Chaque année, Rio Loco est l’occasion de découvrir des musiques, des cultures et des philosophies en plein centre de Toulouse. L’édition 2018, qui se déroulera du 14 au 17 Juin prochain à la Prairie des Filtres, ne dérogera pas à cette tradition et sera tournée vers la rumba et les airs endiablés de Cuba et des Caraïbes. Un nouveau voyage en prévision donc, qui regroupera encore on l’espère des milliers de toulousains et de passionnés.

https://www.youtube.com/watch?v=b2gnp58BUZ4

 

Découvrez dès maintenant le programme des deux scènes principales (Scène Village et Scène Pont-Neuf) !

 

[learn_more caption=”Jeudi 14 Juin”]


©Photo – Tom Vantorre

Le grand Wendo Kolosoy, père de la rumba congolaise (notamment avec « Marie-Louise », ce titre légendaire qui a fait danser toute l’Afrique de l’Ouest pendant des décennies) et leader originel de Bakolo Music International, disparu en 2008, l’avait prédit : ses musiciens feraient une dernière tournée internationale à l’âge de… 80 ans !

Voilà donc que Nzoku Mo Ko Buele, dit « Bikunda », – nouveau doyen du groupe depuis la disparition de « Papa Wendo » – et son orchestre aujourd’hui composé de six musiciens, ont repris du service pour offrir un dernier baroud d’honneur après plus de… 70 ans de présence (!) sur la sono mondiale. Soyons clairs, Bakolo Music International (bakolo music signifie « pionniers de la musique », tout un symbole), c’est le plus ancien groupe de rumba congolaise issu des quartiers pauvres de Kinshasa. Aujourd’hui, les huit membres de Bakolo Music International sont les derniers garants d’un héritage, cette rumba authentique chantée en langue bantoue, qui se dilue inexorablement. Un concert témoignage aussi rare que précieux.



©Photo – Danielle Moir

Sur scène, il manie les percussions avec une puissance et une énergie incroyables, tout en donnant de la voix. À lui seul, le Cubain Pedrito Martinez révolutionnerait presque le latin jazz. Imaginez donc, entouré de trois musiciens exceptionnels (basse, piano, percussions) ! Les sonorités de The Pedrito Martinez Group, influencées par le blues, la rumba, le flamenco ou encore la timba, cette musique populaire très rythmée (« nouveau » en argot cubain), sont encensées dans le monde entier. Quand leurs titres chantés en lucumi, un dialecte du sud du Niger introduit à Cuba lors de la traite des esclaves, ne donnent pas une furieuse envie de danser ! Pedrito aime mélanger les genres et expérimenter de nouveaux sons. Tout en restant fidèle à ses racines. Né à La Havane, le percussionniste a appris à jouer dans la rue. Arrivé à New York en 2000, il a longtemps été sideman (un musicien offrant ses services à différentes formations) avant de monter son propre groupe. Depuis, son talent a pris son envol. En 2014, il a été nominé aux Grammy Awards dans la catégorie « Meilleur album de latin jazz ». Une consécration. Mais sûrement pas la dernière !



©Photo – Elise Becker 

En presque un demi-siècle de carrière, c’est comme si Johnny Osbourne avait eu plusieurs vies : témoin privilégié de l’évolution de la musique jamaïcaine, il a connu la naissance du reggae, du dancehall, puis du digital. Sa carrière est ponctuée de nombreux hits – tels que « Ready or not » repris par The Fugees en 1996 – qui resteront à jamais des références incontournables dans l’histoire du reggae. Très discret depuis la fin des années 90, le Jamaïcain fait son grand retour, amorcé en 2012 au Garance Reggae Festival. Depuis, il fait retentir son dancehall aux quatre coins du monde et se fend de collaborations plus que pertinentes, à l’image du titre « Independant Music » enregistré avec le collectif de hip-hop électro Chinese Man. Détenteur d’un catalogue de tubes inépuisable, Johnny Osbourne traverse les époques et reste en 2018, l’artiste de scène de premier plan qu’il était déjà en… 1968 ! L’artiste invite ici d’autres légendes vivantes : l’incroyable « magicien » bassiste Llyod Parks (rocksteady) et son We The People Band, l’âme de Kingston.



