Whitechapel

Whitechapel

Mardi 22 Novembre 2016 – L’Impericon Never Say Die! Tour est une tournée de concerts créée il y a presque 10 ans par Impericon (label / vente de merchandising). Ce mini festival produit des groupes de musique extrême, en particulier de metal/metalcore, deathcore et hardcore, mais pas seulement. En effet, l’Impericon est partenaire avec la fondation, Hope For The Day dont la mission est la prévention du suicide et de la dépression, d’informer les gens des dégâts causés, entre autre, par l’isolement social. Un membre de la fondation viendra d’ailleurs sur scène pour en parler. A savoir que l’organisation coopère également avec l’association, PETA 2, qui défend les droits des animaux. Une structure qui défend des valeurs et promeut de nombreux groupes, voilà déjà deux bonnes raisons de se rendre à cette soirée.
Alternative Live, Deadly Rhythm, SPM Prod et Avocado Booking nous ont donné rendez-vous au Metronum pour participer à l’une des 24 dates de l’Impericon Never Say Die! Tour.
Cette année, l’affiche est composée de 7 groupes : Polar, Make Them Suffer, Fallujah, Obey The Brave, Carnifex, Thy Art is Murder et Whitechapel.
Une grosse programmation qui démarrera tôt, la salle ouvre ses portes à 17h.


Polar

Difficile pour la populace de se rendre sur les lieux à cette heure-ci, c’est pourquoi la salle est encore peu remplie quand le premier groupe monte en scène, à 17h45. Il s’agit des britanniques de Polar qui viennent défendre leur troisième album No Cure, No Saviour sorti cette année chez Prosthetic Records.
J’apprécie bien le metalcore – hardcore mélodique de Polar ainsi que l’énergie qui se dégage de la scène. La bande nous servira les nouveaux Blood for Blood, King of Kings et Tidal Waves and Hurricanes teintés des breaks typiquement hardcore, des riffs parfois très violents qui viennent contraster avec les plans mélodiques et éthérés. Nous entendrons également la très punchy Deus Ex Machina avec sa rythmique punk hardcore entraînante, initialement chantée en duo avec Andrew Neufeld de Comeback Kid. Le vocaliste, se donne à fond, incitant la foule à bouger et nous balançant son scream bien puissant (qui me fait par moments penser à Architects). Même si le pit reste relativement calme, quelques spectateurs se mettent en mouvement et les fans n’hésiteront pas à pousser la chansonnette. Une entrée en matière très sympathique en compagnie de Polar.


Make Them Suffer

Place à Make Them Suffer, et là…c’est une tout autre histoire ! Créé en 2008, le sextet a réalisé deux albums, dont Old Souls, sorti l’an dernier. Certains parlent d’originalité puisque le groupe nous propose un metal/deathcore symphonique à base de clavier. L’idée n’est pas mauvaise, d’autant plus qu’à l’écoute des versions studio ça passe plutôt bien.
18h25, Sean Harmanis (vocaliste), Nick McLernon (guitare), Tim Madden (batterie), Jaya Jeffery (basse) et la remplaçante de Louisa Burton, Luna Ruggiero (clavier/chant) se mettent en place. La très jolie jeune fille pianote les premiers accords de Widower, trois petits accords qui vont se répéter durant tout le morceau et qui ne sont absolument pas en place, c’est moche. Ajoutez à cela qu’elle ne bouge absolument pas en rythme et qu’il aura fallu attendre l’avant dernier titre pour qu’elle se chauffe la voix…la cata ! C’est sans compter sur les mimiques et prouesses sportives du guitariste, un peu le Van-Damme du groupe (il doit sans doute faire le grand-écart régulièrement et beaucoup de squats pour tenir comme ça). Ayant de base des gros soucis de concentration, il est clair qu’avec ces deux jeunes gens en face de moi, je n’arrive absolument pas à rentrer dans le set et je n’arrive pas à m’empêcher de rire.
Pour avoir discuté avec d’autres spectateurs, le style symphonique aux notes approximatives (je parle du synthé évidemment) n’a pas convaincu grand monde. De plus, le choix de la remplaçante a réellement desservi le groupe. Ils seront de passage en compagnie de Chelsea Grin en février prochain, l’occasion, peut-être, de changer d’avis.
Si Ne Obliviscaris, qui se produisait sur cette même scène quelques semaines plus tôt, nous a prouvé qu’il y avait de bons groupes en Australie, ce soir j’ai aussi pensé le contraire… et ne retiendrai malheureusement de Make Them Suffer, uniquement le fait que leur nom est aussi un titre de Cannibal Corpse.


