Samedi 11 mai – Découverte il y a tout juste un an alors que je me trouvais dans des contrées très éloignées, j’ai immédiatement flashé sur le morceau Makeba de la petite Jain. Et même si l’album sur lequel il paraît ne m’avait pas enchantée plus que ça (Mr Johnson mis à part notamment), ainsi que son dernier en date, le fait que cette nana fasse tout toute seule et qu’elle ait un univers bien à elle m’intriguait assez pour que j’aille la voir un jour sur scène. Belle opportunité que le fait qu’elle passe aujourd’hui au Zénith, soit à 5 minutes à vélo de chez moi ! Compte rendu.

En première partie ce soir, c’est Barry Moore qui a la chance (ou plutôt la tâche) d’ouvrir pour la toulousaine et qui doit donc se taper le boulot d’ambiancer tout un zénith. Travail peu simple s’il en est, et pourtant. Barry Moore, chanteur irlandais dont le premier EP Lost Boys est sorti la veille du concert, est signé depuis plus de deux ans maintenant sur le label Spookland (sur lequel est également signé Jain) et fait une partie de la tournée avec elle. Et on comprend vite pourquoi. En effet, à l’image de la tête d’affiche, Barry Moore passe à la radio mais a pourtant un petit truc bien à lui que l’on ressent immédiatement, que ce soit au niveau de ses lyrics ou de son clip illustrant Hey Now, premier single de son EP. En effet, il y montre dedans l’Irlande telle qu’il l’a connu, entre usines et villes ouvrières où la grisaille plombe l’ambiance et le moral et où jouer au foot dans la rue ou aller boire des bières au pub en jouant au billard sont les activités principales. Un peu morose donc… Sur scène, il y a deux pads et claviers, une guitare électrique, une autre acoustique, une basse, et trois musiciens en jogging pour s’amuser avec tout cela. Musicalement parlant, je vais être honnête, je n’ai pas trouvé ça dingue du tout, mais je dois admettre que Barry Moore a réussi à mettre l’ambiance en trente minutes, avec face à lui un public réceptif qui lève les bras et chante quand on lui demande. C’est vrai que sa reprise re-visitée (et semi avortée) de Without Me d’Eminem était bienvenue (elle m’a rappelé l’univers de Maniacx, pour ceux à qui ça parlerait), que le mélange électro/rock sur certains morceaux est sympathique (j’ai même notamment pensé à M83 à un moment), mais cela reste bien trop gentil pour éveiller un quelconque intérêt chez moi. Enfin apparemment ce n’est pas l’avis des quelques milliers de personnes qui sont là, et c’est tant mieux !

Vingt minutes montre en main plus tard, Jain entre sur scène. Ou plutôt, son set démarre. En effet, pour le moment, alors que résonnent les premières notes d’Abu Dhabi, paru sur Souldier, son dernier album en date sorti en 2018, le tout en version longue et rehaussé de grosses basses, ce qui nous plonge directement dans l’ambiance, tout se passe derrière un immense drap noir qui couvre entièrement l’arrière de la salle. Et quand il tombe, c’est plutôt jouissif. En effet, la toulousaine, dont l’univers graphique est important, a pour l’occasion mis en place un énorme palace oriental ultra coloré sur écran qui n’est pas sans rappeler les décors psychédéliques des festivals de psytrance notamment. Au centre de la scène, seulement un pupitre avec des pads à partir desquels la belle peut balancer ses sons, le tout entouré de deux cadres qui s’entrecroisent et qui font partie intégrante du décor à l’arrière. Sur ce début foutrement efficace, Jain, affublée de sa nouvelle tenue bleue, enchaîne avec On My Way et nous montre qu’elle sait nous faire passer d’un univers à l’autre sans que l’on n’ait rien vu venir, et ça marche super bien. En effet, dans ce morceau, rien d’oriental ou de world music, bien au contraire. On se trouve plutôt dans une version ultra javellisée de ce que peuvent nous montrer des artistes tels que Die Antwoord sur certains morceaux, et sinon on pense plutôt à des artistes telles que Beyoncé ou encore Rihanna, quand elles font des trucs un peu “badass“, voire “dark” (oui allez, on peut le dire entre guillemets). Bref, ce début n’augure que du bon, et je me dis que je vais en prendre plein les mirettes et ne pas arrêter de me bouger le popotin. Et bien que nenni. Car si Jain a plein de trucs hyper intéressants à montrer, proposer, comme les contrôleurs à leds sur sa manche qui lui permettent de balancer ses samples alors qu’elle danse et court aux quatre coins de la scène, ou encore le fait qu’elle enregistre pas mal de trucs en live afin d’en faire des boucles (dont le public notamment sur Come), l’ensemble m’a paru mine de rien assez fade… Pourtant il y a une certaine prise de libertés et la toulousaine est loin de se prendre au sérieux : elle danse un peu n’importe comment parfois, notamment sur le morceau Zombie où elle imitera les non-morts à merveille et s’en amusera, ou bien encore le fait qu’elle admette parfois oublier ses paroles, le fait immédiatement en suivant, ce qu’elle avouera en riant, et recommencera donc le morceau (Alright en l’occurrence, dont elle nous demande elle-même si on ne l’a pas “un peu trop entendu à la radio”, et si, je confirme !), mais tout ça sonne un peu faux malgré tout.

Pour sa défense, j’admets par contre qu’elle a une énergie assez incroyable et qu’elle meuble parfaitement la scène à elle toute seule, ce qui n’est pas donné à tout le monde, et encore moins à une nana de 27 ans qui a une carrière aussi jeune. Et puis elle a commencé à écrire dès ses 16 ans; c’est ce qu’elle nous raconte avant d’entamer Come en version guitare acoustique/voix, telle qu’elle l’a écrite à l’époque à Pointe-Noire en République du Congo et qui est maintenant un de ses tubes. Il y a le morceau Inspecta qui fût bien fun également avec ses samples sortis tout droit du mythique dessin animé de notre enfance Inspecteur Gadget et sur lequel Jain rappe avec la plus grande des aises. Elle terminera son set avec Feel It, et reviendra pour deux morceaux en guise de rappel : Souldier en version guitare acoustique/voix, et le fameux Makeba que tout le monde attendait et qui fera aisément danser toute la salle. En gros, j’ai l’impression que tout le monde s’est amusé sauf moi ! Après il faut dire que je suis loin d’être une adepte des musiques dites mainstream, et encore moins de tous ces concerts en grosses salles, donc je reconnais ne pas être la critique idéale pour ce genre de soirées, mais j’avoue que j’en attendais un peu plus de sa part. J’aurais aimé être plus émue, comme je l’ai été au tout début du set, et avoir plus envie de danser; même Makeba m’a laissé presque indifférente alors qu’à l’époque ce morceau parvenait à me faire danser dans des cimetières néo zélandais ! Bref, contente d’avoir vu ce petit fameux phénomène actuel sur scène malgré tout car je reconnais et admets tout son talent, mais je n’y reviendrai pas.

Auteure : Hélène

Photographie : David Torres