©Photo – Hugues Anhes

« La musique est l’arme du futur », tel est le leitmotiv du guitariste et chanteur guinéen Moh! Kouyaté, Parisien de coeur (depuis plus de dix ans) mais citoyen du monde avant tout, son âme africaine tournée vers l’avenir. Originaire de Conakry et issu d’une famille de djelis (« griots »), Moh! a reçu tout autant la passion de la musique que l’amour de la différence en héritage. Ainsi, son blues-rock mandingue, riche de sons traditionnels (il apprend le balafon avant de se tourner vers la guitare), va se nourrir des riffs puissants de ses guitar heroes de jeunesse (Carlos Santana, Jimi Hendrix…). Mais aussi porter le sceau d’un brassage culturel et d’une ouverture d’esprit, deux principes de vie qu’il acquiert à force de voyages, sa guitare en bandoulière. Sa rencontre, au début des années 2000, avec Corey Harris, va s’avérer déterminante. Un dialogue musical s’instaure naturellement avec le bluesman américain, fort d’un langage commun. C’est avec lui que Moh! Kouyaté part en tournée aux États-Unis puis en Europe, où il s’installe en 2007. Il devient alors sideman de Fatoumata Diawara, accompagne Ba Cissoko et écume les scènes jam parisiennes. Son univers bigarré, entre énergie positive, jazz solaire, swing élégant et textes engagés, se révèle. Un diamant brut !



©Photo – Steffi Rettinger

Nous sommes début 2016 et une fanfare composée d’une dizaine de grands gaillards, répondant au doux nom de MEUTE, va littéralement retourner les rues d’Hambourg. Au menu, une reprise saisissante du morceau culte « Rej » du duo Âme, fondateur du label Innervisions et chantre de la scène deep house techno allemande. Tambours, cymbales, xylophones, cors, trombones, trompettes, saxophones… vont dès lors battre le rythme et le pavé des plus grands festivals européens (Trans Musicales, Paléo, Dour, Les Ardentes…) ou de la crème des festivals outre-Atlantique avec, plus récemment dans leur tableau de chasse, l’incontournable SXSW (Austin, Texas). C’est que personne ne peut rester indifférent à cette fanfare atypique qui dynamite les codes en reprenant des titres-phares de la scène électro techno mondiale (« Miss You » de Trentemøller, « The Man With The Red Face » de Laurent Garnier…) avec une fraîcheur et un talent hors normes. Meute crée ainsi un genre nouveau qui associe musique de fanfare et techno hypnotique dans un esprit de fête décomplexé. À voir ses performances en live, ce « techno marching band » insolite enverrait presque DJ et consoles aux oubliettes… Dans la rue ou sur disque, MEUTE s’écoute tout autant… bras et pieds levés !



©Photo – Kristin Lee Moolma

 

 Mi-sorcier, mi-poète, mi-Belge, mi-Congolais, Baloji cultive autant les dualités que les contrastes. Lui qui écoute aussi bien Joy Division que la musique afro-américaine, vénère autant Marvin Gaye que Léo Ferré, s’est construit à la lumière des expériences et des épreuves de sa (jeune) vie, entre exil et désillusions. Pour autant, sa musique, faite de croisements et de mariages fertiles, est pleine d’espoir. Originaire de Lubumbashi (République démocratique du Congo), le jeune homme souhaite, à travers une performance scénique joyeuse, généreuse et colorée, montrer au public, toutes les riches influences qui nourrissent la rumba de son pays natal, comme pour mieux en saisir la quintessence. Car Baloji sait marier à la rumba congolaise de multiples genres (hip-hop cathartique, groove festif, funk américaine, deep house entraînante…) pour inviter l’oreille à saisir toute la puissance instrumentale du genre. Et inviter par la même occasion les corps à danser, fort d’un répertoire porté par une vraie urgence de vivre. De celles qui ne se satisfont d’aucun chemin tout tracé. Son dernier opus, 137 avenue Kanamia (Bella Union/Pias, 2018), un disque-fleuve charriant pensées introspectives, satire politique et mix créatif de styles, est un bel exemple de voie indomptable, que l’on ne peut cloisonner dans quelque géographie mondiale. Le festival Rio Loco est très heureux de pouvoir accueillir, sur la Prairie des Filtres, l’univers singulier de Baloji en ouverture de son édition dédiée aux rumbas du monde, avec la Garonne pour horizon.