Fallujah

La suite se passera aux côtés de Fallujah, que j’attends impatiemment. Le groupe est fondé en 2007 par le jeune guitariste Scott Carstairs (alors âgé de 16 ans) et quatre autres membres. Deux d’entre-eux seront quasi immédiatement remplacés par le batteur Andrew Baird et le guitariste Alex Hofmann qui devient le vocaliste en 2008. Le bassite Rob Morey les rejoint un an plus tard. Nous découvrions Brian James en 2014, qui était à ce moment-là, guitariste de session et qui a finalement intégré Fallujah de façon définitive.
Exctinction des lumières aux alentours de 19h, les gars grimpent sur les planches démarrant avec la splendide Sapphire. Ils vont également nous faire découvrir (ou re-découvrir car nous les avons vus au Hellfest en juin) quelques titres de leur dernier et sublime album Dreamless dans les bacs depuis le mois d’avril. Amber Gaze et Star Queen sont divines. Certains spectateurs, comme moi, avaient découvert les américains en live lors de leur passage avec Dying Fetus en 2014 à la Dynamo. Ce n’est toutefois pas le cas des 90% autres qui regardent la scène d’un air ahuri: “mais que se passe t-il ?” (mais qu’est-ce qui se passe?) . La musique complexe (mais ô combien sublime) de Fallujah fait un peu “tâche” au milieu de cette affiche orientée metalcore/deathcore et ne semble pas toucher le public venu pour la bagarre. La qualité du son n’est pas optimale ce qui ne permet pas non plus de savourer les titres, pourtant si brillants, à leur juste valeur. En fermant les yeux j’arrive quand même à appréhender la musique, j’ai la chance d’être placée juste devant Scott et d’entendre parfaitement ses envolées mélodieuses. Malgré le manque d’enthousiasme de l’audience, Alex assure, comme toujours, son rôle de frontman et nous balance son growl puissant avec ses tripes, essayant aussi de motiver les troupes. Les gars nous servent un set carré, le duo basse/batterie fait des ravages, Andrew nous envoie du blast solide pendant que Rob fiert les cordes de sa basse apportant cette délicieuse lourdeur.  Scott et  Brian se partagent les riffs véloces et les sublimes soli éthérés. Je ne me lasse pas du métal atmosphérique de Fallujah, savoureux mélange de death technique, de prog et de deathcore, le tout, joué par des musiciens de talent. A voir et à revoir, de préférence avec une programmation plus cohérente, plus de 30 minutes et avec un meilleur son. (rien que ça).


Obey The Brave

Les canadiens d’Obey the Brave prennent le relais. Les gars étaient venus mettre le feu au Metronum en avril dernier, un show intimiste assuré dans une ambiance ultra conviviale. De nombreux spectateurs sont d’ailleurs venus pour eux, désireux de raviver cette même flamme au son de leur metal / hardcore bien punchy. Nous apercevons les membres d’Obey the Brave vers 19h45. Le vocaliste animé Alex Erian, les deux guitaristes John Campbell et Terrence Mc Auley, le bassiste Cory Wilson ainsi que le batteur Stevie Morotti. Pas vraiment de surprise quant au show par rapport à leur passage précédent, nous retrouvons cette même énergie qui va rapidement se répandre dans la salle et inciter la foule à bouger. Les spectateurs se lancent enfin dans les circle pit, pogos et autre wall of death, guidés par les paroles du convaincant Alex. La setlist est différente, ce qui est plutôt appréciable. Je n’ai pas grand chose à dire sur la prestation d’Obey The Brave qui fait toujours parfaitement le job, jouant les morceaux avec autant de précision que de passion, nous gratifiant de cette bonne humeur communicative. Les canadiens réussiront, une fois de plus, à attiser la foule à coup de riffs ravageurs, de rythmes endiablés et de refrains fédérateurs. Le public se trémoussera sur des morceaux comme Get Real, Live and Learn ou encore Full Circle. C’est toujours un plaisir de les voir en live.


Carnifex

Quatre groupes sont déjà passés mais la soirée est loin d’être finie. Les changements de plateaux nous permettent tout de même de reprendre notre souffle entre chaque prestation. La programmation se poursuit avec Carnifex. Ce groupe de deathcore américain est sans doute le plus bourrin de la soirée (quoique… peut-être à égalité avec Whitechapel). La bande, active depuis une dizaine d’années, sortait sa sixième galette: Slow Death. Là encore, je sais à quoi m’attendre puisque j’ai déjà assisté à deux de leurs shows durant l’été 2015, à l’Xtreme Fest ainsi qu’au Summer Breeze.
20h30, c’est parti ! Shawn Cameron s’installe derrière les fûts, rejoint par ses compères, Fred Calderon à la basse, Cory Arford et Jordan Lockrey équipés de leurs guitares 8 cordes ainsi que le vocaliste Scott Lewis, looké et “makeupé” comme à l’accoutumé. Fidèles à eux-mêmes, les ricains n’y vont pas par quatre chemins et nous projettent le combo Drown Me In Blood/ Slow death en pleine poire, histoire de commencer “en douceur”. Le deathcore visqueux et ultra violent de Carnifex ne vous laissent pas indemnes avec un duo rythmique excellent, du blast surpuissant, des riffs destructeurs et un chant brutal. Scott impressionne toujours par son charisme et son growl, death, caverneux, impeccablement délivré. Malheureusement le son n’est pas bon, un peu comme à l‘Xtreme Fest tout est trop saturé, trop dense. Les mecs n’ont pas des 8 cordes juste pour faire joli et c’est bien dommage de ne pas pouvoir entendre toutes les subtilités des morceaux que l’on capte très bien sur album (oui car malgré toute cette agressivité il y a aussi un bonne part de technique). Quoiqu’il en soit l’intensité des compositions et du jeu fait son effet et les spectateurs s’agitent sans se faire prier. Die Without Hope, Lie To My Face et finalement Hell Chose Me… J’aime toujours autant cette violence absolue qui fait la force du combo. Même si j’ai trouvé le set moins bon qu’au Summer Breeze (à cause du son), Carnifex s’impose, pour moi, comme une référence du genre.


