Les Déferlantes – Ambiance

7-10 Juillet 2018 – Rendez-vous dans un des plus beaux cadres qui nous ait été donné de voir durant un festival, à savoir le Château de Valmy sur les hauteurs d’Argelès-sur-Mer. C’est là que se déroule chaque année l’un des plus gros festivals du Sud de la France, avec cette année en tête d’affiche des Déferlantes Lenny Kravitz, NTM, Prophets of Rage et tant d’autres. Malheureusement, nous ne sommes pas en mesure de vous fournir, comme nous vous le promettons habituellement, de photos de tous les groupes du fait d’un refus au dernier moment de l’organisation ; ainsi proposons nous en échange un récit des faits marquants de cette année.

 


JOUR 1

Lenny Kravitz

Le premier jour a été pour nous l’occasion de découvrir le site, mais avant tout la très bonne organisation du festival qui a mis un réseau complexe de navettes entre le centre-ville et le lieu du festival. Sur place, le site en forme d’amphithéâtre permet à tous de voir les deux scènes installées côté à côté, formant un angle d’environ 120°. De très nombreux bars et restaurants sont aussi mis à disposition, avec néanmoins deux (gros) défauts : les écocups ne sont pas repris et la (mauvaise) bière est à un prix exorbitant. Pour le reste, l’emplacement est vraiment agréable avec un superbe point de vue en première loge du coucher de soleil ; parfait pour ceux qui veulent se poser un peu durant la soirée.

Côté musique, on arrive pour le show toujours aussi passionnant de Her puis le live assez rock de Portugal. The Man et le show Vianney (un peu plus mou qu’habituellement néanmoins, surement dû au groupe qui l’accompagne désormais sur scène et qui ne le pousse pas à sauter partout comme avant). Mais c’est surtout Lenny Kravitz qui fait office ce soir de tête d’affiche. La légende américaine a clairement assuré le show en entraînant ses incontournables à l’instar de Are you gonna go my way ou It ain’t over ’til it’s over, proposant un live bien calibré entre balades et titres plus rock. On a ainsi pu découvrir toutes les facettes de son immense carrière, bien que selon nous il manquait un poil de pep’s par moment, mais rien qui ne puisse gâcher la fête.

La soirée se finira avec Martin Solveig, que l’on retrouvera à la Prairie des Filtres quelques jours plus tard. En attendant, il adaptera son live au public de ce soir, soit un set beaucoup moins électro que ce qu’il est en mesure de faire habituellement. De fait, on trouve cela dommage car la prestation du “DJ” est assez déplorable artistiquement parlant, tandis qu’il est capable de faire de très bons mixs par ailleurs. Néanmoins, il mettra une très bonne ambiance et après tout c’est le plus important.


JOUR 2

Les Déferlantes – Ambiance

Comme un petit air de hip-hop sur le Château de Valmy en ce deuxième jour, avec tout d’abord R-Can et son rap parolier. Il sera suivi par The Stranglers (qui manquaient un peu de peps) et de l’intarissable Francis Cabrel qui a fait soulevé les foules avec les incontournables Petite Marie ou La Corrida. Le public était au rendez-vous en reprenant en cœur la quasi-totalité des chansons, preuve que Francis Cabrel est bel et bien toujours là auprès des jeunes et des moins jeunes.
Deuxième groupe rap et premier coup de cœur ce soir : Rilès. Le projet totalement DIY était déjà très intéressant sur le papier, de même que ce jeune rouennais qui est tout à la fois producteur, auteur, interprété et BeatMaker de ses tracks. Mais le live l’est d’autant plus, avec notamment une troupe de danseurs venant de temps à autres placer des moves entre le hip-hop et le contemporain, figurant de la plus belle des manières le flow de Rilès. Son flow très fortement inspiré du rap US est maîtrisé à la perfection, son liveshow aussi : c’était un live des plus complets et des mieux pensés.

Mais les pontes arrivent sur la grande scène, sous d’énormes lettres en fond de scène : un N, un T et un M. Quel show ! Même si la voix du jaguar passée assez mal au travers du système sonore ce soir, ils sont sur scène et malgré leurs 100 ans à eux deux de véritables bombes atomiques qui ont mis une ambiance de malade à Argelès à grand renfort de classiques comme Ma Benz ou Laisse pas traîner ton fils. Décidément, les anciens du rap français se portent bien, et ils nous tardent de les retrouver avec IAM à l’Ecaussystème.

On finira avec une touche de légèreté portée par Massilia Sound System. Pourtant habitués à mettre l’ambiance, ils nous ont pourtant paru un peu fades ce soir, notamment après l’énorme show des deux parisiens de NTM. 1-0 pour Paris, avec en plus un show marseillais déjà vu et où nulle place n’est laissée à l’improvisation : les mêmes blagues et les mêmes répliques que l’an dernier aux Bulles Sonores. Dommage.


JOUR 3

Prophets of Rage

Elle s’annonçait pour nous comme LA soirée de ces Déferlantes avec une programmation particulièrement lourde. Cela commence pourtant toute en fraîcheur avec le rock de The Hunna et la pop enflammée d’Hollysiz. S’en suivra le rap parolier d’Eddy de Pretto, que l’on attendait sur le qui-vive après son ascension fulgurante sur la scène française. Au final, le partage dont transpire ses chansons se ressent véritablement sur scène : il semble honnête, humain et ca ne manquara pas de plaire au public présent en moins grand nombre que sur les deux premiers soirs.

