Articles Tagged with: Toulouse

Le Weekend des Curiosit̩s 2017 РJour 1 @ Le Bikini (Toulouse)

Last Train

Last Train

Vendredi 02 Juin 2017 – Depuis le temps que l’énorme communication autour de ce festival est apparue partout dans Toulouse, il nous tardait de voir ce que cette nouvelle édition allait nous offrir. Avec sa programmation plutôt rock et electro, on s’attendait à une grosse ambiance dans ce lieu désormais mythique. Voyons ce que ça a donné.

Arrivée prévue à 19h au Bikini, où les membres de l’organisation ont recentré le festival dans l’enceinte de la structure plutôt que de l’exporter comme ils le faisaient avant au port de Ramonville. Tandis que la salle est encore fermée, c’est le DJ set de Cathédrale qui tente de chauffer l’ambiance au dessus de la piscine. Mais clairement, les gens ne sont pas encore dans le bain, et le festival est encore quasi-vide. Jeux, cassage de croûtes et premières bières : il faudra encore attendre avant que ce devienne un événement musical. Attendre 20h précisément, et l’arrivée dans la scène du premier groupe de ce soir : Ryder the Eagle. Dans leur nouvelle composition (guitare/voix, basse, batterie et clavier), ils annoncent clairement la couleur de ce soir avec leur rock très américain. Avec le look qui va avec, on retrouve avec plaisir l’ancien batteur de Las Aves, Adrien Cassignol, et ses collègues pour un set énergique. Une bien belle manière d’entrer en matière, et pour le groupe de rappeler leur E.P sorti en janvier 2017 : S.A.W.M.H. A noter qu’ils rejoueront demain dans le cadre d’un événement parallèle au Weekend des Curiosités, puisqu’ils accompagneront Mangabey à la Cité de l’Espace pour animer Ciel en Fête.

Pas le temps de traîner, puisque les deux scènes se superposent toutes les 30 minutes. Direction la scène des Curiosités, où l’on s’aperçoit d’un problème majeur de ce soir : la pollution sonore. En effet, la scène des Curiosités et celle de Swimming Deer n’étant qu’à une dizaine de mètres l’une de l’autre, mieux vaut ne pas rester à mi-chemin entre les deux sous peine d’avoir affaire à un mélange assez indigeste. De même entre deux morceaux, où l’autre scène vient remplir les moments de silence. Dommage. Toujours est-il que nous attend un rock bien différent : celui du groupe Fuzzy Grass. Un projet de 4 musiciens pyrénéens ayant en tête de faire, comme le dit le batteur, un “gros rock qui tâche”. Pourtant l’intro nous semble différente, bien plus psychédélique que rock’n’roll. Mais entamé le deuxième morceau, on retrouve le rock très années 1970 porté notamment par un chanteur charismatique et à l’aise scéniquement. On y retrouve un petit côté “bluzzy” nous rappelant vaguement l’ambiance de Led Zeppelin, ou du moins de leurs chansons les plus hards. Une curieuse découverte donc, qui nous rappelle le véritable esprit de ce week-end.

Retour en intérieur après un passage devant le DJ set de la MVerte. Malheureusement pour eux, les deux autres scènes ont pour l’instant pris le dessus, et la présence sonore de l’autre scène rend l’écoute difficile. Les deux artistes présents sur la scène Swimming Deer n’y sont pas pour grand chose, et leur production a toute leur place ce soir. Mais trop de scène, trop de bruit aussi. Et un DJ qui semblait ennuyé, non-volontaire.

A l’intérieur ca bouge beaucoup plus et pour cause : c’est au tour d’un des groupes les plus décalés de la programmation. Essayez de croiser les paroles de Salut c’est cool avec le rythme déjanté de Little Big : c’est à peu près ce que le groupe FAIRE nous a présenté ce soir. Une musique complètement barje mais qui a su dynamiser le public un peu plus nombreux du Bikini. Faire remuer des têtes devait être la mission principale de leur production ; c’est chose faite sur tout le long de leur passage. Seul bémol : on aurait bien vu leur énergie un peu plus tard dans la soirée, avec pourquoi pas une inversion avec Last Train qui arriveront à 23h.  C’était peut-être un peu trop tôt, mais ca n’aura pas empêcher les gens de profiter des sons de Le Tamale, dernier album sorti en 2017.

