Unzucht

Unzucht

17 avril 2016 – Nous sommes dimanche, il faut donc arriver tôt au Metronum car l’ouverture des portes est prévue à 19h. Le Collectif Antistatic nous a concoctés une sympathique soirée 100% Deutsche Qualität avec un genre que l’on voit trop peu souvent par ici, le metal industriel et plus exactement la Neue Deutsche Härte. Si Rammstein est aujourd’hui beaucoup plus populaire, il est bon de rappeler que c’est Oomph! qui a posé les bases avec l’embryonnaire album Sperm en 94. Les pionniers du genre nous font le plaisir de venir célébrer leurs 25 années d’existence et présenter leur 12ème album XXV sur scène. Leurs compatriotes d’Unzucht officieront en tant que première partie.

19h30, la soirée débute donc avec Unzucht. Inconnu au bataillon, le groupe originaire d’Hanovre qui existe depuis 2009  sortait sa troisième galette,  Venus Luzifer il y a un peu plus d’un an.
Le quatuor va nous offrir une chouette entrée en matière, ouvrant le bal avec Unendlich aux riffs explosifs et son refrain mélodique suivie de la plus calme Seelenblind. La belle énergie dégagée par le groupe est renforcée par la présence scénique incontestable du chanteur Daniel, Der Schulz qui en impose par son look, son sourire et son charisme naturel. Le frontman n’hésitera d’ailleurs pas à venir flirter avec le premier rang durant tout le set. Le public est totalement réceptif et les « oh oh oh oh » résonnent déjà dans le Metronum. Le son optimal permet de bien apprécier le set d’Unzucht (on dit Ounzourt hein !) dont la musique oscille entre  metal, indus et electro dark. Les allemands nous balancent des titres variés. Il y aura Unzucht dont les sonorités s’apparentent plutôt au style EBM mais aussi Kettenhund qui démarre en force avec le cri perçant  du guitariste Daniel De Clercq. La rythmique de ce morceau assurée par le duo basse/batterie que forment Alex Blashcke et Tody Fuhrmann est carrément groovy !  Ce qui me dérange dans ces compositions, c’est le passage net entre des riffs métalliques bien solides et les refrains beaucoup plus pops et languissants qui, je trouve, font retomber la dynamique.
Quoiqu’il en soit, nous avons passé un très bon moment en compagnie d’Unzucht qui reviendra sans aucun doute dans le coin.

Oomph! qui n’avait pas mis les pieds en terre toulousaine depuis quasiment 10 ans fait son grand retour à l’occasion de son vingt-cinquième anniversaire. Un quart de siècle ça se fête ! Je les avais loupés au Havana Café, et pourtant la formation allemande fait bien partie de celles que j’écoutais lorsque j’étais adolescente. Précurseurs du genre, on les compare souvent à Rammstein qui leur a piqué la vedette à l’international et pourtant… A mon sens, si les bases sont les mêmes, leurs compositions sont vraiment différentes aujourd’hui.  Encore en 2016, Oomph! s’inscrit dans la stricte vague  Neue Deutsche Härte mélangeant rock allemand, electro, metal, techno, groove, beaucoup plus proche de l’EBM/indus de Laibach que Rammstein qui ne propose actuellement qu’un pur et simple metal indus (misant plutôt sur l’aspect visuel).
Et sur scène qu’est-ce que ça donne ? Il est temps de le découvrir ! Le Metronum est plongé dans l’obscurité pendant que la scène s’illumine. Backdrop géant, lights, stroboscopes, batteries (une acoustique et une électronique), claviers, tambour, machines à fumigènes… ça ne rigole pas ! Les notes introductives d’Alles Aus Liebe retentissent, les musiciens s’installent puis Dero, le frontman au sourire Bright qui porte les favoris et les « pics » comme personne, apparaît sous les clameurs du public. Lookés, bombers/rangers, les membres permanents du groupe, Dero (chant/percu),  Crap et Lux (claviers/guitares) sont accompagnés par Hagen (basse), Felix (clavier), Okusa (percu et masticage intensif de chewing-gum) et Silverstri (batterie). Le chanteur frappe sur son tambour et entonne We Will Rock You, la cadence s’accélère avec les dansantes Labyrinth et Träumst Du. La salle n’est certes pas remplie mais l’ambiance est excellente, les fans( jeunes et moins jeunes) s’activent sans se faire prier. Oomph! va nous servir 2 heures de show 100% live et sans playback (précision que Dero apporte non sans une pointe d’amertume envers leurs « rivaux ») agrémenté une setlist équilibrée entre oldies et nouveautés. Quel plaisir d’entendre Der Neue Gott, ce titre entraînant au refrain prégnant «Ich bin der neue gott »  purement German EBM à la Orange Sector  ou Die Krupps qui me rappelle les folles nuits en soirée Dark Electro. Les accords synthétiques s’élèvent et s’infiltrent agréablement dans vos oreilles, la densité sonore vous enveloppe, les rythmiques puissantes et endiablées vous emportent alors que les riffs pugnaces vous poussent au headbanging. Quelques titres plus calmes, plus mélodiques tels que Auf Kurs vous bercent (ou vous perdent). Épaulé par les deux guitaristes ultra souriants, le vocaliste mène la danse, haranguant la foule à tout va, s’y plongeant également. L’audience à la fois enthousiaste et  disciplinée se prend instantanément au jeu, criant, chantant et levant les mains sur commande.
Le meilleur pour la fin, Gekreuzigt, Agen Auf ! avant un rappel avec les incontournables et frénétiques Kleinstadtboy et Gott ist ein Popstar qui finiront d’enflammer la foule. L’occasion pour Dero de changer de tenue : costard, chapeau et sang et pour Flux de venir surfer sur les bras d’un public conquis.

Ce style musical typiquement allemand est loin d’être mon favori. J’ai néanmoins passé une très bonne soirée en compagnie d’Unzucht et Oomph ! qui nous ont généreusement offert un moment convivial rythmé au son des synthés et visuellement très beau. Merci au Collectif Antistatic !

Auteure : Fanny Dudognon

Photographe : Clément Costantino