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Dimanche 15 octobre 2016 – Aujourd’hui, le rendez-vous est donné à la Secret Place, non loin de Montpellier, pour une soirée placée sous le signe du thrash et du speed metal. Après le superbe plateau Destruction, Flotsam & Jestam, Enforcer, Nervosa à Toulouse en septembre dernier nous allons, cette fois, nous éclater aux côtés de Suicidal Angels, Skull Fist, Evil Invaders et Crisix… rien que ça !

J’ai la chance de pouvoir apprécier cette belle programmation pour la deuxième fois étant donné que j’étais à Barcelone la veille afin de savourer ce même cru.
C’était succulent et c’est pourquoi il aurait été dommage de se priver d’une seconde date, proposée à seulement deux heures de la maison.
Pas de redondance cependant car ce soir, le plateau ne sera pas servi dans le même ordre. En effet, les catalans de Crisix, qui officiaient en tête d’affiche à domicile, vont jouer en tant que première partie cette fois-ci. Grosse déception pour beaucoup de spectateurs qui avaient fait le déplacement principalement pour eux (certains louperont même le concert commencé tôt en ce samedi soir), il est vrai qu’un set de 30 minutes en compagnie de ces jeunes thrashers c’est beaucoup trop court.

La foule arrive progressivement, il est 20h, il n’y a presque personne dans la Secret Place lorsque le quintet monte sur la petite scène. Juli (chant), Albert, Busi (guitares), Dani (Basse) et Javi (batterie) sont, comme toujours, gonflés à bloc et ne se laissent pas déstabiliser par l’espace vide face à eux. Au contraire, ils balancent le titre entraînant Conspiranoia (extrait de leur troisième album From Blue To Black sorti en début d’année) et les spectateurs s’empressent de venir voir le show. La setlist est archi courte, avec seulement 5 morceaux, parmi lesquels on retrouve les incontournables Rise…then Rest et Bring’em to the Pit. Le son n’est pas parfait mais néanmoins plus que correct. Pas de surprise pour moi qui vois Crisix pour la 6ème fois en moins de deux ans. La fougue qu’on leur connait est là, c’est énergique, convivial et musicalement toujours aussi appréciable. Javi envoie la purée, frappant ses fûts comme un fou furieux pendant, qu’à l’avant, Albert et Busi remuent dans tous les sens, en délivrant les riffs aussi véloces que mélodiques. Dani, tout aussi dynamique, fait vrombir sa basse assurant les parties rythmiques en duo avec le batteur. Juli quant à lui, impressionne les novices par son charisme, sa vigueur mais aussi son chant acéré et puissant. Le frontman, qui aime la proximité, encourage les gens à se défouler dans le pit. La sauce prend, la foule s’agite au gré des titres et la chaleur monte très vite. Pogo, circle pit, slam… on y est ! Même le jeune homme en fauteuil roulant viendra surfer au-dessus de nos têtes. Le groupe nous servira aussi l’excellente The Great Metal Motherfucker, groovy à souhait avec sa cadence endiablée et son refrain éloquent. Crisix invitera le public à participer à une partie de leur jeu préféré : le football of death. Le set s’achève bien trop rapidement avec la célèbre Ultra Thrash. Les spectateurs sont bien évidemment ravis par la prestation bien que réellement frustrés par sa brièveté. Moi-même je ne suis pas rassasiée, je ne me lasse pas de leur thrash acerbe, moderne avec ses quelques touches de hardcore et j’aurais bien aimé headbanguer sur Terror Era ou Brutal Gadget, entre autres ! Enfin…c’était quand même extra !

