Category: Hellfest 2024

Hellfest 2024 – J4 : The Offspring + Foo Fighters + Simple Plan + Queen of the Stone Age + Corey Taylor et autres @Clisson

Neck Deep (13:10-13:50 // MainStage 2)


Nova Twins (13:55-14:35 // MainStage 1)


Simple Plan (14:40-15:25 // MainStage 2)


Shadow of Intent (16:00-16:45 // Altar)

Ces américains existent depuis une décennie… mais je n’ai encore jamais entendu parler d’eux ! La scène est tellement saturée à l’heure actuelle qu’on peut passer son temps à découvrir des groupes sans pour autant faire le tour de la question… Mes camarades de covoiturage m’ont conseillé d’aller voir cette formation, qui s’apparente à la mouvance deathcore… mais avec un côté mélodique, voire symphonique, prononcé. On connaît les orchestrations de groupes comme Emperor ou Dimmu Borgir tous deux issus du black metal… mais je n’ai encore jamais éprouvé le mélange entre le deathcore et le symphonique. Est-ce que ça va passer ?

Et bien ça passe crème ! Musicalement, ça me fait penser à Lorna Shore et, dans une moindre mesure, à Aversions Crown. Le chanteur a une voix terrible ! Comme Slaughter To Prevail deux jours auparavant, je me demande dans quelle mesure il utilise des effets car c’est parfois tellement caverneux que c’en est incroyable… Cependant, les parties orchestrales sont samplées, les seuls musiciens étant les « rockeurs » (c’est-à-dire le tryptique guitare, basse, batterie). Je ne dirai pas que j’ai retenu une chanson en particulier mais j’ai vraiment pris une grosse claque et je vais m’intéresser à ce groupe de retour à la maison…


Frank Carter & The Rattlesnakes (16:25-17:15 // MainStage 2)


Wiegedood (16:50-17:40 // Temple)

Juste après les deathcoreux, je reste un peu pour voir ce que donne le groupe belge Wiegedood. Leur mélange de black est basé sur des riffs répétitifs et sinueux, ce qui confère un côté hypnotique à la chose. C’est bien fait mais ce n’est pas ma came. Je vais donc faire un tour à l’espace VIP, où je rencontre quelques personnes (dont le gentil monsieur qui nous sert les dégustations de Jägermeister depuis au moins 2008… ainsi que Victor, de l’équipe des Challenger, qui récupère les gros costauds comme moi quand ils slamment). L’espace VIP est blindé en ce dimanche ensoleillé. L’endroit est cool mais il y a encore plein de bons concerts sur le site donc je ne reste pas longtemps.


Royal Blood (17:20 -18:15 // MainStage 1)

Je suis tombé tout à fait par hasard sur Royal Blood. Je souhaitais assister à la fin du show de Frank Carter And The Rattlesnakes mais c’était trop tard… Du coup, puisque j’étais là, je suis resté pour me faire une idée. Et j’ai bien fait car j’ai découvert un super groupe ! Ce qui est surprenant, c’est que c’est un duo… et ils arrivent parfaitement à occuper l’espace sonore. A priori le chanteur / bassiste utilise simultanément deux amplis, l’un pour la basse et le deuxième pour la guitare ainsi qu’une pédale de type octaver (qui permet de superposer ou de changer les octaves). Tout ce matos confère la distorsion suffisante pour que l’ensemble ne sonne pas creux. Et c’est incroyable de voir à quel point ça donne le change ! Les vocaux sont mélodiques, les riffs sont simples mais efficaces. Le côté léger, joyeux et un brin frivole me fait penser à Mr. Big ou ce genre de groupes hard rock mélodiques. Définitivement une bonne surprise et un groupe qu’il faut impérativement que j’écoute attentivement de retour à la maison (un de plus) !


Corey Taylor (18:20-1920 // MainStage 2 )

Corey Taylor - HellFest24


Suffocation (19:45 -20:45 // Altar )

Suffocation – ou « suffo » pour les intimes – c’est comme un vieux pote, un mec qui a toujours fait partie de ton entourage et qui n’a jamais changé son fusil d’épaule, même s’il a un caractère de merde qui déplaît à certains. Bon gré, mal gré, le groupe a toujours fait partie du paysage musical (à part un split de quelques années à la fin des 90’s) et il a toujours occupé une place de choix sur l’autel du death metal, alliant la brutalité du propos à une aisance technique insolente. Mais point de tergiversations progressives chez eux, le but étant avant tout de défoncer les feuilles des auditeurs.

Malgré leur constance, les fans hardcore étaient inquiets car l’avant-dernière offrande studio, « …Of The Dark Light » datait de 2017 et la défection de l’emblématique chanteur Frank Mullen, parti se consacrer à des activités plus « paisibles », semblait sonner le glas des troupes… On pouvait légitimement se demander si l’intensité allait être maintenue. Mais c’était sans compter sur le niveau d’exigence imposé par Terence Hobbs et sa bande. Quand on joue dans Suffo, on se donne à 200%.

Le dernier album studio s’intitule « Hymns From The Apocrypha », il est sorti en fin d’année dernière sur Nuclear Blast et, à défaut d’être exceptionnel et novateur, nous rassure sur l’état des troupes. Mais c’est véritablement en live que la formule prend tout son sens. Et à ce titre, un seul mot me vient à l’esprit : la boucherie.

Comment ce groupe arrive-t-il à ce niveau d’intensité ? C’est incroyable ! Le chanteur Ricky Myers, à l’origine batteur de Disgorge, a repris le flambeau et il a parfaitement trouvé sa place, son spectre vocal étant proche de Frank et son exécution étant spectaculaire. En outre, tout le monde est à donf’ dans le groupe ; c’est une vraie machine de guerre !

Les new-yorkais interprètent les meilleurs titres de leur dernier opus, à commencer par « Seraphim Enslavement » ou « Perpetual Deception » et ils balancent les parpaings comme d’autres enfilent des perles : « Jesus Wept », « Funeral Inception », « Catatonia » ou « Liege Of Inveracity »… tout fait mouche ! Finalement, ce show est aussi bon – si ce n’est meilleur – que leur concert donné à Toulouse en février dernier. « Suffo est mort…   …vive Suffo ! »


 ††† – Crosses (19:45 -20:45 // Valley )


Tiamat (20:50-21:50 // Temple )

Je connais peu Tiamat : j’ai acheté « Clouds » au moment de sa sortie mais je n’ai pas vraiment suivi la suite de leur carrière. La set list me semble très old school… A-t-elle été spécialement conçue pour le Hellfest ? Elle fait la part belle aux deux plus gros succès commerciaux des suédois : « Clouds » en 1992 et « Wildhoney » en 1994.

Globalement, j’ai apprécié leur concert, surtout les titres « In A Dream » et « The Sleeping Beauty ». La dégaine improbable du chanteur (portant toque, lunette noire et pantalon de toutes les couleurs) démontre à quel point il met un point d’honneur à tracer sa propre voie, ce qui se retranscrit dans sa musique. Et je ne peux qu’approuver cet état d’esprit. Pour le reste, Tiamat n’est pas mon groupe favori…


Foo Fighters (22:00-00:00 // MainStage 1 )

Foo Fighters est le « gros événement » de cette édition 2024, eu égard à son rattachement à la scène rock plutôt que metal. Le groupe est très populaire et cela se vérifie par l’affluence massive devant la MainStage.

Le traumatisme consécutif à la mort du précédent batteur, Taylor Hawkins, est encore présent dans tous les esprits. Son remplaçant, le batteur star Josh Freeze, est passé par tellement de groupes connus (de Suicidal Tendencies à Nine Inch Nails en passant par Guns’n’Roses ou Rob Zombie) qu’on peut être rassuré sur la faculté du combo à envoyer le bois.

De mon côté, je ne suis pas très connaisseur de la discographie des Américains : un peu comme Tiamat, j’avais acheté leur premier album en 1995 (car tout le monde attendait le père Grohl au tournant après le split de Nirvana) mais je m’étais arrêté là. Des années plus tard, j’avais acheté l’album « Sonic Highways ». Ces deux disques sont bons mais je n’éprouve pas une attirance énorme. Pour autant, j’ai beaucoup de respect pour Dave Grohl, qui a prouvé tout au long de son parcours qu’il vivait sa musique à 200%, en collaborant avec plein de personnalités illustres de la scène rock : son apparition dans le film « Lemmy » est géniale et j’avais bien aimé son projet PROBOT, avec des mecs de Voïvod, Celtic Frost, Venom… bref, la crème de la crème !

Je pense donc qu’il a toute sa légitimité sur la scène du Hellfest. De toute façon, cela fait des années que la programmation s’élargit vers des contrées plus abordables, n’en déplaise aux puristes. Moi, ce que je constate, c’est qu’on peut toujours en prendre plein la gueule grâce à de nombreux groupes extrêmes (par exemple Anaal Nathrakh cette année… qui a donné un show d’une sauvagerie inouïe).  

Je n’ai pourtant pas assisté à leur concert, si ce n’est par petits bouts et de loin (comme Metallica en 2022). Ce que j’ai entendu m’a paru plutôt bon, notamment la chanson « White Limo ». Et bien que je ne kiffe pas trop le fond (les morceaux tels qu’il sont composés ne me parlent pas plus que ça), j’apprécie la forme : un rock bien nerveux avec des vocaux (très souvent) criés… Dave s’est-il spécialement montré déchaîné ce jour-là pour « correspondre » aux attentes des Hellfesters ? En tout cas, bravo à lui pour son imposante présence et, dans une moindre mesure, bravo aussi à ses musiciens car ils ont rempli le contrat…


I Am Morbid (21:50-22:55 // Altar)

Je considère Morbid Angel comme l’un des meilleurs groupes de death metal de tous les temps et leur musique m’a profondément marqué. Mais il faut bien avouer qu’ils ont perdu de leur superbe depuis une vingtaine d’années. Je ne suis donc pas étonné que ce projet, réunissant deux membres du line-up mythique qui a mis en boîte les quatre premiers disques, se lance en parallèle de la carrière de M.A. I Am Morbid se concentre légitimement sur la période 1989-1995, celle qui a vu l’apparition des monumentaux « Altars Of Madness », « Blessed Are The Sick », « Covenant » et « Domination ».

Le charisme de David Vincent n’est plus à démontrer et sa voix à la fois profonde et personnelle apporte une coloration unique à la musique. La légitimité du batteur Pete « Commando » Sandoval, qui a donné ses lettres de noblesse au blast beat (au même titre que Mick « Human Tornado » Harris de Napalm Death) ne peut pas non plus être remise en cause et, ce soir, la batterie cartonne à mort comme si le temps n’avait pas de prise sur le salvadorien. Quant aux deux guitaristes live (dont un body builder), à défaut d’égaler le jeu très spécifique du guitariste historique de M.A. Trey Azagthoth, ils le remplacent plutôt habilement.

La set list est imparable, c’est un pur best of : « Immortal Rites », « Maze Of Torment », « God Of Emptiness » ou « Where The Slime Live »… rien à jeter, tout est bon ! …Ça fait juste mal au cœur de constater que ce tribute band propose une musique meilleure que le groupe original… Morbid Angel pourra-t-il reprendre la place qui était la sienne dans les années 90 ? Rien n’est moins sûr…

 


Dimmu Orgir (23:00-00:00 // Temple)

Dimmu Borgir est un groupe clivant au sein de la scène car considéré comme trop commercial par les true alors que les autres admettent leur côté novateur et sophistiqué… choisis ton camp, camarade !

Moi j’ai choisi : j’aime ce groupe, bien que j’avoue avoir une nette préférence pour l’album « Enthone Darkness Triumphant » avec lequel je les ai découverts en 1997 (au passage, le disque le plus représenté ce soir avec deux extraits). Et il faut bien reconnaître qu’ils se font plus rares ces dernières années, le rythme de leur sortie discographique ayant chuté depuis 2010. Leurs deux derniers albums studios ont moins bien marché qu’avant et leur récent disque de reprises est un peu anecdotique… à la lumière de tous ces facteurs, je ne m’attendais pas à ce que la Temple soit aussi bondée. Mais c’est ce qui est génial avec le public metal, surtout en Europe : les fans font preuve de mémoire et de fidélité.

L’affluence est peut-être également due au fait que le groupe fête son trentième anniversaire sur cette tournée. On a donc droit à une set list très bien équilibrée entre les différents albums. Sans surprise, les titres qui m’ont le plus plu sont : « Spellbound (by the Devil) », « The Chosen Legacy », « Progenies Of The Great Apocalypse » et « Mourning Palace » en clôture du bal (qui remporte d’ailleurs tous les suffrages de la part du public). On a droit à un gros light show, bien plus convaincant queI Am Morbid juste avant, et les zicos portent toujours leurs fameux costumes et leur maquillage… le décorum propre au black metal (symphonique) est conservé. En plus des lights, distillant des ambiances tantôt vertes, bleues ou rouges transpercées de traînées blanches, un mur de flammes rajoute au côté dramatique de la prestation. Dimmu Borgir a livré une prestation très propre, a prouvé qu’il gardait toute sa suprématie sur la scène et nous a offert une très bonne fin de fest ! Les musiciens sont ovationnés comme il se doit, ils saluent le public et le remercient chaleureusement puis ils prennent une photo depuis la scène ; et ça y est, le dernier moment du Fest est arrivé… snif !