On attaque à 21h45 (pétante, l’organisation étant hyper ponctuelle) le gros de ce soir avec en premier lieu Prophets of Rage. Cela ne vous parle pas encore ? Alors dites vous que c’est un mélange entre d’anciens membres de Rage Against the Machine, Cypress Hill et Public Enemy ; et ça envoie du très très lourd. Ressemblant réellement à ce que faisait RATM, leur musique sent à des kilomètres à la ronde la rage, la hargne et la puissance ; et d’autant plus en live avec une présence scénique fantastique. L’heure et quart de live va passer à une vitesse grand V, fidèle à ce que nous attendions d’eux.

En voyant le line-up de ce soir, nous avons l’impression qu’Orelsan était là comme une trêve entre l’énergie de Prophets of Rage et la folie de The Prodigy. Comparé à son dernier concert au Zénith de Toulouse, nous l’avons trouvé plus juste dans ses placements et plus efficace quant à l’ambiance qu’il a mis dans le parc. Il reprendra la même setlist, avec en intro ET en conclusion un Basique qu’il a l’air d’apprécier.

Il nous tardait de les voir passer en France : The Prodigy est venu inonder de basses et de lights impressionnantes les Déferlantes. Ils ont soutenu leur image de groupe spectaculaire sur scène, avec un set toujours aussi déjanté composé au hasard d’Omen, de Smack my bitch up ou encore Take me to the hospital. Dans le public un pogo assez gentillet mais quasi-continu remuera la fosse avec quelques essais de wall of death et circles pit en prime. De loin, une scène animée par des stroboscopes monstrueux et des basses (trop ?) puissantes pour retranscrire la démence du groupe qui, sur scène, bouge encore beaucoup ! De quoi bien finir une soirée forte en qualité.


JOUR 4

On vous parlait en titre d’imprévus ; ils se sont tous cumulés en ce dernier jour. Comme une malédiction (Garorock et Musilac ont du annulé leur dernier jour), c’est une annulation partielle aux Déferlantes puisque Massive Attack seront absents pour des raisons de santé. Ils annuleront quelques jours plus tard au Mad Cool de Madrid à cause d’un conflit sonore avec une autre scène… Un autre imprévu, positif cette fois : Ofenbach aura du mal à réunir beaucoup de monde au vu du match de l’Equipe de France à la Coupe du Monde (Cocorico !) qui sera retransmise à l’arrière du château, rassemblant beaucoup beaucoup de monde et de drapeaux. Autant dire que Liam Gallagher (qui devait certainement craindre des prolongations) n’aura pas de mal à chauffer le public … et arrivera même à le refroidir un peu. Une bien pâle prestation avec notamment de gros problèmes de chants viendront réduire considérablement notre attrait pour le show, qui plus est assez mou. Une petite blagounette certainement très sérieuse dans sa bouche sur la future victoire de l’Angleterre sur la France attirera à elle seule plus de réactions du public que ses chansons ; et il finira rapidement en gagnant au passage notre prix de la déception du festival.

On a été comblé hier avec la prestation de Prophets puis de The Prodigy, c’était sans compter celle qui nous attendait du côté des Shaka Ponk. On va être clair : il va nous manquait quelques mots pouyr décrire le show tout bonnement parfait du groupe au gorille le plus connu de France (sacré Goz !). Commençant lentement avec un slam, on découvre avant tout un fond de scène sublime, mettant en scène des gorilles au travers d’un animé sublime. On dévore les 2-3 premiers morceaux … et c’est parti. Après avoir rejoint le public, Frah va se frayer un chemin jusqu’à la fontaine qui, depuis 4 jours, ennobli le parc. On repère alors l’escabeau situé à côté, qui présage bien de la suite. Et ca ne ratera pas : Frah se retrouve rapidement en haut de la fontaine, endroit visiblement stratégique pour lancer un circle pit tout autour qui sera bien mieux suivi que ceux de la veille sur The Prodigy. De là, il slamera sur le circle pit avant de se diriger vers le bar. Tel Goz l’aurait fait, il va grimper dessus afin d’assurer deux morceaux puis rejoindre la scène pour finir le live “au calme” … mais il fallait visiblement finir en beauté. Il empilera 3 cubes (qui servait jusqu’alors de décor sur scène) avant de monter dessus – à une hauteur d’environ 1 Frah et demi. On s’attendait à ce qu’il chante de là-haut, mais nous l’avons sous estimé puisqu’il se jettera sans trop prévenir dans la foule pour un dernier slam d’anthologie, qui sera bien sur accueilli par une ovation – sauf la partie du public en charge de réceptionner son saut évidemment. Un live unique qui demeurera malgré les beaux noms comme la meilleure prestation des 4 jours, sans trop d’hésitation.

Un dernier imprévu peut-être ? Axwell Λ Ingrosso auront du retard puisque l’annulation de Massive Attack a chamboulé l’organisation ; et l’orga a décidé de faire jouer Shk Pnk ET Axwell Λ Ingrosso sur la même scène, entraînant un délai pour le changement de plateau. Ce délai (au départ de 20 minutes) sera comblé par un DJ dont le nom restera inconnu mais qui assurera un set de minimale ; set qui durera finalement plus de 45 minutes. C’est trop pour beaucoup de gens, et un rush vers la sortie s’organisera petit à petit. Dommage pour les suédois qui assureront un shiw du coup assez court mais qualitatif à base de pas mal de visus, pyrotechnique etc.

En somme un festival qui, malgré les désagréments pour tous les médias venus pour rien, s’avère une belle réussite. Entre le show Prodigy, celui de Shaka Ponk ou encore la Coupe du Monde, il laissera de beaux souvenirs aux dizaines de milliers de personnes ayant fait le déplacement ; compensant les désagréments du dernier jour (dont le festival n’est pour rien d’ailleurs). Les navettes mises en place et le cadre idyllique en font un festival très agréable, et il nous tarde désormais de connaître l’affiche 2019

 

Photos : Antony Chardon

Rédaction : David Vacher