After Marianne

After Marianne

Samedi 03 Juin 2017 – Autant la soirée d’hier s’annonçait et a été plutôt hard dans ce qu’elle nous proposait, autant ce soir s’annonce plus “cool”, non en terme de niveau musical évidemment mais plutôt en terme d’ambiance. On savait à quoi s’attendre, reste à voir si cela a été convaincant et si cela a attiré plus de monde que la veille.

Comme un rituel, le premier groupe à ouvrir le samedi est le gagnant du tremplin Crédit Agrciole 31. Cette année, un jeune groupe tout droit venu du Tarn, et qui nous offre un rock à l’ancienne plutôt efficace : The Strings. C’est en effet l’année de la réussite pour ce trio, puisqu’en plus du tremplin et de leur place ce soir, ils ont aussi sorti leur premier album, Low Light. En attendant, on les retrouve sur scène avec leur musique anglaise influencée par les années 1960, Stones et Beatles en tête. De Dazzling Woman à leur classe vestimentaire, tout nous rappelle la bonne époque du rock’n’roll, peut être même un peu trop ? En effet, l’influence est tellement prégnante qu’on aurait aimé un peu plus de liberté dans leur musique, un peu plus de détachement peut-être. Toujours est-il que le public, assez peu nombreux en début de soirée, a l’air convaincu au vu des nombreuses têtes secouées.  Riffs efficaces, deux chanteurs, une bonne énergie ; voilà la clef d’un bon début de programmation au même titre que Ryder the Eagle hier.

Le premier groupe de la scène des Curiosités va venir confirmer définitivement la tendance plus souple de cette seconde soirée. Sans seconde chanteuse, avec batterie ; voilà la composition actuelle du groupe Ainamaty. Influencés par des groupes comme The Dø entre autres, c’est une musique de voyage que nous propose le groupe. Une indie pop onirique qui fait planer le public plus qu’il ne le fera bouger ; mais ca fait tout de même du bien ! Et tandis que leur troisième EP est en cours, avec des titres comme Madame, on attend de voir la suite de leur parcours très prometteur ! En attendant, ils auront ce soir attiré du monde,

20h : Direction la grande scène intérieure pour redécouvrir After Marianne, après leur passage il y a peu au Metronum. Le groupe toulousain est clairement, dans la programmation, le groupe le plus calme de ce festival. Avec leur genre si singulier, s’approchant de la dream-pop, les quatre membres nous ont encore fait faire un saut dans l’espace. Une fois de plus, on retrouve une qualité technique irréprochable, notamment Théophile Antolinos à la guitare noise. Une show scénique assez calme, mais parfaitement adapté à leur genre musical viendra une fois de plus favoriser l’évasion du Bikini qui, néanmoins, n’est pas complet du tout. A noter la sortie en 2017 de leur E.P Without U, ainsi que la version bonus de leur premier album It’s a wonderful place to be (over) dont est tirée la majorité des morceaux de ce soir, comme Take over. Enfin, un très grand bravo à Marvin Heideger pour le show lumière qui était tout bonnement magnifique, de très grande classe.

Tandis que nous nous dirigeons vers la scène des Curiosités pour revoir Mirror, on s’arrête quelque temps devant Mawimbi, qui a pris place au niveau de la piscine. Autant nous étions un peu déçus hier du peu de monde et du manque d’engouement des DJs, autant ce soir la place centrale du Bikini s’annonce bouillante. Les rythmes exotico-africains de Mawimbi vont très clairement animer l’extérieur jusqu’à 00h, assurant le show jusqu’à la fin. On l’imagine sans problème pour une pool party, comme le Bikini a l’habitude d’en faire. En y repassant plus tard, on s’apercevra que cette place était véritablement bondée, dans une ambiance assez chaude ; de quoi rebooster tout le monde avec une bonne dose d’énergie et de chaleur.

Mirror, c’est un violoncelle et un machiniste. Mirror, c’est les faiseurs d’instrus de Bigflo & Oli. Mirror, c’est ceux qui avaient ambiancé la soirée 100% toulousaine du Bikini il y a peu avec Orme et Kid Wise. Mais Mirror, c’est surtout une electro envoûtante à souhait, entrecoupée des sublimes passages du violoncelliste Luc Blanchot. Ils l’auront annoncé d’emblée : leur show sera divisé en deux, avec une première partie assez soft et une deuxième un peu plus poussée à 00h30. Dans les deux cas, le public était au rendez-vous (malgré la pluie) pour savourer Syracuse ou encore Faun. Comme d’habitude, on a ce sentiment de frustration puisque ce duo est assez inactif, monopolisant leur temps pour travail aux côtés des deux rappeurs toulousains. C’est en tous les cas un véritable plaisir de les entendre, et de les voir ce soir au côté d’Ainamaty pour une bien belle scène des Curiosités.

