Soulfly

Soulfly

11 février 2016 – Deux semaines après la folie Benighted / The Black Dahlia Murder, nous voici de retour au Connexion Live. La salle avait été retournée et SPM Prod nous propose de réitérer la chose afin de célébrer comme il se doit les cinq ans de l’association. Cinq années riches de fabuleuses soirées métalliques dont certaines ont réellement marqué les esprits. Je pense aux concerts d’Alestorm et Hyprocrisy au Saint des Seins ou encore à la venue exceptionnelle de Steve Harris au Métronum… Aujourd’hui, SPM Prod nous reçoit au Connexion, qui affiche complet, pour la venue du groupe brésilien Soulfly.

Partie 1 : Efficience
Un peu de stress pour l’organisation qui doit s’adapter et gérer le timing en dépit d’une arrivée très tardive des groupes, moins d’une heure avant l’ouverture des portes présumée. Nous pénétrons dans la salle et c’est avec seulement 15 minutes de retard que les membres d’Incite ouvrent les hostilités. Formé en 2004 à Phoenix, le groupe est composé de quatre bonshommes dont le vocaliste et beau-fils de Max Cavalera, Richie Cavalera. Malgré un temps de préparation limité, le son ressort plutôt bien et nous permet d’apprécier pleinement le show des Arizoniens. Les voilà qui nous balancent du bon groove metal. Les titres sont catchy avec des cadences entraînantes frappées par la brute, Lennon Lopez, qui martèle ses fûts comme un gros malade. La rythmique est doublée par la basse bien présente de Christopher El. A gauche, le guitariste Dru Tang nous envoie des riffs aussi mordants que mélodiques. Leur musique est très groovy avec ses parties qui sonnent clairement thrash à l’américaine. On perçoit également une grosse influence hardcore, notamment dans la voix de Richie mais aussi dans les fondations des morceaux avec des beats écrasants, tantôt lourds tantôt rapides. Un metal moderne qui me fait penser à des grands tels que Lamb of God ou encore DevilDriver. La foule se chauffe timidement mais sûrement, les premiers pogos sont lancés. L’espace restreint réservé aux musiciens ne les empêche pas de se donner à fond et les morceaux accrocheurs incitent (oui elle était facile) à remuer têtes et popotins. Une excellence mise en bouche, efficace mais malheureusement trop courte avec seulement 25 minutes de show. Le 4ème album d’Incite, Oppression sortira le 22 avril prochain. Un premier titre, Stagnant, est disponible ici.

Partie 2 : Aliénation
Rapide changement de plateau, c’est maintenant au tour de King Parrot de grimper sur les planches. Nous allons plonger dans un univers complètement différent du précédent et surtout beaucoup plus barré. Originaire d’Australie, le quintet puise dans tous les styles pour composer. Prenez un peu de thrash, death, hardcore, punk, grind, sludge, ajoutez-y une grosse dose de démence et, en mélangeant bien, vous obtenez King Parrot. Quinze minutes à peine après la sortie d’Incite, les australiens démarrent avec Epileptic Butcher. Le son est vraiment crado mais qu’importe, Matt Young (chant), Matthew Slattery (basse), Andrew Squire et Ari White (guitares) ainsi que Todd Hansen (batterie) sont là pour envoyer la purée. Dans le public on se sent beaucoup plus compressé et l’agitation se fait grandissante. Difficile de rester stoïque face à ce frontman déjanté, l’énergie et le grain de folie présents sur scène vont rapidement se propager dans le Connexion. Musicalement, c’est aussi rentre-dedans et trivial que visuellement ; des riffs percutants, du gros blast et des cris de sauvage. Youngy gigote dans tous les sens, et quand il ne se jette pas dans le public il vient tout de même flirter avec le premier rang. Vas-y que je te tripote le visage, vas-y que je te tire les cheveux/la barbe…et puis vas-y que je te montre mon cul. La tentation était trop forte, je n’ai pas pu m’empêcher de lui administrer une ch’tite fessée (qui ne l’a semble-t-il pas dérangé) ! Pendant ce temps, Slatts fait vrombir sa basse et nous sert un panel de grimaces, on dirait un malade mental. A côté, le guitariste Squiz en mini-short remue la tête tout comme Toddy qui headbang, faisant virevolter ses longues dreads au rythme de ses blast beats. Seul Mr. White se comporte « normalement » délivrant ses riffs au milieu de ces acolytes dingues. King Parrot nous aura fait passer un moment démentiel, délivrant des titres courts mais dévastateurs comme Anthem of the Advanced Sinner, Dead Set (dont l’album éponyme produit par Phil Anselmo sortait en 2015) ou encore Bozo. Slams, pogos, circle pit, wall of death… les spectateurs se sont bien défoulés ! 27 minutes de gros bordel en compagnie d’un groupe d’aliénés qui a su convaincre et chauffer la salle.

