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Dimanche 31 juillet – N’étant pas au camping, ni même aux alentours, il est vrai que je loupe une bonne partie des concerts. Cependant, je n’ai entendu que de bons Ã©chos concernant les shows du matin et l’ambiance agréable qui règne là-bas. De retour sur le site pour cette ultime journée, ce sont les membres de The Dead Krazukies qui ouvrent le bal sur l’EMP Stage afin de défendre leur albumThe Northern Belle, sorti en février dernier. Pas évident de jouer à cette heure, le groupe donne ce qu’il peut devant une foule très clairsemée et pas vraiment réceptive à part une petite troupe de festivaliers bien heureux et désireux de remuer leur corp coûte que coûte. Difficile pour moi également d’émettre un jugement totalement objectif Ã©tant donné que la bande, originaire d’Hossegor fait dans le punk rock et qu’en plus il s’agit d’une nana au chant. Deux choses que je n’aime pas vraiment… Je dois dire que, malgré toute la bonne volonté du groupe, mes oreilles ont souffert, surtout au début, tant le chant était faux. Le stress peut-être? Heureusement, cela s’améliore après deux/trois morceaux, quand bien même, j’en ai assez. Bravo tout de même aux jeunes, d’ailleurs très sympathiques, qui ne se sont pas défilés et ont envoyé leur son avec une belle énergie.

La suite de la journée sera un peu bordélique avec des “oui tu as interview”, puis “peut-être” et finalement “oui mais pas comme ça”. J’ai donc passé une bonne partie de mon temps à bosser sur le sujet, à louper les concerts pour finalement me retrouver face à une porte fermée. Bon, ce sont les aléas du “direct”, et cela explique l’absence de compte-rendu sur la majorité des groupes présents ce dimanche, il reste tout de même les photos pour vous contenter

Cette petite parenthèse me donne l’occasion de féliciter les équipes de l’Xtreme Fest, à défaut de leur faire une Ola. Toutes ces “couilles” ils doivent les gérer et le font d’une main de maître. Toujours sur le qui-vive, ils font en sorte de satisfaire tout le monde, artistes, presse, festivaliers… Efficacité, disponibilité, gentillesse, patience…un gros merci à ces (presque) super-héros de l’Xtreme !

Il est finalement l’heure pour Fleshdoll de monter sur les planches. Le combo toulousain se produisait quelques semaines auparavant aux Pavillons Sauvages et le concert avait été pour le moins perturbé/bant avec des soucis techniques et une chaleur suffocante. Nous sommes donc parés pour une séance de rattrapage. La fine équipe débarque et démarre en force avec 2084, tirée de leur dernier album en date Blood Red District, suivie de A Feast For The Rats. Nous retrouvons le charismatique et impétueux Bastich au chant en compagnie de ses acolytes Chili, Billy aux guitares et Judas à la basse ainsi qu’ Anthony Reyboz qui remplace PONCTUELLEMENT Michaël Martin (actuellement en déplacement professionnel) au poste de batteur. Chacun des membres excelle dans son rôle et, comme à l’accoutumé, les gars nous balancent leur death metal sombre et brutal avec cette fougue hallucinante. Il est vrai que l’on voit souvent Fleshdoll dans les parages, mais on ne s’en lasse pas pour autant, bien au contraire. C’est toujours un plaisir de se prendre cette pure violence, doublée d’une technique impeccable, en pleine face, c’est puissant, c’est bon, c’est carré. World of Terror, The Cave, Perpetual Woarg, Battle Royale… une bonne dose de brutalité avec des riffs assassins, du blast robuste et un growl toujours irreprochable. Le public ne se fera pas prier pour bouger, la foule est galvanisée par la pugnacité des morceaux et l’énergie communicative qui se dégage de la scène, le pit se chauffe rapidement. Les quarante-cinq minutes en compagnie de Fleshdoll passent à une vitesse incroyable. Pas de reprise aujourd’hui, une dernière pour la route: Sweet Apocalypse clôt le set. Rien à dire ci ce n’est que c’était (encore) très bon.

