Sabaton-5

23 Février 2016 – Ces dernières années, à Toulouse, nous avons la chance d’avoir une programmation rock/metal aussi riche quantitativement que qualitativement alors qu’en Aquitaine les événements se font plus rares. Les choses bougent néanmoins depuis l’ouverture du Rocher de Palmer (2010) à Cenon, tout près de Bordeaux. J’avais découvert la plus grande salle du complexe (capacité 1200 pers) lors un show fantastique d’In Flames. Je m’y retrouve ce soir pour voir d’autres suédois mais dans un tout autre genre: Sabaton. Alestorm et Bloodbound sont également de la partie.

La pluie n’aura pas empêché les fans d’arriver tôt, à 17h, les aficionados font déjà la queue ! La French Division (sachez-le, un faux-crâne à crête ne fait pas de vous un Joakim Brodén, et ouais les mecs, n’est pas Joakim qui veut !) se tient au garde-à-vous devant les portes qui ne s’ouvriront qu’aux alentours de 19h30 pour un start à 20h30, comme toujours au Rocher.
L’affiche du jour est d’une très bonne qualité et c’est le groupe de power metal BloodBound qui se charge d’ouvrir le bal. Plutôt productif, le groupe signait son 6ème album Stormborn (AFM) en 2014 célébrant ses 10 années d’existence par la même occasion. Et c’est parti ! Les lumières s’éteignent, la scène prend une jolie teinte rouge sang et les suédois débarquent en même temps que retentit l’épique introduction d’Iron Throne. La suite est bien punchy avec In the name of Metal. Rien d’innovant certes, on ressent dans leur musique des influences et ressemblances avec les grands noms du genre : HammerfallManowarPowerwolf ou encore Primal Fear. Cependant, c’est indéniablement efficace et la sauce prend très vite, le public s’agite déjà, une bonne partie chante d’ailleurs les refrains à plein poumons…ça promet pour la suite. Le chanteur,Patrik Johansson a une superbe voix et nous balance quelques aigus bien puissants. A ses côtés les blondinets Tomas Olsson, Jocke Leandro Johansson (guitares) ainsi qu’Ander Broman (basse) gèrent les instrus tout en faisant le show, remuant corps et cheveux de part et d’autre de la scène. Daniel Sjögren, donne la cadence avec le sourire. Une petite demi-heure de show bien sympathique qui se clôturera avec l’apparition de l’imposant Nosferatu illustrant ainsi le titre éponyme. Le public est chaud comme de la braise et paré pour la suite.

Nous quittons un instant la Suède pour partir voguer non loin des terres d’Ecosse en compagnie des pirates alcooliques d’Alestorm. Le groupe ne cesse de voyager, écumant les salles depuis la sortie Sunset on the Golden Age en 2014. Ils ont mis le feu lors de festivals comme le Hellfest ou encore le Summer Breeze et nous ne pouvons oublier leur passage mémorable au Saint des Seins en 2013. Cet été, je découvrais leur nouveau décor pop aux couleurs de l’arc-en-ciel et le canard-banane, totalement décalé et bien loin de l’imagerie pirate traditionnelle. Ce soir, un canard géant lumineux vient compléter la panoplie ! Extra ! Il est temps d’embarquer, le quintet n’y va pas par quatre chemins et donne le top départ avec la dévastatrice Keelhauled. Et oui, autant envoyer du lourd direct, nous n’avons pas toute la nuit ! Dans la salle, ça démarre au quart de tour, ça pogote et ça chante : ” |…] Make that bastard walk the plank, with a bottle of rum and a yo ho ho…”. Le vocaliste, Chris Bowes, armé de son clavier-guitare va totalement attiser l’audience en compagnie de ses confrères : le souriant Maté Bodor à la guitare, l’énergique Gareth Murdock à la basse, le claviériste Elliot Vernon qui nous sert ses plus belles grimaces ainsi que Pete Alcorn posté derrière sa magnifique bar-batterie “Fray Bentos CLASSIC”. Plein d’énergie et d’humour, ces fringants énergumènes s’agitent à vous en donner le tournis, c’est ça l’effet Alestorm (Tempête de bière). Les animaux gonflables flottent au-dessus des têtes en compagnie des crowd-surfers sur les morceaux festifs que sont Magnetic North, Shipwrecked et Walk the Plank. Puis, le public s’assoie pour un joli moment de communion, pagayant au rythme lancinant de Nancy the Tavern Wench. (Un instant mémorable que nous avions déjà vécu au Saint des Seins). Alestorm nous régale encore une fois, et si les pirates font les fous, ils n’en sont pas moins performants, bien au contraire. Drink, Hangover… damned ! voilà qu’on se met tous à chanter un titre de Taio Cruz ! Le set défile à vive allure, la foule est déchaînée et c’est sur 1741 (the battle of cartagena) que le groupe tire sa révérence. Un show extra sur tous les plans : musicalement, scéniquement et humainement, merci Alestorm! A consommer … SANS modération.