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[learn_more caption=”Vendredi 15 Juin”]


©Photo – Pierrick Guidou

Véritable machine à groove, l’éthio-jazz d’Arat Kilo, c’est la douce rencontre de musiciens parisiens avec l’âge d’or des musiques éthiopiennes de l’Addis-Abeba du début des années 70 quand Mulatu Astatke, Alémyahu Esthete, Girma Bèyènè ou Hailu Mergia ont bravé la censure de Haïlé Sélassié en métissant les traditions amhariques à la soul, au jazz ou à la pop. Depuis plus de dix ans, le sextet parisien cherche constamment à se réinventer, album après album, collaboration après collaboration (Rokia Traoré, Socalled) pour faire se croiser les regards comme les sonorités. Pour Visions of Selam (Accords Croisés / PIAS, 2018), le nouvel opus sorti ce printemps, le groove irrésistible d’Arat Kilo bâti sur une orchestration ciselée comme sur des riffs électriques, des cuivres bouillonnants et des beats surpuissants, s’entoure de deux invités prestigieux à retrouver ici sur scène : le chant hypnotique et insoumis de la diva malienne Mamani Keita et le spoken word imparable du rappeur de Boston Mike Ladd. L’union (sacrée) de tout ce petit monde va offrir une performance scénique explosive, une création à la croisée des cultures d’Afrique de l’Est et d’Afrique de l’Ouest, entre tradition et modernité.

 


©Photo – Clément Legrand

Fils de l’icône de la chanson arabe Marcel Khalifé, Bachar Mar-Khalifé naît un beau jour de 1983 à Beyrouth. À l’âge de six ans, sa famille fuit la guerre et arrive en France. Musicien hors-pair, le jeune Bachar se forme au Conservatoire de Paris (tout comme son frère Rami Khalifé, futur pianiste du duo Aufgang) où il décroche le Prix du Conservatoire en piano. Pendant près de dix ans, le chanteur, compositeur et multi-instrumentiste découvre, joue, expérimente… puis boucle son 1er album Oil Slick (InFiné, 2010). Avant que deux autres ne suivent : Who’s gonna get the ball from behind… (InFiné, 2013), et Ya balad (InFiné, 2015.). Bachar travaille avec de prestigieux chefs d’orchestre (Lorin Maazel, James Gaffigan), l’Orchestre national de France, l’Ensemble intercontemporain de Pierre Boulez ou de grands noms de la scène actuelle (Bojan Z, Francesco Tristano, Carl Craig, Kery James, Murcof…) quand il ne compose pas des bandes originales de films. Son terrain de jeu ? Aussi large qu’aventureux ! Sa musique navigue entre les styles (jazz, world, hip-hop, électro, pop…) jusqu’à devenir inclassable. Son dernier opus, The Water Wheel – A tribute to Hamza El Din (Caroline Records, 2018), est ici porté sur scène par de divins musiciens. Entre intensité émotionnelle et transe collective.

 


©Photo – Tom Herbots

La musique est un voyage sans fin, parfois fait de retours dans le passé. Ainsi, si l’on reconnaît Fela Kuti comme le père de l’afrobeat, il aura fallu attendre 2012 pour remonter l’arbre généalogique du genre et en découvrir l’une des racines, en la personne d’Ebo Taylor, guitariste et arrangeur, né en 1936 au Ghana. Quasiment inconnu jusqu’alors hors d’Afrique, c’est pourtant lui qui a ouvert la voie à son filleul nigérian en électrifiant le highlife, mouvement issu de la réappropriation du jazz américain par des musiciens traditionnels du golfe du Bénin. Démesure de cuivres, polyrythmies endiablées, choeurs hypnotiques… Tous les ingrédients du cocktail explosif popularisé par Fela sont déjà présents chez Ebo. Servis peut-être de manière moins fiévreuse mais plus espiègle. Le résultat produit par ce brassage de funk, de soul et de tradition est le même. Une transe irrésistible qui aurait pu tomber dans l’oubli si des producteurs de hip-hop ne l’avaient pas samplé au tournant des années 2010. Ebo Taylor avait alors mis de côté la musique depuis près de 20 ans. Il en a aujourd’hui 82 et le groove est toujours aussi sensuel !