C’est ensuite au tour du groupe belge Evil Invaders d’investir les planches. Le style est différent puisque les natifs de Leopoldsburg évoluent dans un speed metal teinté de thrash, bien old-school (à l’instar de groupes comme Exciter, Raven…). Le combo a récemment donné naissance à un EP, In For The Kill, successeur de leur unique album Pulses of Pleasure. Le quatuor est composé de Joe au chant et à la guitare, Max à la guitare, Senne à la batterie et Joeri à la basse. Je les avais découverts sur scène cet été au Summer Breeze, je m’étais régalée et, découvrir leur nom sur cette affiche fut une excellente surprise.
Il est environ 21h, la foule est plus dense pour accueillir les garçons qui débarquent, envoyant sans tarder les premières notes de As Life Slowly Fades. La rythmique hyper rapide et les guitares crépitantes, donnent le ton: le set sera vivifiant. On prend généralement du plaisir à voir ces mecs évoluer sur scène, leur énergie est communicative et on ne peut pas rester indifférent devant le look et l’attitude ultra fun du frontman. Moustache, rouflaquettes, frange, petit slim et débardeur, la parfaite panoplie du thrasher 80’s avec sa glam touch’. Ce soir, la fumée surabondante viendra un poil gâcher le show visuel. Le public, déjà bien en jambes, ne reste pas de marbre pour autant, emporté par les titres bien catchy d’Evil Invaders. Les belges nous livrent des morceaux plus entrainants les uns que les autres comme par exemple, Pulses Of Pleasure, Shot To Paradise, ou encore la plus connue Raising Hell. Les spectateurs se laissent aller, il faut dire que la cadence galopante parfois presque punk, assurée par Senne, est vraiment stimulante. Pendant ce temps, Joe nous régale de ses grimaces et de son chant si particulier. Le showman assure grave au chant, il nous projette ses cris aigus, typiques du genre, en pleine face de façon impeccable. A ses côtés, Joeri gère à la basse changeant régulièrement de place avec Max, lui aussi un peu fou et très expressif, qui délivre les soli avec précision. L’ambiance est à la fête et le public semble prendre autant que plaisir à écouter que le groupe n’en a à jouer. Là encore, les 40 minutes de set vont très vite passer et le groupe s’éclipsera après avoir généreusement joué Fast, Lou’n’Rude, puis Victim of Sacrifice. Très bon moment aux côtés, des sympathiques membres d’Evil Invaders.

Le public est chaud bouillant pour la suite en compagnie de Skull Fist. Ce groupe de heavy, speed metal formé il y a 10 ans et tout droit venu de Toronto va probablement marquer les esprits ce soir. En effet, bien que leur style soit moins thrash, leur spectacle n’en est pas moins attractif…bien au contraire. Des gens ont d’ailleurs fait le déplacement en partie pour eux.
Les membres de la bande canadienne sont, le batteur J.J, le bassiste Casey, Johnny et Zack aux guitares ainsi que Brian au chant. Zach qui assurait initialement le chant a malheureusement dû céder sa place suite à un problème vocal et de nombreuses opérations. Le talentueux Brian Stephenson, (qui a également joué de la guitare ou de la basse avec des groupes comme Annihilator ou Agressor) est alors venu rejoindre la team.
C’est donc parti pour pas loin de trois quarts d’heure de fiesta, les canadiens s’installent et démarrent sur les chapeaux de roues avec Head öf the Pack issue de l’album éponyme sorti en 2011. Ces mecs-là sont de grands malades qui ne se prennent absolument pas au sérieux. Les membres de Skull Fist (déjà rien que le nom…) envoient leur speed metal catchy qui saura satisfaire les fans et ce, sans concession, ils vont mettre le feu à la Secret Place, comme ils le font chaque soir. Les morceaux, parfois très kitchs mais absolument efficaces, vont défiler : You’re Gonna Pay, Hour To Live, Ride the Beast… La foule s’active au gré des titres tout comme le chanteur exhib’, dévergondé et hyperactif. Il saute comme un cabri, vient flirter avec les spectateurs, il finira même par faire le show en calbut’ et tout cela en chantant sans aucune fausse note, ses aigus sont impressionnants ! Les guitaristes ne sont pas en reste, déversant les riffs véloces et hyper mélodiques, exécutant même quelques acrobaties. Voilà ce qu’on appelle un vrai spectacle ! Les crowd surfers se lancent, ils s’en donnent à cœur joie et les aficionados présents se feront plaisir, chantant aux côtés du frontman. La bonne humeur règne et l’ambiance est familiale, tout le monde se régale remuant au rythme des titres à la fois fun et efficients que sont Get Fisted, Bad for Good ou encore No False Metal. Skull Fist a offert un set de haut vol qui restera dans les mémoires.

