Dimanche 11 Juin – C’est en apothéose que le Download Festival France a clos sa deuxième édition sur le sol français et assurément, première d’une longue série sur la BA217 de Brétigny sur Orge. Alors, même si en ce début de journée on pouvait lire la fatigue sur les visages des festivaliers venus moins nombreux, l’atmosphère n’avait rien perdu de son intensité. Le choix des artistes qui nous a été proposé pour ce dernier jour de festival a réussi à puiser en chacun de nous des ressources d’énergie insoupçonnées.

Il était 13h30 sur la Main Stage 2. Le festival sortait doucement d’une nuit trop courte. Pas facile pour Tesseract d’assurer le premier concert du dimanche de clôture. Ça a commencé doucement, au son d’une basse bien soutenu, associé aux riffs appréciables des guitaristes, ce qui excusera le manque de voix du chanteur qui paraissait aussi fatigué que certains festivaliers. Le groupe semble être au rythme de son auditoire et monte progressivement en intensité tout au long de son set, entraînant un public encore peu nombreux. Nous flânons un peu, le temps de rejoindre juste à côté la Main Stage 1Léogun prenait le relais. La configuration scénique originale avec la batterie excentrée et proche du devant de scène aiguisait ma curiosité. Un trio britannique, simple et efficace, juste basse, guitare et batterie. Malgré quelques soucis de son, c’était bien agréable de profiter d’un set rock aux tonalités groovies.

Le running order très varié du Download donne toute sa particularité à ce festival qui se démarque des autres avec sa diversité des genres pendant ces 3 jours. C’est pour un style complètement différent que nous sommes revenus devant la Main Stage 2, pour y retrouver la rage du Punk/Hip-Hop hardcore du groupe français Rise of the North Star dont la réputation scénique même outre Manche n’est plus à faire. Le chanteur Vithia et ses acolytes ont encore su emporter avec eux un public convaincu. Et même l’horaire post digestion n’aura pas effrayé les estomacs les plus délicats des pogoteurs, slameurs et autres head bangeurs qui s’en sont donné à cœur joie dès les premières notes de leur tube Again and Again . Un concert de qualité qui a bien remis le public dans les starting blocks.

A 15h 30, Coheed and Cambria jouait en même temps que Suicide Silence. Et comme beaucoup n’étaient pas fans de ce dernier, ils ont comme nous préféré découvrir Coheed & Cambria avec leur chanteur Claudio Sanchez à la chevelure impressionnante façon Pierrafeu et sa guitare à double manches. L’entrée en scène avec un rock alternatif électro fait réagir un public curieux qui découvre, comme nous, un groupe qui n’a pas besoin d’agressivité pour être puissant. Une des belles pépites de ce Download 2017. Le temps d’un petit tour aux stands du Métal Market et Lost Society démarre son set sur la Spitfire Stage. Les jeunes finlandais avec leur trash métal épuré, leurs guitares recouvertes d’autocollants Vans ont tout donné cet après-midi là. La petite foule éparse du début du concert, emportée par le rythme des solos des deux guitaristes de la formation, a peu à peu attiré du monde laissant l’occasion au groupe de faire connaître leur dernier album Braindead.

Et ça s’enchaîne direct sur la Main Stage 1 avec les Suicidal Tendencies. Personnellement, j’attendais avec impatience leur prestation que j’avais malheureusement manquée lors de leur passage à Toulouse. Je n’ai pas été déçue. Du haut de sa belle cinquantaine, Mike Muir, leader du groupe incontournable des 80’s a fait trembler la Main Stage en sautant partout, pour le plus grand plaisir de leurs fans venus en masse. La toute dernière mouture du gang Californien, avec Dave Lombardo, leur nouveau batteur dont la réputation, au travers de Slayer, Fantômas et Testament n’est plus à faire, apporte incontestablement une nouvelle énergie au combo. Profitez-en pour aller les voir ou les revoir et passer un moment musical mémorable durant leur tournée avec leur album World Gone Made. C’est avec 5 petites minutes de retard, le temps de laisser finir les Suicide que Mastodon prend place sur la Main Stage 2. Un look de rockeur vintage, lunettes noires sur le nez pour un set de heavy métal progressif qui promet. Mais la prestation live était sans éclat, avec de nombreux problèmes de son. Apparemment c’est une habitude. Ils peinent visiblement à égaler la qualité sonore de leurs albums.

