Kid Wise

Jeudi 04 Mai – C’est LA soirée qui faisait parler dans la ville rose et pour cause : trois groupes émergeant de la scène toulousaine s’y rencontraient, sans compter les guests. Retour sur cette soirée “à domicile”.

19h : il fait bon de retrouver le soleil sur le patio du Bikini. Les portes ne sont pas encore ouvertes, mais le bar accompagne le soleil pour accueillir la première partie en acoustique. Il s’agit d’Orme, un groupe montant de 4 toulousains en quête d’exotisme. On découvre une formation de quatre instruments à cordes : le classique avec une guitare, un violoncelle, une mandoline … et un bouzouki. Cet instrument traditionnel grec servira de point d’ancrage pour leur musique voyageuse, mais malheureusement pas pour longtemps. En effet, malgré un appel au silence en début de set par Augustin Charnet et Clément Libes (respectivement chanteur/pianiste et violoniste/clavieriste/guitariste de Kid Wise), le brouhaha des discussions prendra petit à petit le dessus jusqu’à rendre la musique quasi-inaudible. Il faut dire que le bar à 5 mètres de là n’aidait pas. Petite déception donc de ne pas pouvoir découvrir comme on l’aurait voulu ce groupe qui, dans un genre totalement différent de la suite, aura réussi tout de même à s’accaparer quelques instants les auditeurs attentifs, et à proposer une musique vraiment sympathique.

Vient le temps de rentrer dans la salle pour découvrir, ou plutôt redécouvrir un groupe que l’on avait déjà eu l’occasion de croiser au Weekend des Curiosités n°30. Mirror est assez peu connu encore, et leurs dates sont rares. En effet, le duo est surtout célèbre pour regrouper les deux DJs qui produisent les instrus pour BigFlo & Oli. Depuis, pas grand chose n’a vraiment changé, et nous restons toujours sur notre bonne impression de cette électro planante, avec en prime un violoncelle qui rajoute beaucoup au live (bravo donc à Luc Blanchot, mais aussi à Denshu Kozo aux machines). Une belle atmosphère se dégage de leur musique, tout juste ce qu’il faut pour apprécier la suite.

Et la suite, ce n’est pas n’importe quoi ! Après avoir annoncé il y a peu la sortie de leur nouvel album Les Vivants, il s’agit maintenant pour Kid Wise de le partager un maximum sur scène. Alors, Le Bikini semblait inévitable, surtout pour fêter les 5 ans du groupe. Evidemment, c’est toujours particulier quand des artistes jouent chez eux, et ils n’auront de cesse de nous le répéter au travers de la voix du chanteur/leader Augustin Charnet. Au niveau du live, on retrouve tout de même beaucoup de titres du premier album, en priorité les titres les plus rocks et progressifs comme Ceremony, Echos, Ocean ou encore un Forest un peu plus pop. On retrouve également la même composition scénique, si ce n’est que le violoniste troquera quelques fois son instrument au profit d’une troisième guitare. Sinon, mis à part quelques nouveaux titres dont Les Vivants sur lequel le groupe finira son set, ils restent fidèles aux nombreuses fois où nous les avons vus (à Castres, au Métronum ou encore au Connexion). Le guitariste noiser Théophile Antolinos en particulier est toujours aussi efficace, de même que son pedalboard est volumineux. Le batteur Léo Faubert quant à lui reste un véritable métronome. Plus globalement, une très bonne performance musicale de l’ensemble des musiciens.

Pourtant, des surprises étaient annoncées pour ce soir, et rien de particulier n’arrivera avant les trois-quart du set si ce ne sont les quelques descentes d’Augustin Charnet dans le public (dont une en slam). La fin en revanche sera plus chargée. Tout d’abord lorsqu’une partie du groupe reprendra, en acoustique et au milieu de la fosse, leur premier tube Hope avec un banjo en guise d’accompagnement principal (ils reprendront ensuite le morceau en version “complète” sur scène). Mais surtout, l’événement de la soirée devait être l’intervention de Bigflo & Oli pour agrémenter encore un peu plus cette soirée 100% Toulouse. Et c’est là la plus grande déception de ce soir. Evidemment, le public était heureux de retrouver le duo sur scène, notamment après leur absence prolongée pour préparer leur nouvel album, dont le premier titre vient de sortir. Evidemment que personne n’aura était insensible à la charge symbolique de leur venue. Mais il faut dire ce qui est : leur intervention était ratée. D’abord, nous étions surpris de voir qu’ils n’ont pas posé avec Mirror, qui a pourtant joué l’inévitable Faun qui sert d’instru au morceau des deux frangins À mon retour (une aubaine donc). Ils n’arriveront donc qu’à la fin du set de Kid Wise, pour interpréter leur très bon track Je suis. Dommage tout d’abord que les deux rappeurs aient encore besoin des paroles sous les yeux, quand bien même une bonne partie du public les connaissait (ils s’excuseront néanmoins, mais cela nous a paru incompréhensible). Dommage aussi qu’ils n’aient pas réussi à se caler sur la musique reprise par Kid Wise, entraînant de nombreux hors-temps sur une bonne moitié de la chanson et de trop nombreuses imperfections (le tempo au piano était visiblement trop lent, et il est vrai que le morceau original gagne en intensité crescendo). Dommage que les deux frangins n’aient pas été synchro sur les phrases en commun. Dommage enfin de ne pas être restés plus longtemps : nous avons vraiment eu l’impression d’un bref aller-retour sur scène plutôt que d’un véritable moment de partage. Notons quand même que la fin du morceau passait bien mieux, et que les deux rappeurs ont mis l’ambiance dans le Bikini avant de s’éclipser, tandis que le public avait l’air ravi de la prestation. La soirée se terminera sur un aftershow électro, mais le Bikini se videra massivement.

Une soirée contrastée donc : l’émotion était bien là et Kid Wise reste un groupe incontournable à Toulouse. Mais la première partie sur la fin inaudible et la fausse note finale laisseront un regret sur une soirée annoncée comme mythique. Néanmoins, l’initiative de ce concert (organisée par Le Bikini et Kid Wise) était une excellente idée, pleine de bonnes valeurs et qui laissera de nombreux souvenirs dans la tête des spectateurs.

Photographe : Antony Chardon

Auteur: David Vacher