Vendredi 30 Juin – À édition spéciale report spécial : celui-ci sera sans photos ou presque puisque nous avons appris au dernier moment que l’accès nous avait été refusé. Heureusement, la programmation était là pour compenser la pluie et les problèmes d’organisation.

Arrivés vers 20:00, le regret d’avoir raté Georgio se fait oublier sous la voix toujours aussi puissante de Beth Ditto. Bien que plus calme que d’habitude, elle finira toujours auprès du public, pieds nus dans la boue et un enfant dans les bras avant de reprendre le tube de son désormais ancien groupe Gossip : Heavy Cross.
 prendra le relais en enchaînant lui-aussi ses tubes comme Final Song. Le light show est magnifique, la musique toujours sympa mais il a manqué un petit quelque chose pour que le groupe se démarque du reste de la programmation. Toujours est-il que leurs fans ont tout de même dû avoir leur dose de plaisir, car sans être exceptionnelle la prestation était tout de même assez bonne avec, en supplément, le charisme de la chanteuse.
Premier coup de cœur de ce vendredi : Foals. Dynamiques et charnels, énergiques et posés ; ces types sont capables de tout faire à la fois de manière assez impressionnante. Musicalement, bien que sans envolées, c’est toujours aussi agréable et efficace, sans fausse note et avec une rigueur de métronome. Ça nous tardait de voir ce qu’ils valaient en live : c’est une tuerie à voir sans hésiter.

L’avantage d’avoir deux grosses scènes, c’est que cela permet de voir des décors scéniques magnifiques sans changements de plateau de 45 minutes. On a clairement apprécié cela à l’arrivée des Phoenix. Un énorme miroir oblique situé en arrière-scène permettait de refléter tout le plateau par l’arrière. Batteur en tête, ils ont assorti cela à un parterre énorme de leds et lampes qui, se reflétant, nous a offert un décor lunaire magistral.
Si les festivaliers commençaient à fatiguer avec 00:00 sonnant, Diplo est venu comme un réveil. Sans être transcendant, il aura jouer de remix pour donner un coup de punch au Garorock avec des reprises ultra vitaminées de morceaux emblématiques. De quoi bien entamer la seconde partie de la soirée qui se poursuivra avec le phénomène du moment : Kungs. Plus chill, plus sunny ; beaucoup de termes anglais pourraient décrire sa musique qui est venue comme un soleil aux abonnées absents réchauffer la fin de cette soirée.

London Grammar

London Grammar

Samedi 01 juillet – Deuxième jour, la boue toujours au rendez-vous a visiblement eu raison de quelques chevilles la veille. Site dangereux, voire quasi-impratiquable sur la fin de ce deuxième jour. Terrain inondé devant les scènes, laissant des zones inaccessibles et donc vides en plein milieu du public. Camping apocalyptique, d’autant qu’il n’y a pas une lumière pour éclairer : heureusement là encore que la prog est là pour rattraper un peu l’organisation désastreuse de cette édition, qui frôle l’irrespect de ceux qui ont payé 120 €.

C’est donc dans des conditions dignes de Koh-Lanta que nous attaquons ce samedi. Et autant la programmation nous promet de belles choses, autant elle est aussi extrêmement étonnante par moment. Arrivés à 18:00 nous commençons la soirée avec … N’TO & Joachim Pastor. Le duo récemment formé propose bel et bien un set de qualité, mais impossible de rentrer dans ce genre de live aussi tôt dans la journée.
A chaque jour son rap. Georgio avait entamé le festival hier, vient ici le tour des Flatbush Zombies. Sans aucune retenue, ils ont mitraillé de leur flow tout le public, en profitant pour les titiller un peu à coup de petites insultes. De là, beaucoup d’ambiance mais peu de monde : les trois rappeurs ne doivent pas avoir l’habitude de jouer devant une aussi petite audience.