Globalement, cette édition s’est très bien déroulée. J’en ai vécu tellement que je ne saurai dire si c’est ma préférée… À défaut, ce cru 2024 figurera parmi mes tops. La pluie insistante du samedi a un peu écorné la fête mais le Hellfest ne peut être tenu responsable de ce facteur impondérable. Au contraire, il prouve qu’il sait réagir rapidement lors de ces coups durs car le site était remis au propre dès le dimanche matin.

Les conditions d’accueil sont sans cesse améliorées (ce qui n’est pas forcément le cas d’autres événements) : par exemple, une passerelle métallique a été installée pour que les campeurs puissent facilement passer la glissière de sécurité de la rocade est avec tout leur lourd matos. Autre exemple : l’accès PMR a été facilité pour les MS.

Comme chaque année, parmi la programmation gargantuesque, il y a pléiades de formations que je regrette d’avoir ratées, entre autres : Biohazard, Mr Bungle (qui a notamment repris « Territory » de Sepultura avec la présence en guest star d’Andreas Kisser !), Madball, Accept, Frank Carter, Eternal Champion, Brutus, Satyricon, Nile, Extreme… et certainement plein d’autres que je ne connais pas encore… il y a tant à faire dans ce vaste domaine musical ! En 2024, j’ai assisté à très peu de concerts sur la Valley et la Warzone. C’est un peu le hasard de la programmation ; mais il est sûr que l’éloignement de la Valley n’est pas propice pour faire des concerts au débotté.

Le point le plus problématique concerne, depuis plusieurs années, les difficultés de circulation sur ce site qui n’est pas extensible à foison ; ceci implique qu’il faut vraiment anticiper ses déplacements si on veut être correctement placé lors des concerts suivants… sans garantie que cela fonctionne pour autant… J’ai quand même l’impression que l’ouverture de la Valley l’an dernier a amélioré un peu les choses à ce niveau. De même, le fait de ne servir que des pintes plutôt que des demis concoure à fluidifier l’attente aux bars. Ça a aussi l’avantage d’aboutir à un nouveau record de vente de bière : 500 000 litres !! Les esprits chagrins ajouteront « ça pousse à la consommation »… mais personne n’est forcé d’acheter s’il n’en a pas envie… On se consolera en se disant que cela a pour conséquence d’accroître l’auto-financement de l’association.

Un autre désavantage, mineur cette fois, concerne la couverture réseau : certaines communications passent mal ou pas du tout suivant l’opérateur de téléphonie dont on dépend… mais il faut reconnaître que ce point a été considérablement amélioré depuis une dizaine d’années grâce à l’installation de plusieurs pylônes de télécommunications (un déjà existant qui a été recouvert d’une toile indiquant « Hellcom » à côté de l’espace VIP plus un pylône flambant neuf situé au Yellow camp).

L’innovation majeure en 2024, à mon avis, tient à l’apparition de La Gardienne Des Ténèbres et je suis persuadé que ceci sera considéré rétrospectivement comme une étape décisive dans la pérennisation du festival.

La Gardienne - HellFest 24

L’orientation artistique du festival est toujours très éclectique ; d’un côté, par volonté de renouvellement, l’organisation programme des formations pas vraiment metal (Foo Fighters, Shaka Ponk, The Prodigy…) mais, de l’autre côté du spectre, on continue d’avoir droit à des formations extrêmes / obscures / en devenir / rarissimes en Europe… Du coup, côté public c’est un peu comme si deux mondes cohabitaient : d’un côté, des gens plutôt néophytes (en tout cas « grand public », sans connotation péjorative), de l’autre des passionnés hyper pointus dans leur domaine de prédilection (stoner, hardcore, black…). C’est peut-être de la naïveté de ma part mais j’ai le sentiment que tout ce beau petit monde se côtoie dans un esprit de tolérance.

A titre personnel, je suis content que le Hellfest m’expose à de nouvelles tendances comme Polyphia, Landmvrks… et je suis ravi de constater que les vieux de la vieille, ceux qui rythment ma vie et celle de tant d’autres personnes depuis si longtemps, gardent de très beaux restes : Sodom, Megadeth, Metallica, Dickinson, Accept, Saxon, Emperor, Dimmu Borgir, Fear Factory… les bonnes choses sont intemporelles !

Le Hellfest reste donc un super moment à vivre chaque année et il nous laisse d’indéfectibles souvenirs. Après cette grande communion de notre communauté métal, nous regagnons chacun nos territoires respectifs. Nous allons tous vivre de super événements durant l’année qui va s’écouler : on va participer à de bons concerts dans nos villes d’attache, on va découvrir les nouveaux albums de nos groupes favoris – ou ceux de jeunes espoirs – mais on sait qu’on va tout faire pour revenir l’an prochain et reprendre une bonne dose de metal à Clisson.

Merci à toute l’équipe du Hellfest et à tous les bénévoles pour nous offrir de si bons moments… et à l’année prochaine 😊

 

Photographe : David Vacher

Auteur : Benoît Gazin

Hellfest 2024 – J3 : Metallica + Bruce Dickinson + Mass Hysteria + Accept + Extreme et autres @Clisson

J’arrive tardivement sur le site… Stratovarius va commencer à jouer… mais un chevauchement malheureux m’empêche d’assister à leur concert. Je vois juste un bout de chanson en passant. Je conseille néanmoins à tous les fans de power metal de jeter une oreille sur leur dernier disque « Survive » que j’ai trouvé plutôt bon.


Black Stone Cherry (15:10-15:55 // MainStage 1)


The Casualties (15:10-15:55 // Warzone)


Legion of the Damned (16:00-16:45 // Altar)

Le dernier album « The Poison Chalice », sorti l’an dernier à la même époque sur Napalm Records, est terrible, toujours très caractéristique de leur style : un thrash / death plutôt rapide dans la veine de combos tels que Sadus, Dew-Scented, The Crown ou les vieux Kreator et Slayer avec la voix aigüe et vicieuse de Maurice Swinkels, membre historique de la formation avec le batteur Erik Fleuren (tous deux jouaient dans Occult puis la formation a changé de nom pour devenir LOTD).

LOTD est resté fidèle à une ligne de conduite assez ultime et la plupart des titres de leur répertoire sont directs et rapides. Néanmoins avec ce dernier méfait sonore, les bataves varient les plaisirs et injectent un peu plus de mélodie qu’avant. Ils semblent d’ailleurs assez fiers de leur travail et cherchent à mettre l’accent sur ce dernier disque en lui réservant la moitié du set, ce qui me convient tout à fait car les quatre extraits sont parmi les meilleurs : « Beheading Of The Godhead », « Contamination », « Progressive Destructor » et « The Poison Chalice ». Le reste est réservé à des classiques (notamment « Son Of The Jackal », toujours très efficace en studio comme en live). Scéniquement, les zicos sont au diapason et établissent un mur sonore frontal avec force headbanging et rythmiques en aller-retour. Je note un joli backdrop (dans l’esprit des illustrations de Mark Riddick, spécialiste du death metal old school). A défaut d’être le groupe le plus original de la terre, LOTD fait le boulot.


Mammoth WVH (16:50-17:35 // MainStage 1)

Mammoth WVH HF24

Je connais peu leur musique pour l’instant mais je reçois de bons échos de ce groupe… et puis, avec un papa comme Eddie Van Halen, à la fois guitar hero et compositeur hors pair, comment le fiston pourrait-il prendre un mauvais chemin ? Donc je vais voir ce que ça donne sur la MainStage 1. L’avancée de scène de Metallica a été installée et les groupes jouant avant eux peuvent profiter de cette installation (c’est fair play de leur part).

Ce groupe évolue avec une formule à trois guitares : Wolfgang chante et joue sur une guitare modèle « EVH » (crée par son père Eddie Van Halen), il y a deux autres guitaristes, un bassiste et un batteur. Les zicos mouillent la chemise, particulièrement le bassiste et le batteur… mais je trouve que leur musique, qui me fait penser à certains plans grunge avec un zeste de rock alternatif, est un peu trop commune à mon goût. J’ai entendu quelques plans sympas mais ça m’a moins emballé que Royal Blood vu le lendemain… (ou que Van Halen, que j’ai toujours apprécié) …par ailleurs, l’attitude assez réservée de Wolfgang, qui communique peu avec le public, n’aide pas à faire monter la sauce. La dernière chanson était un peu plus speed et plus accrocheuse mais je ne peux pas dire que j’ai eu le kiff sur leur musique… à réécouter en conditions studio pour se faire une meilleure idée…


Skalmöld (16:50-17:40 // Temple)

Je connais ce groupe de nom et, ayant lu une bonne chronique de leur sixième et dernier disque dans un récent numéro de Rock Hard, je me suis décidé à l’acheter. Ça tombe bien, j’ai trouvé la version vinyle sur le stand de Season Of Mist le matin même. Ce groupe islandais qui chante dans sa propre langue (une tendance qui se confirme depuis plusieurs années chez les groupes de folk comme Subway To Sally, Eluveitie, Finntroll ou Korpiklaani) joue un mélange de death mélodique et de heavy metal épique, un peu à la manière de Tyr, d’Amon Amarth ou d’Ensiferum. Le fait qu’ils viennent d’Islande, une terre lointaine, et surtout le fait qu’ils chantent en islandais confère une légère particularité à leur musique… Je trouve que la formule est un peu classique mais ils ont certains titres mid-tempo avec des mélodies entêtantes ; leurs chansons sont très harmonisées et tous les musiciens participent aux chœurs (même le batteur qui est équipé d’un micro-casque). Le groupe possède un organiste et certains chœurs peuvent faire penser à des récitations de prière… néanmoins on reste quand même plutôt dans le domaine du death mélodique et ça m’évoque parfois le Amorphis des débuts. À défaut d’être le groupe le plus novateur de la planète, Skalmöld aura donné un bon concert et j’étudierai de plus près leur dernier méfait.


Kvelertak (17:45-18:35 // Valley)

C’est l’instant où le prodige suédois Yngwie Malmsteen va investir la MainStage. Je ne peux nier que ce guitar hero a compté dans mon parcours musical. Mais son attitude de rock star hautaine m’insupporte au plus haut point (je préfère largement la personnalité avenante de Joe Satriani… et je préfère aussi sa musique, plus variée émotionnellement). Au même moment, sur la Altar, les thrasheurs suédois de The Haunted vont envoyer le bois. Ce combo a de bonnes idées, même si je trouve leur discographie inconstante. Donc tant pis pour tous ces suédois, mon choix va aller à d’autres scandinaves, norvégiens cette fois : Kvelertak.

Kvelertak est assurément un groupe protéiforme : ils ont déjà joué au Hellfest en 2014 sur la Warzone puis en 2019 sur la Altar et enfin en 2024 sur la Valley, preuve qu’ils sont à la fois uniques et inclassables. Personnellement j’adore leur mixture car elle est si personnelle, empruntant autant au black metal qu’au punk, au rock’n’roll ou au hard rock vintage… Chacun de leurs albums figurent dans mon top de l’année et bien qu’ils chantent en norvégien, cela n’impacte absolument pas la force de leur musique.

Après cinq albums et quinze ans d’activité, leur notoriété n’est plus à faire et le succès de leur dernier LP « Endling », sorti fin 2023, a enfoncé le clou d’une déjà belle carrière. Je ne suis donc pas étonné de voir que la Valley est bondée. Le chanteur Ivar Nikolaisen est bien dans l’esprit punk, d’ailleurs il a l’air passablement déchiré quand il monte sur scène et, pourtant, il va enflammer le public en ne tenant pas en place, en chantant / hurlant / vociférant, souvent courbé et accroché à son pied de micro. Il semble être le vilain garnement de la bande, toujours à deux doigts de faire une sortie de route. Mais musicalement ça se tient et les musiciens assurent. Il me semble qu’il n’y avait que deux guitaristes sur scène – alors que Kvelertak en compte trois… …mais où est passé le dernier ?

Le groupe dégaine pas mal de pépites de ses deux derniers disques, ceux avec Nikolaisen (qui a remplacé en 2018 le précédent vocaliste et membre fondateur Erlend Hjelvik, celui qui portait souvent un masque de chouette sur scène) et ces morceaux passent très bien sur scène ; mention spéciale à « Crack Of Doom » et « Likvoke ». On a quand même droit à de plus vieux trucs comme « Motsols », « Fossegrim » ou « Mjød ». En revanche, aucun extrait de leur troisième album « Natterfest » (j’aurai bien aimé entendre « Berserk » ou « 1985 »). Comme d’habitude, Il y a chez Kvelertak l’énergie et l’attitude du punk, la classe et la technicité du heavy rock et la rage du black, le tout réuni sous une même bannière. Nikolaisen saute dans tous les sens et va même jusqu’à slammer dans le public ! Sa prestation semi chaotique confirme qu’il était le bon choix pour remplacer Hjelvik. Le concert prend fin aux accords de « Bråtebrann » et c’est un final parfait pour remercier l’audience qui le lui rend bien via une ovation appuyée. Pour ma part, je suis aux anges, c’est un carton plein et cela confirme bien mon opinion : ce groupe est génial !


