Gramatik + Dub Inc + The Geek x Vrv + Stand High Sound DJ Set Jour 3 @ Les Bulles Sonores (Limoux)
Dimanche 22 Octobre – Déjà le dernier jour des Bulles Sonores qui nous ont pour l’instant régalés. Ce dimanche sera l’occasion pour le festival de finir comme il a débuté : en beauté.
Quoi de mieux qu’un peu de Massilia Sound System pour entamer ce dimanche ? Fidèles à eux-mêmes, leur énergie indescriptible semble nous rappeler les paroles de Massilia Faï Avans : “Ca fait 20 ans qu’on le dit : pour mettre l’aïoli on est là ”. Ils débaleront leurs titres les plus fada en ne manquant pas de nous remémorer les traits les pus typiques de leur culture : Marseille, Ricard et bonne humeur. Un mélange un peu cliché certes, mais qui ne manquera pas de mettre l’ambiance à l’heure de l’apéro : c’est surtout ce qu’on pouvait attendre d’eux.
Stand High Patrol (ou Stand High Sound) fait le détour à Limoux au sein d’une tournée bien fournie. Entre Garorock et Télérama Dub Festival, le groupe formé par Mac Gyver et Rootystep (rejoints plus tard par celui qui donnera sa voix aux morceaux : Pupajim) le groupe de dub ne chôme pas. Normal me direz-vous, ils ont sorti en Mai dernier The Shift, nouvel album aux accents hip-hop. Ils en présenteront de beaux extraits durant leur DJ Set, malgré un son toujours beaucoup trop chargé en graves qui vient de nouveau gâche, comme la veille, une partie du live. Nul reproche à faire au groupe évidemment qui arrivera tout de même à instaurer une atmosphère particulière malgré tout.
On attendait avec impatience la prestation de Dub Inc tant leur capacité à allier ambiance et musique est grande. On ne présente donc plus le groupe de world/reggae qui a marqué toute une génération avec des titres comme Rude Boy ou My Freestyle, qu’ils interpréteront évidemment ce soir aux Bulles Sonores. On retrouve également les good vibes et les paroles si actuelles qui, prononcées par les deux voix parfaitement complémentaires de Hakim Meridja et Aurélien Zohou, donnent à leur venue une dimension supplémentaire. Si nombre de groupes de reggae passent mal dans une programmation aussi festive que celle des Bulles, Dub Inc s’est montré un choix judicieux en créant une transition entre la première partie de la journée et la fin de soirée qui finira sur les chapeaux de roues.
11 jours après les avoir vus en première partie d’Alltta, nous retrouvons curieux The Geek x VRV. On découvre une composition similaire, on appréhende de nouveau les balances … et en effet les graves sont toujours trop fortes. On essaye néanmoins de mettre cela de côté pour vérifier si notre ressenti un peu mitigé de leur live au Bikini est toujours d’actualité. Bonne nouvelle : l’ambiance “festival” de ce soir donne une puissance supplémentaire à leur prestation, qui nous ambiance davantage de fait (comme quoi le public joue un rôle majeur à chacun des concerts). Hormis cela, rien n’a changé ; et nous nous voyons obligés de partir à la moitié du set pour assister à une conférence de presse à l’espace presse.
Petite anecdote : on se permet d’ironiser sur la mauvaise foi de certains propos entendus durant cette conférence de presse, où les simples mots “bonne qualité sonore” se sont vus entrechoqués par les énormes subwoofs provenant du live de The Geek X VRV, faisant perdre toute crédibilité au discours tout en donnant un sourire narquois à certaines personnes dans l’assemblée. Néanmoins on se dépêche de partir car le gros du gros arrive !
On attendait beaucoup de la tête d’affiche de ce festival, d’autant que Chinese Man a mis la veille la barre très très haute. Et le pari a plutôt été bien tenu par Denis JaÅ¡arević, ce slovène de 33 ans ayant été bercé tout petit par la culture jazz puis, dans son adolescence, par le rap US. C’est de là que vient ce mix entre beats puissants et sons parfois très ronds si caractéristique de Gramatik. En live, c’est une claque ! Aussi imprégnant que l’a été Chinese Man, l’ambiance atteint son climax quand bien même ils passent relativement tôt ce soir (toute la prog’ a été avancée pour éviter de finir trop tard en ce Dimanche soir, veille de reprise). Son set d’une bonne heure passe tout seul, le public étant propulsé auditivement ailleurs qu’à Limoux, dans un monde parallèle où les samples s’enchaînent et résonnent parfaitement. La scénographie, bien qu’assez simple, fera son effet grâce à un écran en fond de scène diffusant des couleurs abstraites permettant au public de bader encore un peu plus.