 


©Photo – Rémy Solomon

C’est un trio d’un genre nouveau. Il y a bien sûr la batterie à la fois métronomique et féline, mais aussi le soubassophone, sorte de gros tuba dont s’échappent des lignes de basses bien grasses et qui nous plonge directement dans l’ambiance chaude des fanfares de rue de la Nouvelle-Orléans. Surtout, il y a cette guitare Dobro, cet instrument à résonateur et au son blues si universel que nous pourrions être autant dans le désert auprès des musiciens touaregs que dans le Mississippi des pionniers du rock comme John Lee Hooker. Delgrès est, en réalité, quelque part entre la Guadeloupe et les États-Unis, sur les traces du chemin parcouru par les esclaves. C’est en sondant ses propres racines que Pascal Danaë a initié ce projet, nommé ainsi en hommage à Louis Delgrès, héros oublié de la lutte contre l’esclavage en Guadeloupe, mort en ayant combattu son rétablissement par Napoléon en 1802. Pour la première fois, l’artiste chante en créole et la magie du blues opère. Transformant les souffrances intimes en hymnes à la liberté. Sans jamais céder à la nostalgie, la musique rebelle de Delgrès fait vibrer aussi bien le corps que l’âme. Frissons garantis.


©Photo – Kokoko!

 

 Aussi fascinants qu’envoûtants, les musiciens de KOKOKO! peuvent faire danser les foules et improviser des heures durant. Chez eux, pas de guitare dernier cri ni de batterie rutilante, les instruments sont bricolés avec les moyens du bord, à partir de déchets de consommation (bouteilles plastiques, boîtes de conserve, roues de vélo, volant de voiture…) quand ce n’est pas une vieille machine à écrire qui sert de boîte à rythmes ! L’idée ? Pouvoir continuer à jouer leur musique de club pendant les coupures de courant, fréquentes sur l’avenue Kato, leur fief au coeur du ghetto de la capitale congolaise. Là, à Kinshasa, Mecque de la débrouille et du système D, le groupe associe ses instruments acoustiques à des boucles répétitives crachées par des appareils électroniques hors d’âge. C’est ici, à la faveur d’un tournage de Florent de la Tullaye et Renaud Barret (La Belle Kinoise), ces défricheurs de la scène underground kinoise à qui l’on doit le film culte Benda Bilili ! (2010) que naît KOKOKO!. Leur ami et producteur Débruit rejoint le projet, lui qui aime à créer de nouveaux territoires sonores aux confins de la world et de l’électro. KOKOKO! mixe ainsi le génie créatif de Bebson De La Rue (BBS), la poésie de François Delarozière (La Machine) et la fièvre sensuelle des clubs kinois. Attention, uppercut assuré.

 



©Photo – Analoog Klein

Après un concert à Istanbul à jouer aux côtés du chantre de la pop psychédélique néerlandaise Jacco Gardner qu’il accompagne sur scène, le bassiste Jasper Verhulst tombe littéralement amoureux du son turc des années 70. Avec deux autres musiciens qui jouent aussi aux côtés de Jacco Gardner, Ben Rider (guitare) et Nic Mauskovic (batterie), il décide alors de monter Altın Gün, une formation qui va célébrer l’âge d’or (« altın gün » en turc) de la scène rock anatolienne tout en lui insufflant une touche de blues folk nostalgique et de funk sensuelle. Pour finaliser son projet, il s’entoure de deux musiciens turcs, l’envoûtante Merve Dasdemir au chant et Erdinc Yildiz Ecevit, véritable gardien du saz, cet instrument traditionnel turc à cordes pincées qui se rapproche du luth oriental. Voilà que la boucle est définitivement bouclée avec l’arrivée du talentueux Gino Groeneveld aux percussions. Révélation des Trans Musicales de Rennes 2017, Altın Gün offre un répertoire qui mixe les standards du rock anatolien (Barış Manço, Erkin Koray…) et des adaptations de chansons turques traditionnelles avec un regard d’orfèvre au niveau des arrangements et une générosité sur scène franchement rafraîchissante.

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[learn_more caption=”Samedi 16 Juin”]

 


©Photo – The Mauskovic Dance Band

 
 Ici, l’afrobeat des années 70 et la cumbia colombienne rencontrent la no-wave new-yorkaise et la disco. Voilà l’horizon esthético-musical de The Mauskovic Dance Band ! Derrière ce nom, cinq Hollandais et un électrochoc sonore : des percussions, une basse indécemment groovy, des injonctions à la danse et un certain goût pour le psychédélisme. Fondé par Nicola Mauskovic (Altın Gün, Jacco Gardner) après plusieurs mois d’expérimentations en studio avec ses frères, ils aboutissent à cette formation prometteuse. Toutes les envies et les goûts de ces doux frappadingues se réunissent joyeusement, sans interférence aucune dans un tourbillon sonore sans limite où les rythmiques de l’Amérique Latine percutent les lignes claires d’une cold funk tout droit surgie des années 80, où l’Afrique de l’Ouest entre dans une transe orientale teintée de guitares zébrées et de basses qui pulsent. Vivifiant et terriblement euphorique, à l’image de leur premier EP sorti ce printemps sur le fameux Soundway Rec (The Heliocentrics, Flamingods, Batida, Meridian Brothers…), ce groove piquant qui ne ressemble à rien de connu, a deux objectifs : offrir un vrai lâcher prise et faire danser à perdre haleine !

