Le groupe Hands Of Despair a vraiment réussi à faire sa marque depuis la sortie de son excellent deuxième album Bereft, mélangeant avec brio les éléments de death et de doom, le tout avec une touche très européenne. C’est donc après seulement deux ans qu’ils sont de retour avec un troisième album intitulé Well Of The Disquieted dont la pochette, dessinée par le célèbre Travis Smith, est une des plus belles et les plus prenantes que j’ai pu voir depuis un bon moment déjà. Mais je dois dire qu’après un album comme Bereft, la barre est déjà excessivement haute. Une question s’impose : Est-ce que Hands Of Despair ont su se surpasser avec ce nouvel opus?

Hands Of Despair nous offre ici leur plus long album qui totalise environ une heure et dix-huit minutes de matériel. C’est aussi un premier album concept pour le groupe. En effet, toutes les chansons sur Well Of The Disquieted concernent les problèmes de santé mentale, que ce soit le dédoublement de personnalité, entendre des voix ou encore la schizophrénie.

Le tout commence très fort avec une trilogie, L’invasion, qui nous fait passer par toute une gamme d’émotions.  Si Encres troubles nous amène à la contemplation du vide, La salve nous y fait plonger tête première pour finalement nous laisser avec le sentiment d’impuissance face à notre propre fatalité avec L’élégie. La production est excellente et sûrement la meilleure que le groupe n’a jamais eu et on dirait vraiment un beau mélange entre les sonorités de Hereafter, leur premier album, et Bereft. La finale de L’élégie me fait beaucoup penser à Plague Of Butterflies de Swallow The Sun, et c’est loin d’être négatif!

Le groupe a également frappé fort avec la chanson La ballade des gens heureux, une pièce d’environ treize minutes où est décrit la fin de vie de l’écrivaine britannique Virginia Woolf qui s’est enlevé la vie après avoir développé une condition où elle a commencé à entendre des voix. Ça commence tranquillement avec une introduction très ambiante avec une voix parlée qui met en scène la souffrance de l’écrivaine pour ensuite exploser dans un tourbillon de riffs très pesants et une finale carrément méchante! Sérieusement, si vous headbangez pas avec ça, c’est que vous êtes morts! C’est probablement une des meilleures chansons de l’album, sinon LA meilleure!

Quoi de mieux qu’une chanson brutale mais accrocheuse à la fois! C’est le cas avec la chanson Amok, qui m’a pourtant pris un certain temps avant de l’apprécier à sa juste valeur. C’est brutal à souhait, mais c’est surtout la finale de la chanson qui vient particulièrement me chercher. Je me suis même surpris à fredonner cette partie-là, signe que c’est très réussi et très prenant! Le seul point quelque peu négatif que je pourrais apporter est que la partie en latin me semble inutile et peu naturelle.

Avant de m’attaquer au gros morceau de l’album, je dois apporter certains bémols quant à quelques chansons que j’ai moins appréciées que le reste, commençant avec Doppelganger. Bien que les riffs soient solides, j’ai l’impression que la chanson tourne un peu en rond et est un peu répétitive. Les parties que je trouve mieux que le reste sont probablement l’intro et le milieu qui est vraiment ambiant et creepy. La deuxième sur la liste est la “petite toune” de l’album, Pressure qui malgré une vibe un peu Katatonia-esque, peine à venir me chercher et j’aurais plus vu cette chanson sur Bereft que sur le nouvel album.

En guise de final, le groupe nous offre Body And Souls, une composition titanesque de seize minutes, leur plus longue chanson en carrière. Pour illustrer la schizophrénie, le groupe à fait appel à plusieurs gros noms de la scène métal montréalaise comme Luc Lemay de Gorguts, Sébastien Croteau de Necrotic Mutation ou Marie-Hélène Landry de Borborygme et anciennement de Despised Icon. Le résultat est un tourbillon étourdissant qui exprime à merveille les tiraillements intérieurs, les déchirements de l’esprit entre les personnages qui veulent tous avoir le contrôle. Un jeu très théâtrale et une musique brillamment exécutée!

Well Of The Disquieted n’est pas un album parfait, mais n’est vraiment pas loin de l’être et est un des meilleurs albums que j’ai entendu jusqu’à maintenant cette année. Un album concept peut facilement devenir lassant ou peu crédible lorsque mal composé, mais ce n’est définitivement pas le cas pour Hands Of Despair. Well Of The Disquieted : un must pour tous les fans de melodic doom/death metal!

9/10

Hands Of Despair lancera son album Well Of The Disquieted le 6 avril prochain au Petit Campus aux côtés de Sanguine Glacialis et Within Embers

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Auteur : Maxime Pagé