Gael Faye

Samedi 1 Avril 2017 – Non, ce n’est pas une blague : Gaël Faye est bien venu dans le petit village de Lisle-sur-Tarn dans le cadre du festival Les Ptits Bouchons. Autant nous avions peur hier de la prestation dans la Salle des Spectacles de Gaillac à l’occasion de la soirée électro, autant nous n’attendons rien de la petit salle polyvalente tant les événements musicaux sont anecdotiques ici. Pourtant, nous avons été agréablement surpris !

Mais d’abord, c’est Jules & Le Vilain Orchestra qui grimpe sur la scène, groupe de la région parisienne venu en quantité réduite aujourd’hui, certainement par manque de place. Ainsi, ils voient leur formation réduite de 7 à 4 musiciens, pour une composition plus “rock” : une batterie, une basse, une guitare solo et une guitare acoustique en plus du chant. On découvre alors, au delà d’une sonorisation/lumière largement acceptable au vu de la salle, un groupe motivé et assez original. Pour faire un portrait un peu difforme, vous devez imaginer la prestance de Hugh Laurie, les paroles des Wriggles et le rythme de Matmatah. Autrement dit, c’est une bonne surprise qui va nous convaincre au fur et mesure des morceaux. Nous noterons avant tout la décontraction du chanteur/leader du groupe, tant dans les échanges fréquents avec le public que dans les paroles. S’accompagnant de très grands gestes, le concert devient par moment quasi-théâtral. Théâtral, mais comique ; puisque les paroles mélangent sujets universels et humour caustique pour une légèreté qui s’accorde parfaitement avec le côté intimiste de l’endroit. Le charisme du chanteur reflète bien l’humour nostalgique des paroles avec un second degré qui entraînera de nombreux rires dans le public. Côté musique, le boulot est bien fait sans toutefois de coups d’éclat : ce n’est de toute manière pas ce que l’on attend de ce genre de groupes. Ils ont dans tous les cas permis à Lisle-sur-Tarn de passer un très bon moment, entre paroles caustiques et balades bien écrites. Reste à savoir ce que cela donne lorsque les cuivres se rajoutent à la composition, nous verrons peut-être ça avec plaisir une autre fois !

Après un rapide changement de plateau, les yeux des enfants du premier rang commencent à briller quand la lumière s’éteint. Ils découvrent comme nous une composition simple mais qui s’avérera super efficace : un pianiste/trompettiste, un machiniste et Gaël Faye au micro. On comprend rapidement l’intelligence de l’orga à avoir mis cette affiche dans la plus petite salle du coin : l’intimité y est magistrale. Quant à Gaël Faye, il a parfaitement compris l’idée, et s’adonnera avec sympathie à des serrages de main et des interpellations directes pour le plus grand bonheur du public. Comme si nous l’avions dans notre salon ! Ponctuant son live d’échanges verbaux avec le public, et notamment les plus jeunes, on le découvre aussi humain et agréable que nous pouvions l’imaginer. On sent qu’il est venu pour raconter une histoire, son histoire, l’Histoire que le public découvre avec engouement. Il est aussi là pour présenter son troisième projet, dans la lignée de Petit Pays et de Pili Pili sur un croissant au beurre dont il reprendra quelques chansons comme Je pars ou, dans un magnifique hommage, Ma femme. Ce troisième projet, c’est un nouvel EP dont la sortie est prévu le 14 Avril : Rythmes et Botanique.
Niveau live, les morceaux ne diffèrent pas énormément de la version studio, mais le simple fait de la qualité sonore et de les voir en direct amplifie énormément le ressenti, comme sur la splendeur de L’ennui des après-midi sans fin qui s’en suivra d’une ovation des quelques centaines de personnes présentes. On notera aussi avec plaisir la qualité des deux musiciens, le prodige Guillaume Poncelet au piano/trompette et DJ Blanka aux machines. On apprécie aussi que Gaël Faye se mette parfois en retrait pour les laisser s’exprimer, comme sur l’introduction ou la conclusion du set. On découvre là encore deux musiciens super dynamiques et humains, pile ce qu’il fallait pour que le show soit complet. Enfin, notons finalement que l’ambiance “salon” du concert aura son effet puisque le groupe finira, assez naturellement et après plusieurs rappels, en slam sur le public avant de donner le micro à tous les MC de la salle qui souhaitaient poser un 16 en compagnie d’un des rappeurs les plus légers et poétiques du moment.

En gros, bien loin du show énorme de la veille à Gaillac, c’est une excellente soirée intimiste que nous ont offert Jules, son orchestre, Gaël Faye et ses musiciens. Une prestation parfaite sous le signe de la chanson française et de l’humain : chapeau les artistes.

Auteur : David Vacher

Photo : Jérome Jacques (Archivre Thorium Mag)