Manu Chao

Samedi 29 Juillet – On ne pouvait rêver plus éclectique comme programmation pour ce deuxième jour du festival Ecaussystème. Après une journée assez calme sur le camping, mais agitée du côté du off (avec notamment Ruby Cube), la soirée s’annonce comme hier très énergique avec des groupes survoltés.

Motivés, c’est pour tous les toulousains un emblème. Un emblème musicale, renaissance du groupe localement mythique Zebda ; mais aussi emblème politique avec les quasi 13% qu’ils ont fait avec le parti du même nom aux élections municipales de 2001. On retrouve évidemment ce soir l’engagement qui leur sied si bien au travers de leurs messages, mais aussi dans les chansons qu’ils ont décidé de reprendre tous ensemble. Au travers d’une prestation totalement polyglotte, ils entonneront avec le public nombre de chansons mythiques et révolutionnaires, parmi lesquelles Bella Ciao (en italien), Hasta Siempre (en espagnol) ou Le Chant des partisans (en français). Un tour du monde révolutionnaire sur fond de musique roots et énergique pour un mélange parfait : ils combleront les milliers de personnes venues ce soir pour afficher complet ce Samedi. Emmenés par les ex-Zebda Hakim et Mustapha Amokrane, ils ont été parfaits pour entamer la line’up du deuxième jour.

Après la variété engagée, c’est au tour du rap de se faire entendre sur scène avec l’une des rappeuses françaises les plus marquantes et efficaces d’aujourd’hui : Keny Arkana. Très respectée dans le monde du hip-hop pour ses convictions et son parcours, elle l’est aussi par les amateurs de rap pour ses textes construits et son talent d’écriture. On attendait maintenant de voir ce qu’elle valait en direct, le live étant un exercice tout particulier dans cette sphère musicale. Au final, elle nous offrira tout ce qu’on pouvait attendre : une justesse technique, une rigueur artistique et une rage encore moins contenue que sur ses albums (dont le dernier, Esquisse 3, vaut le détour). Avec en fond de scène une représentation très graphique de Marseille, sa terre d’adoption, elle débitera ses morceaux les plus connus comme Indignados (nous rappelant sa naissance en Argentine) ou l’inévitable La Rage qui caractérise si bien son style. Un live complet, qui fera bouger beaucoup de monde malgré l’aspect un peu rude et extrême de sa musique et de ses textes. Une belle réussite, immanquablement.

Le fil rouge de ce soir semble être l’espagnol, entre le Hasta Siempre des Motivés et l’Indignados de Keny Arkana. À ce titre, la tête d’affiche du festival ne pouvait pas mieux tomber, ou plutôt retomber après être déjà venu en 2015 : Manu Chao a tout renversé ce soir. On devine dès les premières notes que le public, très hétérogène, va se donner à fond en étant alimenté par la pile électrique espagnole. Les festivaliers seront même un peu trop chaud, créant des problèmes dans le premier rang où certaines personnes, privées d’air ou écrasées contre les barrières, seront passées par dessus celles-ci puis évacuées par la sécurité. Une quantité énorme de bouteilles d’eau sera aussi distribuée en un rien de temps, nous donnant l’occasion de saluer l’organisation et l’équipe de sécurité qui ce soir là feront un excellent travail. Pendant que l’eau soulage les premiers rangs, Manu Chao et sa bande continueront à mettre le feu sur scène à coup de grands classiques et de rappels, pour faire reprendre encore et encore en chœur les airs latino-hispaniques de son répertoire.

Enfin, quoi de mieux qu’un peu d’electro pour finir cette soirée en beauté. Pour cela la programmation a fait appel à un groupe de taille : The Bloody Beetroots. Très appréciés grâce aux albums déjà sortis, ils ont déjà fait jumper des millions de personnes en live show. Ce soir, ce sera un set très rock, et très court puisqu’ils ne tiendront qu’une heure au lieu de l’heure et demi de prévue. Par ailleurs, beaucoup de personnes partiront après Manu Chao, laissant le terrain à moitié vide. Néanmoins, malgré tout cela, la prestation sera de qualité, et aura l’effet voulu sur ce qui seront restés jusqu’à 2h30 à écouter l’éléctro/rock du groupe italien.

En somme, ce sera encore une belle réussite aujourd’hui pour le festival Ecaussystème, qui conjugue beau temps, bonne programmation, bonne organisation et bonnes prestations artistiques. De quoi confirmer la notoriété déjà acquise par ce festival qui, nous l’espérons, nous promet encore de belles choses pour l’année prochaine. En attendant, il reste le troisième jour avec de beaux noms tels que Jain, Matmatah ou encore The Offspring : de quoi se bouger là encore.

Photos : Antony Chardon

Auteur : David Vacher