Parfois, la musique est une histoire d’influences. Il y a peu de temps encore, Petit Biscuit (que nous retrouverons le lendemain) sortait de deux chaînes Youtube : “Electro Posé et “Chill Nation“. Quelques mois plus tard émergeait de ces mêmes chaînes un deuxième nom dont la musique semble un copié-collé du premier : Trinix. Même chill, même sample féminin, même construction rythmique ; on pourrait mélanger les deux. En live ça bouge un poil plus, mais l’ambiance demeure la même côté Garoclub. Nous en profitons pour remarquer que, suite à un changement dans la disposition des scènes, il est impossible d’écouter l’electro du Garoclub correctement. En effet, la grande scène interfère assez fortement, engendrant un mélange de musique assez ignoble.

Ça a été notre gros gros coup de cœur de cette édition 2017, coup de cœur partagé au vu des commentaires entendus de ci de là dans le public. Et celui-ci nous vient du groupe le plus calme de la programmation, bien qu’apparaissant indéniablement comme une des têtes d’affiche : London Grammar. Envoûtant, aérien et planant à souhait, ils ont répondu présent encore une fois avec un live parfait, sans fioriture ni erreurs. Reprenant des titres de leurs deux albums (dont la reprise de Nightcall ou encore le vibrant Rooting for you en partie a capella), la voix d’Hannah Reid résonnera longtemps dans les oreilles des festivaliers comme dans l’histoire du Garorock.

M.I.A.

M.I.A.

La programmation nous oblige à se séparer puisque jouent en même temps MIA, Ho99o9 et Jumo. Aux échos entendus, Ho99o9 a envoyé du lourd sur la scène du Trec avec leur punk enragé ! De notre côté, on attendait avec impatience une des seules dates de MIA en Europe. Déception ! Tout d’abord car le son mêlait la voix de la chanteuse avec celles de ses choeurs, le tout dans un retentissements d’aigus. Mais aussi déçus aussi par la prestation elle-même. On reconnaît volontiers les efforts faits par MIA pour se rapprocher du public, allant jusqu’à grimper la barrière. On reconnaît également qu’il s’agissait là d’un show à l’américaine exceptionnel, ayant mis l’ambiance dans le public. Mais la pauvreté musicale (que l’on retrouve dans de très nombreux commentaires sur les réseaux) nous laisse un goût amer, tandis que la chanteuse enchaînait les petites imperfections (rythmiques et tonales). Tandis qu’un mythe naissait avec London Grammar, en voici un qui s’effondre, et nous quittons le live avant la fin afin de se diriger, tant bien que mal, vers le Garoclub. Pour ceux qui ne le connaîtraient pas encore, Jumo est l’une des figures montantes de l’electro française. Tout droit venu du label de Fakear ou Douchka (Nowadays Records), sa musique nous rappelle de loin des productions comme celle de Flume, entre mélodie et sample de voix néanmoins. Seul problème : là encore la musique de MIA vient interférer aux oreilles traînantes du Garoclub, gâchant totalement l’écoute.

Avec Stand High Patrol, c’est les deux Djs Mr Oizo et Vitalic qui viendront clore ce deuxième jour. Tandis que le premier nous semble manquer d’un peu d’énergie – nous empêchant de rentrer dans son live quand bien même nous apprécions sa musique – le deuxième arrosera lui le public de good vibes pour déchaîner des fesivaliers qui, bien que peu nombreux et malgré la météo, restent super dynamiques. Tant mieux !

Milky Chance

Milky Chance

Dimanche 02 juillet – Troisième jour, nous profitons d’arriver en avance sur le site pour faire un tour au camping. Le résultat de ce weekend et de l’absence totale d’organisation est flagrant : pas de lumière pour les 14.000 campeurs, et très peu de points d’eau. Pas de sacs poubelles non plus : des minis déchetteries décorent les allées. Des trous de 40 cm dans le sol se sont aussi formés par endroit. Ajoutons enfin à cela un manque d’effectif dans la sécurité, entraînant de longues attentes et des bavures (un des vigiles avait a priori refusait l’entrée à un jeune qui faisait une crise la veille). Bref, ici non plus ce n’est pas la gloire, comme si la boue ne suffisait pas aux campeurs, qui demeuraient tout de même dans la bonne humeur.

