage, où existe le soleil (…)Mais à contrecoeur j’entends déjà les éclats de nos voix, les cris, la haine, la rage et la fureur…”. Des mots violents dits avec une douceur emprunte d’espoir. Qui donne cette impression irrépressible de cocon rassurant et confiant. Les éléments peuvent bien valser autour, rien n’est finalement bien grave.

Le concert se poursuit avec une chanson à la mélodie un point plus triste, Courage. “Ose me regarder, me dire la vérité, tout droit dans les yeux, ton dernier aveu”…finit-elle sur les dernières notes de piano. L’air est comme suspendu. Le temps d’émerger de nos pensées. Eli nous apprend qu’elle s’apprête à conclure avec une dernière chanson.“Noooonnnn”. Entend-on dans le public. “Vous me faîtes bien chaud au coeur” répond-elle touchée. Avant d’ajouter “cette chanson, c’est notre coup de coeur de l’album. Et pourtant elle s’est écrite en une minute! Elle s’appelle L’au revoir”. Silence.

Les premières notes du piano parcourent l’espace, le public attentif observe les doigts de Papillon qui valsent sur le clavier. “Je suis partie courir dans l’au-delà, éponger mon coeur dans les nuages, parmi tous ces gens dans le néant. J’ai causé l’orage en croisant ton visage. Je suis partie courir dans l’au-delà. J’ai peur de marcher seule, de ne plus jamais te voir. J’ai peur que cette fois, on se dise au revoir (…) j’avais construit l’immense échelle pour te rejoindre là dans le ciel, mais de là-haut l’air est si froid (…) J’ai pensé pouvoir m’accrocher, me laisser suspendre dans le vide, j’ai pensé pouvoir enfin être libre (..) J’ai monté l’âme épuisée. Mais je n’ai cessé d’escalader (…)”. Le piano se mêle au violon et au texte si beau. De la bouche d’Eli sort ce dernier mot qu’on aurait voulu jamais entendre. L’émotion est palpable. Eli pose sa tête sur le pied de son micro, et laisse la vague de sentiments l’envahir. Une vague qui glisse sur le public. Un moment magnifique de chanson. Un bout de larme perle au coin des yeux. Ovation. Le public, qui s’est densifié au fur et à mesure du show est désormais conquis. Difficile de se séparer. “C’était excellent” dit un homme derrière moi en toute simplicité. Acquiescement. “Moi qui ne vais jamais en concert, j’irai les revoir si j’en ai l’occasion” s’exclame un autre charmé.

Eli et Papillon ont ce quelque chose d’envoûtant, ce petit rien qui change tout. Du talent, tout simplement. Comme il fait si bon de trouver. Sans artifice. Sans éclats de projecteurs ou tremblements de basse. Des ballades poétiques qui font honneur à la richesse de cette langue qui est la nôtre. Les Francofolies, c’est donc ça!

Auteur : Sarah Meublat

Crédit photo : Francofolies de Montréal

Pour en savoir plus : Eli et Papillon