Extreme (18:30-19:30 // MainStage 1)


Corvus Corvax (18:40-19:30 // Temple )

J’entends parler de cette formation depuis une paire d’année (alors qu’ils existent depuis des lustres : ils se sont formés en 1989 !), précisément depuis qu’ils ont sorti leur dernier album « Era Metallum » car celui-ci est à priori plus affilié au metal que le reste de leur discographie, et pour cause : il s’agit d’une adaptation de leurs anciens titres orientés folk médiéval en version metal. Pour l’occasion, la pochette a été dessinée par Andreas Marshall, illustrateur emblématique du genre et responsable de bon nombre d’artworks (quasiment tous les poids lourds allemands mais aussi Annihilator, Dimmu Borgir, Hammerfall, Immolation, In Flames, Obituary, Warbringer…) ; par ailleurs, ce groupe allemand a collaboré avec Sami Yli-Sirnjö, guitariste de Kreator et de Waltari et a invité quelques personnalités célèbres de la scène (Doro Pesch, Sabina de Holy Moses, Hansi Kürsch de Blind Guardian…) Comme Skalmöld, je me suis procuré leur album en version vinyle au Metal Market le matin même donc il ne me reste plus qu’à voir ce que cela donne sur scène… J’arrive alors que la Temple est très remplie, preuve que le mouvement folk metal est devenu ultra populaire. Je suis donc obligé de me placer loin derrière.

Les musiciens montent sur scène, ils sont tous habillés en peaux de bête ou en costume d’inspiration médiévale et sont partiellement maquillés. Cela souligne, à l’instar de formations comme Heilung, Turisas ou Eluveitie, leur impact épique et visuel. Ce sentiment est renforcé par l’utilisation d’instruments folkloriques qui semblent être faits maison : le chanteur utilise ponctuellement une espèce de longue corne de brume et les deux joueurs de cornemuse manipulent des instruments customisés très esthétiques. Côté saturation, je note la présence de deux guitaristes, d’un bassiste, d’un batteur et enfin d’un percussionniste… ça fait du monde sur scène !

Le groupe va jouer les trois quarts de son dernier album, dans l’ordre : « Gjallarhorni » est un hymne fédérateur, « Sverker » est un titre assez déclamatoire qui entraîne l’adhésion immédiate du public qui tape dans ses mains, « Beowulf is Min Nama » est assez frénétique et appelle les slammeurs à se bouger et les circle-pits à se former. Corvus Corax alterne les morceaux rapides et ceux plus lourds, ce qui donne de la dynamique à l’ensemble. Le light show bleu est assez joli et la mythologie nordique est mise à l’honneur avec des thèmes communs comme « Ragnarök » (introduite par le chanteur car « la fin du monde est proche ») ou « Yggdrasill » (l’arbre monde). Sur « Víkingar », le chanteur mime le fait de ramer dans un viking… et tout le public l’imite ; c’est impressionnant à voir lorsqu’on est au fond de la tente ! Je note que le chanteur remercie le public dans plusieurs langues (français, anglais, espagnol, allemand…) et qu’il psalmodie certains titres lors de leur annonce, ce qui peut être lassant. Après recherche, il apparaît que Corvus Corax s’exprime dans diverses langues scandinaves, rendant la phonétique parfois particulière… A la fin du concert, le groupe se rassemble sur le devant de la scène et le chanteur débouche une bouteille (de champagne ?) qu’il tend au bassiste pour lui souhaiter son anniversaire… n’aurait-il pas pu lui tendre le Graal pour rester dans l’ambiance médiévale ?

Sur le fond (la composition des morceaux), je ne trouve pas ça hyper original ; en revanche la forme est intéressante. Pour un groupe que je croyais essentiellement folk, ils s’en tirent plutôt bien car ils dégagent une belle intensité.

Au final, je pense que Corvus Corax a donné un concert honorable. Vue l’affluence énorme du public, je me demande quand même quel est le pourcentage de gens venus pour la vraie valeur de sa musique ou par curiosité, pour s’imprégner du décorum et s’immerger dans une ambiance festive (comme moi).

 


Accept (20:40-21:40 // MainStage 2 )


Skyclad (20:40-21:40 // Temple )

Comment pourrais-je vous faire comprendre à quel point j’adore Skyclad ? J’étais déjà très fan de Sabbat, le groupe du chanteur Martin Walkier (et d’Andy Sneap qui est devenu un producteur de renom) et de leur deuxième disque « Dreamweaver – Reflections Of Our Yesterdays » sorti en 1989. Cet album se démarquait du reste du peloton thrash par la voix rauque de son leader et sa diction très syncopée disséminées sur de longs titres aux textes très denses, bâtis autour du roman de Brian Bates, « The Way Of Wyrd » ; le tout était enrobé d’une philosophie qui m’était alors inconnue : le paganisme. Lorsque Martin quitta Sabbat pour fonder son propre projet, j’attendais le résultat avec impatience. Et grand bien m’en a pris car j’ai pris une gifle monumentale à l’écoute de « The Wayward Sons Of Mother Earth », l’album de thrash ultime dixit Phil Pestilence, fameux journaliste de l’époque. Ce mix de thrash, de folk et d’epic metal sur fond de textes pagan est le pinacle du folk metal et le point de départ de tout un mouvement. Tout est sublime : les chansons, les textes, la pochette, l’imagerie, appuyée par une citation de Shakespeare… bref, le genre d’album qui vous suit jusque dans la tombe…           

J’ai ensuite suivi attentivement la carrière de Skyclad et, avec Savatage (et, dans un registre plus bourrin, Napalm Death), c’est le groupe qui m’a le plus enthousiasmé tout au long des années 90. Ils étaient prolifiques, sortant un disque tous les dix mois et évoluant jusqu’à atteindre un mélange harmonieux de heavy metal et de folk, le violon occupant une place de plus en plus prépondérante. Par ailleurs, l’optique socialement engagée des textes était pour moi la cerise sur le gâteau ! Dans le lot, de magnifiques balades auront vu le jour et je ne saurai trop vous conseiller de jeter une oreille sur des titres tels que « Quantity Time » ou « No Strings Attached ».

Malgré mon attachement, je n’avais jamais eu la chance de les voir en live dans les années 90. J’étais donc hyper content lorsqu’ils sont passés la première fois au Hellfest en 2014 : le concert avait été chouette et ils avaient accueilli le retour de leur guitariste Dave Pugh, orientant de ce fait la set-list vers la période 92-95.

Dix ans après, ils reviennent en terres clissonnaises. Entre-temps, ils ont publié un nouvel album… mais qui date déjà de 2017 ! Skyclad est ce que je qualifierai de groupe “en sommeil” : ils ne donnent plus que deux à cinq concerts par an et le rythme de sortie de leurs albums studios a fortement chuté depuis 20 ans (il faut dire qu’auparavant, ils étaient payés par leur label et devaient respecter un rythme soutenu… désormais, ils ont tous une vie de famille à côté et prennent le groupe comme une récréation).

Tout d’abord, je suis surpris par la forte affluence du public. Moi je suis super bien placé, au beau milieu du pit. Et le concert va être super : ça va chanter, ça va danser, ça va pogoter gentiment sans une once de violence car ce n’est pas l’optique de leur musique.

Aux manettes, on retrouve les mêmes musiciens que dix ans auparavant : Kevin Ridley, producteur de Skyclad depuis les débuts du groupe en 1991 et désormais lead vocaliste depuis le départ de Walkier, tient aussi la guitare acoustique tandis que Steve Ramsey et Dave Pugh se partagent les guitares électriques. A la basse, c’est l’indéboulonnable Graeme English, compère de Steve depuis les heures glorieuses du groupe anglais de NWOBHM Satan ; Aaron Walton n’en fait pas des caisses derrière sa batterie mais il assure jusque ce qu’il faut. C’est surtout Georgina Biddle, la violoniste, qui est éblouissante : arborant un sourire radieux tout au long du set, elle virevolte sur elle-même, interagit avec ses comparses et parcoure la scène de long en large avec son violon électrique customisé (le corps de son instrument est très dépouillé, le manche étant percé de nombreux cercles… c’est assez original) et elle ajoute le surplus d’énergie à la bande.

Skyclad va dégainer une set-list de fou furieux : le gig démarre sur les chapeaux de roue avec un titre exigeant car rapide et compliqué, « Earth Mother, The Sun And The Furious Host » extrait de « Jonah’s Ark ». Kevin a une voix plus suave que son prédécesseur et peut faire preuve d’une attitude relax qui tranche avec l’intention « guerrière » du Skyclad d’antan mais il chante juste et son intention va crescendo, surtout dès que retentit le deuxième morceau, « Spinning Jenny », hymne folk par excellence qui met la foule en délire. On a droit à un titre gorgé de feeling que je n’ai jamais eu la chance d’entendre en live (« Cry Of The Land ») ainsi qu’à des chansons très entraînantes tout en étant mélodiques (« Great Blow For A Day Job »). La page a été tournée depuis le départ de Walkier et Skyclad dégaine quelques titres post-2000 qui donnent largement le change par rapport à leur répertoire plus ancien (« The Song Of No-Involvement », « The Parliament Of Fools » – la chanson la plus streamée d’après Kevin, « Anotherdrinkingsong », la bande son parfaite d’une soirée dans un pub irlandais). Et comment pourrait-on se passer de « Another Fine Mess », « Penny Dreadful » ou « Inequality Street », trois de leurs plus entêtants hymnes ? Le folk metal est bien entendu à l’honneur avec « The Widdershins Jig » (historiquement le premier morceau de ce genre dans l’histoire de la musique) et on a même droit à une très bonne reprise de « Emerald » des Irlandais de Thin Lizzy, apparaissant à la base sur leur EP « Tracks From The Wilderness » sorti en 1992. Côté surprise, on a droit à deux extraits de leur « nouvel album », « Forward Into The Past » (sorti sur le label français Listenable Records) : l’excellent « Change Is Coming » et l’aventureux « Words Fail Me ».

On ressent une réelle cohérence entre les zicos, le collectif est mis au service des chansons et tous les titres font mouche… d’ailleurs, l’ambiance sous la tente monte peu à peu jusqu’à atteindre son apogée en fin de concert. Ce moment passe à la vitesse de l’éclair, beaucoup trop rapidement à mon goût… mais ce sentiment est contrebalancé par le fait que je suis ravi de constater que les gens réagissent très favorablement, surtout pour ce groupe qui n’a pas d’actualité particulière. Skyclad a toujours eu du mal à percer – ce qui avait entraîné le départ du chanteur d’origine – mais, grâce à Internet qui doit faciliter l’accès à l’information, grâce au mouvement folk metal qui a pris beaucoup d’ampleur ces derniers temps, cette formation pionnière dans son domaine n’est pas tombée dans l’oubli. Mon bonheur est de ce fait démultiplié. A une époque où le réchauffement climatique devient l’une de nos principales préoccupations, il est temps d’écouter le message écologique que ce groupe véhicule depuis toujours et de placer le respect de la Nature et l’équité sociale au centre du débat. Vive Skyclad et merci au Hellfest de les avoir programmés !


Bruce Dickinson (21:40-22:40 // MainStage 2 )

Bruce Dickinson HF24

Après la prestation d’Iron Maiden l’an dernier sur la MainStage du Hellfest, c’est au tour de son emblématique chanteur Bruce Dickinson de revenir à Clisson pour défendre son nouvel effort studio, « The Mandrake Project ». Ce disque est sorti en début d’année et il narre l’histoire du docteur Necropolis et du professeur Lazarus dans une lutte pour accaparer le pouvoir sur fond de contexte occulte et scientifique ; certaines éditions du disque sont d’ailleurs accompagnées d’un comic illustrant chaque titre de l’album. Nous sommes habitués à être gâtés avec le père Dickinson qui est un touche-à-tout et qui, parmi ses nombreuses activités, avait écrit une paire de bouquins dans les années 80 et avait rédigé le script du vidéo clip de Maiden « The Writing On The Wall » en 2021. Pour l’instant, j’avoue ne pas avoir été trop emballé par ce dernier disque, ma première l’impression étant que le chant omniprésent ne déploie pas suffisamment de variations… le côté progressif du Maiden récent me manquerait-t-il ?

Bruce revient donc avec son groupe solo composé de musiciens assez peu connus hors des cercles d’initiés. Tout juste retient-on la présence de la charmante bassiste Tanya O’ Callaghan, récemment incorporée au sein de Whitesnake, car elle fait preuve de plus d’énergie que les autres. Les autres zicos, même s’ils se montrent plus discrets, sont appliqués et font preuve d’une interprétation sans faille (le batteur tape un bon petit solo en milieu de set) malgré la pluie battante. Le terme « touche-à-tout » n’est pas excessif pour Bruce car ce dernier accompagne ponctuellement ses musiciens, tantôt aux bongos, tantôt au thérémine.