Viens l’heure de la langue française avec 4 groupes paroliers. En premier lieu, Thérapie Taxi. Issus de la scène pop française, ils se démarquent avec des paroles très actuelles, se basant sur la vie quotidienne des jeunes d’aujourd’hui, entre drague et nostalgie. Animés d’un EP sorti cette année, et partis pour un long été avec notamment le Point Ephémère, Garorock, Les Fraoncoflies et Rock en Seine, les 3 garçons et la fille s’inscrivent explicitement dans la suite de groupe comme La Femme. Et, au vu du public, on peut dire que ça a eu un franc succès ce soir, avec Coma Idyllique en point de voûte. Une bonne interaction avec le public viendra clore le show, qui manque cela dit d’une basse selon nous (mais elle est évidemment remplacée par une machine).

Avec un EP annoncé pour la fin de l’année, et un tremplin Larsen en poche, on était curieux de voir ce qu’allait donner le groupe de rappeurs toulousains Kool Skandal. Le résultat est assez inégale selon nous : il y a clairement du potentiel avec des paroles intéressantes et un flow plutôt sympa du côté de Jimmy Al. Mais d’autres passages traînent en longueur, et viennent casser le rythme comme dans Porteur officiel. En attendant, ils n’ont que 15 et 16 ans ; un duo à suivre donc car cela peut donner de très bonnes choses. D’autant qu’inclure du Hip-Hop ce soir s’est révélé un peu trop audacieux à entendre un public un peu décontenancé de passer du Pogo Car Crash Control au Pirouettes en passant par Darius : il n’y avait pas que des adeptes de rap ce soir et ça se sentira évidemment lors de la prestation des rappeurs toulousains.

Des deux noms omniprésents dans les bouches ce soir, celui-ci est le premier : Frànçois & the Atlas Mountains. Avec une carrière internationale et une présence aux Victoires de la Musique, nul besoin de rappeler ni qui il est, ni d’où il vient. En revanche, il était très clairement attendu ce soir comme l’une des têtes d’affiche de ce Weekend. On retrouvera ainsi les rythmes très exotiques de leur musique, indéniablement marquée par leurs très nombreux voyages. Musicalement, c’est assez phénoménal avec un bassiste (Amaury Ranger) exécutant ses lignes groovys à la perfection, et un batteur hors-norme en la personne de Jean Thevenin aka “Jaune” . Ils sont venus chargés d’un nouvel album, Solide Mirage, dont ils joueront quelques titres comme Grand dérèglement. Seul bémol entendu de ci de là : le groupe était un peu trop calme pour ce moment de la soirée, dévoilant possiblement l’absence d’un groupe un peu plus énergique dans le lot. Mais cela reste de très haute qualité, et l’on comprend très facilement pourquoi ils en sont arrivés là.

The Pirouettes, c’est la prolongation de la pop française ce soir. Beaucoup plus vintage que Thérapie Taxi, ils s’ancrent dans le synthé-pop des années 1980, avec des références par exemple à Rita Mitsouko. Ils connaîtront notamment un petit succès l’an passé avec Carrément Carrément, leur deuxième album. C’est un fait : ils ont leur propre univers, et le décline bien au travers de leurs titres. Mais le décalage temporel nous a semblé assez gênant, nous empêchant de rentrer véritablement dans le projet musical. Cela dit, en regardant autour de nous, on comprend vite que, face à The Pirouttes, soit on adore soit on accroche pas ; témoignant d’un univers particulier qui fera le bonheur de certains.

Vient l’heure tant attendue de la deuxième tête d’affiche de ce soir, et d’un changement radical dans le style avant d’entamer la partie electro : Roméo Elvis. Wagon du nouveau rap belge qui fait tant parler de lui en ce moment (avec des noms comme JeanJass  et Caballero), vous n’avez pas fini d’entendre parler de lui. Et on comprend pourquoi ce soir : le Bikini est devenu un chaudron bouillonnant. On retrouve cette faculté à chauffer tout le public en moins d’un morceau, avec des nombreuses interactions qui auront manqué parfois durant ce Weekend. Côté technique, c’est évidemment irréprochable. Sans vouloir développer un flow ultra-rapide, il posera ses tubes les uns après les autres sans aucun problème avec une aisance toute particulière. Lui aussi a sorti un nouvel album cette année, Morale 2, avec des morceaux très réussis comme l’hommage à sa dulcinée dans Lenita ou bien Les hommes ne pleurent pas. Un show très réussi pour un rappeur en voie de faire parler de lui longtemps.

La soirée se finira, comme à l’accoutumée, avec une partie électro qui, ce soir, était de très haute volée. Leska (duo composé de Les Gordon et Douchka), la house dopée de Darius et l’electro plus chill de Seth XVI viendront allumer le Bikini jusqu’à quasiment 6h.

Au final, malgré quelques petites imperfections comme la juxtaposition sonore des deux scènes extérieures, c’est une bonne édition du Weekend des Curiosités qui s’est tenue en ce mois de Juin. Une programmation non parfaite mais tout de même de qualité pour deux soirées sans aucun problème particulier. On est surtout ravi de redécouvrir un festival dont l’âme est de faire découvrir des groupes plutôt que d’aligner les grands noms ; la différence s’est nettement faite sentir cette année au plus grand bonheur du public. Malgré une fréquentation surement à la baisse, on peut donc parler d’une belle réussite dans ce que le Bikini nous a proposé. Vivement l’année prochaine !

Photographe : Antony Chardon

Rédacteur : David Vacher