On se met bien en place pour l’une des têtes d’affiche du festival et l’un de mes groupes préférés, l’un des pionners du thrash: Exodus. Un an s’est écoulé depuis leur dernier passage en Europe, ils nous avaient régalés à Barcelone et au Hellfest, quel putain de bonheur de les voir à l’affiche de l’Xtreme Fest ! Exodus à Carmaux quoi! (Et puis avec Testament tant qu’à faire). Le décor se met en place, on retrouve le beau backdrop aux couleurs de Blood In Blood Out, dernier album en date sorti en 2014.
La salle se retrouve plongée dans l’obscurité, la scène se teinte d’orange et les américains arrivent en trombe bien décidés à faire trembler les murs. Le démarrage avec Scar Spangled Banner est à l’image du groupe: brut de décoffrage ! Les spectateurs sont de plus en plus nombreux, ceux qui (comme moi) étaient impatients de revoir le quintet ne seront pas déçus, ceux qui découvrent vont très certainement se prendre une grosse claque. Une valeur sûre en live, Exodus c’est comparable à une succulente recette de cuisine, c’est un subtil mariage d’ingrédients de qualité qui s’assemblent et se complètent parfaitement. Prenez dans un premier temps une bonne base avec des musiciens solides, expérimentés, généreux et ultra souriants. Ajoutez à cela une setlist d’enfer, un bon son et un chouette jeu de lights,  vous êtes certains de vous régaler. Si quelques aficionados auraient préféré voir Gary Holt sur les planches, Kragen Lum le remplace aisément. Lui et Lee Altus se partagent le job, délivrant les riffs à la fois robustes, vifs et mélodiques, avec pugnacité. Face à moi le paisible Jack Gibson fait vrombir sa basse avec une facilité déconcertante. Le son de sa basse est d’ailleurs bien présent, doublant foncièrement le jeu de Tom Hunting qui frappe ses fûts avec hargne et précision. Ce duo rythmique est tout simplement divin ! Voilà maintenant deux ans que Steve Zetro Souza a réintégré la formation, il impressionne tant par son charisme que par la puissance de son timbre si singulier. La cohésion entre les membres est évidente, un vrai plus pour le groupe. Blood In, Blood Out, Children of a Worthless God…Puis la surpuissante Piranha… De quoi mettre tout le monde d’accord, le public s’échauffe à mesure que les titres passent, les pogos et circle pit se forment progressivement.
Qu’on se le dise, le thrash a l’effet d’une cure de jouvence, que ce soit sur les musiciens ou sur les spectateurs. Les mecs ont la cinquantaine et vous servent un show avec la fougue de leur 20 ans. La force des compositions, la véracité des propos et l’énergie débordante vous prennent aux tripes et l’envie de headbanguer se fait irrésistible. Exodus nous en met plein les mirettes et les esgourdes et nous prendrons un immense plaisir à se briser la nuque et s’égosiller sur des tueries comme Body Harvest, Blacklist ou encore Bonded By Blood. Le set passe à la vitesse de l’éclair, et s’achèvera à la suite du combo ravageur The Toxic Waltz/Strike of the Beast. Quelle branlée, vivement la prochaine, c’est à dire dans 15 jours au Summer Breeze !

Suite logique avec leurs confrères de Testament… Comme je le disais juste avant ils avaient partagé la même affiche lors de leur précédente tournée européenne, et leur show avait été l’un de mes meilleurs souvenirs de concerts l’an dernier. Testament était également à l’affiche de beaucoup de festivals cet été, dont le Hellfest et le Bang Your Head où je me suis rendue. Troisième fois donc que je vais voir le groupe en l’espace de 2 mois à peine. Leur show à Clisson avait été un peu décevant, principalement à cause d’un réglage sonore médiocre (car la prestation en elle-même était extra). A Balingen au contraire, on frôlait la perfection avec un sublime show en plein air, un son réglé au poil et une ambiance chaleureuse. Qu’en sera-t-il ce soir?
Bon et bien, il y a quand même, aujourd’hui, un petit goût d’amertume… C’est qu’on avait plein de questions à leur poser et ils ne sont pas venus ! Les bougres ! En outre, c’est la quatrième fois que je les vois sur cette même tournée, il est Ã©vident qu’il n’y a plus aucun effet de surprise, le décor est identique, la setlist également et on sait d’ores et déjà que le jeu de scène sera, lui aussi (au moins à 96%), similaire. Le seul point qui reste aléatoire est l’ambiance.
23h15 Les Papas du thrash metal de la Bay Area prennent place sur l’X-Stage et les premières notes de la classique Over The Wall retentissent. Que dire si ce n’est que Chuck Billy est, comme à son habitude, venu avec sa bonne humeur ainsi que son talent de frontman et vocaliste. Le son est bien meilleur qu’au Hellfest et nous permet d’apprécier autant les morceaux que la prestation scénique. Tout est bien en place, y a pas à dire, on ne se lasse pas du jeu des excellents guitaristes Alex Skolnick et Eric Peterson, ni du charismatique et impressionnant Steve DiGiorgio qui semble ne faire qu’un avec sa basse fretless. Les titres se succèdent, Rise Up, The Preacher, Into The Pit, Practice What You Preach, The New Order … (alalala que j’aime cet album ! 88 l’année de la consécration avec d’autres perles du thrash comme …And Justice For All (Metallica), South of Heaven (Slayer), No Place For Disgrace (Flostam and Jestam), Punishment For Decadence (Coroner), Violent Restitution (Razor)…). En gros, Testament, c’est toujours aussi bon. Leur thrash old-school où agressivité et puissance vont de pair, avec des riffs acérés et des rythmiques endiablées délivrées par le grand Gene Hoglan qui martèle ses fûts sans concession. C’est la folie dans la fosse, les slammeurs s’en donnent à cÅ“ur joie, ça bouge dans tous les sens, les cheveux tournicotent, allons-y gaiement ! Notre Chuck international, bien en voix, nous fera également une énième formidable démonstration de air-guitar. C’est toujours aussi fun à regarder. Le concert touche à sa fin, déjà une heure d’écoulée. On se prend une dernière dose de pur thrash old-school avec Disciples of the Watch et The Formation of Damnation. Et voilà, c’est déjà fini !
Il ne nous reste plus qu’à attendre la sortie du prochain album The Brotherhood of the Snake dont la sortie est prévue pour octobre prochain et une nouvelle tournée.

Encore un chouette show qui me permet de terminer cette quatrième édition de l’Xtreme Fest en beauté. Pas de GBH pour moi.

Merci à tous pour ce beau week-end, aux groupes, aux festivaliers, aux bénévoles et bien évidemment aux organisateurs ! Une superbe programmation, une pure ambiance, un cadre agréable, tout ça à proximité de la maison. C’est clair, on se dit à l’année prochaine pour de nouvelles aventures…

Auteure: Fanny Dudognon

Photographe: David Torres