Bruce étant un leader hors-pair, c’est lui qui mène le bal, en introduisant chaque morceau dans un français plus que correct et en bâtissant un lien entre la réalité et le contenu de ses chansons (même si le fond de ses interventions semble parfois un brin décalé). Il invective le public à maudire la pluie qui tombe comme des cordes pendant tout son set… d’ailleurs, l’audience un brin clairsemée n’est composée que de ponchos 😊.

En revanche, on sent comme une espèce de distance entre lui et les autres musiciens… il semble manquer une certaine forme de cohésion de groupe… est-ce dû à l’impressionnant charisme que Bruce dégage ? En ce qui me concerne, j’ai clairement le sentiment que quelque chose manque pour que l’essai soit transformé (comme on dit en terres toulousaines).

Côté musique, on a droit à des classiques comme « Accident of Birth » ou « Darkside Of Aquarius » (les deux seuls extraits de l’album de 1997 qui entament et clôturent le bal), « Laughing In The Hiding Bush » et « Chemical Wedding ». En milieu de set, focus sur le dernier disque avec trois extraits qui passent correctement le test de la scène, à défaut de se révéler comme des tubes en puissance. Je suis quand même déçu de constater que le premier LP solo « Tatooed Millionnaire », à l’ambiance joyeusement hard-rock, est complétement passé sous silence…

En résumé, un concert sympathique dénué d’une production gigantesque (donc plutôt dépouillé) d’un artiste hors-pair qui, s’il n’égale pas son groupe d’origine, a quand même de sacrés belles choses à présenter…


Mr. Bungle (21:45-22:45 // Valley )

Mr Bungle HellFest24


Metallica (22:45-01:00 // MainStage 1)

Aussi bizarre que cela puisse paraître, après 37 ans à bouffer du metal matin midi et soir, je n’avais jamais eu l’occase de voir Metallica en live… enfin, je les avais entraperçus lors de leur prestation précédente au Hellfest en 2022 mais le site était si bondé que j’étais très loin de la scène …et pour couronner le tout, au même moment un de mes groupes préférés, Carcass, jouait sous la Altar donc cela était de nature à me dissiper… …j’avais visionné le concert sur écran géant et on peut dire que j’étais resté sur ma faim.

Pour la petite histoire, j’étais à deux doigts de les voir en 1988 à Montpellier lors de la tournée « …And Justice For All » mais ma très chère mère ne m’avait pas autorisé à partir avec les voisines, à peine plus vieilles que moi et qui venaient tout juste de recevoir leur permis de conduire… 3 ans après, le groupe a publié son Black Album, il est devenu énorme et je n’ai plus jamais eu l’occasion de les voir. Donc je souhaite réparer cette erreur.

Est-ce la pluie battante qui tempère les ardeurs des fans ? Il y a du monde sur l’esplanade mais cela me semble moins bondé qu’en 2022. J’arrive à me faufiler jusqu’à un emplacement correct alors que retentissent les habituelles chansons précédant les prestations live des Californiens : « It’s A Long Way To The Top (If You Wanna Rock’n’roll) » d’AC/DC et, bien entendu, « The Ecstasy Of Gold » d’Ennio Morricone, tirée de la bande-son du film « Le Bon, La Brute et Le Truand ». Cette intro, utilisée par le gang depuis quatre décennies, garde toute sa grandiloquence, elle est très émotionnelle et met les spectateurs dans le parfait état d’esprit pour les préparer au déluge de décibels qui les attend.

Metallica déboule ensuite sur scène et va dégainer quatre pépites intemporelles : « Creeping Death », « For Whom The Bell Tolls », « Hit The Lights » et « Enter Sandman ». Mortel !

Les moyens techniques sont impressionnants, le light-show est tout simplement énorme (combien de kilowatts sont consommés à la minute ?) et c’est très joli à voir. Les écrans géants sont divisés en quatre parties, montrant différentes facettes des musiciens (en revanche, le public situé loin derrière ne doit pas voir grand-chose…). Le son est puissant et parfaitement réglé donc tous les signaux sont au vert. Chouette !

S’ensuit un moment un peu irréel où Kirk et Rob reprennent « L’aventurier » d’Indochine simplement à la guitare et à la basse, avec Rob qui tente de chanter en français. Si la démarche est généreuse, le niveau d’interprétation laisse à désirer… Pas étonnant pour un titre appris à la va-vite durant l’après-midi (l’idée provient de l’épouse de Robert qui est française).

À la suite de ce moment un peu mou, Metallica mixe les plaisirs en piochant dans sa période d’or, celle qui couvre les cinq premiers albums et en défendant son dernier disque en date via « Too Far Gone ? », « Lux Æterna » (un hommage assumé à l’une de leurs plus grosses influences, les anglais de Diamond Head), « 72 Seasons » et « Shadows Follow ». Ce choix est risqué car si les deux premiers extraits de ce disque sont potables, les autres titres sont trop longs et le public a tendance à décrocher. Ces chansons ne peuvent aucunement rivaliser avec les classiques que sont « Orion », « Sad But True » ou « Master of Puppets ». Le seul titre rescapé de la période 1991-2020 est « The Day That Never Comes » issue de « Death Magnetic », une très jolie power-ballad qui commence doucement pour finir dans un maëlstrom de décibels. « One » est toujours un moment particulier, avec son intro qui nous plonge en pleine horreur de la guerre et son final embrasé. « Seek & Destroy » était un des hymnes emblématiques de mon adolescence et je décide de slammer ; alors que je suis dans les airs survient un lâcher d’énormes ballons gonflables noirs et jaunes (évidemment dû aux couleurs de leur dernier LP studio). Je me retrouve à donner des coups de pied, de poings et de tête dans tous ces ballons (et il y en a beaucoup !) alors que je suis porté par le public et que je crie « Seek and… Seek and destroy ! ». Vous imaginez le gros kiff !

Le concert, même s’il dure plus de deux heures, passe très (trop) vite et est suivi par un petit feu d’artifice maison.

Globalement, je suis satisfait de la prestation de Metallica… mais je me demande si cela n’est pas dû à ce que j’évoquais en introduction (le fait d‘avoir attendu si longtemps pour les voir en live). J’ai trouvé qu’il manquait un petit quelque chose pour rendre ce moment magique : est-ce la très faible communication de James envers le public ce soir-là ? Je peux accepter que l’interprétation des morceaux soit un poil approximative – car l’exercice live tient à mon avis plus de la décharge d’énergie que de la restitution fidèle d’une œuvre studio… mais Kirk semble depuis longtemps en roue libre et, comparativement au guitariste de Megadeth deux jours auparavant, n’en impose pas des masses… Rob est fiable même s’il est, à mon avis, sous-employé dans Metallica. Et, à défaut de jouer parfaitement, Lars a pilonné sa batterie comme un malade et apparaît comme le grand vainqueur de ce show ! Certains connaisseurs ont trouvé cette prestation décevante. Je tempèrerai ce point de vue car Metallica, même quand il n’est pas à 100%, reste quand même au-dessus de la moyenne.


Saxon (01:05-02:05 // MainStage 2)

Tous les vieux briscards connaissent Saxon. Ce groupe phare de la New Wave Of British Heavy Metal, qui a considérablement influencé Lars Ulrich, vient de publier un nouvel album studio et c’est déjà son 27eme disque ! Ces chiffres donnent le tournis… Saxon n’est en effet pas du genre à s’endormir sur ses lauriers, ils publient un LP tous les 2 ans environ (un peu comme le groupe allemand Rage). La dernière offrande est plutôt pas mal et, fait amusant, le guitariste de toujours Paul Quinn a pris sa retraite (à 72 ans, on ne lui en veut pas). Il a été remplacé par… Brian Tatler de Diamond Head ! Je me demande si Lars, en ce moment même, est sous sa douche ou sur le côté de la scène 😊

Je serai volontiers resté pour ce concert mais les coreux de Suicidal Tendencies jouent sur la Warzone au même moment et, pour moi, y’a pas photo. Quel mauvais chevauchement ! Donc je regarde le titre d’ouverture « Hell, Fire and Damnation » puis je suis obligé de me barrer… …je reviendrai pour la toute fin du concert, pendant les rappels (notamment « Princess Of The Night ») et ça me permettra d’admirer le très joli logo du groupe anglais, tout auréolé de bleu et d’apercevoir le fameux aigle métallique qui surplombe la scène. Chapeau à Saxon, un groupe authentique et classieux.


Suicidal Tendencies (01:00-02:00 // Warzone)

J’arrive à la Warzone qui est blindée de chez blindée… donc je décide de voir le concert de la plateforme centrale, là où se trouve la statue de notre modèle à tous, notre bon vieux Lemmy.

Il y a deux ans, Suicidal jouait exactement au même endroit (et sensiblement au même créneau horaire) mais la prestation du groupe de Venice avait été gâchée par d’innombrables problèmes techniques et nous étions tous restés sur notre faim. Comme pour conjurer le sort – ou laver son honneur – ST revient à Clisson et est prêt à en découdre. Le line-up 2024 a des allures de rêve : Dean Pleasants (en poste depuis un quart de siècle et également six-cordiste chez Infectious Grooves), Ben Weinman (ex-The Dillinger Escape Plan), Tye Trujillo (le fils de Robert, bassiste chez Metallica et ex-ST) et Jay Weinberg, ex-batteur de Slipknot, un des meilleurs cogneurs du circuit. Et bien entendu le patron, l’inoxydable Mike Muir, qui ne fait pas ses 60 printemps… au contraire, il pète la forme et il va mettre une ambiance de feu !

Ce soir, la set-list va être peu ou prou similaire à celle de 2022, avec des ajouts bienvenus comme « Memories Of Tomorrow » ou « Institutionalized », de vraies bombes punk rock ! D’autres titres sont incontournables et provoquent d’irrésistibles poussées d’adrénaline : comment ne pas succomber à « You Can’t Bring Me Down » ou « War Inside My Head » ? Le groupe jamme parfois en allongeant la fin des morceaux, ce qui permet à Mike de partir dans ses speeches caractéristiques et nous inviter à être nous-même, à suivre notre voie sans nous soucier du qu’en dira-t-on, à assumer nos responsabilités même si on doit en passer par des moments éprouvants car se confronter à la réalité est parfois plus déplaisant que de se voiler la face. C’est un message libérateur en ces temps incertains.

Côté zicos, quelle énergie ! Ben Weinman, comme à son habitude, est monté sur ressort : il saute partout, balance sa guitare dans tous les sens, escalade les pylônes… on se demande s’il va finir le concert vivant. À la batteuse, Jay a la méga banane et a l’air ravi de faire partie du gang. En comparaison, Dean et Tye paraissent « discrets » mais font le job.

A partir du milieu du concert, comme d’habitude plein de monde monte sur scène, qu’il soit roadie ou fan et cela se transforme en un grand moment de convivialité : ça chante, ça pulse, ça blaste même pendant le refrain de « I Saw Your Mommy », tout ça pour mieux entonner les « I saw your mommy… and your mommy is dead ! » ou pour scander les fameuses initiales « ST ! ST ! ST ! ». « Freedumb » et « Subliminal » défoncent tout, il y a un monde dingue sur scène et tous resteront jusqu’à la fin. Quant au public, c’est circle pit sur circle pit… bref, le concert a atteint sa vitesse de croisière… Le punk rock dans toute sa splendeur !

« How Will I Laugh Tomorrow » et « Pledge Your Allegiance », tirées de leur troisième album (l’un de mes préférés) montrent des velléités mélodiques et plus progressives et nous rappelle que ST, ce n’est pas que du punk rock joué à fond la caisse. Mais comme dit le proverbe, « chassez le naturel… il revient au galop » : pour bien enfoncer le clou, on finit par un dernière petite speederie. En 10 petits morceaux, la messe (punk rock) a été dite et il n’y a rien de plus à ajouter. Mike vient au contact du public pour le remercier, remonte sur scène et accepte volontiers de poser avec tous les fans qui lui demandent un selfie. Quelle preuve d’humilité ! La France a toujours été une terre d’accueil pour ST et la communion entre le groupe et le public établie ce soir montre à quel point ce capital sympathie reste intact. Finalement, un des meilleurs concerts du week-end ! Je regrette juste de l’avoir vu de loin… mais, bon sang, pourquoi n’ai-je pas répondu à l’appel du mosh pit ? 

Le seul reproche que je ferai à Suicidal est que leur set-list est très axée sur leur glorieux passé : ils ont exhumé un seul titre postérieur à 1990 (et encore, il est sorti en 1999… soit il y a un quart de siècle !). ST est une force vitale en live mais ce serait bien qu’ils reviennent avec du nouveau matériel studio, eux qui ont le potentiel pour nous enchanter.

Malgré la pluie, quelle putain de journée !!

