On a vraiment eu droit à de la visite rare vendredi soir alors que le groupe culte Tool était de passage à Montréal pour nous jouer ses vieux succès. Cela faisait presque dix ans que le groupe n’avait pas visité la métropole, la dernière fois remontant à juillet 2007 pour la promotion de leur dernier album, 10,000 Days. Le tout affichait sold-out et il va sans dire que les fans étaient fébriles de revoir enfin leur groupe fétiche. La gigantesque tâche qu’était de réchauffer la foule revenait au groupe Once And Future Band.

Once And Future Band : Un choix pas très judicieux

Comme plusieurs j’avais été surpris de voir, il y a quelques semaines de cela, que ce serait le duo The Crystal Method qui allait ouvrir pour Tool. Choix quelque peu étrange certes, mais leur côté bizarre se serait sans doute bien jumelé avec un groupe comme Tool. J’ai été encore plus surpris quand, deux jours avant l’événement, Evenko ont annoncé que le groupe d’ouverture serait le groupe Once And Future Band d’Oakland, un petit groupe avec environ 3000 fans sur Facebook et seulement un album. Comme la plupart des gens présents ce soir, je n’avais jamais entendu parlé d’eux ni entendu quoi que ce soit, je laissais donc la chance au coureur.

La première chose que je peux dire d’emblée, c’est que Once And Future Band n’était pas un bon groupe d’ouverture pour Tool. Ils œuvrent dans un style un peu étrange qui flirt entre le rock progressif très 70’s, le jazz et même le lounge. Musicalement, ça sonnait plutôt bien mais la présence scénique des membres est ce qui m’a le plus agacé. Tu es sur la scène du Centre Bell en première partie d’un groupe énorme, sur la plus grand scène en ville et tu prends l’équivalent de 6 mètres carrés et tu restes planté là sans bouger? Les interactions avec le public étaient décousues et j’avais vraiment l’impression qu’on assistait à une répétition du groupe, ce qui n’est pas très glorieux. Leurs influences rock prog 70’s étaient un peu trop flagrantes avec une sonorité de keyboard qui me rappelait Led Zeppelin ou Jethro Tull (mais pas avec de la vraie flute). Un peu comme Opeth avec son album Heritage, je me disais que si j’avais envie d’écouter un album de vieux prog, j’allais en écouter un vrai et non quelque chose sorti en 2017.

Les musiciens sont talentueux, il n’y a aucun doute là-dessus, mais leur musique se prêtait parfois trop à de la simple musique d’ambiance dans une soirée mondaine alors que les gens mangent et discutent…et se foutent un peu du groupe. Leur prestation aurait été plus appropriée dans d’autres circonstances et je les verrais bien ouvrir pour des groupes comme Muse. Un choix pas très judicieux comme groupe d’ouverture!

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Tool : Un alien dans l’univers alternatif

C’est devant un Centre Bell plein à craquer que Tool s’est présenté sur la scène avec un décor plutôt sobre : un rideau de fond et une immense étoile à sept branches. Je suis resté un peu perplexe sur le coup car j’avais grandement entendu de l’aspect visuel de leur spectacle et je trouvais le tout un peu simpliste. Comme je me suis trompé! Sur les premières notes de The Grudge, la foule s’est enflammé et les fans autour de moi étaient presque en émoi, ce qui est normal quand ton groupe préféré vient te visiter aux dix ans!

Dès les premières minutes, on a pu vite remarquer que le leader du groupe Maynard James Keenan, restait dans l’ombre dans un coin de la scène où il n’y avait presque pas d’éclairage, vêtu d’une armure de police anti-émeute. J’avais déjà entendu parler de l’aversion du chanteur envers les photographes et disons que son attitude nous le confirmait (en plus de l’interdiction émise par Evenko de prendre des photos et des vidéos pendant le spectacle, on peut dire que c’est intense!). Tool, qui n’a pas sorti d’album depuis onze ans, nous a ressorti ses vieux classiques des albums Ænima et Lateralus et quelques-unes de 10,000 Days, laissant complètement de côté leur premier album, Undertow. Plus la soirée progressait, plus les effets visuels étaient grandioses et se mariaient parfaitement avec leur musique. Tool est un véritable alien de la scène alternative avec sa musique hypnotisante et son visuel insolite très axé sur le corps humain (et surtout les yeux). Pendant les chansons, leurs vidéoclips étaient projetés sur plusieurs écrans derrière la scène et on ne pouvait qu’être obnubilé devant la succession d’ambiance lourde et d’images défilant à grande vitesse, de quoi vous donner une crise d’épilepsie! Les projections pour la pièce Vicarious étaient probablement les plus impressionnantes de la soirée.

Malgré ce grand déploiement d’artifices, je dois tout de même mentionné que j’ai été quelque peu déçu par la performance de Tool. Les musiciens, qui ont interprété les chansons sans faille, étaient extrêmement statiques sur scène et, comme je l’ai mentionné dans la critique du groupe précédent, quand tu es sur la plus grande scène en ville, profites-en pour te déplacer un peu! Certains me diront que Maynard James Keenan est un véritable personnage et que le fait qu’il soit resté dans l’ombre tout le long du spectacle faisait partie de la mise en scène du groupe, mais j’ai trouvé ça très ordinaire, surtout avec le peu d’interactions avec le public qu’il y a eu (peut-être 2 ou 3 en tout). Ayant entendu parlé du caractère très névrosé du chanteur, je me dis tout de même que la misanthropie et les spectacles à grand déploiement ne vont pas ensemble. Côté son, c’était très inégal au point de ne pas reconnaître certaines chansons sur le coup. Le vocal n’était souvent pas assez fort et le drum l’était beaucoup trop.

Somme tout, je suis sorti du Centre Bell avec une opinion mitigée sur le spectacle de Tool. Les compositions ont été bien rendues, le visuel était vraiment intense et juste pour ça, ça valait le déplacement. Mais j’ai aussi eu l’impression que les membres du groupe étaient sur le pilote automatique et l’attitude du chanteur que je trouve quelque peu irrespectueuse pour les fans m’a déplu. On a eu droit à un bon spectacle et j’espère pour les fans du groupe que ça ne prendra pas un autres dix ans avant de les revoir à Montréal.

Setlist : The Grudge, Parabol, Parabola, Schism, Opiate, Ænima, Descending, Jambi, Third Eye, Forty-Six & 2, Vicarious, Sweat, (-) Ions, Stinkfist

Auteur: Maxime Pagé

Photographe: Paul Blondé