LG Petrov

Jeudi 10 novembre 2016 – Après avoir parcouru pas mal de kilomètres entre Paris, Barcelone, Montpellier, Marseille, pour voir de grosses programmations qui me tenaient à cœur (Obituary, Exodus, Suicidal Angels, Obscura, Revocation, Katatonia…) et pris deux belles claques avec Enslaved puis Inquisition et Rotting Christ, voici THE date ! Il s’agit d’Entombed A.D, Voivod, Lord Dying ainsi que Barren Womb. Fan de musique extrême et de old-school, cette affiche est faite pour moi.
Cette fois-ci, ce sont nos copains de Pollux Asso (et donc de l’Xtreme Fest), en partenariat avec Garmonbozia Inc. qui organisent. Le concert va se dérouler à l’Athanor, cet ancien centre culturel a été complètement réaménagé en une très belle salle. Il faudra donc faire un peu de route pour se rendre dans la jolie ville d’Albi, un point qui aura malheureusement découragé certains toulousains fainéants. Une faible affluence avec moins de 200 personnes présentes, et bien sachez, vous qui avez préféré flemmarder, que vous avez loupé l’une des meilleures soirées de l’année !

Les plus courageux ont sagement attendu l’ouverture des portes sous la pluie. Les hostilités démarreront aux alentours de 20h en compagnie de Barren Womb.
Formé en 2011 et tout droit venu de Norvège, le duo est déjà porteur de trois albums dont Nique Everything, sorti en 2015. La salle, encore très vide, s’obscurcit pendant que Timo Silvola s’installe derrière sa batterie et que Tony Gonzahl accorde sa guitare. C’est parti pour une petite trentaine de minutes de show. La particularité du groupe est, dans un premier temps, le style musical. En effet, Barren Womb distille un noise rock un peu crade, teinté de diverses influences plus surprenantes les unes que les autres. Il y a des titres très punk avec des sonorités parfois crading d’inspiration grindcore, certains sont plus proches du southern rock voire même de la country alors que d’autres sont carrément sludge avec des riffs bien lourds. Un choix audacieux qui se trouve être totalement maîtrisé et qui permet aux musiciens de s’exprimer sans retenue, dégageant ainsi une énergie incroyable. Leur deuxième particularité est de se partager le chant, ils se complètent, et assurent grave tous les deux. Le guitariste chante de façon modulée, alternant entre voix claire et cris acerbes. Le batteur quant à lui, gueule à s’en briser la mâchoire pendant qu’il frappe ses fûts comme un forcené. Un jeu qui vient des tripes, projeté avec passion et sincérité et c’est aussi ce qui fait l’authenticité du duo.
Aussi plaisant à écouter qu’à regarder, Barren Womb nous permet de débuter la soirée sur une note très positive, ce fut une vraie belle découverte live.

Après une grande pause, nous allons faire un un voyage sonore aux pays du sludge avec les américains de Lord Dying. Le quatuor natif de Portland se compose du guitariste/vocaliste Erik Olson, de Chris Evans également à la guitare, du batteur Wade Murff ainsi que du bassiste de Behold! The MonolithMatt Price, qui nous aura troublé par sa ressemblance avec Lemmy et qui remplace Jeff Golden. Actif depuis 6 ans, le groupe a réalisé deux albums, Summon the Faithless (2013) et Poisoned Altars (2015). Ayant pas mal écouté ces galettes (surtout la première), il me tarde de voir ce que donne le combo sur les planches.
Le public est un peu plus dense lorsque Lord Dying démarre le set, délivrant les premiers accords bien gras de (All Hopes of a New Day)… Extinguished. Ils poursuivent avec Greed is your Horse et sa cadence galopante, puis The Clearing at the End of the Path. Là encore nous apprécierons les multiples influences (pour ceux qui ne passent pas leur temps à dire que c’est justement trop impersonnel) , c’est un mélange de stoner et de doom, lourd et poisseux, oui mais pas seulement ! Si l’on prend la peine de bien ouvrir ses oreilles on peut remarquer que le combo agrémente ses compositions avec quelques breaks écrasants inspirés du hardcore. On perçoit aussi des plans plus progressifs alors que d’autres rappellent certains groupes de thrash old-school tant aux travers des riffs de guitare, que dans la rythmique et la voix. Le chant fielleux et puissant, est assuré par l’imposant Erik Olson. Je dois dire que le son est excellent depuis le début de la soirée, et que c’est un vrai régal ! Les musiciens n’y vont pas par quatre chemins, c’est rustique et franc, ils sont là, posés devant nous déversant leur riffs épais et tonitruants. Les morceaux sonnent bien en live, ils sont bien moins linéaires que sur album. L’ambiance est d’ailleurs montée d’un cran avec quelques heureux agitateurs qui se réveillent dans le public. Personnellement, j’ai bien remué la tête et je n’ai pas vu le temps passer. La bande nous servira Darkness Remains en guise de final. Je valide !