Thy Art Is Murder

Nous retournons du côté de l’Australie avec Thy Art Is Murder. Formé il y a dix ans, ce groupe de deathcore donnait naissance à un troisième album, Holy War, en 2015. Les australiens se produisaient au Hellfest l’été dernier, avec Lochlan Watt au chant, remplaçant de CJ Macmahon. Ce soir, c’est Nick Arthur, de Molotov Solution, qui assure au micro. 21h15, la pénombre s’installe à nouveau et Nick débarque en compagie de Lee Stanton (batterie), Sean Delander (guitare), Andy Marsh (guitare), Kevin Butler (basse). Le set démarre avec le titre éponyme de leur dernier opus. Rythmique véloce, riffs ultra lourds, chant puissant, Thy Art Is Murder nous balance là une sacrée dose de violence, clairsemée de quelques plans beaucoup plus mélodiques et atmospéhriques. Le public se chauffe encore une fois comme il faut. Le quintet poursuit avec des morceaux d’Holy War,  Light Bearer, Coffin Dragger… Et bien, étrangement, en dépit de toute cette brutalité et cette intensité, je n’arrive pas du tout à rentrer dans le show. J’ai l’impression d’entendre le même titre depuis déjà 15 minutes et commence réellement à m’ennuyer. Je ne remets pas en cause la qualité du groupe, ni la qualité d’excécution des compositions, ni même le jeu de scène des musiciens qui font bien le job. Enfin…à part Andy, qui semble se faire royalement chier sur scène. Je m’en vais au milieu d’Absolute Genocide, ça ne passe pas…


Whitechapel

Ultime changement de plateau, voici maintenant la tête d’affiche de la soirée: Whitechapel, dont l’immense backdrop habille la scène. Fondée en 2006 également, la bande nous arrive des Etats-Unis. Mark of the Blade (Metal Blade Records), sixième album du combo, est dans les bacs depuis juin dernier. C’est d’ailleurs avec le morceau éponyme que Whitechapel entame son set à 22h15, un titre entraînant avec sa rythmique très hardcore, ce son bien velu, brutal et ce growl sépulcral tout-puissant que l’on aime tant. Les mecs vont tout retourner sur leur passage, il faut dire que six musiciens dont trois guitaristes, pour un groupe de deathcore, c’est assez impressionnant. Le vocaliste Phil Bozeman nous projette son scream râblé parfois si grave qu’il en ferait trembler les mûrs.  Ben Savage, Alex Wade et Zach Householder se partagent les riffs, ces “heavy breakdowns” plus opulents les uns que les autres,  oulala que c’est gras !  Une lourdeur âpre doublée par le son de basse, jouée par Gabe Crisp. Les riffs sont bourrins mais aussi techniques, avec des plans plus progressifs ainsi que l’ajout de quelques harmoniques pincées qui apportent un bel équilibre aux compos. Ben Harclerode frappe ses fûts comme un forcené et fait fumer la double pédale, les coups de blast font l’effet d’un rouleau compresseur. Elitist Ones, Vicer Exciser, Prostatic Fluid Asphyxiation… Les titres ravageurs s’enchaînent, le public s’active, emporté par la brutalité des propos et ce, même après s’être déjà défoulé durant les sets des six autres groupes. Phil nous intérprétera Bring Me Home, se livrant au travers de ce titre évocateur et poignant et qui nous permet d’entendre sa jolie voix claire. Chant clair entrecoupé par des parties hurlées carrément déchirantes. Nous apprécierons aussi le chouette solo de guitare à la fin du morceau. Un court moment de douceur avant de répandre à nouveau une vague de pure violence dans le Metronum. Tremors, Faces, Let Me BurnWhitechapel achèvera son set sur l’excellente The Saw Is The Law.
C’était super bon !


La soirée touche à sa fin, le public est rincé mais heureux. Dommage qu’il n’y ait pas eu plus de monde et que le son n’ait pas été optimal (meilleur son pendant Whitechapel) cependant, l’ambiance fût globablement très bonne et c’est le principal. Merci aux orgas ainsi qu’aux groupes qui nous ont permis de nous éclater.

*Coup de gueule : vous n’en avez pas marre d’être cons? Je parle bien entendu des couillons qui se permettent de balancer des verres sur les artistes. Vous avez eu de la chance, les gars ont été très cool ! On se souvient déjà de ce genre de conneries au concert de Nile, la réaction du chanteur avait été beaucoup moins cordiale et carrément justifiée. Si vous ne savez pas boire, ne buvez pas. Si vous êtes simplement con, et bien restez chez vous.


Auteure: Fanny Dudognon

Photographe: Clément Costantino