Les techniciens débarrassent la scène, dévoilant ainsi le char d’assaut où trône la batterie et qui fait toujours son petit effet. Les pieds de micros sont habillés de casques militaires, filets de camouflages et autres objets de bataille complètent le décor. Un attirail qui va de pair avec les morceaux de Sabaton qui traitent essentiellement de la Guerre. Les suédois connaissent aujourd’hui un immense succès, ils remplissent les salles depuis la sortie de leur album Heroes. Difficile à approcher en dehors, le groupe est par contre très communicatif durant les shows, c’est ce qui plait beaucoup mais de mon point de vue tout ça est un peu trop calculé. Ce n’est pas la prestation de ce soir qui me fera changer d’avis puisque nous aurons un spectacle en tout point identique à celui que le groupe avait donné au Bikini en 2014. L’interminable The Final Countdown résonne en guise de préambule à Ghost Division, les membres de Sabaton apparaissent et sont chaleureusement accueillis par la foule qui entonne déjà le refrain de ce titre phare. Le chanteur Joakim Brodén, dirige les troupes en bon frontman, tenant un discours plein d’humour et bien rodé et avec un sourire qui lui, ne semble pas feint. Sabaton vide ses cartouches à pleine puissance : Far from the FameUprising, Midway… des morceaux catchy et entraînants, les spectateurs sont réceptifs à 200% et l’ambiance est excellente. Les clameurs s’élèvent dès les premiers accords de Resist and Bite, impossible de rester statique au son de la grosse caisse et cette rythmique ultra groovy. Voilà de quoi sauter dans tous les sens.
Une chose appréciable c’est le grain de voix de Joakim (qu’on l’aime ou pas) qui est plutôt singulier et rare dans le heavy metal, un timbre grave avec l’accent scandinave. Le charmant Thobbe Englund apporte également beaucoup au spectacle, c’est le deuxième harangueur et quand il ne déconne pas avec son pote, il nous balance ses soli de guitare avec un large sourire. Le bassiste Pär Sundström aura lui aussi la banane durant tout le set. Chris Rörland, à la guitare, s’exécute plus en discrétion pendant que Hannes Van Dahl frappe ses fûts, juché en haut du panzer. La machine de guerre nous bombarde avec The Lion from the North, Carolus Rex, sans oublier Attero Dominatus dont le refrain est parfaitement scandé par la foule. Le groupe s’éclipsera avant d’entamer le rappel, livrant l’explosif combo : Night Witches, Primo Victoria, Metal Crüe. L’euphorie générale et la bonne humeur planeront dans la salle jusqu’à la dernière note…voilà que Sabaton quitte le front.

En résumé, ce fût une très belle soirée avec une affiche de qualité ! D’un point de vue personnel j’ai largement préféré Alestorm, et leur folie, plus brute et plus sincère. Je n’écoute pas Sabaton mais le show orchestré est grandiose, c’est indiscutable et le public conquis ne vous dira pas le contraire. Néanmoins, tout est millimétré avec de l’artillerie lourde en guise de décor, même les guitares sont en camouflage et je trouve ça un peu too much. Enfin… Ce qui compte c’est bien évidement l’ambiance qui aura été au top du top et ce, de l’arrivée de Bloodboud, pendant la tornade Alestorm jusqu’au départ de Sabaton.
Merci au Rocher de Palmer pour l’organisation, un beau concert avec un son au poil ! Merci à Alestorm et plus particulièrement à Máté.

Auteure et photographe : Fanny Dudognon