Côté festival, Lysistrata entame ce dimanche. Fidèle à leur passage sur Toulouse (qu’ils réitéreront en fin d’année au Metronum) ils ont joué de leur énergie pour enjailler la scène du Trec. Pendant ce temps résonne l’écho d’un groupe qui nous est cher à nous toulousains : Motivés. Recomposition autour de l’ancienne formation Zebda, leur simplicité est toujours là et fait du bien à entendre ! Ils multiplieront (évidemment !) les messages politiques pour donner un côté lutte au Garorock 2017. Le sol est plus sec quant à lui : voila un bon départ pour ce dernier jour. 18h30 sonne, annonçant la succession de 5 groupes super attendus ici. Le premier n’est autre que Milky Chance, guidé par la voix de Clemens Rehbein qui se risquera à quelques mots français. Si tous les genres seront représentés ce soir là, le groupe allemand apporte une touche de tranquillité souriante. Il entonnera bien évidemment son titre phare, Stolen Dance, reprise en choeur par le public qui commence à s’amasser petit à petit.
Au tour de l’electro d’être représentée par Petit Biscuit. Le jeune nantais de 17 ans a, comme à son habitude, tenu toute la scène à lui tout seul – sortant de derrière ses platines assez souvent pour jouer de la guitare ou tout simplement pour courir et sauter partout devant des festivaliers conquis. Il s’éclate, on s’éclate : on ne demandait rien de plus.

A chaque jour son rappeur disions-nous tout à l’heure : celui de dimanche n’est personne d’autre que le géant américain Mac Miller. Comme ses deux prédécesseurs, The Kid a mis le faya en propulsant ses lignes comme il sait si bien le faire sur la scène US depuis sa Pennsylvanie natale. Un bon moment.
Ils arrivent en troisième place de nos coups de cœur : les deux membres de Royal Blood. Représentant le rock sur la grande scène, ils auront enflammé la scène avec leur rock garage bien maîtrisé. Un batteur talentueux, une basse guitarisée : il en faut peu pour regrouper tous les fans de rock, voire même de tenter quelques pogos boueux. Si l’on se demandait encore comment une carrière peut aller aussi vite (le soutien de Jimmy Page aidant bien), on comprend mieux ce soir.

Enfin, ils sont là. Et autant le weekend a été calme, autant là une foule assez impressionnante s’est amassée devant la grande scène (laissant de mauvais présages quant à l’affluence sur la scène du Trec, pourtant élogieusement remplie par les membres de FFF). Mais tout le monde était venu voir la tête d’affiche de cette année : Justice. Étrangement, les avis étaient partagés durant leur live, certains affirmant qu’on ne “dirait pas du Justice”. Pourtant la prestation nous paraît sans faille, faisant bouger des dizaines de milliers de personne pour contraster avec les jours précédents. Ils reprendront évidemment les titres phares de leur carrière comme D.A.N.C.E ou Safe and Sound qui résonnera en intro. En tout cas, le Garorock aura de nouveau frappé fort pour leur dernier groupe, nous rappelant la venue de Muse l’année précédente.

Justice

Justice

La conclusion se fait d’elle-même : si la programmation justifie largement l’image nationale du Garorock, l’organisation elle était inexistante en tout point, et indigne d’un tel festival. Transparente dans un grand nombre de domaines, elle a d’ailleurs suscité beaucoup de réactions et de bad-buzz sur les réseaux, attestant d’une déception (ou d’une colère) généralisée. Certes, la météo n’a pas aidé, mais elle ne demeure en rien une excuse suffisante pour palier à tous les défauts majeurs de cette édition 2017. A suivre…

Article : David Vacher

Photos : Antony Chardon