Hier soir à la Place Bell, nous étions nombreux à attendre la voix envoutante de Tash Sultana. Après une première partie posée avec un rock alternatif très plaisant d’Ocean Alley, les techniciens préparent la scène. Ils placent de petits accessoires lumineux tels un flamant rose, un arc-en-ciel, un cactus et comblent l’espace avec tapis et autres tentures. Ça y est, la jeune femme de 23 ans débarque et va nous en mettre plein les oreilles et le cœur pendant plus de deux heures.

Tout comme dans son clip « Jungle », qui compte plus de 30 millions de vues, Tash Sultana arrive sur scène, bonnet sur la tête et pieds nus pour nous interpréter tous ses morceaux. Décontractée, elle prend sa place au centre des claviers, des différents micros, pédales et accessoires musicaux, entourée par divers instruments de musique, qu’elle maîtrise de façon étonnante.

À tour de rôle, elle échange de partenaires musicales. Elle passe de la guitare électrique à la guitare sèche en passant par la flute de pan, le banjo, les divers claviers et même le beat-box. C’est une véritable femme-orchestre qui s’exprime devant nos yeux.

Et le plus spectaculaire, c’est qu’elle dévoile ses créations petit à petit, face à son public. En effet, elle détient avec elle une panoplie d’enregistreurs qui lui permettent de composer la bande sonore directement sur scène. On voit alors une artiste dont l’harmonie et la polyrythmie sont les forces. Par-dessus ses créations uniques et très pointues au niveau musical, elle y ajoute sa voix cassée, souvent embellie par des réverbérations puissantes et des harmonies vocales, qu’elle crée, encore une fois, devant son audience.

Une artiste authentique et engagée

Pendant plus de deux heures, l’artiste australienne nous transporte dans son univers où les effets visuels arborent des caléidoscopes colorés, des fleurs, des constellations et autres symboles de la nature et du bien-être. Avec sa voix enivrante et englobante, elle nous met des frissons notamment avec son morceau « Notion » qu’elle revisite pour l’occasion.

En effet, ce n’est pas un concert classique qui se déroule sous nos yeux, mais bien un jam, assumé et maitrisé à la perfection. Tash Sultana livre son talent et joue avec tous les instruments qui l’entourent. Une grande part d’improvisation est laissée à l’artiste qui nous livre des solos de guitare aiguisés qui la mènent à genoux et lui font même perdre son bonnet. À la fois rockeuse et bohème, ses envolées vocales percutantes et émotives nous fascinent et font vibrer la salle entière.  

Entre les morceaux, elle fait part de son intolérance envers toute forme de discrimination et demande même à ces gens-là de quitter la salle dès immédiatement. Elle évoque aussi l’hypocrisie de certaines personnes qui reviennent vers elle depuis qu’elle connait la célébrité. Avec un grand sourire, elle parle à son public avec la même sincérité et la même simplicité que lorsqu’elle s’exprime en musique.

En pleine maîtrise de son art, Tash Sultana aura su réchauffer l’atmosphère et se dévoiler comme une artiste complète et authentique aux yeux d’un public grandissant, qui a su crier son amour pour l’artiste.

Auteure: Léa Villabla

Photographe: Jessica Valoise