 



©Photo – Aurore Vinot

D’abord, il y a Mazalda, six musiciens qui aiment, de manière joyeuse et décomplexée, faire tomber les barrières et décloisonner les genres. Brassant les traditions musicales populaires du monde entier avec un esprit d’ouverture impressionnant, Mazalda agite la scène lyonnaise depuis plusieurs années déjà, avec une électro puissante, à géométrie variable, souvent évocatrice, toujours inclassable. Et puis, il y a la voix de l’Algérien Sofiane Saidi. Âpre, écorchée, abrasive, captivante, profondément libre. Quand cette voix du « raï 2.0 » monte à bord du voilier Mazalda, la magie opère, le ciel s’éclaire. Le raï brut et sincère de Sofiane Saidi prend du volume au contact de l’électro métissée de Mazalda, qui s’aventure délicieusement entre groove psychédélique, pop rock évocateur, mbalax sénégalais ou transe gnaouie. Cuivres et synthétiseurs, batteries électroniques et percussions magrébines, rythmes surpuissants et sonorités traditionnelles s’embrassent ainsi chaleureusement pour faire sonner cet électro raï teinté d’ailleurs, calibré pour incendier les dancefloors comme pour chanter l’urgence et la fraternité. Attention, chaud devant !

 



©Photo – Eric Politzer

Les aficionados de salsa ont intérêt à avoir bien révisé leurs pas de danse. Les autres n’auront qu’à se laisser porter par le swing. Car ce sont bien les détenteurs des secrets de la musicalité des rythmes cubains qui débarquent, guidés par Juan de Marcos Gonzalez. Guitariste de génie et directeur musical, ce dernier n’est ni plus ni moins que l’instigateur d’une des plus belles épopées sonores de ces dernières décennies. Après avoir formé le projet The Afro Cuban All Stars un an plus tôt, ce « Quincy Jones cubain » réunit, en 1996, 25 musiciens le temps d’une semaine pour enregistrer trois albums, dont un certain Buena Vista Social Club. Si ses ambassadeurs les plus emblématiques – Omara Portuondo, Compay Segundo, Ibrahim Ferrer – ne sont plus de l’aventure, le groupe, en partie renouvelé, continue de réunir plusieurs générations de musiciens. Et de répandre à travers le monde une musique évocatrice alliant l’intimité cool du latin jazz aux arrangements chauds du mambo. Loin de la carte postale, The Afro Cuban All Stars nous ramènent aux sources sonores bouillonnantes de cette île des Caraïbes, au confluent de toutes les influences.

 



©Photo – Romain Staros Staropoli

Mélissa Laveaux est née à Montréal, de parents haïtiens qui ont émigré au Canada pour fuir le régime de « Papa Doc ». En 2016, la songwriter canadienne retourne sur la terre de ses ancêtres. Ce pays, où elle se sent étrangère, fait pourtant partie d’elle et de son histoire. Son folkblues solaire teinté d’un rock puissant porté par sa guitare électrique et sa voix si singulière, vont alors se nourrir de ce retour aux sources. De Haïti, Mélissa ne connaît pas grand-chose. Ce sont surtout les disques de Martha Jean-Claude, grande dame de la chanson haïtienne, symbole de la résistance aux dictatures successives qui ont tourmenté la première république noire de la planète, qui ont bercé son enfance. Sur l’île, Mélissa renoue avec un patrimoine folklorique extraordinaire, morceaux éparpillés d’une poésie populaire colportée par des orchestres de troubadours sur les fêtes de village, qui, riche en textes à double sens, renferme en soi, l’identité de tout un peuple. Issu d’un long travail de recherche sur la période où Haïti était sous occupation américaine (1915-1934), le dernier album de Mélissa, Radyo Siwèl (No Format !, 2018), entièrement chanté en créole, nous plonge ainsi à coeur ouvert dans ces chants populaires devenus armes de résistance. Sur scène, entre rythmes caribéens modernisés, esprit rock vaudou et mélodies folk épurées, c’est la révélation.