Il est maintenant l’heure d’accueillir l’une des têtes d’affiche de la soirée, un groupe qu’une grande majorité de ces maudits français attend de pied ferme. Je parle bien entendu des canadiens de Voivod. La venue des québécois est une aubaine car leurs passages en France se font rares. Après plus de 30 ans d’activité et 13 albums au compteurs, ils sont de retour pour du show et avec un EP Post Society, sorti en février dernier. J’ai eu la chance de les voir l’an dernier à Barcelone à l’occasion du Deathcrusher Tour avec Obituary, Carcass, Napalm Death et Herod, une prestation exaltante mais vraiment trop courte (même pas 30 minutes). La bande a influencé un bon paquets de formations avec son thrash metal expérimental et progressif garni de sonorités diverses (heavy, punk, indus…) et constellé d’effets robotiques évoquant l’univers SF, sa principale source d’inspiration. Un style à la fois complexe et totalement barré qu’il faut apprivoiser pour apprécier. En live, c’est juste dément.
Allez hop, séance de rattrapage !
Un immense backdrop Voivod habille la scène (illustration de Michel LangevinAway“, également batteur du groupe), les musiciens grimpent sur les planches et démarrent sur les chapeaux de roues avec la très punk et catchy Killing Technology. Nous retrouvons Away à la batterie ainsi que le chanteur Denis BélangerSnake“, Daniel MongrainChewy” à la guitare (qui remplace le grand Denis D’Amour décédé en 2005) et le “petit nouveau” Dominique LarocheRocky” à la basse (arrivé en 2014). Les québécois vont nous régaler avec une setlist bien équilibrée, piochant dans toute leur discographie. Encore une fois Voivod fait l’effet d’une tornade, ces mecs sont dingues ! Ils prennent du plaisir à se produire en live, c’est indéniable. Souriants, communicatifs et hyperactifs, ils vont mettre le feu sur la scène de l’AthanorSnake est un excellent frontman, venant régulièrement en bord de scène et haranguant sans cesse la foule. Chewy délivre ses riffs avec une aisance déconcertante faisant des grimaces et headbangant à tout-va, il court dans tous les sens échangeant régulièrement sa place avec Rocky. Ce dernier assure comme un chef, il fait vrombir sa basse avec force et précision. Un son de basse bien mis en valeur et dont on se délectera sur des titres comme le très groovy The Unknown knows ou encore The Lost Machine (ce morceau est surpuissant !). Away est, lui aussi, bien présent, tambourinant ses fûts avec exaltation. L’énergie dévastatrice déversée par Voivod se répand dans la salle et tout le monde s’active dans le pit. Les pogoteurs s’en donnent à cœur joie et quelques énergumènes s’adonneront au crowd surfing. Snake n’oubliera pas de saluer celui qui l’a remplacé pendant plusieurs années, notre cher Eric Forrest. Encore une fois le temps file à vive allure,   Voivod attise la foule avec son thrash punchy et festif. La team nous offre un combo destructeur pour terminer le show. Les gars de Barren Womb rejoindront leurs confrères pour chanter sur Psychic Vacuum qui sera suivi par l’incontournable Voivod dont le refrain sera scandé par un public déchaîné. Le quatuor nous a mis une belle branlée, ravissant ainsi les fans qui les applaudissent chaleureusement et ralliant à leur cause les plus sceptiques ici présents. Magistral !

