Steven Wilson

18 Septembre 2015 – Ce soir, nous nous rendons au Casino Barrière de Toulouse pour partager un moment de pur génie musical en compagnie de l’auteur-compositeur-interprète, producteur et multi-instrumentiste Steven Wilson. Nombreux sont ceux qui ont découvert l’artiste grâce à son groupe de rock/métal progressif Porcupine Tree (et ses collaborations en tant que producteur, avec Opeth notamment). Le britannique, véritable mine d’or regorgeant d’idées et de créativité, se produit également en solo depuis 2009 et nous revient cette année avec une véritable pépite nommée Hand.Cannot.Erase.

20h30, nous prenons place dans le joli théâtre du Casino (étrange sensation que de se retrouver assis pour un concert de rock), la pénombre s’installe et l’écran géant s’illumine. Le célèbre pianiste de jazz-fusion, Adam Holzman, plaque les premiers accords de First Regret. Les autres musiciens arrivent et s’animent sur cette scène inondée d’une lumière bleutée, chaleureusement applaudis par le public. C’est ainsi que commence le voyage dans les méandres du sublime et dernier album Hand.Cannot.Erase. (joué dans son intégralité). A travers sa musique, Steven Wilson donne sa vision du film documentaire Dreams of a Life, influencé par l’histoire de cette jeune femme retrouvée morte, dans son appartement londonien, 3 ans plus tard… C’est donc d’un point de vue interne que des sujets tels que la solitude, la nostalgie d’antan ou l’impact d’internet sur la société sont abordés. L’artiste nous propose une immersion totale au cœur de cette oeuvre moderne, à la fois sombre, spleenétique et somptueuse.

Wilson, toujours en quête de perfection, s’est également entouré de musiciens renommés. Mr Holzman aux claviers mais aussi Nick Begg à la basse, Dave Kilminster à la guitare (à la place de Guthie Govan) et Craig Blundell à la batterie (remplaçant Marco Minneman). Le son est fort mais parfaitement équilibré mettant en valeur tous les instruments. Si musicalement la qualité est au rendez-vous, c’est également le cas visuellement. Le jeu de light est minutieusement calibré et des vidéos réalisées avec soin illustrent les morceaux, renforçant ainsi les émotions délivrées à travers les titres. L’enchaînement Hand.Cannot.Erase, Perfect Life et Routine, vous provoque un véritable flow émotionnel. Nostalgie, mélancolie, la gorge serrée, les yeux et les oreilles grands ouverts sont submergés de beauté, c’est absolument sublime. Des anciens titres dont Lazarus de Porcupine Tree viendront s’ajouter à la setlist pour le plus grand plaisir des fans. Les musiciens nous régalent, délivrant ces compositions ultra complexes avec feeling. La légèreté du piano, la force de la batterie, le groove de la basse, l’impétuosité de la guitare et la douceur de la voix de Steven Wilson vous embarquent. La musique coule dans leurs veines, s’écoule le long de leurs instruments et s’abat entre les murs du Casino: une divine explosion auditive. Le rideau tombe et la bande quitte la scène après une heure et demie de show.

Les clameurs s’élèvent, des images sont projetées sur le rideau, au son du cliquetis d’une horloge, introduisant la très belle The Watchmaker. Un morceau, démarré en acoustique, qui monte progressivement en intensité, avec des passages jazzy et d’autres totalement psychédéliques et électriques. Pour cette deuxième partie, l’atmosphère est totalement différente, presque surnaturelle tout comme l’univers du 3ème album The Raven that Refused to Sing. Impression consolidée par la présence de ce rideau transparent, Steven Wilson et ses acolytes semblent tout à coup  loin et presque irréels. Les adeptes de Porcupine Tree vont se délecter de la triade: Sleep Together, The Sound of Muzak et Open Car. Les applaudissements et les cris résonnent, l’artiste met tout le monde d’accord. Les musiciens se lâchent, les soli de guitare de Dave Kilminster et les vrombissements de la basse de Nick Beggs détonent. Adam Holzman est un vrai virtuose et Craig Blundell nous envoie du lourd pendant tout le set. C’est sans compter sur l’immense talent de Steven Wilson qui sait tout faire, changeant d’instrument avec une facilité déconcertante. On le sent épanoui, lui qui était si timide, se laisse aller et ne lésinera pas sur la communication avec son public, ni sur l’humour. Le vidéo clip et The Raven that Refused to Sing (illustrations by Jessica Copeest projeté et les notes s’élèvent, un show qui se termine comme il a commencé, plein de beauté et de mélancolie.

Steven Wilson et ses musiciens nous auront éblouis pendant plus de deux heures. Un show conceptuel alliant les arts visuels et la musique, où la technicité et l’émotion ne font qu’un. Je vous conseille vivement d’y assister et de vous procurer Hand.Cannot.Erase…frissons garantis.

 

Auteur : Fanny Dudognon

Photographe : Antony Chardon