 



©Photo – Koria

Keny Arkana est une fille du vent comme une enfant du bitume. L’artiste commence à rapper à l’âge de 12 ans, après une enfance tumultueuse marquée par des fugues et un placement en foyer. Keny se fait alors connaître dans le milieu underground de la cité phocéenne (La Belle de Mai). Son rap contestataire se nourrit de la société et de ses mouvements, le cœur ouvert à double tour mais le poing toujours levé. À elle seule, ce petit bout de femme, militante altermondialiste de la première heure, aux prises avec les fractures sociales et les enjeux environnementaux, est un hymne à l’audace et à la fraternité. Après de nombreuses apparitions sur des mixtapes, Keny Arkana écrit Entre ciment et belle étoile (Because Music, 2006), un 1er album-confidence qui retrace ses combats personnels. Des plus grands festivals (Paléo, Dour, Vieilles Charrues…) aux concerts sauvages dans des squats, Keny Arkana transforme la rabia del pueblo (« la rage du peuple ») en colère positive et fédératrice. Sur scène, avec ses musiciens et un MC qui lui rend la pareille, elle offre un show hip-hop surpuissant autour de son EP L’Esquisse 3 qui transpire autant la sincérité qu’il n’épouse le monde, riche de sonorités puisées lors de ses pérégrinations au Brésil, Mexique ou Mali.

 



©Photo – Fernando Eduardo

 

Metá Metá est l’épicentre d’une nouvelle scène musicale foisonnante à São Paulo, la plus grande ville du Brésil. Formé en 2008, Metá Metá a, dès ses débuts, attiré l’attention des médias avec une approche novatrice et inattendue de la musique brésilienne. Au-delà des clichés convenus, Juçara Marçal (chant), Thiago França (sax) et Kiko Dinucci (guitare), musiciens aussi révoltés qu’insoumis, engagés qu’activistes, combinent jazz et post rock à des éléments afro-brésiliens (comme la religion du candomblé pratiquée chez les Yoruba), un facteur important de leur démarche artistique. En cinq ans, ce collectif a collaboré avec de grandes figures comme Tony Allen et Elza Soares. Si leur 1er album – Metá Metá (2011) – met en avant un son minimaliste, leur 2e opus (Metal Metal, 2012) opère un changement radical avec un son nettement plus massif, mêlant influences traditionnelles, africaines, latino, free jazz, punk et avant-garde. Repérée par la presse (inter) nationale, la formation part à l’assaut des plus grands festivals européens avant de tourner dans tout le Brésil. Leur 3e album, MM3 (2016), évolue encore dans une autre direction, nourri de fortes influences (Maroc, Éthiopie, Niger, Mali). Enregistré en 2 jours, on y retrouve l’atmosphère extatique, voire cathartique, des prestations scéniques du groupe, aujourd’hui au sommet de sa maturité.

 

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[learn_more caption=”Dimanche 17 Juin”]

 


©Photo – Les Mangelepa

Écouter l’Orchestre Les Mangelepa, c’est replonger tambour battant dans les années 70, une époque où la rumba congolaise dominait les ondes et les pistes de danse, presque partout en Afrique. Fondé il y a 41 ans par des musiciens congolais en exil au Kenya, l’Orchestre Les Mangelepa enchaîne les tubes comme les shows devant d’énormes foules (Ouganda, Zambie, Tanzanie…) jusqu’au sommet de sa popularité au milieu des années 80. Le groupe connaît ensuite plusieurs changements de formation. Aujourd’hui, avec 13 albums au compteur, la formation compte toujours parmi les groupes les plus populaires des clubs de Nairobi, entre guitares exubérantes, cuivres surpuissants, fins arrangements et harmonies vocales subtiles. En 2016, l’orchestre, reconnu comme l’un des plus grands groupes africains de tous les temps, part à l’assaut des scènes européennes, avec un nouvel opus Last Band Standing produit par Guy Morley (No-Nation) et distribué sur le label londonien Strut Records. Ce dernier rassemble une partie de leurs grands classiques, réenregistrés pour l’occasion, tout en retraçant la fantastique histoire du groupe.

