L’alien musical qu’est Igorrr était de passage au Café Campus en ce mercredi soir, première date de leur toute première tournée nord-américaine. Ne cadrant pas dans un genre défini (et c’est ce qui en fait toute sa beauté), cela n’empêche pas le monstre créé par Gautier Serre d’attirer les foules et, dans le cas de Montréal, de faire salle comble. Pour réchauffer la foule avant qu’Igorrr ne leur envoie toutes les bizarreries et l’agressivité possible, le groupe newyorkais Spotlights assurait la première partie du spectacle.

Spotlights : Lourd mais fragile

Le groupe de post-metal Spotlights avait la lourde tâche d’ouvrir le bal avec sa musique très pesante mais très planante à la fois. Le duo composé de Sarah Quintero à la basse/guitare et Mario Quintero à la guitare ainsi que Chris Enriquez leur drummer live se sont présentés sur scène devant une salle pleine pour nous présenter leur matériel tiré de leurs deux albums dont le plus récent, Seismic, est sorti à l’automne 2017. On peut dire que le groupe a frappé fort avec des compos parfois lentes et ambiantes, parfois totalement percutantes! On aurait pu imaginer un vocal bien gras pour accompagner le tout, mais celui de Mario Quintero est tout le contraire et est très aérien, ce qui apporte un contraste intéressant. Le seul point négatif que je pourrais apporter est que le vocal aurait pu être plus fort, mais peut-être que cela fait le charme du groupe. Somme toute, j’ai bien apprécié la performance de Spotlights qui en était à son premier spectacle à Montréal, moi qui à l’habitude est assez critique en ce qui concerne le post-metal.

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Igorrr : L’excentricité incarnée

Comme mentionné précédemment, Igorrr est assez difficile à définir. Alliant des genres n’allant à priori pas ensemble du tout comme le death/black metal, le baroque et l’électro, le groupe a tout pour attirer l’attention et surtout la curiosité! Leur plus récent album, Savage Sinusoid, sorti l’an passé, est vite devenu un de mes albums préférés de 2017 et j’avais bien hâte de voir comment le tout allait être retranscrit en live! Le tout a commencé doucement avec une interprétation a cappella de Au Revoir, avec la voix crystalline de Laure Le Prunenec (aka Rïcïnn) qui m’a carrément donné des frissons…pour finalement nous envoyer Spaghetti Forever en plein visage avec le vocal criard de Laurent Lunoir (aka Öxxö Xööx) et son micro tentaculaire ainsi que la machine qu’est Sylvain Bouvier à la batterie. C’est à ce moment précis que la foule s’est déchaînée et le tout s’est arrêté qu’à la toute fin du spectacle.

Mais c’est vraiment quand ils ont balancé Opus Brain que le tout est devenu incontrôlable…dans le bon sens du terme! Un brillant mélange d’agressivité et de douceur qui a fait exploser le parterre. La grande majorité des titres joués ce soir venaient de leurs trois derniers albums, Nostril, Hallelujah et Savage Sinusoid ainsi que quelques-unes du EP intitulé Maigre. Un autre moment fort a été l’interprétation de la pièce Cheval, premier extrait de leur dernier album, où la foule s’est donné corps et âme dans une valse des plus chaotique, aggrémenté par la suite de Tendon, pièce ultra syncopée qui en a étourdi plus d’un!

On peut dire qu’en live, ce qu’Igorrr offre est loin du show métal conventionnel mais je crois qu’au final, tout le monde présent a pu y trouver son compte! Le spectacle de mercredi soit a été un franc succès pour Igorrr et je crois fermement que c’est un groupe qu’il faut avoir vu au moins une fois dans sa vie!

Setlist : Au Revoir, Spaghetti Forever, Grosse Barbe, Opus Brain, Moldy Eye, Biquette, Barbecue, Pavor Nocturnus, Caros, Viande, Cheval, Tendon, Excessive Funeral, Tout Petit Moineau, ieuD, Unpleasant SonataApopathodiaphulatophobie, Robert

Auteur : Maxime Pagé