Fleshdoll

8 janvier 2016 – Une année, riche en concerts et en émotions, s’achève… Le décès du grand Lemmy Kilmister le 28 décembre clôturait tristement 2015. La faucheuse semble également en pleine forme en ce début 2016, nous dérobant d’immenses artistes comme David Bowie, Pierre Boulez ou encore Michel Delpech. Des noms qui ont marqué l’histoire et le monde de la musique, et ce soir, c’est bien la musique que nous allons célébrer en compagnie de deux excellents groupes: Orob et Fleshdoll. Nous pouvons être fiers d’avoir de si bonnes formations “metalliques” dans notre belle région toulousaine. La saison des concerts 2016 est ouverte !

Il est 19h30 lorsque j’arrive devant le Saint des Seins et je découvre avec joie qu’il y a déjà du monde à l’entrée et à l’intérieur du bar. C’est environ trente minutes plus tard que les lumières déclinent et que les membres d’Orob prennent place, sur scène. Le groupe, qui travaille actuellement sur l’enregistrement de son premier album, Aube Noir, va nous offrir un généreux set composé d’anciens titres (tirés, entre autres, de l’EP Into the Room of Perpetual Echoes) et de nouveautés. Il y a un an à peine, nous étions restés sur notre faim lors de leur passage aux côtés de Sólstafir à la Dynamo. En effet, le quatuor n’avait pu se produire qu’une vingtaine de minutes, on ne crache donc pas sur une séance de rattrapage ! La musique démarre et leur black metal progressif, sombre et ensorcelant, résonne et s’infiltre dans nos oreilles. Une musique aux sonorités aussi caressantes que percutantes. Thomas, chanteur et guitariste, alterne entre voix claire et voix black/death écorchée. Son chant clair est un peu fragile lors du premier morceau mais il se chauffe rapidement et ses poussées gutturales sont extrêmement bien maîtrisées, son chant torturé vous prend vraiment aux tripes. Les riffs puissants envoyés par Thomas et Olivier (qui remplace Andrea), tantôt lents et lourds tantôt ultra mélodiques, ne vous laisseront pas de marbre. A la batterie, on sent Yoan beaucoup plus à l’aise sur les nouvelles compos, il nous balance du blast avec aisance et un feeling indéniable. Pierre-Henry n’est pas en reste, la basse vrombissante est très présente (et c’est une des choses que j’adore dans la musique d’Orob), le duo basse/batterie est excellent. Nous assistons à une lente éclosion atmosphérique, doucereuse et troublante à la fois. Nous savourons cet instant mais les minutes défilent à toute allure. Nous aurons néanmoins le temps d’être pleinement immergés dans le monde obscur et magnifiquement tourmenté d’Orob. Technique, émotion et musicalité… que demander de plus ? Vivement la sortie d’Aube Noir (le groupe en parle dans le podcast de l’émission Scream for me Toulouse du 4 janvier).

21h25, après un changement de plateau, ce sont les membres de Fleshdoll qui débarquent sur la petite scène du Saint des Seins. Créé en 2001, le groupe sortait un solide quatrième album Blood Red Disctrict (Great Dane Records) en 2015, c’est d’ailleurs le chouette artwork de la pochette qui habille l’arrière plan. Le climat éthéré qui s’était installé durant le set d’Orob va rapidement s’estomper laissant place à une ambiance plus proche de l’aliénation. Les musiciens montent sur les planches, la musique démarre et Bastich arrive en trombe nous balançant son growl robuste et impeccable. Après une entrée en force, il prend la parole afin de saluer l’assemblée et faire une introduction à l’Xtreme Fest 2016. Fleshdoll nous envoie alors sa reprise râblée du titre mythique Into the Pit de Testament aux côtés desquels ils se produiront cet été. Le public est déjà complètement fou, reprenant le refrain avec un enthousiasme certain. Bastich est survolté, arborant un immense sourire durant tout le set. Ses confrères, eux, sont plus sérieux et concentrés! Chili et Billy se partagent les riffs à la fois ultra agressifs, mélodiques et techniques. Derrière sa batterie, Michaël, qui semble aujourd’hui clairement confortable et plus assuré, fait fumer la double pédale et résonner les fûts avec férocité. La rythmique irascible est doublée par le son massif de la basse, gérée par l’excellent Judas. Les membres de Fleshdoll nous projettent un torrent d’énergie avec une technique manifeste, c’est fougueux et brutal comme on aime. Du bon death metal teinté de sonorités thrashy et bien old-school qui poutre! Un peu de groove, un peu de gras et de transpiration, ainsi qu’un (gros) poil de technicité, voilà une recette qui fonctionne à merveille. Le public est réceptif, ça remue dans le pit et il fait très chaud dans le Saint des SeinsWorld of Terror, Blood Red Disctrict, Battle Royal, Feeding the Pigs, Sweat Apocalypse, Birth of the Bastich … Un bon melting pot de leur discographie, des titres ravageurs taillés pour le live. Comme beaucoup et bien que je n’écoute pas ça en boucle à la maison, je me régale, emportée par la véhémence des morceaux plus efficaces les uns que les autres ainsi que la bonne humeur générale. Fleshdoll rendra un petit hommage à Lemmy en réinterprétant Orgasmatron de Motörhead avant de nous quitter.

La soirée touche à sa fin, et quelle belle soirée! Merci à Orob et Fleshdoll pour ce très bon moment. Si sur scène le son était comparable à de la bouillie auditive… nous ce que l’on retient c’est qu’ils ont envoyé la purée ! Nous aurons passé un très bon moment avec plus de 200 personnes présentes, la musique n’est clairement pas prête de s’arrêter…

Auteure : Fanny Dudognon

Photographe : Clément Costantino