Steve Vai @ Métropolis (Montréal)
18 septembre 2012 – Mardi dernier, le Métropolis de Montréal accueillait le virtuose de la guitare Steve Vai dans le cadre de la tournée mondiale en promotion de son huitième album solo en carrière The Story of Light. Ce tout nouvel opus, paru le 14 août dernier, est son premier depuis 2005. Vétéran de la scène, cet ancien padawan de Frank Zappa s’est vu offrir une salle remplie et bruyante à souhait, bref rien pour faire dégonfler l’égo qu’il mérite amplement de cultiver. Faisant partie du groupe sélect des shredders, Vai s’en démarque toutefois par sa versatilité qui lui permet d’amener sa musique dans des directions inattendues et souvent très originales. Quoique ce qui semble le plus plaire à son noyau dur de fans soit les longs solos instrumentaux sans direction apparente, juste un autre élément dans lequel il excelle.
Comme le spectacle s’étalait sur plusieurs heures, il n’est pas surprenant que la performance globale allât en dents de scie, étant parfois même victime de sa richesse en variété, voire en originalité. Ce fut le cas d’un bloc de morceaux aux sensibilités exotiques qui sortait des sentiers battus occidentaux et étant en ce sens très rafraîchissant, mais qui avait tendance à s’étirer en longueur, à l’image des longs solos de guitare électrique relativement génériques que beaucoup de guitaristes comme Vai aiment bien jouer. Parce que si nombre de passages de ses solos, qui forment la majeure partie de sa performance, transpirent d’une sincérité évidente, beaucoup ont tendance à se perdre dans une mer de complaisance, rendant le tout un peu moins intéressant. En fait la grande force de Steve Vai, et c’est ce que nous avons pu constater en le voyant sur scène, c’est qu’il s’agit d’un technicien hors pair qui sait traduire une émotion en musique. Aussi, beaucoup des meilleurs moments musicaux de la soirée sont venus durant les morceaux des derniers albums, particulièrement The Story of Light, auquel tous les artistes présents sur scène ont participé; la cohésion et la maturité des pièces m’ont sérieusement accroché, et j’ai l’impression qu’il en fut de même pour la foule qui était particulièrement bruyante pendant ces passages.
Par ailleurs, si Steve Vai était indéniablement la star du spectacle, il n’a pas hésité à laisser la place à ses musiciens pour qu’ils puissent nous montrer de quoi ils sont vraiment capables. Le premier à s’élancer seul fut Dave Weiner. Accompagné de sa guitare acoustique, il nous offrit un solo de bout gout et bien exécuté. Deborah Henson-Conant joua quant à elle un solo de harpe électrique assez show off en milieu de spectacle. Nous avons donc eu l’occasion d’apprécier ce que donnent plus de 25 ans d’expérience sur cet instrument, surtout que la harpe pouvait avoir tendance à se perdre dans le mix pendant les morceaux plus énergiques. Le très attendu solo de batterie, gracieuseté de Jeremy Colson, arriva quant à lui en fin de set. Sans traduire la promesse de certains passages de drum assez impressionnants que nous avons pu observer pendant le reste de la soirée, l’exécution était néanmoins au rendez-vous. Il poussa même l’audace jusqu’à faire interagir la foule pendant sa performance haute en couleur.
Parce qu’au-delà de la musique, le visuel frappait souvent par son originalité et même son exécution. Tout au long de la représentation, l’éclairage était créatif et la scène était particulièrement belle pour ce qu’on est habitué de voir au Métropolis. Ce sont par ailleurs les instruments qui surprenaient le plus. On peut penser aux fameuses Ibanez JEM de Vai, à la harpe électrique d’Henson-Conant, au drum kit portable (!) au design tribal de Colson, sans oublier la surréelle Ultra guitar avec ses lumières, ses lasers et son design futuriste. Rien de trop beau pour Vai qui portait un costume étant assorti à cette drôle de guitare tout en jouant Ultra Zone.
Tout ça pour dire que ce genre de spectacle vaut certainement la peine d’être vu et entendu. Bien sûr, peut-être qu’un set plus concentré et balancé aurait amélioré l’expérience, mais on peut toujours en douter, l’extravagance de Steve Vai et de sa performance faisant partie intégrante du personnage et de son produit, soulignons-le, de qualité.
Auteur: Antonis Labbé
Photographe: Paul Blondé
Pour en savoir plus : Steve Vai