Opéra de Montréal – La Flûte Enchantée @ Salle Wilfrid-Pelletier (Montréal)
Le public était exalté de pouvoir renouer avec le monde du chant samedi soir pour la première présentation de la Flûte enchantée de Wolfgang Amadeus Mozart par l’Opéra de Montréal. Alors que l’opéra devait être présenté en 2020, la situation a forcé l’organisation de repousser sa prestation une première fois en été 2021 avant de devoir le reporter pour le présenter officiellement cette fin de semaine.
Nous nous sommes réjouis de voir que la salle était comble, et le fait que le port du masque tout le long du spectacle était obligatoire ne semble pas avoir effrayé les spectateurs à venir apprécier cet opéra revisité.
La version de ce chef-d’œuvre qui nous a été présenté en première canadienne est la réalisation de Barrie Kosky, metteur en scène australien acclamé partout où il a pu la présenter. Pour certains, les opéras ne sont pas leur tasse de thé, car cet art est souvent perçu comme vieillot, c’est pour cela que Kosky l’a revampé et a changé le format de l’opéra pour en fait un opéra-film. En effet, nous avons été surpris du début à la fin du format, car les chanteurs nous sont présentés par des portes pivotantes de l’écran géant sur lequel il y a les projections en dessins animés pour illustrer l’histoire de la Flûte enchantée.
Le prince Tamino, interprété par le puissant ténor américain Brian Wallin, se fait poursuivre par un vil serpent (en projection) et se fait dévorer par celui-ci. Il est sauvé par les trois Dames, chantées par Andrea Nünez, Kristen Leblanc et Florence Bourget, ainsi que la Reine de la Nuit, jouée par Anna Siminska. Lorsque Tamino revient à lui, il rencontre Papageno, interprété par Richard Sveda, le baryton à la voix riche et profonde, qui lui transmet un portait de la fille de la Reine de la Nuit que le jeune prince doit sauver. Foudroyé au premier regard qu’il pose sur l’image, Tamino par en quête pour aller sauver la princesse Pamina, portée par la magnifique soprano de Kim-Lilian Strebel.
Il est vrai qu’au départ, j’ai jeté un coup d’œil la personne qui m’accompagnait, moi qui ai été habitué à des opéras plus traditionnels, avec les changements de décor, les opulents costumes et les mises en scène dynamiques. Nous avons été complètement déstabilisés par les projections, qui rappelaient des images que l’on retrouve dans les livres pour enfants, mais au fur et à mesure que le spectacle continuait, le public était tout à fait attentif aux chanteurs. Les costumes étaient pour la plupart très simples, comme Pamina qui portait qu’une simple robe à col rond noire, et la Reine de la Nuit et sa robe blanche de type sirène pour ainsi laisser place aux projections sur son corps, rappelant une araignée géante.
Le prince se fait offrir par la Reine de la Nuit une flûte enchantée et l’aide de Papageno pour l’accompagner dans sa quête pour sauver Pamina des griffes de Sarastro, pour le moment dépeint seulement par une tête géante mécanique en projection, alors qu’il est aidé par son esclave Monostatos, suivis de ses chiens-projections.
Le clou du spectacle va bien sûr à Siminska et son interprétation du classique et tant attendu Air de la Reine de la Nuit au moment où elle bannit sa fille Pamina du royaume, tant et aussi longtemps qu’elle n’arrive pas à tuer Sarastro. La maîtrise vocale démontrée par la soprano est digne de son expérience, puisque l’interprète a performé sur les plus grandes scènes d’opéras du monde tel l’Opéra de Paris, l’Opéra-Comique de Berlin et l’Opéra d’État de Vienne.
Les projections sont parfois rigolotes et allègent la prestation, insufflant une joie enfantine à la pièce dramatique du compositeur autrichien. On peut y lire les paroles chantées, ce qui me captivait en tant que novice en apprentissage de la langue allemande.
Après plusieurs péripéties, Tamino et Pamina se retrouvent à la fin et se font féliciter d’avoir réussi les épreuves imposées par Sarastro, qui dévoile le jeu diabolique de la Reine de la Nuit et des trois Dames. Les femmes, accompagnées par l’esclave Monostatos à l’allégeance changé en cours de route, se font chasser au lever du soleil, alors que les deux amoureux s’étreignent tendrement.
Mon expérience fut fort agréable, puisqu’il m’a permis de jeter un regard nouveau sur l’interprétation d’un opéra. Il est espéré que ce genre de production pourrait attirer une gamme plus jeune de spectateurs pour que l’Opéra de Montréal puisse continuer de produire de nouveaux genres de productions au Canada.
Journaliste: Marie-Lou Plante
Photographe: Yves Renaud (Opéra de Montréal)