21h30 : Tandis que l’espace commence à se remplir très doucement (beaucoup plus lentement que l’année précédente par exemple), c’est au tour de Cathédrale de prendre place sur la scène des Curiosités. Dans la foulée de cette programmation explosive, le groupe toulousain né sur les marches de la Cathédrale Saint Etienne paraissait tout à fait à leur place. Pourtant, il nous a semblé manquer quelque chose. La performance musicale était là, très bien calée, mais il manquait selon nous un peu d’énergie, un peu de pep’s. Peut-être aussi que les groupes précédents et suivants avaient mis la barre très haute, car on vous recommande tout de même la version studio de Cathédrale qui déménage vraiment. Mais entre Faire et Pogo Car Crash Control effectivement, il fallait envoyer du lourd pour se démarquer.

Pogo Car Crash Control justement, le groupe punk de ce week-end. Comme leur nom de groupe l’indique, c’est une musique sans concession qu’ils vont nous offrir ce soir. Et bien que le pogo mettra un peu de temps à prendre de l’ampleur, il finira tout de même par atteindre une taille raisonnable ; suffisamment raisonnable pour recevoir le guitariste qui s’accordera un petit solo en slam. Malgré l’âge des musicos, qui ont aux alentours de la vingtaine, l’énergie qu’on pouvait attendre d’eux est bien présente, les riffs toujours aussi indomptables : tout ce qu’on aime dans le punk. Sans véritable autre représentant cette année, le punk aura quand même fait irruption pour faire bouger le Bikini, qui n’est néanmoins toujours pas complet. C’est toujours bon de se rappeler ô combien deux guitares, une basse, une batterie et un chanteur peuvent faire du bruit !

Le Weekend des Curiosités était à une époque critiqué pour avoir transformé leur programmation en véritable source de grosses têtes d’affiches, comme Placebo il y a deux ans ou bien Kavinsky. Cette année, on reconnaît dans la programmation un “retour aux sources” avec une recherche de qualité indépendante de la popularité du groupe. Cela n’empêchera pas d’avoir de superbes têtes d’affiches, comme le groupe qui suit : Last Train. Ils ne nous ont pas déçus. On ne présente plus le groupe de rock en plein boom ces dernières années, avec plus de 200 dates en 2 ans. Vis-à-vis des fois précédentes, nous les avons trouvés un poil plus calmes scéniquement parlant, avec moins de mouvements. Mais cela est tout à fait cohérent au vu de l’album qu’ils viennent de sortir, Weathering, plus cool lui aussi que ce qu’ils avaient l’habitude de nous proposer auparavant. Toujours est-il que, musicalement, c’est toujours aussi impeccable. La voix de Jean-Noël est qui plus est toujours un régal à entendre, parfaitement en adéquation avec la musique du groupe. Rien à dire sinon que les blousons noirs ont encore frappé à Toulouse après leur première partie de Placebo au Zénith il y a deux mois. Et c’était un régal, au vu de la salle du Bikini qui a fini par se remplir.

Enfin, Weval viendra ouvrir la partie electro de la soirée, précédant chronologiquement NSDOS Institution live, Helena Hauff et Longway Records Live. Avec sa production assez sombre, très ambiancée, très aérienne aussi ; on reconnaît la logique de la programmation, dans une lignée plutôt hard ce soir. En attendant la seconde soirée, qui s’annonce plus soft, on peut pour l’instant dire que cette soirée est de bonne augure : le Week-end des Curiosités a fait appel à des curiosités afin de renouer avec le projet initial de ce festival. Malgré tout, le Bikini n’était pas plein ce soir ; nous verrons demain si les deux têtes d’affiche restantes (Romeo Elvis et François & the Atlas Mountain) attireront plus de monde.

Photos : Antony Chardon

Auteur : David Vacher

Kid Wise + Mirror + Orme @ Le Bikini (Toulouse)

Kid Wise

Jeudi 04 Mai – C’est LA soirée qui faisait parler dans la ville rose et pour cause : trois groupes émergeant de la scène toulousaine s’y rencontraient, sans compter les guests. Retour sur cette soirée “à domicile”.