Nous poursuivons avec Rancid. Une très bonne ambiance punk rock qui fait du bien ! Avec son guitariste tiré à quatre épingles, tatoué jusque sur le visage et le batteur qui a démarré le set debout sur sa batterie. Ils régalent un public conquis d’un show court (à peine 50min), mais intense. Juste avant de retrouver Prophets of Rage sur la Main Stage 2, nous sommes allés jeter un oeil sur le groupe Kontrust qui jouait en même temps que Rancid. Un groupe original avec leurs costumes traditionnels bavarois. Les autrichiens ont proposé dans un décor champêtre un métal alternatif original, très rock, qui a mis un peu de fraîcheur sur cette chaude journée. Il aurait été dommage de ne pas faire le détour par la Warbird Stage et louper un groupe bien barré qui déménage carrément en live.

Alors, même si l’ensemble des concerts programmés ces 3 jours était pour la plupart de grande qualité, je ne cacherais pas que pour moi, la palme du meilleur concert du festival revient à Prophets of Rage. Un grand moment, d’une puissance musicale spectaculaire. La toute nouvelle formation du superband, savant mix de Rage Again The Machine, Public Ennemy et Cypress Hill, nous a fait l’honneur de leur première date en France ! Une belle grande famille qui nous a offert un set colérique et très engagé. Ils ont commencé toutes sirènes hurlantes, avec tous les membres du groupe silencieux sur scène, poings droits levés vers le ciel, rappelant le mouvement des Blacks Panthers. Engagement aussi contre le gouvernement américain actuel, comme a pu l’afficher sans détour Tom Morello, ce guitariste monstrueux en retournant sa guitare sur laquelle était clairement inscrit « Fuck Trump ». Leur setlist était résolument tournée vers les plus grands titres de Rage Against The Machine, mais sans oublier que les anciens membres de RATM passés par Audioslave ont rendu un hommage instrumental émouvant à Chris Cornell en interprétant Like a Stone. Juste avant le dernier morceau, le groupe remercie l’auditoire pour ce premier concert et la bonne ambiance de ce soir, ce qui prouvait bien que le public métaleux est resté très ouvert et qu’il a su aussi apprécier et bouger énergiquement sur les titres plus Hip-Hop. Ils ont triomphalement terminé leur concert par le titre mythique Killing in The Name, où les membres du groupe et l’ensemble du public brandissaient tous ensemble leurs majeurs pointés vers le ciel.

Et voilà… que l’heure du concert de fin de ces 3 jours de festival aussi intenses que variés vient de sonner… Bon même si je ne suis pas vraiment fan, autant dire carrément pas du tout, il faut bien avouer que Green Day a mis le feu pendant 2h30 sur la Main Stage 1. Les punks rockeurs californiens ont offert à leurs fans un son et un show lumière monstrueux, avec feu d’artifice, de nombreux changements de backdrop, des geysers de gros confettis à leur nom. Le show est impressionnant. Dès les premiers morceaux, le ton est donné avec Know Your Enemy, Holiday ou encore Boulevard of Broken Dreams (pour les fans de la première heure), mais aussi par exemple un solo de saxo sur une reprise de Careless Whispers des Wham. Il régnait ce soir là une bonne humeur extraordinaire grâce aussi à l’interaction entre Billie Joe Amstrong, chanteur et guitariste du groupe, et son public.

Et c’est aux côtés de tous ces fabuleux artistes que nous avons eu la chance de participer à ce festival de folie, 3 jours d’une intensité musicale folle, une grande première pour moi, une expérience fabuleusement enrichissante. Avec des festivaliers fatigués, le corps meurtri parfois, mais heureux et qui attendent, comme moi l’édition 2018.

Auteure : Lydie Bernard

Photographe : David Torres