5 aout 2015 – C’est caché au cœur de la Maison Mère des Sœurs Grises, une des résidences de l’université Concordia, que le Grimposium a choisi d’établir ses quartiers. Parler de Metal, de cultures alternatives et d’occultisme dans une telle place, c’est déjà une preuve que la scène Metal a le sens de l’humour!

Initiative unique et événement atypique, il n’en fallait pas moins pour que je me laisse attirer. J’ai donc fait le maximum pour assister au plus d’événements possible et tenter de témoigner sur cette expérience hors du commun. Morceaux choisis!

Le Grimposium propose de nombreuses conférences, débats et discussions liés au Metal et tente d’avoir une approche multimédia sur le sujet (avec des projections de films et des concerts en parallèle). J’ai donc essayé de donner les idées directrices des évènements auxquels j’ai assisté, des rencontres que j’ai pu faire et parfois d’y ajouter mon grain de sel. Pour plus d’informations sur la création du festival, j’ai pu discuter avec son créateur, Vivek Venkatesh, vous pourrez lire mon entrevue avec lui ICI.

Migrators – Exposition de Dan Seagrave

Pièce principale de l’exposition, Dan Seagrave a rassemblé pour l’évènement toutes les pièces de sa série Migrators. Mais il est surtout connu à travers ses nombreuses contributions dans le monde du Death Metal comme dessinateur de cover toutes plus célèbres les unes que les autres. Altar of Madness de Morbid Angel, Left Hand Path de Entombed ainsi que de nombreuses pochettes pour Suffocation (Effigy the Forgotten, Souls to Deny…). Je n’ai pas résisté à l’envie de le faire poser devant deux des disques essentiels à tout bon fan de Death qui se respecte !

Dan Seagrave (1 sur 2)

Dan Seagrave (2 sur 2)

Autres artistes présents

Lié à la sène Black Metal scandinave, les initiés ont probablement entendu parler de Kim Holm. Natif de Norvège, il a pris l’habitude comme le montre cette vidéo de se placer sur les bords du stage pour dessiner les artistes en plein show. Ses dessins de Mayhem, Taake ou encore Carpathian Forest étaient exposés pour le Grimposium. Il a beaucoup participé aux discussions pendant la semaine et les heureux détenteurs de passes VIP au Heavy Montreal ont pu le voir dessiner dans le carré avant. Vraiment un artiste à suivre pour les fans de metal extrême !

Kim Holm (1 sur 4)

Kim Holm (3 sur 4)

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J’ai également eu l’occasion de discuter avec Filip Ivanovic. Depuis plus de cinq ans déjà le montréalais travaille notamment en lien avec la scène Metal. Il a pu réaliser des pochettes d’albums et visuels divers de groupes tels que Nervous Impulse, Anonymous ou encore Canceric. Mais sa contribution la plus connue est certainement +son partenariat avec Heavy Montréal. Il a en effet réalisé de nombreux visuels pour le festival (affiches, tshirts…) en marge de travaux plus personnels à la peinture.

Filip Ivanovic (1 sur 1)

Becky Cloonan de son côté est plus centrée sur la bande dessinée (notamment pour les célèbres DC Comics) même si son cœur reste proche du metal. Elle a pu travailler pour la scène à travers des pochettes pour des groupes comme Clutch ou The Sword et aussi en dessinant des affiches pour des concerts.

Becky Cloonan (1 sur 1)

Conversation on copyright in art – Kim Holm et Becky Cloonan

Pour Kim Holm, ses œuvres sont libres de droit et la propriété intellectuelle tue l’art. De son coté, Becky Cloonan voit plus ça comme une protection de l’artiste et un moyen pour lui de gagner sa vie. De nombreux exemples sont cités pendant la discussion comme celui des plateforme d’écoute sur internet comme Spotify qui donne tout de même de l’argent aux artistes même si ce n’est clairement pas égal. Une solution selon les protagonistes serait d’enregistrer les transactions dans les fiches d’impôt pour qu’une partie aille directement aux artistes.

Controverse permis les controverse et ce même au sein des artistes, la propriété intellectuelle fait débat! Probablement une des discussions les plus longue de l’événement, les deux intervenants étant autant prolifiques l’un que l’autre sur la question. Le débat reste épineux mais le copyright semble pourtant être l’une des seules armes à disposition d’un artiste pour vivre de son art. À eux ensuite d’en faire bonne usage et d’accepter de collaborer pour faire progresser l’art et ne pas se retrouver bloqué par les procédures légales.

Becky Cloonan-Kim Holm (1 sur 1)

Lovecraft reading & projection by Kim Holm

Accompagné par la guitare de Nate Verrill (Cardinal Wyrm).

Lecture de HP Lovecraft par Kim Holms avec projection de ses œuvres et accompagné des dissonances guitaristiques de Nate Verrill. Mais pourquoi une telle attraction dans le metal extrême pour l’œuvre de Lovecraft ? Pour Kim, c’est très proche de la façon de penser du Black Metal, We come out of blank and return to blank, only death is real. La vision anti-moderne et anti-religieuse de Lovecraft pour son époque se trouve finalement être un point de vue très moderne pour nous.