19h : il fait bon de retrouver le soleil sur le patio du Bikini. Les portes ne sont pas encore ouvertes, mais le bar accompagne le soleil pour accueillir la première partie en acoustique. Il s’agit d’Orme, un groupe montant de 4 toulousains en quête d’exotisme. On découvre une formation de quatre instruments à cordes : le classique avec une guitare, un violoncelle, une mandoline … et un bouzouki. Cet instrument traditionnel grec servira de point d’ancrage pour leur musique voyageuse, mais malheureusement pas pour longtemps. En effet, malgré un appel au silence en début de set par Augustin Charnet et Clément Libes (respectivement chanteur/pianiste et violoniste/clavieriste/guitariste de Kid Wise), le brouhaha des discussions prendra petit à petit le dessus jusqu’à rendre la musique quasi-inaudible. Il faut dire que le bar à 5 mètres de là n’aidait pas. Petite déception donc de ne pas pouvoir découvrir comme on l’aurait voulu ce groupe qui, dans un genre totalement différent de la suite, aura réussi tout de même à s’accaparer quelques instants les auditeurs attentifs, et à proposer une musique vraiment sympathique.

Vient le temps de rentrer dans la salle pour découvrir, ou plutôt redécouvrir un groupe que l’on avait déjà eu l’occasion de croiser au Weekend des Curiosités n°30. Mirror est assez peu connu encore, et leurs dates sont rares. En effet, le duo est surtout célèbre pour regrouper les deux DJs qui produisent les instrus pour BigFlo & Oli. Depuis, pas grand chose n’a vraiment changé, et nous restons toujours sur notre bonne impression de cette électro planante, avec en prime un violoncelle qui rajoute beaucoup au live (bravo donc à Luc Blanchot, mais aussi à Denshu Kozo aux machines). Une belle atmosphère se dégage de leur musique, tout juste ce qu’il faut pour apprécier la suite.

Et la suite, ce n’est pas n’importe quoi ! Après avoir annoncé il y a peu la sortie de leur nouvel album Les Vivants, il s’agit maintenant pour Kid Wise de le partager un maximum sur scène. Alors, Le Bikini semblait inévitable, surtout pour fêter les 5 ans du groupe. Evidemment, c’est toujours particulier quand des artistes jouent chez eux, et ils n’auront de cesse de nous le répéter au travers de la voix du chanteur/leader Augustin Charnet. Au niveau du live, on retrouve tout de même beaucoup de titres du premier album, en priorité les titres les plus rocks et progressifs comme Ceremony, Echos, Ocean ou encore un Forest un peu plus pop. On retrouve également la même composition scénique, si ce n’est que le violoniste troquera quelques fois son instrument au profit d’une troisième guitare. Sinon, mis à part quelques nouveaux titres dont Les Vivants sur lequel le groupe finira son set, ils restent fidèles aux nombreuses fois où nous les avons vus (à Castres, au Métronum ou encore au Connexion). Le guitariste noiser Théophile Antolinos en particulier est toujours aussi efficace, de même que son pedalboard est volumineux. Le batteur Léo Faubert quant à lui reste un véritable métronome. Plus globalement, une très bonne performance musicale de l’ensemble des musiciens.

Pourtant, des surprises étaient annoncées pour ce soir, et rien de particulier n’arrivera avant les trois-quart du set si ce ne sont les quelques descentes d’Augustin Charnet dans le public (dont une en slam). La fin en revanche sera plus chargée. Tout d’abord lorsqu’une partie du groupe reprendra, en acoustique et au milieu de la fosse, leur premier tube Hope avec un banjo en guise d’accompagnement principal (ils reprendront ensuite le morceau en version “complète” sur scène). Mais surtout, l’événement de la soirée devait être l’intervention de Bigflo & Oli pour agrémenter encore un peu plus cette soirée 100% Toulouse. Et c’est là la plus grande déception de ce soir. Evidemment, le public était heureux de retrouver le duo sur scène, notamment après leur absence prolongée pour préparer leur nouvel album, dont le premier titre vient de sortir. Evidemment que personne n’aura était insensible à la charge symbolique de leur venue. Mais il faut dire ce qui est : leur intervention était ratée. D’abord, nous étions surpris de voir qu’ils n’ont pas posé avec Mirror, qui a pourtant joué l’inévitable Faun qui sert d’instru au morceau des deux frangins À mon retour (une aubaine donc). Ils n’arriveront donc qu’à la fin du set de Kid Wise, pour interpréter leur très bon track Je suis. Dommage tout d’abord que les deux rappeurs aient encore besoin des paroles sous les yeux, quand bien même une bonne partie du public les connaissait (ils s’excuseront néanmoins, mais cela nous a paru incompréhensible). Dommage aussi qu’ils n’aient pas réussi à se caler sur la musique reprise par Kid Wise, entraînant de nombreux hors-temps sur une bonne moitié de la chanson et de trop nombreuses imperfections (le tempo au piano était visiblement trop lent, et il est vrai que le morceau original gagne en intensité crescendo). Dommage que les deux frangins n’aient pas été synchro sur les phrases en commun. Dommage enfin de ne pas être restés plus longtemps : nous avons vraiment eu l’impression d’un bref aller-retour sur scène plutôt que d’un véritable moment de partage. Notons quand même que la fin du morceau passait bien mieux, et que les deux rappeurs ont mis l’ambiance dans le Bikini avant de s’éclipser, tandis que le public avait l’air ravi de la prestation. La soirée se terminera sur un aftershow électro, mais le Bikini se videra massivement.