Ainsi s’achève ce nouvel épisode des Bulles Sonores. Il confirme sa qualité au travers d’une prog’ assez lourde (que l’on retrouvera quasi à l’identique sur d’autres festivals du réseau Spedidam), d’un espace agréable et bien géré au sein d’une magnifique région. Et si le temps était mitigé, et si les basses étaient trop fortes, cela n’aura pas empêché les 14.000 personnes présentes de s’éclater !
Auteur : David Vacher
Photos : Antony Chardon
Igorrr. + Pryapisme (Photos) @ Le Rex (Toulouse)
Chinese Man + Mome + Vald + Rhino feat ASM Jour 2 @ Les Bulles Sonores (Limoux)
Samedi 20 octobre – C’est parti pour une deuxième journée à Limoux et aux Bulles Sonores, avec aujourd’hui un prog’ très electro-rap.
Après une réception très mitigée à Pause Guitare, il nous tardait de voir ce que valait Vald, mais surtout de savoir s’il serait mieux accueilli ce soir avec un public moins familial qu’à Albi. Or, nous sentons dès les premiers morceaux (et notamment son incontournable Bonjour) que le public, bien que plus motivé, ne sera pas entièrement convaincu. Trop second degré pour certains, incompréhensibles pour d’autres ; cet alien du rap contemporain a décidément du mal à se faire entendre. Lui qui rappelle assez souvent l’ironie nécessaire pour écouter ses tubes, il fera tout de même face à une tente assez bien remplie et donc les premiers rangs sont à donf. Il faut dire que Valentin est lui-aussi plein d’énergie sur scène, il sautera presque continuellement durant l’heure de set ! Rappellant ce qu’il avait dit aux journalistes de France 3 ( “Vald sur scène, c’est l’hy-sté-rie”), il ne nous a pas menti et les plus convaincus d’entre nous profiterons notamment des deux prestations sur Eurotrap en début et fin de set. On aura bien du mal à vous donner une critique sur son live ; le mieux est encore d’aller le voir pour se faire sa propre idée.
Il nous tardait de découvrir le mélange entre remix électro de Rhino et flow puissant d’ASM. On restera mitigé face à la prestation, notamment à cause de l’absence d’ASM qui ne viendront que sur quelques morceaux en fin de session. Nous les verrons donc essentiellement avec Chinese Man en fin de soirée, et nous nous contentons pour l’instant de Rhino. Malgré une bonne ambiance sous la tente grâce à une musique bien rythmée (c’est l’essentiel), on regrette le manque de composition de son set, mais surtout la très mauvaise balance du son qui régnera tout le weekend. En effet, les basses beaucoup trop fortes rendaient la musique presque inaudible sur certains groupes, et évidemment sur Rhino qui doit de base avoir des basses assez élevées. Dommage, mais on le reverrait volontiers dans un autre contexte, peut-être avec une autre programmation moins hétérogène.
Si vous suivez l’actualité Thorium, on ne vous apprendra rien sur Mome. Omniprésent sur la scène nationale, c’est pourtant avec plaisir que l’on retrouvait sa musique rafraîchissante ; même si l’on regrette évidemment que la composition de sa setlist n’ait pas vraiment changé. Néanmoins, il a ambiancé le festival en faisant visiblement des émules parmi les 5000 personnes qui ont permis d’afficher complet. Il apportera la “French Touch” à ce samedi, avec une musique alliant toujours exotisme et ambiant. Une bonne ambiance qui durera 1h, attisée par les solos de guitare qui rendent le spectacle plus vivant – chose positive face à certains DJs restant immobile derrière leur table !
La grosse claque de ce festival, c’est eux. On s’y attendait un peu vu le faya qu’ils avaient mis au Bikini ; ils n’ont fait que confirmer le talent scénique. Chinese Man étaient de retour avec leur morceaux d’anthologie, accompagnés ce coup pour de bon d’ASM qui ont régalé ! Encore une fois la scénographie était superbement pensée, construite autour d’un superbe décor central ayant l’apparence de poste à l’ancienne “chinoisé”. Côté technique c’est irréprochable, notamment pour les rappeurs de A State of Mind qui ont débité un flow régulier et maîtrisé de bout en bout. Un mix qui marche toujours aussi bien et qui marquera un des moments forts de ce festival.
La programmation promettait beaucoup ; elle n’aura pas déçu les quelques 5.000 personnes ayant fait le déplacement ce soir à Limoux. De grosses prestations malgré des réceptions quelque peu mitigées comme sur Vald ou Rhino, et un problème important de balance qui n’empêchera pas la réussite de cette seconde soirée.
Auteur : David Vacher
Photographe : Antony Chardon
Royal Blood + Black Honey @ Zénith de Toulouse
Mardi 31 octobre 2017 – Ce soir, pour fêter Halloween, on a décidé d’allier la noirceur et le sang au rock. Parfaitement compatibles, me direz-vous. Alors déguisé, ou pas en fait, on fonce au Zénith !