 

Photographe : David Vacher

Auteur : Benoît Gazin

Hellfest 2024 – J2 : Machine Head + Shaka Ponk + The Prodigy + Body Count (ft Ice-T) + Tom Morello et autres @Clisson

Lovebites (12:15 -12:45 // MainStage 1)


Wagasm (12:50 -13:30 // MainStage 2)


Orden Ogan (13:35 -14:15 // MainStage 1)

Orden Ogan n’est pas un groupe que je vénère autant que Blind Guardian, Running Wild ou Helloween mais c’est assurément un prétendant sérieux à la relève de la scène power metal. J’ai connu le combo allemand il y a une dizaine d’années grâce à l’album « Ravenhead » et il semblerait que ce soit un tournant dans leur discographie puisque, sur les cinq maigres titres interprétés ce jour-là, deux sont issus de cet album.

Le public n’est pas très nombreux à cette heure de la journée… ou est-ce la popularité somme toute relative du combo dans nos contrées qui ne suscite pas d’enthousiasme particulier ? Toujours est-il qu’on peut s’approcher sans difficulté de la scène.

On a droit à un extrait de l’album « The Order Of Fear » qui est sur le point de sortir (d’ailleurs leur backdrop reprend le paysage visible sur la pochette de ce prochain disque), à un extrait de « Gunmen » et bien entendu à leur hit « The Things We Believe In » tiré de l’album « To The End ». Pour cette chanson, le leader Seeb, habillé en costume sci-fi muni d’énormes épaulettes, nous fait répéter les quelques mots du refrain « and so we are – cold, dead and gone », ceci afin que le public participe du mieux qu’il peut. Et ça fonctionne ! Le public se lance dans un circle-pit très bon enfant, presque au ralenti, sous le soleil du début d’après-midi. Ce dernier titre est réellement très fort. En revanche, j’aurai vraiment aimé entendre « We Are Pirates » (dont le clip accueillait en guest star Majk Moti, guitariste de Running Wild sur la période d’or de 1985 à 1990).

Le Hellfest n’est pas extrêmement friand de power metal et c’est déjà une belle opportunité de pouvoir assister à une prestation d’Orden Ogan, même si j’aurai préféré un meilleur créneau sur l’affiche. Je recommande à tous les amateurs de ce style de donner une chance à ce groupe dont on n’a pas fini d’entendre parler.


Textures (14:20-15:05 // Altar)

Je reviens sous la tente pour assister au concert de Textures. Les bataves ont splitté en 2018 après 5 albums publiés chez Listenable et Nuclear Blast. Leur retour sur le devant de la scène est une occasion inespérée de se replonger dans leur musique torturée et syncopée. Puisant dans différents styles (mathcore / metalcore / death / thrash / progressif), la mixture peut parfois semble indigeste. Mais le niveau technique des musiciens n’est plus à démontrer, comme en atteste leur impeccable prestation, le vocaliste Daniël de Jongh se montrant lui aussi au top.

Le groupe revient sur son parcours en se concentrant surtout sur la deuxième partie de sa discographie, le titre « Regenesis » tiré de l’album « Drawing Circles » étant le seul rescapé de la période 2001 – 2008.

En ce qui me concerne, un concert qui vaut plus pour sa rareté que pour son véritable intérêt musical, la formule étant trop alambiquée et manquant de lyrisme à mon goût… ce qui ne sera pas le cas du concert suivant…


Lofofora (15:50-16:35 // MainStage 2)

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Klone (16:00-16:45 // Altar)

Klone est programmé sur la Altar… étonnant quand on connaît l’optique artistique des deux derniers opus, très émotionnelle et dépouillée. Il aurait été plus logique de les programmer sur la Main Stage. On se consolera en se disant que l’ambiance tamisée de la tente est propice à la rêverie…

Justement, au même moment joue Lofofora sur la Main Stage, combo ultra efficace et qui véhicule un message social fort dans lequel je me reconnais (même si la manière qu’a Reuno d’asséner les propos peut parfois faire « donneur de leçons »)… mais Klone se fait si rare sur scène que je préfère me diriger vers la Altar.

L’interprétation est top, le chant est hyper juste et les extraits du dernier opus, « Meanwhile », sont majestueux… mais, pour je ne sais quelle raison, je n’arrive pas à rentrer totalement dans le concert (et j’ai presque honte d’avouer ça !). Autant Textures avait la hargne, autant Klone est trop mélancolique à cette heure de la journée. Un light show adapté, ou un concert donné en pleine nuit aurait eu à mon avis plus d’impact. Je m’aperçois que j’apprécie plus leur musique en fermant les yeux qu’en les gardant ouverts… Mais cela n’enlève rien à l’intérêt de leur démarche artistique et à la grande humilité de ces musiciens. Respect !

Au fait, Klone va se lancer dans quelques shows acoustiques cet automne… et Lofofora va publier un nouvel album intitulé « Cœur De Cible ». Vive nos groupes français !


Mork (16:50-17:40 // Altar)

J’ai récemment vu Fear Factory en concert à Toulouse (et c’était décent… même si le chanteur doit gagner en charisme et se départir de l’ombre de son imposant prédécesseur, Burton C. Bell) alors je reste un peu sous la tente et je passe de l’Altar à la Temple pour voir ce que donne Mork. Heureusement que leur musique est mieux que leur logo, le plus dégueulasse qui soit depuis Gronibard…

N’étant pas un gros fan de true black, leur musique me gonfle assez vite mais j’avoue qu’elle a un côté hypnotique affirmé et qu’on peut presque, pour peu qu’on ferme les yeux, se croire téléporté en pleine forêt norvégienne avec toute la panoplie qui l’accompagne (la forêt, la neige et la meute de loups). Pas une grosse révélation pour moi mais j’admets volontiers que cela puisse être la tasse de thé de certains…

 

Suite à quoi je fais un retour au camping pour une paire d’heures.


Einar Solberg (17:45-18:35 // Altar)


Polyphia (18:35-19:35 // MainStage 1)


Steel Panther (19:40-20:40 // MainStage 2 )


Clawfinger (20:40-21:40 // Warzone )

S’il y a bien un groupe que je ne m’attendais pas à voir en live, c’est Clawfinger. Ce combo suédois, initialement connu car ses membres s’étaient rencontrés lorsqu’ils étaient infirmiers en hôpital psychiatrique, avait aligné quelques très bons albums de rap metal incorporant des samplers dans les années 90 et avait même accouché de quelques « tubes » (à une époque où Internet n’existait pas) comme « Nigger » ou « Do What I Say ». Dans les années 2000, ils avaient continué leur carrière mais de manière plus confidentielle, jusqu’à splitter en 2013. A la manière de Sacred Reich ou de Coroner, ils se réunissaient ces dernières années pour des concerts événementiels lors de festivals.

Bien que le temps passe vite, certaines choses ne tombent pas dans l’oubli… il y a un peu de monde devant la Warzone, preuve de la popularité toute relative de Clawfinger… … ou preuve de la méga popularité de Tom Morello, guitariste de Rage Against The Machine, qui joue en ce moment même sur la Main Stage. Zak Tell ne s’y trompe pas et remercie tous les gens présents à la Warzone. Et le bougre va instaurer une ambiance ultra conviviale entre son groupe et le public, allant même jusqu’à descendre au beau milieu de celui-ci pour motiver tout le monde à chanter « si tu es content alors applaudis ». Son attitude humble est la cerise sur le gâteau d’une prestation bon enfant, énergétique tout en véhiculant un message positif. Côté set list, ça pioche surtout dans les trois premiers albums du groupe sortis dans les années 90. « Rosegrove » et « The Truth » n’ont pas pris une ride en 30 ans… mais c’est surtout le seul extrait de leur deuxième LP, « Use Your Brain », qui marque les esprits : la chanson « Do What I Say » et son refrain scandé par un enfant, fait un carton… et le public aime tellement ça qu’il continue de chanter à cappella pendant un long moment, remplissant de bonheur un Zak qui n’en croit pas ses yeux et va jusqu’à se prosterner en signe de remerciement !

Super concert avec une putain de super ambiance comme on aimerait en vivre plus souvent – « Good Friendly Violent Fun » !


Tom Morello (20:45-21:45 // MainStage 1 )


Amorphis (21:45-22:45 // Altar )

Amorphis est un groupe qui m’a convaincu sur le tard. J’avais beaucoup aimé « Elegy » en 1996 mais un peu moins la suite de leur disco. Ce n’est que ces dix dernières années que je me suis intéressé de près à leur parcours. C’est un combo très pertinent, capable de poser du lourd (à ce titre, le chanteur Tomi Joutsen est un des meilleurs vocalistes du circuit) comme des plans folk ou progressifs. Je ne vois malheureusement qu’une petite partie de leur concert car, une fois de plus, la tente est bondée (une constante sur cette édition). Comme d’habitude, musicalement c’est du 100% solide : la formule est savamment dosée, il y a ce qu’il faut de brutalité et ce qu’il faut de mélodie, aucun musicien ne prend le dessus sur les autres et la force du collectif permet de transcender les titres. Et tout ce savoir-faire est serti dans une identité métal affirmée. La classe absolue !


Shaka Ponk (22:00-23:10 // MainStage 2 )

Encore un nom qui confirme que le Hellfest s’ouvre à un nouveau type de public… Je ne connais pas leur musique, j’ai récemment vu leur passage dans l’émission « C A Vous » au cours de laquelle ils expliquaient qu’ils se lançaient dans une tournée d’adieu : ils souhaitaient raccrocher les gants car leurs considérations écologiques sont incompatibles avec la vie d’un groupe en tournée dont la facture carbone est énorme… …je comprends ce point de vue… mais pour être tout à fait cohérent avec ces idéaux, peut-être devraient-ils faire cette tournée d’adieu avec des moyens plus confidentiels ? Et même si je leur accorde le bénéfice du doute, qui nous dit qu’ils ne risquent pas de se reformer d’ici quelques années ? …on nous a déjà fait le coup plusieurs fois, n’est-ce pas ?

Musicalement, ce que j’ai entendu n’est pas trop mon truc. Je n’ai vu que la fin du concert mais j’ai apprécié les interventions de la chanteuse car j’ai trouvé qu’elle avait beaucoup de coffre et de charisme. Je me souviens avoir vu via les écrans géants un circle pit de fou furieux (beaucoup plus animé que certains groupes de metal extrêmes…). J’ai également vu le chanteur, beau gosse en puissance, se tenir debout sur une plateforme au beau milieu du public… ça faisait un peu « culte de la personnalité »… Il a accueilli une jeune fan sur sa plateforme et l’a prise dans ses bras, l’air de dire « on vit un moment fantastique, profitons-en à fond !!! » puis il s’est élancé de sa plateforme et est parti en crowdsurfing. Et puisque c’est le chanteur et qu’il est super connu, tout le monde l’a soutenu et il a tapé un slam de fou sur plusieurs dizaines de mètres… je me suis dit que j’aurai bien aimé être chanteur de Shaka Ponk à ce moment précis 


Emperor (22:50-23:50 // Temple)

C’est déjà la cinquième venue des Norvégiens au Hellfest : la première fois c’était en 2007 lors de « l’année de la boue » puis ils ont joué en 2014 l’intégralité de leur premier LP pour célébrer ses vingt ans d’existence et sont revenus en 2017, en 2019… puis enfin cette année !

En 2024, le combo se focalise sur ses deux premiers disques (« In The Nightside Eclipse » sorti en 1994 et « Anthems To The Welkin At Dusk » en 1996), le seul autre titre étant « In The Wordless Chamber » extrait de « Prometheus… » et arborant une facette un brin plus atmosphérique.

Personnellement, je suis plus sensible à des titres tels que « The Loss And Curse Of Reverence » ou « Thus Sparke The Nightspirit », envoûtante et hypnotique malgré l’heure tardive… d’ailleurs, je ne suis pas le seul à être fatigué car Ihsahn exhorte le public à « retrouver ses forces » avant d’annoncer le titre « With Strength I Burn ».

L’interprétation est parfaite, les gars maîtrisant leur répertoire sur le bout des doigts et on comprend aisément pourquoi ce groupe est devenu le chef de file de tout un mouvement. Ils sont tout bonnement légendaires.

On retrouve Ihsahn au chant et à la guitare lead, avec sa dégaine actuelle de nerd, barbe et lunette à l’appui, Samoth à la deuxième guitare, Trym, batteur à partir du second LP et Secthdamon à la basse.  Le claviériste m’est inconnu.

Les lights sont à dominante bleu et sont réellement magnifiques, le son est super bien réglé et le back-drop évoque la damnation éternelle avec la fameuse initiale « E » tirée de leur logo (logo dessiné par le belge Kris Verwimp).

La triplette finale va nous achever tous avec « I Am The Black Wizards » et « Inno A Satana » tiré du premier LP et « Ye Entrancemperium », qui tient autant de la tornade sonore défonçant tout sur son passage que du voyage onirique. Tout est dit.

Emperor a prouvé que même s’ils n’ont pas sorti de nouvel enregistrement depuis presqu’un quart de siècle, ils restent les patrons absolus du black metal symphonique. On se revoit dans deux ans, même endroit, même créneau ?