Une soirée contrastée donc : l’émotion était bien là et Kid Wise reste un groupe incontournable à Toulouse. Mais la première partie sur la fin inaudible et la fausse note finale laisseront un regret sur une soirée annoncée comme mythique. Néanmoins, l’initiative de ce concert (organisée par Le Bikini et Kid Wise) était une excellente idée, pleine de bonnes valeurs et qui laissera de nombreux souvenirs dans la tête des spectateurs.

Photographe : Antony Chardon

Auteur: David Vacher

 

Julien Doré + Omoh @ Le Zénith (Toulouse)

Mercredi 03 Mai – Ça n’aura échappé à personne : Julien Doré vient de sortir un nouvel album, “&“, suivi d’une tournée dans toute la France et à l’étranger. De fait, nous voyons sa tête partout, sans savoir ce qu’il vaut vraiment sur scène. Voici la réponse.

Mais avant tout, commençons par le début avec une première partie extrêmement courte (environ 25 minutes). Sur scène, un groupe assez peu connu et que pourtant vous aurez certainement déjà entendu : Omoh. Ils ont en 2015 (alors que ce n’était qu’un duo) collaboré avec un certain Julien Doré sur son album Løve, triple disque de platine. Depuis, ils ont évolué, et c’est une composition de cinq musiciens qui apparaît sur la scène du Zénith ce soir. On se doute néanmoins assez rapidement du lien unissant les deux, ne serait-ce que musicalement. On retrouve une pop calibrée de la même manière, et un environnement proche (sans être tout à fait similaire) à celui qui suivra. Ils produiront toutefois pendant presque une demi heure une musique plus électrique, mêlant textes en anglais et français. Mais surtout, ce qui marque, c’est le manque de dispositif du groupe qui, n’ayant pour décor que les 4 lettres de leur nom sur pied, paraît assez “petit” sur la scène immense du Zénith. C’est quand même un excellent avant-goût qui aurait pu durer un peu plus longtemps, d’autant plus que Julien Doré enchaînera lui avec pas moins de 18 titres : une programmation logique mais déséquilibrée donc. On retrouvera toutefois certains membres d’Omoh dans l’entourage de ce dernier, ceci expliquant peut-être cela.

Le changement de plateau sera assez long et pour cause : il y a une lourde installation scénique en prévision. Il sera rythmé par les encouragements du public qui, au travers d’applaudissements répétés, inviteront l’artiste à débarquer sur scène. Ils n’auront pendant un moment comme réponse que des feintes assez comiques, où une simple note de clavier et une baisse d’intensité lumineuse feront croire à tout le public le début de la seconde partie, quand bien même rien n’était encore prêt – un bel ascenseur émotionnel qui trompera les plus impatients à trois reprises.