 



©Photo – Simon Lambert

 

 

C’était comme couru d’avance. Avec un tel prénom, il semblait écrit que Fidel Fourneyron réaliserait un jour un projet autour de Cuba. D’autant que le jeune et brillant tromboniste de l’Orchestre National de Jazz a plusieurs fois visité La Havane, où il s’est épris de rumba, cette musique faite de chants et de percussions propices à l’improvisation. Avec la question « ¿Que Vola? » (« Quoi de neuf, les gars ? » dans la langue de Molière, c’est ainsi que les Cubains se disent bonjour), l’artiste apostrophe alors ses amis et compères musiciens : six fervents improvisateurs aventureux, fine-fleur de la scène jazz hexagonale actuelle et trois percussionnistes hors-norme, piliers du jeune orchestre cubain Osain del Monte, brillant rénovateur de la tradition havanaise. Sur scène, la rencontre est franchement explosive. Ensemble, ces musiciens de l’âme transportent les chants sacrés traditionnels yorubas et les rythmes charnels de la rumba cubaine vers de nouvelles contrées, diablement enivrantes, à travers un répertoire sculpté pour le live. Dans cette cérémonie insolite, la transe côtoie la mythologie divine, la Santería, l’Abakuá et le Palo, la recherche expérimentale.

 

 



©Photo – Silviapochfotografia

 

À première vue, il semble difficile de réunir des musiciens issus d’un orchestre symphonique avec des professionnels de rumba qui improvisent et suivent le rythme de leur coeur plus que celui des partitions. Oser cette fusion complexe dans le grand théâtre du Liceu à Barcelone, voilà la promesse qu’avait fait Joan Ximénez, alias Petitet, fils de Ramón « el Huesos » Ximénez, le légendaire palmero de Peret, à sa mère. Petitet a ainsi réalisé le premier concert de « rumba symphonique » à l’Opéra… Une première ! « Comme bon gitan qui je suis, je me suis embrouillé avec tout le monde », plaisante Petitet, qui, au début des années 90, a fondé le groupe Rumbeat avec la farouche intention de moderniser la rumba catalane. Ainsi, presque 30 ans plus tard, l’artiste continue toujours à innover. Ce projet participe aussi à plusieurs souhaits qui lui sont chers : faire connaître la rumba par-delà les frontières, briser les conventions, refuser les cloisonnements stylistiques, tout autant que rendre un vibrant hommage à ses aînés.

 



©Photo – Benoit Peverelli

 

Grande voix malienne, à la fois belle et ample, reine élégante de la musique africaine, chatoyante diva en son pays comme en Occident, Oumou Sangaré est surtout une artiste qui ne fait jamais aucune concession. Fille cadette d’une famille peul originaire du Wassoulou, une région boisée située au sud-est de Bamako, où la tradition s’inspire directement des chants de chasseurs, Oumou Sangaré se met à chanter dans la rue tout en vendant de l’eau pour gagner ici ou là quelques pièces. Un maigre butin qui lui permet d’aider sa mère, délaissée par son époux, dont les souffrances ont nourri plus tard son engagement pour la cause des femmes. Car avec plus de 25 ans de carrière et 8 albums au compteur, Oumou a toujours clairement affiché ses convictions, sa voix porte celle de ceux qui n’en ont pas. Très attachée à l’identité culturelle du pays, cette éternelle indignée croit aux valeurs traditionnelles tout en pointant celles qui brident les femmes, défendant l’autonomisation totale de la femme africaine. Pourfendeuse de la misère, Oumou souhaite faire du brassage culturel, le fier étendard d’une jeunesse africaine en mal de repères et de sa musique afro-électro ouverte sur le monde, dansante, vibrante, aussi éternelle que contemporaine.

 

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Un programme éclectique donc, qui occupera durant 4 jours le cadre fantastique de la Prairie des Filtres, le long de la Garonne. 4 jours durant lesquels vous pourrez aussi vous balader au village associatif ou découvrir des animations variées tout le long du festival. Enfin, sachez qu’un ensemble d’événements en lien avec Rio Loco viendront ponctuer le mois de Juin partout dans la ville : rendez-vous sur le site Internet du festival pour les découvrir !

 

Informations pratiques

 

Retrouvez toutes les infos sur leur Facebook, leur site, leur Twitter et même sur Instagram !
Vous trouverez aussi la billetterie ici !

Du 14 au 17 Juin
La Prairie des Filtres – Toulouse

 

 

Auteur : David Vacher
Description des groupes : Rio Loco