Contemporary issues in metal journalism

Avec Kim Kelly (Noisey, Vice), Natalie Walschots (Exclaim!), Albert Mudrian (Decibel), Kristine Knapskog (Karisma & Dark Essence Records) et Stéphane Giroux (CTV).

Le but de cette discussion est de soulever les questions délicates liées au racisme, à la misogynie et à l’extrémisme qui reviennent souvent quand il s’agit de Metal. Cliché ? Réalité? Il faut surtout faire la part des choses entre un message provocateur à desseins, pour provoquer une réaction, une prise de conscience sur un point et une idée destructrice par conviction. Le sujet est ici abordé principalement par des journalistes qui ont la difficile tâche de devoir poser les questions qui fâchent au risque de s’attirer les foudres du public, des associations (religieuses ou autres) ou même des groupes eux-mêmes. Le Black Metal reste sûrement le genre qui souffre le plus de cette image extrémiste et cela complique visiblement la tâche des labels selon les dires de Kristine Knapskog. Organiser des concerts dans certains pays engendre des menaces de groupes religieux et l’annulation de ces concerts des menaces de la part des fans… certains n’hésitant pas à publier les coordonnées exactes des journalistes sur internet par vengeance.

Faut-il bannir le Black Metal pour autant ? N’espérons pas! N’importe qui d’extérieur au genre serait choqué par les images et le message véhiculé par de nombreux groupes de Black Metal, sorti de son contexte. Il relève également du travail des média et surtout les gros média pas forcément spécialisés ne pas faire d’amalgames ou de raccourcir les dialogues juste pour en faire ressortir les parties les plus extrêmes.

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The future of extreme metal

Débat avec Albert Mudrian (Decibel, USA), Jason Netherton (Misery Index, USA), Alexis Sevenier (Band Manager notamment pour Mass Hysteria, FR) and Luc Lemay (Gorguts, CA), coordonné par Vivek Venkatesh

Tous les participants se sont accordés sur le fait que la différence principale entre le metal et d’autres genres reste le fait que les fans veulent avoir les produits physiques (disques, vinyls, tshirts…). Le merchandising est probablement ce qui permet au genre de continuer à tenir dans le contexte économique actuel difficile (Alexis Sevenier). De plus, le metal extrême reste un des genres les moins limité en termes de composition. On peut le voir proche de la musique classique par sa variété avec en plus la chance d’avoir un public ouvert d’esprit (Luc Lemay).

Selon un chroniqueur exterieur, Metal fans are becoming old, fat and bold. La variété des genres rendrait la tâche difficile pour les promoteurs de rassembler les fans en festival? Probablement plus un phénomène lié à la situation économique pour les participants.

Enfin, quel est l’impact des média sociaux sur la musique et l’industrie musicale ? On se retrouve actuellement avec des industriels du milieu qui vont chercher le nombre de Likes sur les pages Facebook des groupes et qui utilisent ces chiffres pour mesurer la popularité d’un groupe. Tout ça ne représente pas grand-chose en réalité et les groupes limitent les partages sur ces plateformes. Souvent on retrouve des fragments de musiques ou des versions épurées qui se rapprochent peu de ce que les artistes ont passé du temps à produire (Alexis Sevenier). Selon moi les média sociaux doivent rester un outil de promotion pour les groupes et acteur de la scène mais n’a aucune fiabilité en dehors de ça. On donne beaucoup trop de pouvoir à un média qui ne touche qu’une partie de la population et des fans et où il est trop facile de perdre la seule information intelligible et utile dans une mer de photo de bouffe et de chats.

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Le mot de la fin? Ou plutôt un petit bilan personnel sur mon expérience au Grimposium. Je trouve la démarche de Vivek Venkatesh très intéressante (au risque de me répéter, allez lire mon entrevue) et j’ai eu beaucoup de plaisir à en discuter avec lui. Avec sa vision de fan de Metal extreme il parvient à réaliser un très bon travail sur un domaine d’étude qui est bien plus riche que ce pensent la plupart des gros média. Malgré le fait que le berceau du Metal extrême soit en Europe, de plus en plus d’acteur locaux (promoteurs, journalistes..) font en sorte de créer un nouveau pôle d’importance en Amérique du Nord pour attirer non seulement les artistes européens mais aussi promouvoir une scène locale des plus riches et qui apporte de nouvelles perspectives au genre. Une démarche comme celle de Vivek ouvre la voie à d’autres et j’espère qu’il sera suivi pour montrer à quel point cette scène, le Metal extrême, est riche et vivante.

Long live extreme metal!

Dans le cadre du Grimposium et en partenariat avec Heavy Montréal et Evenko, d’autres évènements ont eu lieu et nous avons pu assister à certains (pas tous malheureusement). Les liens sont juste en dessous:

  • Mass Hysteria, Guerilla ICI
  • Between The Buried And Me, Animals As Leaders ICI

11289597_851063574965255_3546308972557191089_oAuteur: Thomas Mazerolles

Photographes: Thomas Mazerolles (et Paul Blondé)

Pour trouver plus d’informations sur les différents artistes c’est par ici: Dan Seagrave, Kim Holm, Filip Ivanovic, Becky Cloonan et bien sûr le Grimposium