Enfin, le voilà qui arrive, dévoilant par la même occasion une scène dûment décorée. Un “&” en néon viendra remplir un bon tiers du fond, et servira durant tout le show d’écran pour diffuser des slow-motions. Quant aux musiciens (six en tout), ils sont éparpillés aux quatre coins de la scène, tandis que les deux machinistes sont disposés sur des piédestaux : la scène paraît soudain extrêmement étroite.  En vérité, le live sera en deux parties : tandis que les cinq six premiers morceaux sonorisent un véritable show de lumière, Julien Doré est irrémédiablement mis en avant, au travers par exemple de lumières directement braquées sur lui, contrairement au reste de la bande. On regrette là un manque d’énergie de la part des musiciens, et l’on comprend que cela met encore plus en lumière la star de ce soir. Pourtant, le deuxième acte va vite commencer, avec un leader beaucoup plus proche du public. Il enchaînera les prises de parole, mélange de blagues et de remerciements envers toute son équipe, mais aussi envers une école qui avait fait le déplacement. On y découvre un homme simple, accessible, en témoigne sa traversée du Zénith au milieu de la foule. Il fera retentir sa voix si particulière dans toute la salle, sur des morceaux tantôt sensuels (Coco Câline) tantôt plus rock (De mes sombres archives), tantôt anciens (Les Limites) tantôt actuels (Le Lac). Il fera aussi monter sur scène, à l’occasion de Kiss me forever, un très jeune guitariste qui avait envoyé à l’artiste des reprises de ses chansons ; geste très apprécié par le public qui hésite décidément entre l’altruisme et le charisme de Julien Doré. La longue prestation (qui sera rallongée qui plus est par trois rappels) passe finalement assez vite, et se finira sur une note de douceur avec un piano pour centre mélodique. On aura retrouvé le personnage Julien Doré, entre sympathie et bestialité ; mais aussi une bonne performance des musiciens qui contribuent tellement à l’atmosphère qui a inondé le Zénith. 

Finalement, j’avais assez peur d’un délire égocentré de “Juju” (entre l’absence totale d’infos concernant la première partie et le déséquilibre du chronomètre), mais il s’est montré très avenant et respectueux ce soir, assurant le show à la perfection. C’est donc une très bonne surprise, d’autant que le live apporte véritablement un plus comparé à l’album. Moins de douceur, des morceaux frôlant le post-rock et un chanteur qui habitera à lui seul l’immensité de la scène – entre poésie, sensualité et férocité.

Auteur : David Vacher
Photographe : Jérôme Jacques (Archive Thorium Magazine)

Chinese Man + Scratch Bandits Crew @ Le Bikini (Toulouse)

Chinese Man

Jeudi 20 Avril – Si la soirée s’annonçait furieuse, elle a tenu toutes ses promesses. Déjà hier, les deux groupes complices du label “Chinese Man Records” avaient mis le feu dans la même salle ; ils ont renouvelé le show le temps d’un second live. Retour sur le concert de The Scratch Bandits Crew et de Chinese Man au Bikini.

Une table, quelques machines, une scène plongée dans un bleu profond ; voilà les seuls éléments mis en oeuvre ce soir au début du DJ Set. En plus, on commence à être habitué aux lives electro qui bloquent souvent les artistes dans l’immobilité de derrière les platines : ce sera encore le cas pour cette première partie. Et pourtant, dès les premiers morceaux, on ressent une énergie qui, décidément, est une marque de fabrique dans ce label (comme en témoignait déjà Deluxe au Zénith il y a quelques semaines ). Ce qui plaît avant tout chez les Scratch Bandits, c’est leur capacité à s’adapter parfaitement à des instrus assez variées. On passe ainsi du sample de Darjeeling de Fakear à la reprise des Barbatuques, dont la chanson Baiana avait déjà été samplée par Clozee dans son mix. Même sur des classiques du rap US, les deux DJs (puisqu’il s’agit désormais d’un duo) s’en sortent à merveille, avec une technique assez remarquable. Les morceaux s’enchaînent sans perte de dynamisme, pour le plus grand plaisir d’une salle qui commence à être chauffée à bloc. On regrettera juste, de fait, le manque de décors et constructions scéniques même si les deux artistes sont de véritables piles électriques, ce qui rattrape un peu. Venant présenter le début d’une série d’EP, “Tangram Series“, ils ne pouvaient musicalement mieux faire. En somme, deux bons DJs, des platines, de bons samples, une énergie à revendre : on se croirait presque à une soirée DMC.  Et elle ne fait que commencer. D’entrée, on observe en fond de scène un décor assez imposant : on va très vite comprendre son utilité.

Le changement de scène est radical, et l’on passe d’une scène fermée et épurée à un mastodonte prenant la quasi-totalité de l’espace. Il est lui-même super-éclairé et entouré de lanternes chinoises, le tout devant un immense écran. On sent déjà que ça va être la folie, surtout s’il on ajoute à cela deux énormes caissons de basses en devant de scène, chacune faisant la taille d’un homme. Bref, on sait à quoi s’attendre.

