1er août, aux abords du Centre Bell, tout le monde porte le même tee-shirt ; dessus, on y reconnait un visage. C’est celui du rappeur new-yorkais 50 Cent qui, à l’occasion de sa dernière tournée mondiale, The Final Lap Tour, vient rapper quelques verses dans le downtown de Montréal.

50 Cent, papa incontesté du rap East Cost, est attendu par ses nombreux fans qui ont du mal à contenir leur excitation dans la très longue file d’attente.

Pour entretenir l’énergie vibrante qui règne déjà dans la salle c’est Jeremih qui monte sur scène en premier. Le chanteur R&B venu de Chicago n’a pas laissé le temps à la crowd de s’assoir : lorsqu’il a joué ses tubes Birthday Sex et Oui, le public se déhanchait déjà.

Le stade est quasiment plein et où que l’on regarde, on aperçoit des mains en l’air. On ressent dès lors l’ambiance d’un très bon concert de rap.

S’en vient maintenant le mythique Busta Rhymes, haut en couleur et prêt à faire le show. Entre jeux avec le public, motivational speech et démonstration de kickage, l’artiste n’a pas laissé la salle indemne. Comme il l’a si bien dit sur scène « We don’t use special effects, we are the special effects » et cela résume bien cette première partie.

21h, le grand 50 Cent fait son entrée sur scène avec son tube Intro. Il apparaît dans un nuage de fumée et la scénographie nous transporte à New-York. Nous sommes avec lui dans les ruelles du Queens, à ses débuts. Le métro passe et l’artiste rappe ses textes le sourire aux lèvres. La scénographie est introspective et personnelle : ce show retrace l’histoire de sa vie. Cela n’enlève en rien l’aura qui plane dans le stade, les fans de gangsta rap bougent la tête pendant toute cette première partie.

Il enchaîne P.I.M.P et Candy Shop en front stage, proche de son public, il ressent son énergie et leur transmet la sienne. A ce moment-là, le public scande ses chansons comme des hymnes, on a presque du mal à entendre le rappeur : l’ambiance est à son pic. A partir de ce moment, les costumes et la scénographie changent, tout est doré, on se croirait dans un New-York art déco. 50 Cent n’oublie pas qu’il vient du Queens, mais il a gravit les échelons. Des danseuses sont présentes sur scène avec l’artiste, ce qui renforce la mise en scène. Les chorégraphies et les costumes sont plaisants mais ne détournent pas notre regard pour autant, Fifty a une telle présence scénique qu’il est difficile de regarder ailleurs. C’est un grand storyteller qui fait bouger les têtes avec des gimmicks simples mais qui fonctionnent. Il s’amuse sur scène et ça se voit.

Il commence la troisième partie en portant New York en étendard sur un air de Frank Sinatra et Tony Bennett, les écrans montrent les affiches de ses films, il n’a plus rien à prouver à quiconque. Il entame Big Rich Town vêtu de blanc, il est le prince de la ville et se balade sur scène comme un PIMP. Sur The Woo, l’artiste passe en beast mode et prouve qu’il a sa place au panthéon du gangsta rap. Le public lui rend bien l’énergie en bougeant et en applaudissant à chaque silence, qui sont très peu nombreux.

L’artiste a ramené un groupe et laisse de la place à chaque musicien, ce qui est très apprécié. Un solo de batterie est accompagné de feux et de lumières, on est sur un vrai spectacle à l’américaine.

Avec Many Men et I’m The Man, on entre dans une partie plus émotionnelle du spectacle, le rappeur est entouré d’un halo de lumière, dénué de tout apparat.

Il rappe ses textes comme s’il parlait à un ami de longue date, comme s’il regardait chacune des personnes du public dans les yeux. Après ce moment de partage, il drop le son que tout le monde semblait attendre, In Da Club, cependant, après tant d’émotions, ce banger ne semble pas être le choix judicieux. Le public est réceptif mais l’énergie du début n’est plus si immaculée.

Pour le rappel, Fifty revient à ses origines avec Hate Being Sober, Wanksta ou encore Crack A Bottle. De retour dans le Queens, il nous partage une dernière fois un pan de sa vie dans une ambiance très gangster. Le public ne se lasse pas et les gens sont debout jusqu’à la fin. Le final sur Whip Ya Head est à la hauteur du show : tout feu tout flamme.

Finalement, cela va sans dire que le spectacle est à la hauteur de toutes les attentes, le seul bémol pour moi étant l’organisation de la set-list pour 2 tubes. 50 Cent est un très bon performer, mais si le show est si réussi c’est car l’artiste sait s’entourer. Des guests triés sur le volet, des danseuses costumées, des ingénieurs son habiles et des scénographes intrépides, voilà la recette d’un concert de rap efficace.

Grâce à eux, Fifty a fait venir le 917 dans le 514 et nous a amené dans son Candy Shop new-yorkais.

Journaliste: Léna Dalgier

Photographe: Alex Guay