Et c’est donc Black Honey qui ouvre le bal, dès 20h. Le quatuor britannique suit Royal Blood sur sa tournée européenne et balance son rock, mené de front par sa chanteuse guitariste Izzy B Phillips.
21h, Royal Blood débute ses propres hostilités. Au milieu d’une grosse infrastructure lumières, Mike Kerr grimé en Joker et Ben Thatcher, encapuchonné sous un sweat jaune et un ballon rouge accroché à la batterie pour nous rappeler l’affiche récente de “Ça”, entame le duel basse/batterie avec How Did We Get So Dark?. Pendant une heure, ils puisent entre les titres du dernier album et les tubes du précédent comme Little Monster et Figure It Out. Reliées à des amplis différents, fusionnés à un dispositif de pédales, les basses de Mike sont capables de produire le son typique de la basse mais aussi un son de distorsion, plus caractéristique aux guitares électriques.
22h05, les garçons sortent de scène. Sans trop se faire attendre, Mike revient, s’allumant une clope au passage, et commence un solo dos au public, face à ses amplis, tandis que Ben réapparait sous son sweat jaune et laisse s’envoler 3 ballons. Les dynamiques Ten Tonne Skeleton et Out of the Black viendront clore ce set d’1h30.
Vous pouvez retrouver cette même affiche le 9 Novembre prochain au Zénith de Paris pour la seconde et dernière date française de la tournée.
Auteure : Vanessa Eudeline
Photos : Antony Chardon
Tycho + Pg.Lost @ Le Bikini (Toulouse)
Mercredi 25 octobre – Programmation particulière ce soir au Bikini avec deux groupes que nous n’avons pas l’habitude de croiser dans les parages. Les uns viennent de Californie, les autres de Suède ; et les deux nous promettent un grand spectacle.
C’est les inattendus Pg.Lost qui débutent la première partie à 20h30. Inattendus car leur concert devait initialement se dérouler à La Cave à Rock, transféré par la suite au Bikini pour des raisons techniques. Une aubaine pour ce groupe qui se voit jouer dans l’une des plus belles salles de leur tournée “Versus tour” ! Nous arrivons pourtant dans une salle vide, et qui ferait presque de la peine à voir au vu de l’affiche. Aussi, nous découvrons une scène déjà habitée par les instruments de Tycho, ce qui donne véritablement l’impression que Pg.Lost est une pièce rapportée. Et pourtant … Dès le premier morceau, le groupe suédois rythme la salle au son lourd de leur post-rock agressif. On y découvre une bonne qualité – d’autant que ce genre musical est extrêmement précis et difficile dans sa construction mélodique – malgré quelques breaks un peu longs ou quelques passages un peu “désharmonieux”. Néanmoins, plus leur concert avance, et plus nous entrons dedans en profitant notamment d’un bon batteur au nom de Martin Hjertstedt. On y reconnaît des airs mélancoliques très souvent présents en post-rock, mais ce n’est pas pour déplaire aux quelques centaines de personnes qui ont fait le déplacement. Proposée initialement par Noiser, c’est donc une bonne première partie en somme, et qui nous gratifiera d’un finish monumental où l’énergie et la conviction étaient au rendez-vous : ça fait plaisir !
Tycho est un groupe à part dans la sphère musicale. Leur carrière a en effet eu assez peu de résonance en dehors de leurs États-Unis natal, quand bien même leur musique ambient possède de très bonnes critiques dans le milieu professionnel et chez les passionnés. Cela explique pourquoi le Bikini est loin d’être plein ce soir. Pourtant, dès les premières notes, nous reconnaissons l’aspect spatial de leur musique, si emblématique et unique. Mais au delà de cette caractéristique, déjà présente dans la version studio du groupe, on découvre un batteur hors-pair, aussi précis dans le rythme que propre dans les breaks. Rory O’Connor a effectivement été impressionnant, autant en terme de technique que de régularité. Il a surtout ajouté un plus dans ce live, et le choix de Scott Hansen (Leader/chanteur/claviériste du groupe) de faire 2 morceaux seul avec un beat de batterie préenregistré en fond nous a paru assez inutile et dépourvu de sens. Malgré cela, la seule date française de Tycho durant leur Automn Europe Tour aura été une réussite musicale, mais aussi visuel avec un beau travail graphique (Scott Hansen étant lui-même très impliqué dans le monde du graphisme et de la photo) qui garnira le fond de scène. Cela donnera un mélange très aérien et assez badant : c’est exactement ce que nous étions venus chercher ce soir au Bikini.
En somme une excellente soirée, rythmée par deux excellents batteurs et plus généralement par deux groupes dont le manque de notoriété ne reflète en rien leur qualité musicale.
Auteur : David Vacher
Photographe : Antony Chardon