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Le Zénith de Toulouse se découvre sous un nouveau jour, en effet la troupe du Cirque du Soleil vient de poser ses malles pour cinq jours et 7 représentations du 5 au 9 Mars 2014. L’équipe de Thorium a eu le privilège d’entrer dans les coulisses d’une organisation titanesque et reconnue pour son excellence. Dans chaque recoins on découvre des costumes, des artistes s’entrainant, et des accessoires farfelues. Le tout bercé au son d’une répétition de saxophone. On sent que rien n’est laissé au hasard. En effet, comme nous l’explique Jessica, attachée de presse du spectacle, ici on n’a pas droit à l’erreur, on est en permanence connectés les uns aux autres.

Quelques chiffres donc pour lever le voile sur cette fameuse organisation qui compte :

  • Quatre chefs cuisiniers et deux commis de cuisine. Réglementés et très sains, les repas sont variés et aussi adaptés à tous les besoins nutritifs.
  • Une équipe médicale travaille surtout sur le préventif et compte deux physiologistes.
  • Le cirque nécessite 22 techniciens de scène. 
  • Le temps de montage de la scène s’élève à 9 heures et pour déplacer tout ce matériel, les techniciens disposent de 19 semi-remorques.
  • Le spectacle Quidam, c’est environ 300 spectacles par an.

Thorium en a également profité pour s’entretenir avec de nombreux artistes et personnes de l’ombre du spectacle Quidam par le Cirque du Soleil.

 

Bruno Dument, saxophoniste :

 

Combien de musiciens êtes-vous sur Quidam ?

Nous sommes 16 musiciens, l’orchestre est composé d’un saxophone, deux claviers, une batterie, un violoncelle, un violon, une guitare, un chanteur ainsi qu’une chanteuse.

Depuis combien de temps es-tu avec le cirque du soleil et comment gère-t-on la musique sur un tel show?

Je fête mes 13 ans au sein du cirque cette année. Auparavant j’étais sur Allegria ainsi qu’à Las Vegas pour Viva Elvis. Le travail musical qu’on nous demande ici est très encadré, il est symphonique et nécessite de respecter l’état d’esprit du cirque tout en y amenant ses propres couleurs. Chaque morceau est composé exclusivement pour le spectacle, en ce point Allegria m’a beaucoup marqué et beaucoup appris. Parfois je suis sur deux spectacles à la fois, je dois assurer le saxo, les claviers et les sopranos. C’est du 24h/24, et je fais ça depuis 30 ans ! Mais j’adore le live, c’est énorme car « des choses se passent » il faut être prêt à pallier aux problèmes techniques. C’est un réel savoir-faire et nous n’avons pas le droit à l’erreur.

Combien de morceaux comporte Quidam?

Plus ou moins 15.

Estimes-tu être chanceux de faire partie de cette aventure ?

Nous sommes en permanence connecté les uns aux autres alors oui, même si la vision du cirque est souvent déformée. C’est une belle chance que d’être ici, le mélange culturel est très intéressant (20% sont américains, 20% sont brésiliens, le reste est métissé) et nous sommes tous là par passion. C’est un beau mélange.

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Luc Ouellette, directeur artistique :

 

Parlez-nous un peu de Quidam :

Quidam, une œuvre théâtrale au cirque, avec tous les ingrédients classique du cirque mais cela reste touchant et proche des gens. Je dirais que cette œuvre est plus dramatique qu’Allegria bien sûr mais elle est avant tout basée sur l’individu.

Quel est en quelques mots votre rôle et votre parcours ?

Ici j’ai l’œil partout ! Je suis un peu le « papa ». Il m’arrive de devoir remotiver les troupes ou d’avoir le rôle de réprimander. M’assurer que les artistes soient heureux dans leur environnement fait aussi partie de mon travail. Je viens du milieu de la danse qui est totalement différent mais à la fois semblable. J’ai débuté sur Allegria, et là le cirque est vraiment devenu important pour moi. Cela m’a permis de découvrir d’incroyable pays comme le Japon qui m’a beaucoup marqué.

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Gladys, assistante costumière :

 

Depuis combien de temps fais-tu partie du cirque du soleil ?

Depuis 3 ans maintenant.

Peux-tu nous donner quelques chiffres ?

Oui, nous comptons 300 paires de chaussures qu’il faut repriser presque chaque jour ! 2500 pièces de costume pour les différents looks (2 à 7 costumes par artistes). Nous avons 4 spécialistes en costume qui font des retouches chaque jour.

Vous aidez les artistes entre deux numéros ?

Pas vraiment, le plus gros du travail se fait avant le spectacle, cela prend beaucoup de temps de tout vérifier. Pour faciliter la tâche, chaque artiste prend des cours de make-up et se prépare lui-même avant de monter sur scène.

Tout le matériel qu’on voit ici est à vous ?

En grande partie. Nous voyageons avec nos propres machines à laver, notre make-up (désigne une immense armoire) des caisses entières de perruques et de chapeaux.

Combien d’heures par jour travaillez-vous ?

Une journée normale équivaut à 10 ou 12h de travail, nous avons un à deux jours de libres par semaine et nous en profitons à fond car nous visitons plusieurs pays, c’est une chance. Et comme on dit ici : « sky is the limit ».

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Jean-Phillippe Viens, acrobate (corde lisse)

 

Quelle est la durée basique d’un numéro ?

Entre 5 et 7 minutes et les cordes mesurent 12 mètres de haut !

Quel est la particularité de ce métier ?

Il nécessite d’être un artiste de très haut niveau, comme les sportifs surentrainés. Il faut absolument s’en tenir à une rigueur de vie, bien se nourrir, par exemple pour grimper c’est primordial. Si je mange trop ou mal et qu’ensuite je grimpe j’aurai mal au ventre. Ensuite c’est assez dur, difficile car avec les trajets en avion, même si on n’a pas dormi, il faut assurer, il faut grimper !

L’équipe se renouvelle beaucoup ?

L’équipe tourne pas mal oui. Il faut aller ailleurs, se nourrir d’autre chose pour évoluer. Nous avons un tout nouveau sur ce spectacle, ici il faut être excellent dans son domaine.

Le rythme de travail est contraignant ?

10 à 12 semaines de travail consécutives puis 2 semaines off c’est pas mal si on aime ce qu’on fait. Puis en semaine nous avons 2 jours de libres, ce lundi j’ai été gouté un bon cassoulet de Toulouse !

Qu’est-ce qui vous a amené à pratiquer cette discipline ?

Quand j’étais petit j’adorais grimper aux arbres, je trouvais ça facile et amusant, c’est resté une passion.

Entrevue par : Ottavia Marangoni

Photos par : Antony Chardon et Ottavia Marangoni