L’édition 2024 du célèbre festival débutait ce vendredi sous une chaleur accablante, mais sur une Île Sainte-Hélène bien mieux aménagée que par le passé – particulièrement en termes de gestion de foule. Dès mon arrivée sur le site, les festivaliers qui s’écroulaient déjà au milieu du set de The Japanese House semblaient bien mieux pris en charge et il n’est pas difficile de croire que, considérant le climat et l’achalandage du site, on a évité le pire.

Dans la tradition des bands indie pop programmés en milieu d’après-midi, c’est en effet dès 16h qu’on pouvait voir Amber Mary Bain – style Y2K et mustang inversée – débarquer avec son groupe sur la Scène de la Vallée. Son interprétation tout en douceur de ses ballades moody offrit une parfaite transition vers les compositions d’Arlo Parks, dont les douces inflexions vocales étaient comme autant de brises apaisantes sous les 40° de température ressentie.

Si l’annulation de Domonic Fike en aura déçu plus d’un, la découverte de Teezo Touchdown fut personnellement un coup de coeur inattendu. Le jeune auteur-compositeur américain n’était absolument pas sur mon radar – et je m’apprêtais d’ailleurs à quitter la Scène Verte pour rejoindre le set de Teddy Swims à l’autre bout du site – quand j’ai vu débarquer un gars en sweatpants Adidas (avec des gants de soccer et des AirPods sur les oreilles) hurler dans un micro enfoui dans un bouquet de fleur. Seul sur scène, sans même un DJ pour lancer ses séquences, le jeune rapper aura réussi à tenir le public en haleine pendant près d’une heure par sa seule présence en scène et son énergie contagieuse.

Une démarche résolument aux antipodes de celle de la headliner Melanie Martinez, qui a pour sa part opté pour le genre de performance conceptuelle qu’on lui connaît, riche en en effets visuels en tous genres (projections animées, feux d’artifices, etc.) mais entièrement dénuée d’interaction avec le public – si ce n’est d’un bref remerciement avant de sortir de scène. Le concept de reprendre chronologiquement chacun de ses albums, en effectuant des transitions savamment orchestrées entre les différents personnages créés au fil de ses albums, était malgré tout une excellente trouvaille et la performance théâtrale de ses nombreux backup dancers complétait efficacement une superproduction particulièrement impressionnante, même pour un festival du calibre d’Osheaga.

Noah Kahan lui aura finalement succédé avec un show beaucoup plus simpliste, mais ses balades folk-rock et ses airs de guitare épousaient bien l’atmosphère de cette fin de journée. Une ambiance doucement mélancolique à nouveau accentuée par la présence vocale d’Arlo Parks, invitée sur scène pour le second couplet de Stick Season. Après une année entière à entendre le hit jouer en boucle à toutes les radios de la ville, il y avait définitivement quelque chose de très cathartique au fait d’entendre le célèbre refrain repris par près d’une centaine de millier de voix, tout en voyant scintiller au loin les lumières du centre-ville.

Journaliste : Jérémie P

Photographe: Alexandre Guay