Après une intro scénique impeccable, et la découverte d’une des très nombreuses séquences filmiques qui serviront de décor tout le long du live, les DJs Zé Mateo, High Ku et Sly apparaissent, suivis quelques morceaux plus tard de 3 rappeurs aux flows impressionnants et pour cause : Youthstar et les deux rappeurs d’ASM (A State of Mind) sont venus poser leurs textes pour la soirée. Ils avaient déjà contribué chacun au dernier album de Chinese Man, Shikantaza (2017), sur The New Crown et sur Blah! qui a enflammé le Bikini ce soir. C’est donc sans surprise que le début du set sonne hip-hop, ça serait bête de se priver de la classe à l’américaine des trois MC. Pourtant, notons qu’ils n’étaient pas non plus omniprésents et qu’ils laissaient régulièrement la place aux 3 DJs qui ont fait une super performance de leur côté, y compris sur la seconde partie du set qui, globalement, s’approchait plus du roots/dub mais conservant cette énergie folle. Un show complet, avec en prime une belle idée scénique supplémentaire puisqu’un cameraman installé dans le pit retransmettait en direct ses images sur l’écran scénique, avec un semblant de montage qui convenait à la perfection.

Encore une bonne découverte en première partie de fait avec les Scratch Bandits Crew, pour une grosse claque avec Chinese Man. Le mélange Hip-Hop-Electro a fait trembler toute la salle jusqu’au balcon, non pas une mais deux fois puisque les deux soirs du Bikini étaient annoncés “Complet”. Et l’on comprend facilement pourquoi. A noter aussi la bonne qualité sonore de la salle : un show pareil méritait au moins cela.

Auteur : David Vacher

Photographe : Antony Chardon

 

Patrice + Tess @ Le Bikini (Toulouse)

Patrice

Jeudi 30 Mars 2017 â€“ Le Bikini a placé ce soir sa programmation sous le signe de la douceur et de l’harmonie, qu’elle soit musicale chez Tess ou humaine chez Patrice. Revenons sur cette soirée qui a fait l’unanimité chez tous ceux qui y ont participé.

Première remarque lorsque nous rentrons dans la salle bien connue du Bikini : l’hétérogénéité du public. Tous les âges sont représentés, tous les genres, toutes les mentalités aussi. Cela fait écho à l’universalité de la musique de Patrice, mais on se demande du coup comment le public va réagir face à l’electro-pop de Tess en première partie. Pour ceux qui ne la (ou plutôt les) connaîtraient pas encore, Tess est l’une des grandes révélations de la scène pop française cette année. Au début en solo, c’est la voix de la chanteuse Tess Océane Joffroy qui a été remarquée sur Youtube par le label Choke Industry, label aussi de Ruby Cube ou Lilly Wood &The Prick. Depuis, cette voix/guitare s’est faite accompagner par deux autres membres : un clavier et une machiniste ; configuration du concert de ce soir.
Dès l’introduction du set, on sent bien ce qui va arriver : une pop “américanisée”, influencée par les grands noms de ces dernières années. Et pour cause, Tess avoue elle-même être influencée par des groupes comme Sia, Birdy ou Lorde. Effectivement, c’est bien ce que l’on ressent à l’écoute de sa musique, à une grande différence près : on ressent une plus grande “fragilité apparente” ce soir. Pas de show monumental, pas de tenue ostentatoire mais plutôt une fraîcheur qui fait tout le charme de ce groupe. Seul bémol néanmoins, mais peut-être que c’est un choix de la part des trois artistes : une certaine “naïveté” dans la communication avec le public. On y trouve comme un manque d’assurance, malgré la grande expérience de la chanteuse (le groupe est même aligné dans la programmation du prestigieux Lollapalooza Festival le 22 et 23 Juillet prochain). Mais on laisse le temps au temps, puisque ce groupe est incontestablement une révélation en devenir, et qui ne demande qu’à percer encore un peu plus. En attendant, ils ont fait des heureux ce soir au Bikini au vu de l’ovation finale, qui rappelle le très bon accueil général de leur premier E.P, T.E.S.S, sorti le 20 Janvier dernier sous Poulidor.