Partie 3 : Réminiscence
La « perruche royale » s’en-vole laissant planer son âme entre les 4 murs du Connexion Live, nous préparant ainsi à la venue de Soulfly. Les techniciens s’activent pour un ultime changement de plateau qui s’avère interminable: méchant micro ! Après quasiment trois quart d’heure, les lumières s’éteignent enfin. Les clameurs s’élèvent quand le groupe arrive et redoublent d’intensité lorsque Max Cavalera fait son apparition. On a beau entendre de nombreuses critiques à son sujet, il restera toujours Mr Cavalera, premier chanteur du groupe mythique Sepultura. Le show s’amorce assez calmement avec We sold our souls to metal, puis Archangel et autres titres issus du dernier album. Les premiers accords de Refuse/Resist retentissent et la réaction du public est immédiate, tout le monde chante et s’agite. Le son est loin d’être parfait mais déjà bien meilleur que pour King Parrot. Le chanteur s’impose davantage par son nom que par sa performance, il semble faire le minimum, scotché à son micro avec un chant faiblard (il est quand même souriant). Son fil, Zyon s’en sort à la batterie n’égalant néanmoins pas ses prédécesseurs, il semble archi défoncé et les quelques temps de pause durant le set lui permettront de s’affaler sur les fûts pour reprendre son souffle. Elle est belle la jeunesse ! Fort heureusement, leurs confrères vont largement relever le niveau. L’excellent guitariste Marc Rizzo (également membre de Cavalera Conspiracy avec Max et Igor Cavalera) assure, délivrant ses riffs avec aisance et le sourire aux lèvres. De l’autre côté, l’ancien bassiste d’Havok, Mike Leon envoie du lourd à la basse, il déborde d’énergie et ça fait plaisir à voir. Dans la salle c’est l’euphorie; pogos, slams, circle pit et wall of death… les spectateurs s’en donnent à cœur joie. Les morceaux phares de Soulfly comme Profecy, Tribe ou Babylon mais aussi les covers incontrounables de Sepultura dont Arise ou Roots Bloody Roots font leur effet. On oublie les points négatifs tant l’ambiance est énorme, nous sommes tous à fond, reprenant les refrains en chœurs et agitant nos têtes avec entrain. Max n’est pas insensible à cet élan de bonne humeur, porté par cette chaleureuse atmosphère, il se décoincera au fil du set. Le groupe s’éclipse avant de revenir pour un long rappel avec la célèbre Back to the primitive avant de rendre un chouette hommage à Lemmy Kilmister, interprétant Ace of Spades de Motörhead en compagnie des membres de King Parrot. Le père Cavalera se lâche enfin, il chante et saute comme un gamin. Un vrai moment de communion entre le groupe et le public, on s’en souviendra ! Soulfly clôture ce set d’environ 1h15 avec Eye for an eye. Pendant cette heure de show, certes imparfaite, j’ai eu l’impression d’avoir à nouveau 15 ans, d’avoir quelques réminiscences de l’adolescence… et ça, ça fait du bien !

Merci à SPM Prod pour cette chouette soirée qui restera dans les mémoires. Même si ce n’est plus ce que c’était et que Max Cavalera n’a plus la fougue d’antan, Soulfly au Connexion Live c’est énorme! De plus, l’ambiance de ce soir était extra et je suis sûre que les spectateurs seraient ravis à l’idée de revoir King Parrot, leur prestation aura clairement marqué les esprits. Personnellement, j’ai eu un vrai coup de cœur pour Incite et leur groove indiscutable.
Bon anniversaire et longue vie à SPM Prod !

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Auteure: Fanny Dudognon

Photo: Jérôme Jacques