Un concert de Marillion n’est pas un simple concert, c’est une expérience qui se vit en famille et entre amis. Comme les concerts de musique progressive attirent une foule généralement plus âgée, il n’est pas surprenant de voir le balcon du Théâtre Corona se remplir bien avant le parterre. Les amateurs se reconnaissent des concerts précédents et discutent entre eux en attendant John Wesley en première partie.

John Wesley est bien connu des amateurs de Marillion pour avoir ouvert pour eux dans le passé. Ce soir, il arrive seul sur scène pour interpréter le titre By The Light Of A Sun avec sa guitare. Il est rapidement accompagné de musique préenregistrée, mais ce genre de prestation ne rend pas justice à sa musique. John est à son mieux lors du titre Thirteen Days et sa prestation à la guitare sera remplie d’émotions et fera penser à la musique de David Gilmour par moment. La pièce Epic sera quant à elle la plus énergique, même s’il est toujours seul sur scène. Centrant sa prestation principalement sur son nouvel album A Way You’ll Never Be, John démontre encore une fois qu’il est un excellent guitariste, mais sa prestation manquait de dynamisme pour réchauffer la foule.

C’est maintenant au tour de Marillion d’arriver sur scène en jouant The Invisible Man. Comme par le passé, l’excellente animation vidéo de Steve Hogarth chantant en coulisse apparat en fond de scène sur l’écran géant. Une fois arriver sur scène, Steve connecte immédiatement avec la foule et l’histoire d’amour avec le public montréalais s’élève à un autre niveau. C’est cependant avec la pièce Power que le concert prend vraiment son envol lorsque les amateurs chantent haut et fort les paroles tout au long du titre pendant que Steve danse et fait différentes mimiques pour illustrer les paroles de la chanson. C’est après celle-ci que la foule acclame le groupe comme si cela faisait des années qu’ils attendaient ce moment. Le lien entre le groupe et le public montréalais est très fort comme le démontrent les nombreux weekends qu’ils ont faits ici par le passé, mais l’accueil que la foule réserve au groupe ce soir est hors de la coutume et surprendra les musiciens. Étant en tournée promotionnelle pour leur nouvel album intitulé F.E.A.R., il est tout à fait normal de centrer leur prestation sur ce dernier en jouant pas moins de dix titres provenant de cet album. Steve interagit constamment avec la foule et explique que Living In F.E.A.R. est la pièce la plus entrainante de ce nouvel album qui est loin d’être optimiste dans son ensemble. Les quatre parties du titre The New King seront aussi jouées au grand plaisir des amateurs. L’émotion sera palpable lorsque le groupe dédie la pièce King à David Bowie. L’écran en fond de scène sera très efficace encore une fois en illustrant notamment des images de Jimi Hendrix, John Lennon, Lemmy Kilminster, Dimebag, Robin Williams ainsi que plusieurs autres qui nous ont quittés beaucoup trop tôt. Le premier rappel vient rapidement et le groupe profite de l’occasion pour jouer le titre El Dorado, une autre pièce de leur plus récent album qui survoltera la foule pendant plus de 16 minutes.  Les amateurs qui n’en sont pas à leur premier concert de Marillion savent que le groupe n’a pas fini leur soirée de travail et acclame le groupe haut et fort pour les faire revenir sur scène. Ces derniers n’auront pas à attendre trop longtemps pour chanter les paroles des titres Sugar Mice et Easter à pleins poumons du début à la fin. Steve Hogarth prend un peu de temps lors du troisième rappel pour mentionner que la ville de Montréal aura toujours une place particulière pour le groupe et qu’il serait approprié de jouer le titre Montréal en guise de remerciement, même si elle ne fait pas partie du répertoire de cette tournée. Son exécution n’est pas parfaite, mais cela ne dérange pas la foule hystérique. Steve Hogarth utilisera aussi cette pièce pour faire du crowd surfing vers la fin du titre.

Toujours aussi charismatiques, Steve Hogarth et les autres musiciens ont donnés un excellent spectacle même si le bassiste Pete Trewavas était malade, donc plus statique sur scène. Encore une fois, le passage de Marillion est bien plus qu’un simple spectacle, c’est une expérience à ne pas manquer.

Auteur: Albert Lamoureux

Photographe: Sophia Khmil