Powerwolf

Powerwolf

7 Avril 2016 – Il est 19h, je me rends au Bikini pour une soirée qui sera rythmée par le heavy metal. L’affiche du jour est composée de trois groupes souvent présents en festivals et dont la cote de popularité ne cesse d’augmenter : Serenity, Battle Beast et Powerwolf. Bien que l’on ne soit pas encore au niveau de Sabaton, le style attire et les premiers aficionados, dont certains costumés, qui patientent sagement devant les portes.

19h45, nous sommes encore bloqués au guichet quand la musique se met en route à l’intérieur de la salle qui se remplit de plus en plus. Ce sont les autrichiens de Serenity qui ouvrent les hostilités. Je les avais vus en 2007 avec Kamelot et Adagio, la formation était encore jeune mais semblait prometteuse. Neuf ans plus tard, Georg Neuhauser (chant), Andreas Schipflinger (batterie) reviennent en compagnie de Fabio d’Amore (basse) et Cris Hermsdörfer (guitare) et avec un album tout frais, Codex Atlanticus. Joli décor, son propre et beau jeu de lumières agrémentent le set de Serenity. Trente minutes de heavy mélodique et symphonique, avec des titres accrocheurs comme Follow Me, Legacy of Tudors ou Velatum. Ce n’est clairement pas ma tasse de thé mais c’est bien exécuté, la voix de Georg est toujours impeccable et l’ambiance est chaleureuse.

La scène se transforme et revêt maintenant les couleurs du dernier opus de Battle Beast réalisé en 2015, Unholy Savior. La foule se presse un peu plus et le Bikini est à nouveau plongé dans le noir vers 20h30. Les clameurs retentissent lorsque les finlandais apparaissent. La chanteuse Noora Louhimo à la crinière blonde apparaît toute vêtue de cuir et nous balance un « Just let it roaaaaaaaaaaaaar » tout en force (un peu trop). Là, je me dis que la madame est bien énervée « Calmes toi ! Ça va bien se passer ! ».  A priori cette agression vocale ne semble pas perturber l’audience qui s’agite rapidement, beaucoup sont d’ailleurs venus pour eux. Les musiciens, Eero Sipilä (basse), Pyry Vikki (batterie), Juuso Soinio (guitare) et Janne Björkroth (claviers) ainsi que Noora se donnent à fond distillant un heavy metal fougueux aux refrains éloquents. Rythmique punchy doublée de quelques riffs efficaces, du clavier à gogo et un chant surpuissant suffisent à endiabler le public. Les français nostalgiques des années 80 sont servis, nous nageons en plein dans la « kitschitude ». Quand j’entends le son de clavier de Touch in The Night, je me demande alors si je vais voir débarquer Desireless, Alphaville ou Emile et Image. Ca fait danser, certes, mais je préfère largement des titres pêchus comme Fight, Kill, Die. Mourir, oui et surtout de rire avec le refrain de Black Ninja…ils ont osé, ils m’ont achevée. Bon, ils ont quand même conquis la majorité du public. Allez salut ! (Et non, cela n’arrive pas à la cheville de Doro).

Dernier changement de plateau, la scène prend des allures de cathédrale : vitraux sur backdrop géant et gargouilles donnent le ton. Créé en 2003, le groupe allemand Powerwolf est productif avec déjà six albums sortis dont le dernier Blessed and Possessed pondu en 2015. Il est environ 21h45, dernière extinction des lights, la scène brumeuse s’illumine alors que sonne l’introduction mystique, à ce moment, les prêtres-garous font leur entrée. Le public réserve un accueil plus que chaleureux aux allemands, clairement attendus.Le set s’amorce avec le titre éponyme du dernier opus suivi de Coleus Sanctus et Amen & Attack. Prenez des intros aux sonorités religieuses, un metal énergique et symphonique avec de bons riffs heavy, beaucoup de “Amen”, “Alléluia”, “Maria”, “Spiritus Sanctus” ainsi qu’une bonne dose d’humour et vous obtenez la recette Powerwolf. Ce n’est pas très intelligent ni même technique mais leur musique festive et leur bonne humeur incitent à la fête. Le vocaliste Attlia Dorn excelle dans son rôle de frontman, toujours en totale interaction avec le public qui chante, danse et lève les mains sur commande. Le claviériste Falk Maria Schlegel, qui ressemble à un mime égaré, viendra souvent faire le pitre aux côtés de son confère. Le chanteur fait un bel effort et communique un maximum en français et c’est avec un “êtes-vous sauvaches?” (accent allemand oblige) qu’il introduit Sacred & Wild. Et hop, on est reparti pour “Santus”, “Jesus” et compagnie, au cas où nous n’aurions pas compris! Les frères Greywolf, Matthew et Charles aux guitares s’exécutent cheveux au vent mais n’est pas Simone Simons qui veut, c’est beaucoup moins glamour. Enfin, Roel Van Helden assure bien à la batterie. Le titre Army of the Night me fait vraiment penser à du Sabaton, même rythme, même mélodie et même intonation. Attilta a une sacrée voix mais il m’a semblé un peu fatigué par moment. L’ambiance est excellente et, si le show visuel (décor et lights) est superbe, côté musique tous les titres sont construits de la même façon, c’est redondant et vite lassant. Au bout d’une heure j’en ai marre, malheur, le set va durer quasiment deux heures avec trois titres en rappel. Joli final sur All we need is blood et quelques flammes sur la scène, très largement acclamé par une foule de prosélytes pendant que moi, l’hérétique, je me dis: Alléluia ! La messe est finie.

Ce qui est bien, c’est de voir le Bikini aussi rempli à l’occasion d’un concert de metal. Il est clair que le power/heavy metal cosplay (oui parce qu’ils sont tous grimés et/ou costumés) est à la mode. Une musique accessible et festive qui attire beaucoup plus que le metal extrême et technique, un mal pour un bien ou un bien pour un mal…à vous d’en juger.

Auteure: Fanny Dudognon

Photographe: Antony Chardon