Intervals


Vendredi 24 Novembre
– Ce soir, c’est au Connexion Live que ça se passe. Deadly Rhythm nous convie pour sa dernière soirée de la saison avec une date aux petits oignons. Les très canadiens Intervals ont décidé de s’arrêter par chez nous à l’occasion de leur tournée annonciatrice d’un futur disque. Alors mort aux chanteurs et vive la guitare à foison, ce soir, c’est soirée prog.

On commence par le très canadien – lui aussi – Nick Johnston. Le guitariste fort de 4 enregistrements studio, dont le dernier Remarkably Human sorti en 2016, se fait accompagner d’un bassiste et d’un batteur dont je n’ai pas réussi à trouver le nom, vous m’en excuserez. L’univers du guitariste est très riche, nourri à base d’aliens et d’imageries bien rétros à la Barbarella (jetez un coup d’œil aux artworks de ses albums, toujours très inspirés). On retrouve forcément un imaginaire aussi fort dans sa musique. Une invitation au voyage. C’est ce qui se dégage de ses morceaux qui alternent entre montées en puissance épiques et interludes groovy. Le public a fait le déplacement pour voir ça, même si la salle n’est pas pleine à craquer, elle est déjà plus remplie que sur pas mal de dates auxquelles j’ai pu assister depuis Septembre. Petit bémol pour moi concernant ce set, le manque de cohérence entre le style des morceaux. On passe par moment d’une ambiance extrêmement planante à quelque chose de beaucoup plus groovy en un quart de seconde (puisque de surcroît, les musiciens semblent avoir  fait vœu de silence sur scène). Les gratteux dans la salle apprécient peut-être l’éventail de techniques déployé, moi ça me sort complètement du set.

Après l’ovation qui salue le départ du guitariste de l’espace, on passe aux jeunots de la soirée. Les très Texan Polyphia s’arrêtent pour la première fois en Europe et Toulouse à la chance de les accueillir. Là aussi on est en présence d’un groupe très influencé par la pop culture mais dans un style différent. En gros, ce que Nick Johnston a très certainement puisé de Philip K. Dick, Polyphia  l’a récupéré de Sega. On se retrouve ce soir en face de morceaux (Icronic, 40oz entre autres) qui donnent l’impression de sortir tout droit d’un jeu et ce grâce à la virtuosité de Scott, lead guitar de la formation. Sans aller jusqu’à dire que la performance des garçons est mauvaise, elle est un peu en dessous de ce que j’espérais. Peut-être est-ce un manque de mise en place, d’expérience ou de charisme, ou même le fait que la communication avec le public soit compliquée (dû à un gros problème d’accent sudiste de Clay à la basse, qui fait office d’MC). Je n’ai pas été transcendée par ce set, à voir comment le groupe évolue donc. En attendant, j’avais  comme beaucoup très envie  de voir Champagne joué en live et là je n’ai pas été déçue. Le quatuor reçoit une jolie ovation avant de laisser la place à Intervals.

Aaron Marshall est venu nous présenter son dernier bébé, dont la naissance est programmée pour le 1er Décembre et qui portera le petit nom de The Way Forward. Les premières notes de Touch and Go résonnent et l’ambiance est déjà plus électrique, les musiciens sont au taquet et insufflent une énergie colossale à leur prestation. Le public semble se réveiller par la même occasion, ou bien ce sont les jeux de lumière épileptiques qui lui donnent un sursaut de vie. Niveau setlist,  après une petite introduction à leur nouvelle galette (avec les morceaux A Different Light, Black Box ou Impulsively Responsible) et un détour par Shape of Colour (I’m Awake, Sure Shot) on en revient aux bases avec des titres bien plus bourrins (Alchemy, Mata Hari) tirés de In Time. Aaron s’est entouré de Sam Jacobs à la guitare, Jacob Umansky à la basse et Nathan Bulla à la batterie pour cette tournée.  Non content d’être pratiquement parfaits sur scène, cette fine équipe cabotine à foison et sans que j’aie eu le temps de m’en rendre compte, une heure s’est presque déjà écoulée.

Forcément quand on regroupe une bande de guitaristes un peu fous et surtout très virtuoses sur une date, le petit fantasme de tout le monde serait de les voir gratter du manche ensemble. C’était bien sûr au programme, Scott de Polyphia et Nick rejoignent donc le groupe resté sur scène pour une petite jam session qui donnerait envie à tout guitariste débutant d’abandonner sur le champ. Un petit quart d’heure d’astiquage de manche collectif plus tard, il est temps de dire au revoir aux musiciens.

Merci encore aux organisateurs, à la salle et aux groupes pour cette très jolie soirée.

Photographe : Fanny Dudognon

Auteure : Anaëlle Martin.