Machine Head (23:15-00:45 // MainStage 1

Machine Head – ou « MH » pour les intimes – tient son statut novateur du fait qu’ils ont été les premiers à mixer le thrash metal classique avec des plans plus lourds, plus orientés groove metal – voire néo metal – et avec des vocaux clairs. En outre, ils ont injecté une grosse dose de dynamique par rapport au thrash dit « old school ». Durant leur carrière, ils ont subi plein de changements de line-up, parfois avec pertes et fracas, Rob Flynn restant l’unique membre d’origine.

Ces dernières années, le groupe s’est concentré sur les concerts en salle donc il s’était fait très rare en festival… la dernière fois qu’ils sont passés à Clisson, c’était en 2012 ! En 2024, ils sont une des quatre têtes d’affiche du festival donc ils bénéficient d’un temps de jeu plus que correct. Musicalement, ils n’ont pas fait que des bons albums mais le dernier, « Of Kingdom And Crown » est plutôt une bonne cuvée… …alors, ça donne quoi en live ?

Les américains attaquent avec « Imperium » tiré de « Through The Ashes Of Empire » sorti en 2003 et le public réagit directement. Il faut dire que MH a mis les petits plats dans les grands : pyrotechnie de fou furieux, light show de malade, ultra varié, avec des dominantes rouges ou bleues et un rétroéclairage jaune, son ultra massif… que demander de mieux ? Forcément, ça enflamme le pit. Pour autant, MH ne s’endort pas sur ses lauriers : Rob continue d’invectiver le public (« Hellfest… Jump ! Jump ! »), il ne le lâche pas d’une semelle et le fout littéralement en feu : contrairement à Slaughter To Prevail la veille, Rob ne laisse aucun temps mort… tout est mis au service de l’efficacité. C’est d’ailleurs impressionnant de constater à quel point les ricains arrivent à maintenir un niveau d’intensité élevé pour des morceaux de ce genre, assez longs car tournant plutôt aux alentours des 6-7 minutes !

Le guitariste live débauché de Havok, Reece Scruggs, assure correctement mais c’est surtout le bassiste, Jared MacEachern, remplaçant du co-fondateur Adam Duce qui tire son épingle du jeu : malgré sa dégaine improbable avec sa grosse moustache de Gaulois, il participe activement au jeu de scène et assure les backing vocals très correctement. Rob Flynn crève l’écran et emmène son groupe vers des sommets de brutalité et d’efficacité, pendant la chanson « Ten Ton Hammer » (où des fans tiennent à bout de bras des marteaux gonflables géants estampillés MH… C’est fou de voir à quel point le merchandising peut partir dans tous les sens 😊) ou pendant « Choke On The Ashes Of Your Hate », extrait du dernier LP, titre conçu pour faire péter les plombs à l’audience avec sa partie de basse en plein milieu et ses vocaux à la limite du death metal.

S’ensuit une légère baisse de régime en milieu de concert, avec certaines chansons mélodiques comme « Is There Anybody Out There ? » qui me parle beaucoup moins et empêche mon adhésion d’être inconditionnelle… je ne suis pas non plus trop client de « Darkness Within » car trop lente à mon goût… même si le fait que ce titre, dédié par Rob à feu sa mère qui aurait fêté ses 84 ans ce soir-là, est une jolie attention… Le groupe enchaîne ensuite avec deux extraits corrects de leur période néo metal de la fin des années 90 : « Bulldozer » et « From This Day » (avec son refrain chanté par tous les musiciens) durant laquelle il y a un lâcher de gros ballons gonflables estampillées « MH » – comme Metallica le fera le lendemain soir – et ça chauffe bien les fans pour le titre suivant : l’ultime « Davidian » : effet garanti ! Le final se fera sur « Halo » tiré de « The Blackening », leur meilleur album de mon point de vue. La set-list aura donc été équitablement répartie entre tous les disques du combo, exception faite du raté « Catharsis ».

Rob Flynn a encore progressé au chant, on sent toute sa hargne et il s’est montré impérial, prouvant que Machine Fuckin’ Head méritait sa place en tête d’affiche. Ce concert puissant, probablement le meilleur que j’ai vu de leur part, me donne envie de me replonger dans leur discographie. Horns Up !


Pain of Salvation (23:55-00:55 // Altar

Apparemment, Pain Of Salvation se fait plutôt rare en concert. Je ne suis pas un gros connaisseur de ce groupe progressif et je passe en vitesse pour voir la fin de leur set. Je suis impressionné par la variation de leur propos : le début des morceaux est calme et doux puis de grosses montées en puissance aboutissent à des finals explosifs, ce qui est probablement la meilleure définition du terme « progressif ».

Finalement, même si je n’ai pas pu m’identifier à ces morceaux que je ne connaissais pas, j’ai vraiment éprouvé un grand respect vis-à-vis de la qualité de leur interprétation. Bravo !


The Prodigy (00:50-02:00 // MainStage 2

Prodigy - Hellfest 24


Anaal Nathrakh (01:00-02:00 // Temple

Anaal Nathrakh n’est pas non plus un groupe qui tourne beaucoup : ils ont donné à peine un peu plus de 200 concerts en un quart de siècle ! C’est donc plutôt un projet studio qui permet à ses géniteurs d’expulser leur haine du monde en musique. Ce projet est composé de deux membres : Irrumator et V.I.T.R.I.O.L.

Mick Kenney alias Irrumator a collaboré avec Napalm Death, d’abord en tant qu’illustrateur (il a réalisé les pochettes de « The Code Is Red… », « Smear Campaign » et « Time Waits For No Slave ») puis en tant qu’associé de Shane Embury lors du lancement du label FETO Records et enfin en tant que partenaire de jeu de Shane au sein du projet death / grind Born To Murder The World. Quant à Dave Hunt, alias V.I.T.R.I.O.L., il a été chanteur des death métalleux de Benediction pendant une vingtaine d’années (bien qu’il n’ait enregistré que deux albums studios avec eux).

Il y a un peu de monde sous la Temple malgré l’heure tardive… l’optique ultra extrémiste ne semble pas rebuter les fans les plus avides de sensations fortes. Car musicalement parlant, Anaal Nathrakh joue un mix de true black metal, de black symphonique (durant certains refrains) et de death metal, le tout sur fond de sonorités industrielles… c’est un peu la bande-son de l’apocalypse ! Ça blaste beaucoup mais ça n’empêche pas l’apparition de certains plans mid-tempi absolument mortels (notamment l’intro du concert « Acheronta Movebimus » ou pendant le titre « Forward »).

AN est une hydre à deux têtes, avec Irrumator qui a une dégaine d’intello assez propre sur lui, très concentré sur son instrument, ce qui tranche littéralement avec l’attitude furieuse de V.I.T.R.I.O.L., lui qui crache sa haine du monde avec une diction parfois plus proche du punk que du metal. On sent toute la violence de son propos putride lors des couplets et, paradoxalement, il monte dans de grandes envolées lyriques lors de certains refrains (« Unleash », « The Age of Starlight Ends »).

Le duo est accompagné de musiciens live, à priori des gars du combo anglais avant-gardiste Akercocke et ils assurent comme il faut (pendant des années, AN a utilisé une boîte à rythme et c’était plutôt un projet studio, sans réelle existence live. Le duo n’envisageait pas qu’un batteur puisse reproduire les morceaux sur scène… jusqu’à ce qu’ils tentent l’expérience live avec le batteur de Napalm Death, Danny Herrera).

Tous les titres déboitent méchamment. A un moment donné, AN dédicace par solidarité un morceau à deux formations ukrainiennes de metal extrême : 1914 et White Ward. V.I.T.R.I.O.L. fait preuve d’un humour typically british et s’instaure en gourou du nihilisme (« souvenez-vous que tous les gens auxquels vous tenez finiront par mourir »). « Submission Is For The Weak » clôture le bal avec un gentil petit wall of death en début de morceau… puis après quelques mesures, le groupe s’arrête pour en lancer un bien meilleur, avant d’envoyer le bois pour de bon avec force blast beats et cris nécros. Les survivants peuvent aller se coucher, ils ont survécu à l’apocalypse 


Body Count ft Ice-T (01:00-02:00 // Warzone)

 

Photographe : David Vacher

Auteur : Benoît Gazin

Hellfest 2024 – J1 : Ice Nine Kills + Landmvrks + Megadeth + Enter Shikari + Kerry King et autres @Clisson

Ceci est le report de MON Hellfest : la programmation est si chargée qu’il est virtuellement impossible de tout couvrir. Par ailleurs, j’ai retranscrit ma vision des choses et vous avez le droit de ne pas être d’accord avec mes propos. J’essaie de traiter le sujet avec sérieux et d’argumenter mes opinions. Et si, par l’intermédiaire de ce report, je peux vous faire vivre / revivre ce chouette moment qu’est le Hellfest ou vous communiquer un peu de la passion qui m’anime alors ce sera tant mieux !

Merci pour votre attention… 

Juin 2004. Je fais du footing pour me mettre en forme en prévision d’un week-end exceptionnel : une association du nom de « Fury Fest » organise un festival à l’affiche démentielle au Mans, avec plein de noms prestigieux comme Fear Factory, Morbid Angel, Nasum, Meshuggah, Soulfly, Testament, Hatebreed, Slipknot… Pour tous les métalleux français qui n’ont pas la chance d’aller en pèlerinage au Wacken Open Air, la Mecque du metal à cette époque, c’est une opportunité de rêve. Cette édition reste gravée dans ma mémoire et constitue le point de départ d’une longue épopée…

Juin 2024. J’ai pris 20 ans dans les dents et je fais plus que jamais du footing pour rester en forme 😊 Entre-temps, Ben Barbaud et Yohann Le Nevé se sont lancés dans une nouvelle aventure du nom de « Hellfest », un événement devenu énormissime qui nous a permis de voir une pléiade de groupes prestigieux ou cultes, en plus de devenir l’endroit le plus cool de la Terre quand on est métalleux. Alors, même si l’effet de surprise s’est estompé avec le temps, c’est toujours un pur bonheur de partir en terres clissonnaises.

Pour cette 17eme édition, l’intégralité des billets a été vendue en un temps record et de nombreuses personnes n’ont pas eu la chance de pouvoir acheter leur pass. Néanmoins, le système de revente officiel fonctionne et les plus motivés réussissent à se dégoter une place même au dernier moment.

Depuis 2019, le festival se déroule sur quatre jours. Le premier jour, le site officiel n’ouvre qu’en milieu d’après-midi donc durant la matinée j’ai le temps d’aller faire un tour au Metal Corner et à l’Extrem Market.

Première modification sur le Metal Corner : l’organisation a installé une porte fortifiée gigantesque, d’une dizaine de mètres de haut, séparant le Corner du Hellcity Square. Cette structure, à priori démontable (comme The Sanctuary), est bardée de briquettes ocres et l’inscription « Welcome To Hell » apparaît en gros sur le mur. Les plus vieux fans de Black Metal apprécieront…

Deuxième changement : le Hellfest Cult s’est transformé en « Fanzone » mais à part cette différence de patronyme, le principe est le même : on peut adhérer à ce club qui donne accès à un espace détente avec une programmation musicale particulière…

Je pénètre ensuite sur le site officiel, qui ouvre un peu avant le premier concert. J’en profite pour faire un tour et constater les quelques changements par rapport à l’an dernier : le merch officiel du Hellfest, qui avait été déplacé en 2023 avec la création du Sanctuary, reste en place et l’orga a multiplié les files afin de réduire le temps d’attente (pour autant, cela ne résoudra pas vraiment le problème durant le week-end : on a l’impression que plus ils en proposent, plus les fans en redemandent !!). Le merch officiel des groupes programmés à l’affiche est désormais scindé en deux lieux distincts : les quatre têtes affiche bénéficient d’une petite tente proche du Sanctuary, et tous les autres groupes sont déplacés sur une plus grande tente située à gauche de la Cathédrale en entrant sur le site.

Le coin VIP a vu l’installation d’un nouveau massif de plantes vertes… à part ça, je ne note pas de changement majeur, si ce n’est la régie de la Valley qui est plus joliment décorée qu’avant (et les WC sont désormais placés à droite de la scène).


Wormrot (16:30-17:10 // Altar)

Le festival commence sur les chapeaux de roue pour moi avec le grind asiatique de Wormrot. Je ne les ai encore jamais vus en live, bien qu’ils soient récemment passés en tournée en Europe, notamment en première partie de Napalm Death. J’ai eu de très bons échos de leurs prestations live donc j’y vais plutôt confiant.

Effectivement, ça dépote sévère. Wormrot joue du pur grindcore, avec des titres oscillants entre trente secondes et une minute, selon la formule édictée par les piliers du genre. Tout est misé sur l’efficacité et l’instantanéité et on ne s’ennuie pas une seule seconde.

Le groupe évolue sous une formule semi-minimaliste : ils ont un guitariste et un batteur mais pas de bassiste… mais c’est une chose admise dans ce courant musical : Magrudergrind n’avait pas non plus de bassiste… et l’incarnation de Napalm à la fin des années 80 déployait un son de basse tellement saturé que l’instrument servait plutôt comme une deuxième guitare que comme une véritable basse. Donc je dirai que l’absence d’instrument ne dessert pas la musique.

