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Les spéculations allaient bon train au cours de la journée afin de déterminer si Rammstein allait attirer plus de monde que les Red Hot Chili Peppers. D’une part, on se souvient que le groupe allemand a attiré une des plus grandes foules enregistrées en 2010. D’une autre, leur nouveau contenu depuis est minime, et la file d’attente à l’entrée était moins longue que celle des rockeurs californiens. Malgré cette incertitude, la ruée vers la scène est massive. Le régisseur sonore ne manque vraiment pas d’ironie: lors de l’arrivée des premiers courreurs, il fait jouer “Walk” de Pantera! Dans tous les cas, record de présence ou non, le show de Rammstein est très attendu, et le choix de Gojira en première partie suggère que ça va brasser sur les Plaines!

Gojira

“QUÉBEEEEEECCCC!!!!” – Joseph Duplantier, meneur de Gojira.

Le groupe français, anciennement nommé Godzilla, se spécialise dans le métal extrême. Si Duplantier avait à poser une question rhétorique, ce serait sûrement: « Pourquoi chanter quand on peut hurler? ». Ainsi, sans préliminaire, les musiciens commencent à marteler « Toxic Garbage Island »; inutile de préciser que ça bûche! Toujours soucieux du bien-être de la foule, le chanteur s’enquiert ainsi : « Est-ce que vous êtes contents, là? ».

L’occasion est parfaite pour introduire des morceaux du nouvel album Magma : l’un à la suite de l’autre, on écoute « Stranded » et « Silvera ». Chose certaine, le rythme rapide de la batterie et la férocité des guitares et de la basse pompent la foule à point. Contrairement à Apocalyptica qui précédait Rammstein en 2010, il n’y a aucun point mort pendant la performance de Gojira : leur mandat d’introduction est accompli, donc!

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Rammstein

Place au théâtre!
Après une attente d’une vingtaine de minute qui a sûrement rendu bien des amateurs un peu nerveux, un décompte de 60 secondes est affiché sur les écrans géants. Le compte à rebours expiré, le rideau noir tombe et une première salve de feux d’artifice est lancée alors que le groupe de métal industriel entame le tout nouveau morceau « Ramm4 », le tout parmi les cris des festivaliers. Certes, il s’agit d’une chanson conçue pour les festivals et consiste surtout en du name-dropping de plusieurs de leurs titres; cependant, l’entrée dramatique des musiciens et, surtout, le lancer du chapeau explosif du chanteur Till Lindemann confirment que les allemands en mettront plein la vue!

À défaut d’avoir bien des nouveautés à jouer, Rammstein exécute à la place une série de morceaux plus rares. « Reise Reise », « Hallelujah » et « Zerstören » résonnent ainsi pour la première fois au Canada, et comblent bien des admirateurs plus exigeants. L’absence de nouvel album à promouvoir permet également à la troupe de revisiter les classiques de l’album Mutter tels que « Mein Hertz Brennt » « Links 2 3 4 » et « Ich Will ». Les effets pyrotechniques sont trop nombreux pour tous les énumérer; dans tous les cas, ils sont parfaitement synchronisés et émerveillent même les plus blasés du métal. Rassurez-vous : les allemands ne passent pas outre leurs méga-succès « Feuer Frei » et « Du Hast » : ce serait la révolte, autrement!

Le rappel (si on peut le qualifier ainsi) est particulièrement bien garni, tant au plus musical que visuel. Les jets de flammes sont nombreux sur « Sonne »; des confettis bleus, blancs et rouge sont projetés pendant « Amerika »; puis, lors de la finale avec « Engel », Lindemann enfile des ailes d’ange qui projettent du feu aux extrémités. Pour résumer avec un onomatopée : WOW!

Devant les acclamations soutenues du public, Lindemann ne peut s’empêcher de déclarer : « Québec, que je t’aime. Merci, merci beaucoup! ». Finalement, sur une mélodie de piano qui joue « Ohne Dich », le guitariste Richard Kruspe descend de la scène et va donner la main à des fans sur le parterre : rares sont les artistes aussi connus qui témoignent une telle reconnaissance envers leurs fans!

Fin

En sortant des Plaines, le débat s’est métamorphosé à savoir si le concert de Rammstein de 2016 était mieux que celui de 2010. D’une part, la liste des chansons est plus diversifiée et se concentre moins sur l’album Liebe Ist Für Alle Da; d’une autre, certaines chorégraphies sont très similaires au spectacle d’il y a 6 ans. Ceci dit, de tels arrangements sont très complexes et coûteux à réaliser. Et puis, qui se plaindrait de revoir la mise en scène de la baignoire en feu lors de « Ich Tu Dir Weh », le tapis roulant de « Du Riechst So Gut » ou les lancers de roquettes de « Du Hast »?

En somme, le consensus parmi les critiques, les fans finis et les néophytes est que le spectacle de Rammstein est grandiose, théâtral, spectaculaire, et pour reprendre un terme employé par 100% de la population présente, « malade ». Parions que leur prochain spectacle au Québec, qu’il soit dans un mois ou cinq ans, attirera une foule tout aussi énorme!

Auteur: Mathieu Bonin

Photographe: Thomas Mazerolles