La deuxième chose qui nous a marqués en entrant dans la salle : un énorme cube situé juste derrière les ingénieurs son et lumière (qui, au passage, ont fait un excellent travail ce soir). D’abord énigmatique, on en découvre l’utilité au début de la seconde partie : c’est en fait un énorme vidéo projecteur. Il va permettre, tout au long de la soirée, de diffuser en fond de scène des vidéos, la plupart abstraites mais très marquées par les origines africaines de Patrice. Des couleurs chaudes, qui vont rendre le show (car c’était bien un show) du groupe encore plus rayonnant et solaire. Venus présenter leur nouvel album, Life’s Blood, sorti le 30 Septembre 2016 ; ils en ont profité pour nous proposer un live comme on les aime. Un live qui nous a fait part des morceaux tantôt nouveaux tantôt classiques de Patrice, mais qui nous ont paru beaucoup plus énergiques que sur la version studio. Malgré quelques balades, c’est globalement l’aspect festif qui est ressorti de la prestation, avec comme titre-apothéose le fantastique Soulstorm, rallongé et intensifié pour faire jumper tout le Bikini. Notons aussi la superbe reprise de Ain’t no sunshine, hommage à Bill Withers et véritable rayon de soleil de la pianiste/chanteuse. Le côté solaire, le rythme africain, la végétalisation de la scène (de nombreux arbres ont été placés pour l’occasion) et la communion entre le groupe et les spectateurs : Patrice a réussi à créer une très belle atmosphère ce soir. Une atmosphère qui a mis en valeur la musique festive du groupe donc, bien loin du reggae plus classique qu’avaient par exemple montré Danakil et Volodia dans cette même salle en décembre dernier (pour ceux qui l’auraient loupé, c’est ici).

Une bonne soirée donc, avec une révélation qui a montré tout son potentiel et un classique qui a montré tout son talent.

Auteur : David Vacher

Photo : Jérome Jacques (Archive Thorium Mag)

Matmatah + Volin @ Le Bikini (Toulouse)

Matmatah

Jeudi 23 Mars 2017 â€“ C’est avec grand plaisir que nous retrouvons ce soir au Bikini le groupe Matmatah, moins d’un an après leur reformation en 2016. L’occasion pour nous de découvrir sur scène un groupe mythique au plus de 20 années d’expérience, pour eux de promouvoir leur tout nouvel album, Plates Coutures, sorti le 3 mars dernier.

Mais commençons par le début, avec la très bonne première partie du groupe Volin. Jeune groupe montpelliérain aux influences très variées, ils proposent un rock indé dont les paroles sont particulièrement intéressantes. Bien loin de la résonance révoltée d’une partie du rock français, les trois jeunes français (un chanteur/guitariste, un bassiste/claviériste et une batterie) ont préféré le verbe poétique. Ajoutez à cela une musique psyché, planante et parfaitement rythmée par un batteur talentueux ; le résultat est saisissant. Leur dernier album, Volcan qui sort le 31 mars 2017 (2 release, une a paris le 28.03 et une à Montpellier le 31.03) est largement représenté ce soir dans la tracklist du groupe et renouvelle le genre du rock français en y ajoutant un côté anglo-saxon poétique pour un mélange qui nous a convaincu. Leur prestation scénique a été qui plus est à la hauteur. On y retrouve trois musiciens complices, concentrés et à fond dans ce qu’ils font. Leurs titres Volcan et Canon, nous semblent notamment emblématiques de leur genre, et l’on ne saurait trop vous conseiller de les découvrir rapidement : ce sont surement les talents de demain.

En écoutant Volin, on se rend bien compte de la logique dans la programmation du Bikini ce soir. Deux groupes de rock français, l’un planant et poétique, l’autre engagé et enragé. Nous avions un peu peur de voir comment Matmatah se portait après tant d’années d’absence : rassurez-vous, ils vont bien. Ils vont très bien même, et nous ne lésinerons pas sur les éloges : ils sont toujours aussi rondement menés par le chanteur et leader du groupe Tristan Nihouarn aka Stan. C’est dans un Bikini chauffé à bloc que le groupe breton a mis l’ambiance pendant toute la seconde partie, à grand renfort d’hymnes devenus mythiques comme celui d’Emma, entonné en cÅ“ur par toute la salle. On a eu l’occasion en même temps de découvrir certains des morceaux du nouvel album, comme Nous y sommes, Petite frappe ou le très réussi Lésine pas. Encore plus rock, encore plus entêtant ; on retrouve sans problème l’âme du groupe. Le public était visiblement content d’entendre de nouveau les airs dynamiques de la bande, en témoignent pogos, drapeaux bretons, slams et même la montée sur scène d’un fan, décidé à faire la bise au chanteur visiblement amusé et étonné d’un tel engouement. Réciproquement, c’est un leader proche du public que l’on découvre, et qui comblera les temps de pause par des petits propos distrayants et un partage de motivation très efficace.
Ils finiront évidemment sur l’hymne plus que célèbre Lambé An Dro, cela avant un retour qui est venu clore une soirée parfaitement réussie.