A cette base de deux musiciens se joint un vocaliste et, surtout, une chanteuse qui prend parfois le leadership pour pousser de stridents hurlements… surprenant pour les Européens que nous sommes !

A part ça, le groupe maîtrise parfaitement son sujet grindcore, avec un batteur hallucinant de dextérité et de dynamique, capable d’enchaîner les diverses techniques de blast beats avec une facilité déconcertante, tout en frappant sur son kit comme un malade dès que le tempo décélère ; ça n’arrive pas très souvent chez ce genre de groupe mais leurs plans lourds m’ont semblé très efficaces, même si ce qui m’a le plus surpris est leur aisance à soudainement réaccélérer. Pour couronner le tout, le batteur se montre très visuel, par exemple en mettant des pains à ses cymbales en tendant le bras en avant et en l’appuyant sur la cymbale plutôt qu’en prenant la cymbale dans ses mains. Ça rajoute à l’impact visuel. Véritable mitraillette humaine, il a fourni une assise rythmique fulgurante et ceci, allié aux cris désincarnés de la chanteuse, nous a offert un final a-po-ca-lyp-ti-que !

Premier concert et déjà la méga-gifle ! Wormrot est bien le digne successeur de Nasum et de Napalm Death dans sa glorieuse époque grindcore.


Thrown (17:15-17:55 // Warzone)


Je vais faire un tour du côté de la forêt du Muscadet afin d’admirer la nouvelle créature tant annoncée par les organisateurs : la Gardienne des Ténèbres, une chimère mi-femme mi-scorpion, fruit de l’association entre la compagnie artistique de « La Halle de La Machine » basée à Nantes et à Toulouse et Hellfest Productions. Etant moi-même Toulousain et fan de cette compagnie, je n’avais pas de doutes quant à la réussite du projet mais rien ne vaut le fait de se rendre compte en vrai.

Et cette machine, même de jour, a de la gueule. La créature mesure presque dix mètres de haut et pèse 38 tonnes. Au moment où je l’observe, elle est au repos car exhibée seulement à la tombée de la nuit, sur de courtes plages horaires allant de 22 heures à minuit. Ses yeux sont fermés mais elle reste très expressive, aussi belle que dangereuse. L’alliage des couleurs est saisissant, oscillant entre le côté brun du bois verni, entre le côté vert foncé des gigantesques pinces qui lui servent à se mouvoir et entre le côté noir des pièces mécaniques nécessaires à la mise en marche de la créature. A ce propos, j’ai entendu certains festivaliers qui auraient préféré qu’on ne voit pas les nombreux opérateurs de La Halle de La Machine lors des phases de démonstrations (certains conduisent ou chevauchent la Gardienne pendant que d’autres l’entourent et se chargent d’actionner les pinces et les effets spéciaux) mais c’est dans cet état d’esprit, hérité autant de l’univers de Jules Verne que du mouvement Steampunk, que travaille cette compagnie dirigée par François Delarozière.

Nul doute que l’avènement de cette créature mythique va considérablement doper l’activité touristique de la région. C’est d’ailleurs en ce sens que Hellfest Productions a souhaité initier les choses, comme en atteste le panneau d’information situé devant le monstre : « projet indépendant porté par l’association Hellfest Productions, il vise à redonner aux habitants du territoire la confiance qu’ils ont offerte au festival durant toutes ces années ». Pour les métalleux sudistes, il est à noter que la Gardienne va faire une apparition cet automne à Toulouse…   Elle devrait faire la connaissance de ses alter-egos Astérion le minotaure et Ariane l’araignée.

Le léger bémol de cette nouvelle arrivée est que la Gardienne a été installée à l’endroit de l’ancien bûcher qui, du coup, a disparu… c’est dommage car c’était un lieu convivial et chaleureux en fin de journée… j’espère que l’organisation remettra ce lieu en place l’an prochain dans un autre endroit du site… pourquoi pas à la Valley ?


Ice Nine Kills (18:45-19:25 // MainStage 2 )

Ice Nine Kills HF24

Ice Nine Kills HF24


Kerry King (19:30-20:20 // MainStage 1 )

Premier passage au Hellfest pour ce groupe superstar, composé de membres présents ou passés de Slayer, Death Angel, Machine Head, Vio-lence et Hellyeah… bref, que des pointures ! En plus, ça fait un bail qu’on attend le retour du père Kerry sur les planches, le dernier passage de Slayer à Clisson remontant à 2019.

« From Hell I Rise », leur premier album, vient tout juste de sortir, il est très intense et plutôt bon – même si un peu unidimensionnel ; j’aurai espéré quelque chose de plus varié, avec plus de chansons mid-tempo parsemées de riffs sinistres, comme Slayer en avait disséminé sur « South Of Heaven » ou « Seasons In The Abyss ». Ce nouveau disque plaira particulièrement à tous les fans du Slayer 2.0, celui qui a continué d’exercer après le décès de Jeff Hanneman, lorsque Kerry King a pris en charge la totalité du processus d’écriture car sa patte est immédiatement identifiable. Par ailleurs, je conseille aussi à tous les fans de Death Angel de jeter une oreille sur ce disque car son chanteur Mark Osegueda y livre une performance superbe, bien plus hargneuse que dans sa formation d’origine.

Le groupe commence logiquement avec le titre d’ouverture de son premier opus, « Where I Reign » (titre qui avait été composé lors des sessions de « Repentless », le dernier LP studio de Slayer) et je constate que la formule, même si classique dans sa forme, est très efficace. Peut-être pas aussi dévastatrice que Slayer mais efficace quand même.

Cela dit, même si j’apprécie leur album (dont la version vinyle, au passage, est vendue au prix exorbitant de 40 € !) et même si je sens que le concert va être bon, j’adore le prochain groupe qui va jouer d’ici quelques minutes sous la Altar donc je quitte l’esplanade baignée de soleil pour replonger dans l’obscurité moite des tentes… et faire au passage un peu de sorcellerie 😊

A priori, Kerry King aura joué une bonne partie de son premier album solo ainsi que trois reprises de Slayer, ce qui est logique et non dénué d’intérêt : « Disciple » (extrait de « God Hates Us All » sorti en 2001), « Raining Blood » (du référentiel « Reign In Blood » de 1986) et « Black Magic » (de leur premier album paru en 1984). On verra bien si la reformation ponctuelle de Slayer pour quelques concerts live à la fin de l’année portera ses fruits…  …ou si Kerry continuera ce projet parallèle ; il déclare avoir de nombreux titres en réserve donc on n’a pas fini d’entendre parler de lui !


Brujeria (19:40-20:40 // Altar )

C’est leur troisième passage au HF après une première venue en 2007 puis un retour en 2012 donc, pour les plus vieux d’entre nous, le côté événementiel de la chose a disparu. Shane Embury, bassiste de Napalm Death s’est mis en retrait de toute activité live donc il ne fait pas partie de la troupe (pas plus que le guitariste live actuel de ND, John Cooke). A la place, ils emploient deux autres musiciens que je n’identifie pas… En tout cas, le bassiste headbangue comme un fou ! L’indéboulonnable chanteur Juan Brujo mène la troupe et est assisté par un nouveau venu du nom de « El Sangron » alias Henry Sanchez ainsi que par Pinche Peach, à l’attitude aussi comique que provocatrice.

Bizarrement, la set list est très axée sur les trois premiers albums du groupe s’étalant sur la période 1993-2000. Un seul extrait de leur avant-dernier album « Pocho Aztlan » et deux maigres extraits de leur tout dernier méfait, sorti en septembre dernier sur Nuclear Blast records. Est-ce parce qu’on est dans le cadre d’un festival et que Brujeria ne souhaite pas prendre de risques ? Ou est-ce parce que ce dernier album ne remplit pas toutes ses promesses ?

Du coup, les sorciers mexicains vont asséner plutôt des classiques : « Cruza La Frontera », « Hechando Chingasos », « Vayan Sin Miedo », « Raza Odiada » (avec son refrain « Pito Wilson ! » repris à gorge déployée par le public), « Castigo Del Brujo »… Comme à son habitude, Juan Brujo sort sa machette et fustige le système capitaliste américain ainsi que les lois anti-immigration mises en place par l’administration Trump… si on l’écoutait, il y a fort à parier que le gros rouquin finirait comme le personnage décapité et empalé sur le mât du drapeau mexicain tenu à bout de bras par Pinche Peach !

Le concert se finit sur la doublette « Brujerizmo » / « Matando Güerros » et une ambiance de folie dans le mosh pit. Au moment de clôturer le show, c’est comme d’habitude « Marijuana », une version parodique métallisée de « La Macarena » qui sort des enceintes. Tout le monde se met à danser dans une ambiance festive ; certaines personnes miment même la chorégraphie de la chanson originale !

Brujeria a une fois de plus donné un show efficace et convivial, sans trop se mouiller, mais ça fait rudement plaisir de partager ces moments de joie – un des meilleurs concerts de la journée !

Je vais ensuite me placer pour voir le show de Megadeth et j’aperçois Babymetal…


Babymetal (20:45-21:45 // Warzone )

Babymetal est un groupe pour le moins clivant : soit on adore soit on déteste. La formule musicale développée par ces jeunes filles venues du pays du soleil levant emprunte autant à la pop qu’à une forme de métal décomplexé, kitsch comme seul Beast In Black arrive à l’être. Le spectacle n’offre rien de crasseux ; au contraire, les quatre chanteuses sont toutes jeunes, très jolies et très bien habillées et tout, absolument TOUT, est parfaitement en place. C’est même hallucinant de voir à quel point ces chanteuses / danseuses respectent une chorégraphie parfaitement synchronisée. On assiste donc à un spectacle énergique, avec une bonne dose de fun, des refrains très entêtants… le tout enrobé dans une esthétique nippone parfaitement millimétrée et synthétique.

Ça plaît en tout cas au public qui se masse en nombre devant la MS. Moi, ça me laisse plutôt de marbre… …j’admets volontiers qu’il y a un énorme travail de production donc je respecte l’artiste pour ça. Musicalement, bien que j’aime de nombreuses formations mélodiques, je ne trouve pas ça Metal pour deux sous et je ne peux pas dire que ça m’ait emballé plus que ça… Et si on allait demander au père Mustaine ce qu’il pense de tout ça ?


Crystal Lake (20:45-21:45 // Warzone )


Megadeth (21:20-22:20 // MainStage 1 )

Megadeth entre en scène au moment où la nuit va tomber. Les Californiens commencent à être des habitués du Hellfest, ayant déjà joué en terres clissonnaises en 2007, 2012, 2016, 2018, 2022 (à deux reprises, lors de la double édition à la suite de la pandémie). Si on ajoute leur apparition au Fury Fest de 2005, c’est leur huitième apparition en 20 ans !

Depuis son dernier passage, le groupe a publié son seizième album studio « The Sick, The Dying… And The Dead ! » et, surtout, il vient de changer de guitariste : le petit nouveau est Finlandais et s’appelle Teemu Mäntysaari. Issu de Wintersun, il remplace le brésilien Kiko Loureiro, parti définitivement pour se consacrer à sa famille. La carrière de Megadeth a toujours été jalonnée de changements de line-up et cela n’a jamais été de nature à remettre en cause l’existence du groupe. On serait même tenté de dire que peu importe les zicos, tant que Mustaine est là, c’est l’essentiel… Néanmoins j’ai reçu de bons échos de ce nouveau guitariste donc j’attends de voir ce qu’il donne en conditions live.

Tout naturellement Megadeth attaque son show avec la chanson-titre du dernier disque, un morceau alambiqué et progressif qui tente de mettre tout le monde dans le bain… mais ce titre mi-figue mi-raisin peine à convaincre et il faut attendre le deuxième morceau pour que les choses prennent une tournure plus sérieuse : « Rattlehead » tirée du premier album est jouée à la vitesse de la lumière. Ça fait du bien ! Et ce ne sera pas le seul moment bien thrash de la soirée : « We’ll Be Back », le meilleur extrait du dernier disque, passe très bien le test de la scène et a un zeste du feeling punk présent sur le premier album, qu’on retrouve bien évidemment sur « The Mechanix » (la version originale de la chanson « The Four Horsemen » que Metallica avait reprise à son compte sur leur fantastique premier disque). Ambiance de dingue dans le public avec le père Mustaine qui crache son venin. Fatal !

Megadeth sait également faire preuve de groove, avec l’inattendue « Kick The Chair » extraite de « The System Has Failed » ou encore « Skin o’ My Teeth » à l’ambiance heavy rock qui enflamme la foule et nous rappelle à quel point le virage artistique entamé par les thrasheurs au début des années 90 était bienvenu. « Tornado Of Souls », superbe manifeste de thrash metal, passe un peu plus mal en live, notamment avec ses cœurs difficiles à reproduire, mais le public peut donner de la voix sur la sempiternelle ballade « A Tout Le monde », aussi irritante qu’enchanteresse mais dont aucun concert français ne saurait être privé. « Symphony Of Destruction » évolue dans un registre mélodique mais elle est bien plus heavy et plus entraînante. Mustaine parle peu entre les morceaux mais semble être dans un bon jour, lui qui est réputé pour son humeur changeante.

