10 Ministy 07

Samedi 30 juillet – Nous arrivons tranquillement, le soleil tape et tenir devant les concerts à l’extérieur va s’avérer compliqué.

16h30, ce sont d’abord les bretons de Kings of Nothing qui montent sur l’EMP Stage. Je manque cruellement d’objectivité pour émettre un quelconque jugement car les garçons ne font pas mal le job, au contraire. C’est jovial, ça permet de se réveiller en douceur et de se mettre tranquillement dans le bain. Deux petites chansons histoire de ne pas mourir bête quand même.

Après ça, c’était un vrai micmac avec l’annulation de Stinky, j’étais un peu perdue dans le planning et je me suis, par reflexe, directement dirigée vers l’X-stage. Assis au frais, en train d’échanger les impressions de la journée précédente, on ne voit pas trop le temps passer et… du coup j’ai loupé In Other Climes. On passe donc directement à Deep In Hate. Le combo parisien, fort de trois albums dont le dernier en date, Chronicles of Oblivion, sortait en 2014, débarque sur scène à 18h. C’est d’ailleurs avec un titre tiré de cette galette que Deep In Hate ouvre le bal, les riffs puissants de Genesis of Void retentissent dans la salle. Brutalité et lourdeur sont de mise. Le quintet, composé de Julien au chant, Matt et Vince aux guitares, Max à la basse et Bastos à la batterie, ne fait pas dans la dentelle et nous balance ce death moderne et ultra sombre en pleine poire. Depuis les gradins, je peux voir la foule se mettre en mouvement rapidement, pogos pour certains, headbangs pour d’autres, chacun se laisse aller au gré des morceaux. The Divide, Altars of Lies, New Republic, Wingless Gods… une bonne dizaine de titres seront délivrés avec pugnacité et énergie. Les compositions sont cruellement efficaces, à la fois complexes et irascibles, on a l’impression de se prendre un gros coup de massue dans la face ! Le genre de coup de massue agréable, pas soporifique pour un sou, non non non ! Le show, bien qu’un peu plat scéniquement parlant, sera agrémenté d’un solo de batterie, une petite pause rythmique au milieu de cette formidable violence. Une bonne découverte live.

Sortons prendre l’air. Nous passons d’un « Xtreme » à l’autre, de la brutalité à la gaité avec les membres de The Decline!. Il est clair que j’ai plus d’affinités avec le death metal que le punk rock mais les bretons vont livrer un set pour le moins convaincant. La première chose que j’apprécie en écoutant la musique de The Decline ! est l’ajout d’éléments folks, les compositions sentent bon la Bretagne ! Seconde chose, le chant ! Kevin a une voix un peu rauque et chaleureuse et ça fait du bien de ne pas entendre ce timbre nasillard si commun au punk rock et, qui a tendance à très vite me lasser. Goose (guitare), Xav (guitare), Ced (basse), Antoine (batterie) et Kevin délivrent un set dynamique, déversant leur musique avec bonne humeur. L’ambiance est bonne au pied de l’EMP Stage, encore un agréable moment de convivialité. Ces petits instants de partage en toute simplicité, comme en famille, c’est ce qu’on aime à l’Xtreme Fest.

Retour à l’intérieur, c’est l’heure de la séance de rattrapage pour pas mal d’entre nous. Rappelez-vous l’an dernier, un gros orage avait chamboulé la programmation et nous avions dû faire l’impasse sur le concert de 7 Weeks, subséquemment annulé. Originaire de Limoges et formé il y a près d’une dizaine d’années, le groupe sortira un quatrième album en octobre prochain, A Farewell To Dawn, signé chez Overpowered Records (vous pouvez d’ores et déjà écouter le premier titre Kamikazes ici et précommander l’objet). 19h30, c’est parti, on démarre avec l’introductive et lancinante My Own Private Limbo suivie de la plus électrique Bones & Flowers. Nous allons passer un excellent moment en compagnie de Julien Bernard (basse/chant), Jeremy Cantin Gaucher (batterie), Mathieu Ricou (guitare) et PH Marin (guitare/clavier) qui, d’après leur sourire, semblent ravis d’être ici. Les aficionados et moi-même allons pouvoir nous délecter d’une petite heure de show, avec des titres comme Sparks, Cry Blue ou encore 600 Miles. Un petit voyage dans la discographie de 7 Weeks qui distille du bon rock stoner teinté de blues et de rock’n’roll. Une musique aux accords massifs et mélodiques qui vous transporte totalement. On se laisse aisément bercer par ces riffs lourds et rythmiques percutantes ainsi que par la superbe voix de Julien, puissante et chaleureuse à la fois. Je ferme les yeux et savoure ce subtil souffle musical alliant pesanteur, beauté et intensité. Le temps passe bien trop vite, le set s’achève…il faut se reconnecter avec la réalité. C’était hyper bon.

Suite du programme : un petit tour avant Le Bal des Enragés à 22h30, également sur l’X-Stage. Je ne braverai pas la pluie pour Alea Jacta Est, je sais que le show sera bon, mais on connait et on reverra, tant pis pour moi !