Entre poésie et engagement, rock planant et rock virulent, groupe mythique et groupe prometteur ; c’est encore une belle affiche qui a tenu toutes ses promesses ce soir à Ramonville. Loin de nous de vouloir mystifier Volin et Matmatah, mais nous en faisons volontiers ici l’apologie au vu de leurs prestations respectives.

Auteur : David Vacher

Photographe : Jérôme JACQUES

Petit Biscuit + Katuchat @ Le Bikini (Toulouse)

20170221PetitBiscuit

22 février 2017 – Le Bikini a ce soir enrichi sa scène electro de deux nouveaux noms, après Fakear ou encore Thylacine. Sous le signe de la jeunesse, c’est le jeune Katuchat, âgé de seulement 24 ans, qui apparaît sur scène pour la première partie. Ce qui nous a marqué, avant même d’avoir entendu la musique, c’est l’insuffisance scénique que l’on doit au Bikini. Une petite installation en coin de scène, un jeu de lumière quasi-inexistant ; rien est fait pour mettre le jeune Maxime en valeur. Et en effet, nous n’avons vraiment pas réussi à rentrer dedans : une musique très (trop ?) variée, faisant se succéder des airs africains, des samples hip-hop et des morceaux plus planants pour un mélange hétérogène qui nous a un peu perdu. On a tout de même apprécié de découvrir un artiste pleinement impliqué dans son set, mais qui ne saurait nous faire dire que le live du jeune tourangeau tout droit sorti du label Moose Records est à la hauteur de ce qu’a pu être son dernier EP, Lapis Lazuli, sorti en septembre 2016. La liste des 5 tracks, dont le très réussi Adyama, annonçait un set Future Beat assez planant, que nous n’avons malheureusement pas retrouvé ce soir ; mais on reconnaît volontiers un potentiel à suivre.

Après un changement de scène assez long (quand bien même l’installation suivante était déjà présente depuis le début), c’est au tour du tant attendu Petit Biscuit, alias Mehdi Benjelloun, de rentrer en scène. Du haut de ses 17 ans, il donnera le ton d’entrée avec une intro très prometteuse, et qui annonçait bien la suite. La suite ? Un show lumière magnifique, combinant des “barreaux de lumière” devant l’artiste et une installation vidéo en arrière-plan qui dévoilera un ensemble d’images plus ou moins oniriques et abstraites, en tout cas très colorées. Le contraste avec la première partie est frappante, et il dépasse peut-être même d’autres scénographies telle que celle de son “grand frère” Fakear notamment. Outre les lumières, “le petit prince de l’electro” s’est montré d’une énergie renversante, alimentée ça et là par une prestation instrumentale (guitare, percussion, pad) et par une communion avec le public au travers d’applaudissements et d’appels à la danse – nous rappelant cette fois des artistes comme Møme. Musicalement, on retrouve l’electro planante qu’il nous a faite découvrir dans l’EP qui porte son nom : Petit Biscuit (2016). En revanche, on a été surpris par le rythme et la dynamique présents tout le long du set; et qui contrastent avec la tranquillité sensible que l’on connaissait chez lui. Résultat : la prestation était un véritable “show”, mais les nuances qui différenciaient les morceaux sur l’EP se sont estompées en live, provocant un léger essoufflement sur la fin. Il n’empêche que Petit Biscuit s’est montré à la hauteur de nos attentes, avec une prestation parfaitement maîtrisée tant au niveau musical que dans l’échange Lumières/Son ; et quelques morceaux inévitables en clé de voûte à l’instar du track qui l’a fait connaître : Sunset Lover. Une soirée en demi-teinte donc, au sens figuré comme au sens propre puisque la différence entre les deux scénographies a fait pour beaucoup dans notre ressenti général et notre comparaison entre les deux artistes de ce soir.

Auteur : David VACHER

Photographe : Antony CHARDON

Privacy Settings
We use cookies to enhance your experience while using our website. If you are using our Services via a browser you can restrict, block or remove cookies through your web browser settings. We also use content and scripts from third parties that may use tracking technologies. You can selectively provide your consent below to allow such third party embeds. For complete information about the cookies we use, data we collect and how we process them, please check our Privacy Policy
Youtube
Consent to display content from - Youtube
Vimeo
Consent to display content from - Vimeo
Google Maps
Consent to display content from - Google