Fait amusant : je remarque qu’au début du concert, les écrans géants se focalisent sur Mustaine qui joue des rythmiques plutôt que sur le guitariste soliste qui est alors en pleine démonstration de son talent… du coup, les aficionados de la six-cordes ne peuvent pas profiter de la beauté de son jeu ! Heureusement, les choses s’arrangent en deuxième partie de set. Et c’est tant mieux car c’est un guitariste véritablement hallucinant, semblant toujours parfaitement à l’aide avec son instrument et au jeu d’une fluidité parfaite… même si Kiko était excellent et bénéficiait d’un gros capital sympathie auprès du public, on se demande si on n’a pas gagné au change ! Un peu comme quand Gary Holt d’Exodus a remplacé le regretté Jeff Hanneman au sein de Slayer : Hanneman était un compositeur hors-pair mais il était plus limité techniquement que Holt. Je me souviens que la prestation de Slayer lors du Hellfest 2017 avait été fortement bonifiée par le jeu extraordinairement fluide du gratteux d’Exodus. Et je n’étais pas le seul à penser ça.

Derrière Mustaine et Mäntysaari, ça suit sans aucun problème : Dirk Verbeuren prouve qu’il est une très bonne recrue, il n’en met pas une à côté et se permet même le luxe de chauffer le public durant la plupart des breaks. Lomenzo se montre fiable et solide comme à son habitude. A défaut d’avoir le charisme de son prédécesseur, on sent qu’il est partisan d’une attitude rock’n’roll (il porte l’emblématique T-shirt de Motörhead « England ») ; il lance le premier rappel, « Peace sells », grâce à une ligne de basse devenue iconique et ce titre, pourtant moins rapide et moins technique que le répertoire plus récent du groupe, est beaucoup plus identifiable et efficace. Après de longs remerciements, Dave se tient seul sur scène et semble très touché par les clameurs provenant du public.

Le deuxième rappel est forcément consacré à la chanson « Holy Wars… The Punishment Due » qui tient toutes ses promesses et nous rappelle à quel point « Rust In Peace » avait été un retour en grâce pour Mustaine and co.

Finalement, cela aura été un des meilleurs concerts de la journée ! Ce n’est pas forcément le meilleur show de Megadeth auquel j’ai assisté mais ça restait très correct. Le petit bémol est surtout au niveau de la voix de Mustaine : le rouquin chante le plus souvent dans le ton, on l’entend parfois très bien, d’autres fois il chante loin du micro ou semble forcer sur ses cordes vocales et avoir du mal à atteindre les notes les plus aigües de son répertoire. Le cancer qu’il a combattu (plus toutes les drogues qu’il a ingurgitées ?) a laissé des traces et ça fait mal au cœur de le sentir en difficulté. Néanmoins il faut bien dire que sa prestation vocale du jour est correcte.

Après avoir assisté à ce show, je repars confiant quant à l’avenir du groupe. S’ils peuvent nous sortir un album de la trempe de « Dystopia » ou de « Endgame » alors ils marqueront des points.


Landmvrks (22:25-23:25 // MainStage 2 )

Landmvrks HF24

Le malheur des uns fait le bonheur des autres. Après avoir été programmé en 2016 sur la Hell Stage puis en 2022 sur la Warzone, le groupe marseillais a l’opportunité de remplacer au pied levé un Bad Omens démissionnaire pour cause de problème de santé de son chanteur. Ce créneau de rêve, à une heure parfaite et placé entre les deux poids lourds que sont Megadeth et Avenged Sevenfold, constitue une opportunité à ne pas louper. Et les p’tits gars du sud vont confirmer leur ascension dans la cour des grands, grâce à leur mélange ultra vitaminé et à la fougue de leur charismatique chanteur, petit par sa corpulence mais qui déploie une énergie et une maîtrise scénique parfaite.

Leur formule Metalcore est matinée d’influences hardcore / rap / trip-hop, le mélange est assez entraînant et il est ponctué de pur gang vocals et de cris death ultra graves. La tuerie dans le mosh pit ! En contrepartie, des titres comme « Blistering » contiennent suffisamment de mélodies pour insuffler une énergie positive. J’ai vu leur concert de loin car je voulais me placer correctement pour mon « concert du jour », les allemands de Sodom. Mais vu l’ambiance des images projetées sur les écrans géants, j’aurai adoré être au milieu du pit. Je retiens définitivement le nom de ce groupe que j’écouterai attentivement en rentrant chez moi. 


Sodom (00:00-01:00 // Altar

La tente n’est pas bondée comme un œuf car All Them Witches et surtout Avenged Sevenfold attirent les foules mais le public qui se masse sous la tente est quand même conséquent ; en outre, c’est une assemblée de fans endurcis qui va montrer son soutien inconditionnel au groupe de Gelsenkirchen. D’autant plus que Sodom est absent de nos contrées : Le combo a déjà joué il y a longtemps de ça, en 2008 puis 2015 au Hellfest mais c’était sur la MainStage en plein après-midi et leur temps de jeu avait été limité. Ça avait quand même été un super concert et il me tardait qu’ils soient reprogrammés au Fest. C’est chose faite.

Entre-temps, le line-up a beaucoup changé, Tom Angelripper restant le pilier inconditionnel du groupe. Son vieux comparse Frank Blackfire est de retour au bercail : présent pendant une courte période dans les années 80, il a participé aux emblématiques « Persecution Mania » et « Agent Orange », devenu disque d’or en Allemagne à sa sortie (plus gros succès commercial du groupe avec 100 000 exemplaires vendus). D’entrée, on comprend que la set-list va avoir des allures de véritable best-of de la première période du groupe. Effectivement ça attaque sur les chapeaux de roue avec des brûlots comme « Christ Passion » et « Nuclear Winter » ou encore « Blasphemer » (le meilleur titre de ce concert, joué d’une manière tellement ultime que c’en est scotchant !), « Outbreak Of Evil » (un brin plus « groove » mais qui comporte aussi de belles accélérations thrash et un super refrain). On a même droit à une chanson rescapée de leur album bâclé, « Obsessed By Cruelty » via « Proselytism Real ». Tous ces morceaux ont été publiés entre 1985 et 1987. On est en plein revival de la période d’or du groupe !

S’ensuivent une paire de trucs du début des 90’s comme « Jabba The Hut » ou « The Saw Is The Law ». Seule « Conflagration », tirée du EP « Partisan » de 2018, échappe à la purge. Et prouve que Sodom est toujours pertinent même après 40 ans de carrière… Puis on revient vite à du gros classique avec les deux extraits de « Agent Orange » : « Remember The Fallen » et le morceau-titre. Pour clôturer le bal, Sodom fait péter « Bombenhagel », un exercice qui mêle le pur thrash teuton à un extrait de l’hymne national allemand et qui amène une connotation rock’n’roll bienvenue.

La formule actuelle avec Yorck Segatz à la deuxième guitare et Tony Merkel à la batterie fonctionne bien, le gagnant du lot étant le revenant Franck Blackfire qui démontre toute l’étendue de son talent lors des soli. Mais c’est surtout Tom Angelripper – alias Onkel Tom – qui se montre impérial de bout en bout. Comme Lemmy, un de ses héros, il n’éprouve pas la peine d’en faire des caisses, seule la musique compte et, là-dessus, il s’y entend : son attitude très franche et déterminée parle pour lui. C’est le boss, point. Sa voix inimitable, une des marques de fabrique des allemands, est très audible et apporte le surplus de violence et de noirceur – si besoin en était – à des titres déjà percutants à la base… Ici, on navigue en pur thrash old school – voire même en plein « black metal old school » (Sodom a commencé en 1982, à une époque où le terme « thrash metal » n’avait pas encore été inventé), il y a très peu de velléités progressives… mais cette absence de compromission confère une forme de pureté à la musique et rend les fans encore plus admiratifs.

Le concert passe à la vitesse de l’éclair et Sodom prouve que l’intégrité peut aller de pair avec le succès, eux qui n’ont jamais fait de concession pour plaire au plus grand nombre et qui sont pourtant acclamés comme le messie. Clairement les vainqueurs du jour pour moi !


Enter Shikari (01:05-02:05 // Warzone

 


Dropkick Murphys (01:05-02:05 // MainStage 2

Ce n’est pas le premier passage des Américains au Hellfest. A ma connaissance, ils sont déjà passés à 4 reprises : en 2012, 2016, 2019 et enfin en 2024. C’est d’ailleurs dans le cadre du Fest que je les ai découverts. Je ne connais pas leur discographie sur le bout des doigts mais leur formule très personnelle, toujours à mi-chemin entre le punk rock et la musique irlandaise, fait mouche à tous les coups… et particulièrement en live. D’ailleurs, leur réputation n’est plus à faire et, malgré l’heure tardive, le public se masse en nombre devant la MS02. Et il a raison car les gars de Boston vont mener leur show à un rythme d’enfer, mettant à profit la seule petite heure dont ils disposent, en attaquant par l’hymne « The Boys Are Back ». On a immédiatement l’impression d’être téléporté dans un gigantesque pub irlandais ! Et l’intensité ne descendra pas d’un iota tout au cours de leur prestation, avec une flopée d’airs qui peuvent facilement être repris par le public, que ce soient des morceaux originaux (« Rose Tatoo », tiré de leur album « Signed And Sealed In Blood » sorti en 2013, au passage leur disque le plus représenté ce soir), des airs traditionnels irlandais (« I’m Shipping Up to Boston » et « Johnny, I Hardly Knew Ya ») ou des reprises (« You’ll Never Walk Alone », « The Irish Rover »). Certains de ces titres font tellement partie de l’inconscient collectif qu’ils sont immédiatement reconnus par le public et repris à gorge déployée.

Les chansons véhiculent une énergie très communicative : ça chante, ça danse, ça pogote gentiment dans la bonne humeur. Les instruments traditionnels (suivant les titres : cornemuse, accordéon, flute ou banjo) ajoutent la composante folklorique essentielle.

Il y a une avancée de scène qui permet au chanteur de descendre quelques marches afin de se rapprocher du public et de l’inciter à reprendre les morceaux en cœur. Il descend parfois carrément au niveau des barrières pour être au plus près des fans et les faire chanter. Quelle belle attitude anti-rock-star ! Dropkick Murphys aura clôturé cette première journée de festival de la meilleure manière qui soit, avec fougue et candeur. Gloire à eux !

 


Cradle of Filth (01:05-02:05 // Temple

J’ai des échos divers de ce concert : le timbre criard de Dani Filth irrite certains au-delà du raisonnable. D’autres fans, rencontrés plus tard au camping, me confient eux aussi leur déception car les interventions fréquentes de la nouvelle claviériste / chanteuse, Zoé Marie Federoff qui double certaines parties vocales de Dani, aboutit à conférer un aspect orchestral et ampoulé aux titres. La transformation de ces anciens morceaux leur paraît trop brutale…

D’autres personnes semblent avoir apprécié le gig car le groupe a délivré une interprétation correcte avec une set list très équilibrée entre leurs différents albums, même si trop peu de focus sur leur dernier méfait (seule « Existential Terror » est jouée en début de set).

Au passage, je recommande à tous les anciens adeptes du Berceau Des Immondices de jeter une oreille sur leur trois derniers disques studios, les Anglais faisant montre d’une inspiration retrouvée.

 

Photographe : David Vacher

Auteur : Benoît Gazin

Nos tops festivals 2024 – HellFest @Clisson (France)

Clisson, France

HELLFEST

Du 27 au 30 Juin 2024

Inutile de vous le présenter, non ? Une fois de plus, Thorium sera présent cette année pour couvrir l’un des plus gros événements de musiques extrêmes d’Europe ! Clisson va encore se transformer le temps de quelques jours en mélange de Kraken, de métal et de tshirts floqués. Ca va encore être incroyable, on vous le dit !


LA PROGRAMMATION 

METALLICA, FOO FIGHTERS, MACHINE HEAD, QUEENS OF THE STONE AGE, ROYAL BLOOD, THE PRODIGY, THE OFFSPRING, DROPKICK MURPHYS, BAD OMENS, BODY COUNT FEAT ICE-T, COREY TAYLOR, MEGADETH, AVENGED SEVENFOLD, BABY METAL, STEEL PANTHER,  ACCEPT, SUICIDAL TENDENCIES, ENTER:SHIKARI, CROSSES, MASS HYSTERIA, TOM MORELLO…

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OK, c’est pas original et peut-être pas les meilleurs techniquement ; mais ca reste un show à chaque fois !
© David Vacher

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Témoin d’une programmation très basée rock cette année (regardez la prog du Dimanche !) ; on a quand même hâte de revoir des groupes quisavent envoyer comme Royal Blood.
© Antony Chardon

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C’était l’une des plus grosses branlées en 2015 notamment, après une reformation complète et un Ice-T des plus imposants. Et on espère qu’ils vont vouloir remettre ça cette année.
© Antony Chardon

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