Comme pas mal de personnes présentent dans la salle, nous avions vu Le Bal des Enragés au Metronum à Toulouse en avril dernier.  La troupe nous avait servi un set de 3h, la voici de retour pour un deuxième round, d’une heure cette fois-ci. Nous sommes donc repartis pour une virée festive au cœur des grands standards punk, rock et metal, français et internationaux, en compagnie de Parabellum, LofoforaTagada JonesPoun, Vincent VX, Klodia SparklingStéphane Buriez, Vincent Peignart-Mancini… La foule s’est massivement amassée dans la salle, c’est noir de monde. Je décide d’aller observer le concert depuis les gradins, un point de vue qui m’aura permis de voir les choses sous un autre angle. Pas de surprise quant à la prestation, c’est toujours aussi énergique et entraînant. Les nombreux tubes comme If the Kids are United, Smells Like Teen Spirit, Song 2, Killing in the Name, Enter Sandman sont clairement fédérateurs. Les spectateurs chantent à tue-tête, pogotent, slamment, sautent, crient… l’ambiance bat son plein et la température va très vite grimper, quelle chaleur ! Ce type de show est totalement adapté à ce festival, c’est convivial et on voit bien que tous les spectateurs s’éclatent (tout comme les artistes sur scène). Je suis, une fois encore, hallucinée par l’euphorie qui se dégage, c’est de la pure folie. On pourrait néanmoins chipoter sur quelques points. D’abord l’introduction, on a un peu l’impression que les artistes s’adressent à une colonie de vacances 6/10 ans plutôt qu’à un public amateur de musique extrême. On se passerait également bien des nombreux discours idéologiques, après tout on est là pour la musique et non pas pour un meeting politique. D’ailleurs, le set se clôture avec le combo Antisocial et Vive le Feu. Enfin…l’important c’est de passer un bon moment, et c’est le cas de 90% des personnes ici présentes. Les morceaux sont super bien repris, les artistes sont dynamiques, généreux et le show visuel est toujours aussi impressionnant. Les festivaliers ressortent de la salle en sueur et le sourire aux lèvres. Bien joué !

Après un show euphorisant, il est possible de redescendre d’un cran avec le doom de Conan qui se produit sur l’EMP Stage. Style particulier qui demande d’être à 100% dedans pour apprécier, je préfère me réserver pour le Summer Breeze où le groupe est également programmé (et où le son est toujours excellent). Place donc à la tête d’affiche de la soirée : Ministry.

Nous avons tous en mémoire leur dernier passage dans la région, une soirée particulièrement chaotique. 2008, le Havana Café était bondé, la chaleur était suffocante alors j’étais restée collée contre la porte. Je me rappelle encore du décor, le groupe jouait derrière des grillages. J’avais eu un peu de mal à rentrer dans le show étant donné les conditions et c’est alors qu’un imbécile avait décidé de propulser du gaz lacrymogène, conduisant ainsi le groupe à quitter la scène. Les musiciens étaient revenus, avertissant la foule qu’ils partiraient en cas de récidive. C’était sans compter sur d’autres imbéciles qui décidèrent de grimper aux grilles. Résultat: un arrêt définitif du concert qui nous avait laissé un goût amer. Découvrir Ministry à l’affiche de l’Xtreme Fest était donc une très bonne surprise et l’occasion de se forger un second avis. Le métal indus ce n’est pas ma came, néanmoins, avec plus de 30 années de carrière et pas loin de 15 albums au compteur, le groupe américain ,pionnier du genre, reste une référence. Le public est d’ailleurs venu en nombre ce soir.
Nous découvrons la scène qui est sobrement habillée: un écran géant en arrière plan, le nom du groupe trône au pied de la batterie et un crâne fixé sur un squelette d’ailes orne le micro. La pénombre s’installe et le combo débarque sur les premières notes de Hail To His Majesty, acclamé par le public. Nous retrouvons un Al Jourgensen coiffé de ses dreads et drôlement fringué, marqué par les années (et pas que…) mais en pleine forme malgré tout. Le chanteur est accompagné des deux guitaristes Sin Quirin, Cesar Soto, du bassiste Jason Christopher,  de John Bechdel aux clavier et de Roy Mayorga derrière les fûts. Les musiciens nous servent un set propre (et le son est plutôt bon), avec une majorité de tracks tirées des albums From Beer To Enternity et Rio Grande Blood dont Señor Peligro et l’excellente Lies Lies Lies, punchy à souhait. Les images défilent sur l’écran au fil des morceaux, le rendu visuel est plutôt cool. Côté ambiance, on peut dire que c’est la fête, on se laisse guider par la puissance rythmique des titres et leurs riffs véhéments, difficile de rester statique, ça remue dans tous les sens dans la fosse. Rien de fou techniquement parlant, c’est typiquement le genre de musique qui m’ennuie au plus haut point sur album, mais en live je reconnais que c’est rudement efficace ! Le frontman s’empare d’une guitare, il maîtrise a priori parfaitement le “guitar play-back”… aie aie aie. On dira que c’est pour le style… Quoiqu’il en soit, Ministry mettra le feu aux planches et ne partira, cette fois, qu’à la fin du set, n’omettant pas les incontournables que sont N.W.O, Just One Fix… Les américains tireront leur révérence après nous avoir balancé les dévastatrices et aliénantes Thieves et Stigmata en guise de final, effet garanti. Défouloir et régalade, génial !

Fin de journée, il faut rentrer à Toulouse, pas de Lofofora et donc pas de pluie torrentielle non plus…

Auteure: Fanny Dudognon

Photographe: David Torres