Patrice

Jeudi 30 Mars 2017 – Le Bikini a placé ce soir sa programmation sous le signe de la douceur et de l’harmonie, qu’elle soit musicale chez Tess ou humaine chez Patrice. Revenons sur cette soirée qui a fait l’unanimité chez tous ceux qui y ont participé.

Première remarque lorsque nous rentrons dans la salle bien connue du Bikini : l’hétérogénéité du public. Tous les âges sont représentés, tous les genres, toutes les mentalités aussi. Cela fait écho à l’universalité de la musique de Patrice, mais on se demande du coup comment le public va réagir face à l’electro-pop de Tess en première partie. Pour ceux qui ne la (ou plutôt les) connaîtraient pas encore, Tess est l’une des grandes révélations de la scène pop française cette année. Au début en solo, c’est la voix de la chanteuse Tess Océane Joffroy qui a été remarquée sur Youtube par le label Choke Industry, label aussi de Ruby Cube ou Lilly Wood &The Prick. Depuis, cette voix/guitare s’est faite accompagner par deux autres membres : un clavier et une machiniste ; configuration du concert de ce soir.
Dès l’introduction du set, on sent bien ce qui va arriver : une pop “américanisée”, influencée par les grands noms de ces dernières années. Et pour cause, Tess avoue elle-même être influencée par des groupes comme Sia, Birdy ou Lorde. Effectivement, c’est bien ce que l’on ressent à l’écoute de sa musique, à une grande différence près : on ressent une plus grande “fragilité apparente” ce soir. Pas de show monumental, pas de tenue ostentatoire mais plutôt une fraîcheur qui fait tout le charme de ce groupe. Seul bémol néanmoins, mais peut-être que c’est un choix de la part des trois artistes : une certaine “naïveté” dans la communication avec le public. On y trouve comme un manque d’assurance, malgré la grande expérience de la chanteuse (le groupe est même aligné dans la programmation du prestigieux Lollapalooza Festival le 22 et 23 Juillet prochain). Mais on laisse le temps au temps, puisque ce groupe est incontestablement une révélation en devenir, et qui ne demande qu’à percer encore un peu plus. En attendant, ils ont fait des heureux ce soir au Bikini au vu de l’ovation finale, qui rappelle le très bon accueil général de leur premier E.P, T.E.S.S, sorti le 20 Janvier dernier sous Poulidor.

La deuxième chose qui nous a marqués en entrant dans la salle : un énorme cube situé juste derrière les ingénieurs son et lumière (qui, au passage, ont fait un excellent travail ce soir). D’abord énigmatique, on en découvre l’utilité au début de la seconde partie : c’est en fait un énorme vidéo projecteur. Il va permettre, tout au long de la soirée, de diffuser en fond de scène des vidéos, la plupart abstraites mais très marquées par les origines africaines de Patrice. Des couleurs chaudes, qui vont rendre le show (car c’était bien un show) du groupe encore plus rayonnant et solaire. Venus présenter leur nouvel album, Life’s Blood, sorti le 30 Septembre 2016 ; ils en ont profité pour nous proposer un live comme on les aime. Un live qui nous a fait part des morceaux tantôt nouveaux tantôt classiques de Patrice, mais qui nous ont paru beaucoup plus énergiques que sur la version studio. Malgré quelques balades, c’est globalement l’aspect festif qui est ressorti de la prestation, avec comme titre-apothéose le fantastique Soulstorm, rallongé et intensifié pour faire jumper tout le Bikini. Notons aussi la superbe reprise de Ain’t no sunshine, hommage à Bill Withers et véritable rayon de soleil de la pianiste/chanteuse. Le côté solaire, le rythme africain, la végétalisation de la scène (de nombreux arbres ont été placés pour l’occasion) et la communion entre le groupe et les spectateurs : Patrice a réussi à créer une très belle atmosphère ce soir. Une atmosphère qui a mis en valeur la musique festive du groupe donc, bien loin du reggae plus classique qu’avaient par exemple montré Danakil et Volodia dans cette même salle en décembre dernier (pour ceux qui l’auraient loupé, c’est ici).

Une bonne soirée donc, avec une révélation qui a montré tout son potentiel et un classique qui a montré tout son talent.

Auteur : David Vacher

Photo : Jérome Jacques (Archive Thorium Mag)