Ce n’est pas fini, loin de là. C’est au tour d’Entombed A.D, LA tête d’affiche du jour. On se rappelle encore de leur passage à la Dynamo en compagnie de Grave et Repuked il y a deux ans, un concert mémorable. S’il y a bien un groupe dont on ne se lasse pas en live, c’est eux. Les suédois faisaient la tournée des festivals d’été après la sortie de leur second album Dead Dawn. J’ai pu me briser les cervicales à deux reprises au son du death old-school joué par Lars Göran Petrov et sa bande au Hellfest ainsi qu’au Summer Breeze et je me fais une joie de remettre ça dans un lieu plus intimiste et propice à la proximité.
Le public est chaud et trépignant, c’est alors que les membres d’Entombed A.D apparaissent. Olle Dahlstedt s’installe derrière ses fûts. Les deux guitaristes, Nico Elgstrand et Guilherme Miranda se placent de chaque côté de la scène accompagnés par le bassiste Victor Brandt et de notre cher vocaliste/morviste (oui j’invente des mots) LG Petrov. Comme d’habitude, le quintet ne va pas faire dans la dentelle et nous projette l’impétueux Midas In Reverse en guise d’introduction. Nous sommes partis pour plus d’une heure de matraquage et de folie. Tout comme les québécois, le groupe propose une setlist variée, avec des compositions d’Entombed A.D mélangées aux anciens morceaux d’Entombed. Le deuxième titre n’est autre que le succulent Stranger Aeons, on sait d’ores et déjà qu’on ne ressortira pas indemnes de ce concert. Eyemaster, Dead Dawn, Living Dead… Les spectateurs sont en ébullition, emportés par la puissance des propos et de l’énergie incroyable déployée par les musiciens. Wow, bowdel, que c’est bon ! Cette brutalité est tout simplement galvanisante de par ses rythmiques endiablées et ses accords épais qui contrastent merveilleusement avec les riffs plus mélodiques et incisifs. La complicité entre les membres du groupes est toujours aussi flagrante et appréciable. C’est un vrai plaisir de les voir sourire. Comme à l’accoutumée, Lars, bien que totalement déchiré, assure parfaitement au chant (j’aime tellement son growl caverneux que l’on reconnait parmi mille autres) ainsi que son rôle de frontman. Communicant beaucoup et partageant généreusement ses breuvages avec les aficionados postés au premier rang. Un p’tit coup de bière par-ci, un p’tit coup de vodka par-là…(Non non ce n’est pas de l’eau). Le tout agrémenté de mollards et de sueur, la glam’ touch qui fait tout son charme. Olle Dahlstedt nous envoie du blast à gogo et tabasse ses fûts avec force et rapidité. Tout est carré, les deux guitaristes, toujours appliqués, déversent riffs et soli avec aisance. Le grand Victor Brandt quant à lui nous fascine tous. Imposant, et doté d’un charisme fou il maîtrise autant son jeu de scène que son jeu de basse. Il faut dire c’qui y est, il est sacrément beau. Oh ben quoi je suis une fille… Et puis même mes potes -hommes- ont avoué avoir un faible. (Les autres sont jaloux ou trop bourrés).
Enfin bref, comme d’habitude Entombed A.D nous en fou plein les esgourdes et les mirettes avec son putain de bon death old-school, aux riffs destructeurs et rythmiques thrashy. Revel in Flesh, Wolverine Blues, Left Hand Path, on aimerait que ça ne s’arrête pas tellement c’est bonnard. Le public est totalement hystérique, ça headbang, ça pogote, ça slam, ça gueule. L’ambiance est excellente, autant sur scène que dans le pit. Malheureusement toutes les bonnes choses ont une fin et les suédois nous serviront les ultimes Serpent Speech et Supposed to Rot, histoire de finir en beauté. C’était, une fois de plus, la fessée et leur meilleur show de l’année (de ceux que j’ai vus), les gars ont tout donné. Un IMMENSE merci pour cette claquasse.

Une affluence décevante largement compensée par l’ambiance à la fois conviviale et ardente qui a régné durant toute la soirée.
Merci à Barren Womb, Lord Dying, Voivod et Entombed A.D pour ces prestations de haut-vol ainsi qu’à Pollux Asso et Garmonbozia pour l’organisation. L’un des meilleurs concerts de cette année et que nous ne sommes pas prêts d’oublier !

Un petit plateau Entombed A.D/Obituary/Carcass … un jour à Albi ?

Auteure et photographe: Fanny Dudognon