Jeudi 30 mars 2017 – J’ai quitté Saez sur la scène des Déferlantes en juillet 2010. Il faisait chaud et la tournée J’accuse battait son plein. Je le retrouve ce soir en salle, au coeur de La tournée du Manifeste, démarrée début mars. Loin d’être dans sa configuration la plus pleine, le Zénith de Toulouse accueille ce soir environ 3 500 spectateurs. Les billets ont été vendus au tarif unique de 43€, placement libre assis ou debout.

Pas d’artiste en première partie pour ouvrir le bal mais un court-métrage noir et blanc où la jeune et jolie Ana Moreau narre au public sa poésie, son histoire, son père disparu. A ce premier tableau vidéo, salué par le public, s’enchainent les images soignées d’une plage filmée en noir et blanc tandis que dans l’ombre Damien Saez a pris place au milieu de la scène et entonne, assis, L’Humaniste en guitare-voix. A cette première interprétation succède le titre Les Enfants du Paradis, l’un des plus beaux textes écrits en hommage aux victimes du Bataclan. Les briquets s’élèvent et les frissons nous enveloppent…

Mais à l’aube de ses 40 ans, l’anarchiste Saez n’a rien perdu de sa verve et le concert découpé en 3 parties par deux entractes va habilement enflammer son public de puristes. Portée par le dynamique opus J’accuse et les titres Des p’tits sous, Pilule, Cigarette,… ou encore l’accordéon chaleureux de Johann Riche, l’éclate est facile au cours d’un concert de Saez. Cependant l’atmosphère de Saez ne serait pas la sienne sans sa bougonnerie envers ses équipes (“trop habituées aux concerts de variété”) et sans, bien que bon nombre de ses titres en soient déjà l’étendard, ses discours enragés. Saez continue -et continuera sans doute- de dénoncer et de mettre en scène sa colère juste et sincère contre la politique, la corruption ou le capitalisme. Vibrant. Mais au fond l’artiste reste concentré sur son oeuvre alors même si je prends un pied immense à chacun de ses concerts : 20 ans avant ou après, ce merdier reste le même et il y a peut-être autre chose à faire que de lever le poing dans une salle de concert.

Jeunesse lève toi, J’veux qu’on baise sur ma tombe, Tu y crois… Il est presque minuit 30 lorsque se termine ce concert démarré à 20h45, soutenu par 6 talentueux musiciens. Nous quittons cette ardente soirée et le Zénith de Toulouse où -c’est assez rare pour le souligner- pour une fois le volume sonore n’était pas exagéré et le bar est resté ouvert jusqu’à la fin.

Auteure : Vanessa Eudeline

Photographe : David Torres