Ultime changement de plateau avant de recevoir LA tête d’affiche : Suicidal Angels. Il est temps de passer aux choses sérieuses ! Le thrash bien burné des grecs ne fait malheureusement pas l’unanimité en France, on se souvient encore de leur passage à Toulouse en 2015… les gens s’étaient barrés avant la fin du set (alors qu’il n’y avait déjà pas grand monde) c’était aberrant ! Ayant eu la chance de les voir en Allemagne cette même année, j’ai pu apprécier leur show, entourée par de vrais amateurs et donc, dans une ambiance thrash digne de ce nom. 2016 est une nouvelle année et les grecs reviennent avec un sixième et excellent album, Division of Blood, parfait successeur de Divide and Conquer sorti en 2014. Petit changement également au sein du line-up, le guitariste Gus Drax a intégré la bande suite au départ de Chris l’an dernier.
Trêve de plaisanteries, c’est le moment pour Suicidal Angels de prendre place sur la scène. Les fans de Skull Fist se sont éclipsés mais les autres sont là, toujours aussi motivés. Le quatuor n’y va pas par quatre chemins et attaque le set avec deux nouveautés, Capital of War suivie et Division of Blood. Deux petites tueries avec leurs paroles éloquentes, leurs riffs accrocheurs et des blasts dévastateurs… « death, fire, we are… the division of blood, death delivering fire, we are… the division of blood… » Ouh yeah !
On capte immédiatement la complicité des membres, Gus est parfaitement à l’aise, déversant riffs et soli avec une aisance certaine. Son jeu est fluide et il complète vraiment bien Nick qui assure toujours chant et guitare. Le thrash agressif aux sonorités death est toujours aussi efficace, les spectateurs se laissent guider par la divine brutalité qui émane de la scène et se mettent instantanément en mouvement. Les slams, pogos, wall of death et circle pit reprennent de plus belle. Fidèles à eux-mêmes, les musiciens jouent impeccablement, tout est ultra carré et rudement violent. Orfeas frappe ses fûts avec force, rapidité et précision, son jeu m’impressionne toujours autant, ça blast sévère ! Le devant de la scène est occupé par Aggelos qui fier ardemment les cordes de sa basse, ce duo rythmique est simplement monstrueux. Les gars nous balancent les percutantes Bloodbath et Bleeding Holocaust, ces compositions font l’effet d’une bombe. Impossible de rester placide quand on se prend ce genre salve en pleine poire. Les thrashers sont déchaînés, le pit est en ébullition et les stage diving vont bon train. On voit du chevelu voler dans tous les sens, les mecs restent même suspendus au plafond…du grand n’importe quoi !
Il fait chaud mais putain que c’est bon, Suicidal Angels nous sert un set de malade avec une setlist juste délicieuse. Les nouveaux morceaux sont parfaitement taillés pour le live, les riffs acerbes et la rythmique effrénée d’Image Of the Serpent ne vous laisseront pas indemnes. Les cheveux virevoltent sur scène autant que dans le pit, l’heure est au cassage de nuque intensif. Je ne me lasse pas d’entendre Seed of Evil avec son mid-tempo, ses guitares crissantes et son refrain persuasif «Terror through my veins, before creation now you shiver, what I am what I become, I am the seed of evil!”
Nick excelle dans son rôle de frontman, il communique bien avec le public gardant toujours cet air très sérieux mais n’étant pour autant pas moins sympathique.  Gus, quant à lui, est ultra souriant. La température grimpe encore d’un cran, c’est la guerre. La Secret Place est un vrai champ de bataille, les slammeurs ont failli faire tomber les amplis disposés sur le côté de la scène (et m’écrabouiller par la même occasion). C’est ça qu’on aime dans le thrash ! C’est brutal et imprévisible. Suicidal Angels nous offre une bonne heure de show avec un combo final ineffable composé de trois titres ravageurs: Reborn in Violence puis Moshing Crew, l’occasion pour le chanteur de rappeler les bases: le thrash, le mosh et la famille… L’ultime et incontournable Apokathilosis viendra clore la soirée en beauté.
Nous ressortons de là, lessivés mais surtout pleinement satisfaits, quelle branlée !

Une soirée particulière, une affluence un peu faible pour un samedi soir néanmoins très largement compensée par l’ambiance de folie. Quatre excellents groupes, aux styles différents mais tous ici dans la même optique : passer une putain de bonne soirée. Les zicos, tous très simples, accessibles et sympathiques nous ont offert d’excellents sets avec enthousiasme et générosité.
Merci ! Merci également à Aurore et toute l’équipe de la Tafeur Taf pour la soirée.

Auteure:Fanny Dudognon

Photos: Archives Summer Breeze 2015