Tryo

Vendredi 20 octobre 2017 – Ces dernières années ont vu se multiplier les “petits” festivals dont les programmations sont pourtant extrêmement riches. On se souvient encore de lEcaussystème qui nous avait vraiment convaincus et nous nous attendons ce weekend à un festival semblable.

Les hostilités commencent dès le vendredi soir avec une affiche super hétérogène mélangeant punk et reggae. Mais c’est sur une note de rap que cette 5ème édition commence avec un artiste qui fait son petit bonhomme de chemin, sans grandes vagues mais avec une belle efficacité. R.can est devenu un beau nom du rap français contemporain en partageant la scène avec Oxmo Puccino, Demiportion ou Davodka. Paroles acérées, flow imperturbable, le perpignanais fera malheureusement face à une tente bien moins remplie que durant les jours suivants. Néanmoins, il lancera le festival sur une bonne prestation qui annonce trois jours de bonne musique.

On continue sur du rap, et sur un autre nom incontournable du rap français : Georgio. Moins acérées, plus poétiques ; on apprécie là encore des paroles extrêmement bien écrites et qui plongeront le public – toujours assez peu présent – entre rêve, voyage et détresse. Nous rappelant ce que veut initialement dire R-A-P, il frôlera pourtant par moment le slam, comme sur la seconde partie de La vue du sang.  Il annonçait la veille que son album Héra était disque d’or : on comprend parfaitement pourquoi au vu de la qualité indéniable de son rap et de sa prestation ce soir. Petit regret : un pad qui, sur scène, ne sert pas à grand chose musicalement. En revanche, on appréciera la belle mise en avant des autres musiciens dont Waxx à la guitare que nous retrouverons sur le groupe suivant.

 

Gérard Baste

Le groupe suivant, c’est Gérard Baste. Si vous aimiez la poésie de Georgio, il va falloir s’adapter parce que l’ex-rappeur des Svinkels n’est ni sérieux, ni poète. Le prince de la vigne n’a qu’une seule idée en tête : mettre le oaï sous cette tente secondaire qui décidément aura du mal à se remplir complètement. Ca n’empêchera pas le public de se trémousser joyeusement en se donnant des petits coups d’épaule. En effet, bien loin de la sonorité rap de ses productions studio, le live tire vraiment vers le punk et les gens ne s’y trompent pas : des pogos vont perdurer toute la soirée. Vous l’aurez compris : son show était un peu orgiaque, à l’image de musiciens (et donc notamment de Waxx) à donf : le spectacle est réussi.

 

Tryo, c’est LE groupe qui a bercé l’adolescence de nombre de générations, LE groupe qui a animé des soirées tranquilles ; et si l’on doute nous aussi qu’ils slament sur des chaises ou pogotent dans une fosse en furie, ça nous tardait quand même de voir ce qu’ils valaient en live. Ils ont assuré leur place de tête d’affiche de ce premier jour, avec un show comme on les aime ! Une scène bien remplie, bien décorée aux couleurs de multiples drapeaux, des musiciens actifs et partageurs : rassurez-vous, Tryo est encore là et bien là. Comme ils ont su se renouveler constamment avec leurs nombreux albums – et notamment Vent debout en 2016 – ils ont aussi su adapter leur live. De L’Hymne de nos campagnes à Watson, c’est toute une carrière que nous avons suivie ce soir, elle-même qui n’est a priori pas prête à s’arrêter encore et c’est tant mieux ! Les Bulles sonores et les 4000 personnes présentes pour ce premier soir ont visiblement été conquis un groupe décidément indémodable.

 

Les Wampas

Bon, c’est pas tout ça, mais c’est pas sur L’Hymne de nos campagnes qu’on va casser des épaules. Heureusement, on retourne sur la deuxième scène où Les Wampas chauffent déjà le public. À quatre euros la pinte de bière sur le festival, pas besoin du portefeuille de Manu Chao pour faire résonner l’âme punk présente ici. Et vu que nous aimons être au plus proche de l’ambiance pour vous la raconter, on doit bien avouer que nous n’avons plus la setlist en tête, mais on peut vous assurer de quelque chose : l’ambiance était vraiment cool. Un pogo plus ou moins calme mais avec une complicité bon enfant comme on les apprécie toujours chez ce genre de public. . Quant à Didier, il semble avoir oublier qu’il est là en tant qu’artiste puisqu’il passera plus de temps dans le public que sur scène. Il fera même un tour SUR le public puisqu’il tentera un slam … debout sur une chaise (en glissant au passage un petit “C’est pas Tryo qui ferait ça” très bon enfant). Finalement, nous aurons eu exactement ça à quoi nous nous attendions, sans grande surprise.

 

Il est toujours bien d’avoir un bon final pour finir une belle affiche de festival. Biga Ranx fait partie des artistes qui assurent ce premier point. Avec son Reggae-Hip-Hop-Electro, il a su combiner les influences pour un faire un mélange très convaincant. Convaincant pour qui me direz-vous ? A priori pour beaucoup de monde puisque l’ambiance bat son plein en cette fin de première soirée, lui qui est tant habitué aux festivals (pusiqu’il a joué, pêle-mêle, aux Solidays, au Reggae Sun Ska ou encore aux Nuits Courtes).

 

Concrètement, cette première soirée a répondu à toutes nos attentes, et promet du spectacle durant le weekend au vu de la prog’ qu’il reste à voir. Le site est bien aménagé, l’accueil extra, la région très jolie … que demander de plus ? 4.000 personnes ce soir, environ 15.000 sur l’ensemble de l’événement : le bonheur des grosses têtes d’affiche et de l’ambiance conviviale combinée. Son set, ainsi que la soirée, se finiront tranquillement vers 2h de la nuit.

Photographe : Antony Chardon

Auteur : David Vacher