Le Festival d’Été de Québec a retenu les services d’illustres groupes pour son 50e anniversaire: The Who, Metallica, Muse, The Gorillaz pour ne nommer que ceux-ci. Le problème: leurs performances sont toutes concentrées vers la fin…

Tant qu’à faire, pourquoi ne pas sortir de sa zone de confort?

DJ Shadow, maître du hip hop expérimental

C’est dans un Impérial Bell plein à craquer que Joshua Paul Davis entame sa première chanson avec une basse faisant vibrer les dents. Le tempo plus lent de « The Mountain Will Fall » fait ensuite sa place à des morceaux plus dynamiques. Le style du producteur californien propose un son très électro. Mais ce qui retient surtout l’attention c’est son scratching en direct et son usage d’un kit de percussions électronique.

DJ Shadow mise également sur des effets visuels pour compléter l’expérience multimédia. À partir de la chanson apocalyptique « Six Days », des graphiques variés sont projetés sur une toile transparente devant la station du DJ. L’effet trois dimensionnel est spectaculaire. Parmi les thèmes visuels on retrouve la nature (arbres, colibris) ainsi que des figures géométriques, des croquis mécaniques et des ondes sonores.

De son propre aveu, DJ Shadow se plaît à jouer dans un théâtre car cela lui permet d’enfiler des chansons plus “deep”. Parallèlement, la foule, moins dynamique, s’intéresse beaucoup au côté exploratoire du spectacle un peu de la même manière qu’un individu prend le temps de parcourir une galerie d’art.

Seul regret : l’excellent morceau satirique « Nobody Speak » coupé trop rapidement. D’ailleurs, le vidéoclip, qui scénarise des politiciens qui se battent, est délicieux.

Avant et après, un voyage en Acadie et au Moyen-Orient

En introduction de DJ Shadow, Jacques Jacobus met la table pour une soirée hip-hop/électro. Jacques Alphonse Doucet, membre de Radio Radio, est accompagné du batteur/DJ Steve Caron et d’un guitariste (Jean-Philippe). On ne s’étonnera donc pas d’entendre des extraits de morceaux plus populaires comme « Jacuzzi ». Pour les non-initiés, sachez que d’entendre du rap en chiac (français acadien) est surprenant.

La nuit se conclut tardivement avec un set endiablé de Acid Arab. Les deux producteurs français (Guido Minisky et Hervé Carvalho) vont bien au-delà de l’échantillonnage; en fait, ils sont carrément allés à la rencontre de musiciens du Maghreb, de l’Égypte et d’Israël pour effectuer les enregistrements nécessaires. Rarement la rencontre entre deux styles musicaux aussi différents est aussi excellente.

Le résultat final est une séquence de morceaux de techno bien rythmée avec des extraits de gasbas (flûtes obliques) et une bonne dose de percussions arabiques. Le morceau « La Hafla » est un très convaincant. Leur chaîne Soundcloud, quoique recommandable, ne rend pas justice à l’énergie dégagée lors de leur performance : il est donc tout à fait aviser d’assister à leur show, que ce soit en formule live ou DJ set.

Auteur : Mathieu Bonin

Crédit photo: Collaboration Spéciale FEQ (Stéphane Bourgeois)